Coquille ronde légèrement ovale et aplatie
Coloration blanche à grise avec parfois des taches noires
Periostracum jaune brun visible en bordure des valves
Stries d'accroissement concentriques très régulières
Siphon inhalant long jusqu'à six fois la longueur de la coquille
Espèce de vase laissant à la surface une marque en étoile autour d'un trou
Lavignon, pisse en l'air
Lavignon poivré, lavagnon (Charentes), fausse palourde, palourde plate (Manche)
Peppery furrow shell (GB), Almeja de perro (E), (Grosse) Pfeffermuschel (D), Platte slijkgaper (NL), Lamejinh, lambujinha (P)
Trigonella plana da Costa, 1778
Mactra piperata Poiret, 1789
Mya gaditana Gmelin, 1791
Venus gibbula Gmelin, 1791
Mactra listeri Gmelin, 1791
Solen callosus Olivi, 1792
Mya orbiculata Spengler, 1793
Scrobicularia rubiginosa Poli, 1795
Mactra compressa Pulteney, 1799
Scrobicularia arenaria Schumacher, 1817
Lavigno calcinella Récluz in Chenu, 1843
Syndosmya truncata Récluz, 1843
Trigonella listeriana Leach, 1852
Lavignon deshayesii Récluz, 1869
Scrobicularia piperata Dollfus, 1883
Semele piperata de Gregorio, 1884
Atlantique Nord-Est, Manche, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]L'espèce est distribuée sur l'ensemble de la façade Atlantique Nord-Est, depuis les côtes de Norvège et de la mer Baltique jusqu'à celles du Sénégal. Elle est présente également en Manche et en Méditerranée.
Il s'agit d'une espèce du médiolittoral, présente jusqu'à 30 mètres de profondeur. Elle est caractéristique des zones vaseuses estuariennes (baie de Somme, Mont Saint-Michel, baie de Saint-Brieuc, estuaire de la Loire, Pertuis etc...). On la rencontre surtout dans les zones de vase aérée, dite haute slikke*, c'est-à-dire qui découvrent à marée basse. Alors, seuls les siphons émergent et trahissent sa présence. En réserve de Saint-Brieuc, elle est abondante mais n'est présente que dans un peu moins de 10% du territoire de la réserve. Suivant sa taille et les saisons elle est plus ou moins enfoncée dans le sédiment. C'est l'une des raisons pour lesquelles on ne trouve pas de coquille rejetée sur les plages. Elle est significativement plus abondante dans les dix premiers centimètres.
On peut aussi rencontrer cette espèce dans les sédiments de sables fins et de vases de l'embouchure des rivières et dans quelques lagunes comme l'étang de Thau.
Scrobicularia plana présente une coquille équivalve un peu plus large que haute. Elle est mince, ovale, aplatie, et très légèrement bâillante côté antérieur (du côté des siphons).
Sa taille atteint régulièrement 4 à 5 cm avec un maximum de 6,5 cm pour une épaisseur maximum de 1,1 cm.
De nombreuses et fines stries concentriques d'accroissement ornent régulièrement sa surface. Le sommet est médian et peu saillant.
La coloration de la coquille est variable : blanchâtre, jaune sale, gris argenté ou brun clair pouvant être localement teintée de noir sur certains spécimens. Un périostracum* jaune à brun marque d'un fin liseré la bordure des valves.
Les siphons sont extensibles, surtout le siphon inhalant qui peut s'allonger de plusieurs fois (probablement jusqu'à six fois) la longueur de la coquille. Ils sont de couleur ocre à orange et séparés sur toute leur longueur.
Un pied large et très fin d'un gris brillant est visible dès que l'animal cherche à s'enfoncer dans le sédiment.
La charnière est composée d'un ligament externe visible, d'un ligament interne plus developpé et fixé dans des scrobicules (des petites fossettes) d'où le nom de l'espèce. Elle présente également une dent sur la valve gauche et deux sur la valve droite.
Scrobicularia cottardi (Payraudau, 1826) mesure environ 25 mm, et possède une coquille plus blanche, brillante et plus convexe. Elle est présente en Méditerranée et commune en Adriatique ;
Limecola balthica (Linnaeus, 1758) a une ressemblance avec de jeunes spécimens. Elle est plus petite et présente des traces rosées ;
Abra alba (W. Wood, 1802) est un peu plus allongée, a la même distribution, mais est présente aussi en mer Noire.
Scrobicularia plana a un double régime alimentaire. A marée basse, c'est un dépositivore* qui fouille la surface de la vase pour en retenir et aspirer les micro-organismes. Elle laisse ainsi des marques très caractéristiques en étoile à la surface du sédiment. A marée haute, elle devient suspensivore*, filtrant le plancton*.
La reproduction a lieu toute l'année mais principalement en décembre et janvier et de juin à août. L'espèce est gonochorique* (à sexes séparés). L'émission des gamètes* et la fécondation se font dans l'eau. Les larves* véligères* ainsi formées mènent alors une vie planctonique* pendant deux à trois semaines. Elles subissent ensuite une métamorphose* et finissent par devenir benthiques*.
Scrobucularia plana est une espèce euryhaline* qui supporte une dessalure pouvant descendre jusqu'à 1018. Elle s'accommode également des sédiments enrichis en matière organique.
Elle est dite constante c'est-à-dire qu'on la rencontre toute l'année. Elle est également longévive, c'est-à-dire qu'elle vit longtemps, probablement 8 ans et plus. Sa croissance est lente et continue, cela explique l'absence de stries hivernales marquées. Elle est sensible aux évènements catastrophiques.
La scrobiculaire peut étendre ses siphons, surtout le siphon inhalant, sur la surface du sédiment jusqu'à 8 cm de la sortie de son trou en ne laissant qu'une marque en forme d'étoile très caractéristique. L'espèce est surtout abondante dans la zone des 2 à 10 premiers centimètres mais en hiver, elle peut creuser jusqu'à 20 cm et davantage pour quelques individus.
Elle représente potentiellement une énorme quantité de nourriture pour les poissons et les oiseaux des zones vaseuses. Sa densité peut représenter plusieurs centaines d'individus au m².
Le long siphon inhalant est souvent brouté par quelques espèces de poissons (plies, cabillauds, anguilles), par des oiseaux limicoles tels que barges à queue noire, bécasseaux variables ou huîtrier pie ainsi que par le crabe vert. En cas de prédation, ses siphons peuvent se régénérer. Il suffit d'environ une semaine pour les récupérer en totalité.
Le mollusque entier est une proie préférentielle des oiseaux. Chaque espèce d'oiseau : avocette , barge à queue noire,
bécasseau maubèche, bécasseau variable, courlis cendré, a une longueur de bec particulière qui lui permet de chercher des scorbiculaires d'une taille précise et à une profondeur de sédiment qui lui est propre.
Lors d'une visite dans la réserve de Saint-Brieuc, l'auteur a pu utiliser une carotteuse manuelle d'environ 20 cm de diamètre et de 30 cm de long. Il a été aisé de déterminer et de vérifier la profondeur d'enfouissement des scrobiculaires et autres organismes dans la vase.
Quand l'animal est cuit et la coquille ouverte, on distingue nettement que :
- Le manteau, très largement ouvert, enveloppe toute la masse viscérale et celui-ci peut être soulevé,
- Les siphons sont séparés sur toute leur longueur et débouchent sur les branchies (lamelles disposées parallèlement),
- Les muscles adducteurs antérieur et postérieur sont visibles de part-et-d'autre de l'animal quoique très différents en taille,
- Le pied est très nettement différencié du reste du corps,
- Sur les valves blanches et brillantes à l'intérieur, le sinus palléal* est rond et peu marqué et les empreintes des muscles sont à peine visibles,
- La charnière est composée d'un ligament externe, d'un gros ligament interne (appelé résilium), d'une dent sur la valve gauche et de deux dents sur la valve droite.
La coquille est très fragile : une valve tenue entre le pouce et l'index peut facilement être brisée avec une légère pression. C'est probablement pour cette raison que ce mollusque ne fait l'objet que d'une exploitation commerciale très localisée sur les lieux de production.
Ce mollusque comestible est très prisé en Charentes. Il est cuisiné après dégorgement, dans une seule valve, en sauce à l'échalote et au vin blanc, et développe une saveur très légèrement poivrée (voir son synonyme ancien Scrobicularia piperata, du latin [piper] = poivre).
Il n'y a pas de réglementation pour le ramassage à pied de ce mollusque mais il serait conseillé de ne le prélever que quand sa taille atteint 4,5 cm afin d'assurer le maintien du stock. La pêche doit se faire à la main ou au crochet, il est préférable de laisser le râteau dévastateur dans son ratelier !
Scrobiculaire est la traduction directe du nom de genre scientifique Scrobicularia.
Scrobicularia : du latin [scrobiculus] = petite fossette, en référence aux petites surfaces creuses présentes dans chaque valve au niveau de la charnière où est fixé le ligament interne,
plana : du latin [planus] = plat, pour mettre en évidence la faible épaisseur de ce mollusque par rapport à sa taille.
Numéro d'entrée WoRMS : 141424
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Heterodonta | Hétérodontes | Charnière à dents dissociées. Siphon bien développé permettant aux organismes de se nourrir et de respirer tout en restant enfouis. |
Ordre | Venerida | Vénérides | Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe. |
Famille | Scrobiculariidae | Scrobiculariidés | |
Genre | Scrobicularia | ||
Espèce | plana |
Coquille et pied
Scrobicularia plana présente une coquille équivalve un peu plus large que haute. Elle est mince, ovale et aplatie. Un pied large et très fin d'un gris brillant est visible dès que l'animal cherche à s'enfoncer dans le sédiment.
Littoral normano-breton
06/2010
Anatomie
Une scrobiculaire cuite. Observez les deux siphons allongés caractéristiques.
Littoral normano-breton
06/2010
Siphons
Les siphons sont extensibles, surtout le siphon inhalant qui peut s'allonger de plusieurs fois (probablement jusqu'à six fois) la longueur de la coquille. Ils sont de couleur ocre à orange et séparés sur toute leur longueur.
Littoral normano-breton, 30 cm
06/2010
Couleur variable
La coloration de la coquille est variable : blanchâtre, jaune sale, gris argenté ou brun clair pouvant être localement teintée de noir sur certains spécimens.
Littoral normano-breton
06/2010
Stries d'accroissement
De nombreuses et fines stries concentriques d'accroissement ornent régulièrement la surface des valves. Le sommet est médian et peu saillant.
Littoral normano-breton
06/2010
Sommet médian
Le sommet est médian et peu saillant. La taille atteint régulièrement 4 à 5 cm avec un maximun de 6,5 cm pour une épaisseur maximum de 1,1 cm.
Observez en vue rapprochée les stries d'accroissement.
Littoral normano-breton
06/2010
Biotope
La scrobiculaire est une espèce médiolittorale, présente jusqu'à 30 mètres de profondeur, caractéristique des zones vaseuses estuariennes.
Littoral normano-breton
06/2010
Sur l'étal d'un poissonnier
Ce bivalve est comestible et est localement prisé. En Charentes, on l'appelle le lavagnon.
Charentes
06/2010
Présence trahie
La scrobiculaire peut étendre ses siphons sur la surface du sédiment jusqu'à 8 cm de la sortie de son trou en n'y laissant qu'une marque en forme d'étoile très caractéristique.
Littoral normano-breton
06/2010
Charnière et dents
Comme presque toujours chez les bivalves, une identification sûre ne peut être permise que par une observation minutieuse de l'intérieur des valves : empreintes musculaires, forme du sinus palléal*, et, comme ici, structure de la charnière. Elle est composée d'un ligament externe visible, d'un ligament interne plus developpé et fixé dans des scrobicules (des petites fossettes) d’où le nom de l'espèce. Elle présente également une dent sur la valve gauche et deux sur la valve droite.
Littoral normano-breton
06/2010
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Un grand merci à Delphine Degré pour son aide lors de la rédaction de cette fiche. Certaines informations proviennent sa sa thèse, Réseau trophique de l'Anse de l'Aiguillon, dynamique de la structure spatiale de la macrofaune et des limicoles hivernants.