Éponge encroûtante hispide ocre orangé recouvrant de grandes surfaces
2 aspects bien distincts
Forme détendue :
Charnue et molle
Petits pores, canaux aquifères et oscules visibles
Conules nombreux mais de taille moyenne
Forme contractée :
Aspect écrasé fortement poilu
Oscules, canaux et pores invisibles
Surface lisse et opaque entre de grands conules pointus
Filaments marron prolongeant les conules
Scopaline
Méditerranée Nord et Ouest, Atlantique proche (?)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Scopalina lophyropoda est présente dans tout le bassin occidental de la Méditerranée jusqu'en mer Adriatique, mer Égée et en Atlantique proche (risque de confusion avec des espèces proches) : côte sud du Portugal, archipels de Macaronésie (Açores, Madère, îles Canaries et îles du Cap Vert).
Scopalina lophyropoda est une éponge des zones semi-obscures. Elle est observée recouvrant de larges surfaces sur les pierres des fonds détritiques* côtiers, sur la roche au pied des tombants et sur divers organismes comme les algues calcaires, les Cystoseira, les Cladocora, les bryozoaires érigés, ou d'autres éponges comme Cliona viridis par exemple. Observée dès 4 m, elle est principalement présente à partir de la zone des 15/20 m de profondeur et au-delà, au moins jusqu'à 50 m. Elle n'est pas particulièrement installée à l'abri de la lumière et semble apprécier la proximité des fonds meubles.
Scopalina lophyropoda est une éponge encroûtante fine (5 mm d'épaisseur), de consistance molle, de couleur ocre (rouge orangé à brun rougeâtre) couvrant de grandes surfaces (jusqu'à 50 cm de long). Elle se présente sous deux formes bien distinctes, l'une détendue à la surface irrégulière sans piques bien visibles, l'autre contractée et très poilue. La scopaline ocre se déchire facilement.
L'apparence extérieure de cette scopaline change effectivement au cours des saisons. Au printemps et en été, avant la libération des larves*, elle est plus charnue, douce et de couleur orange brun (forme détendue), alors qu'en automne et en hiver elle devient plus écrasée, rabougrie et fortement hispide* avec de gros filaments marron (forme contractée).
La forme détendue, ou présumée en bonne santé, montre une surface recouverte de nombreux conules* irréguliers en taille et répartition, d'un réseau de canaux translucides convergeant vers des oscules assez nombreux et légèrement surélevés, de nombreux pores ronds visibles sous la surface et à l'apparence de petits trous sombres (0,3 à 0,5 mm de diamètre). Sous cet aspect les longues colonnes du squelette (voir "Divers biologie") sont très discrètes, les spicules* qui les constituent percent peu ou pas la surface et ne sont visibles que sous fort grossissement sur photo in situ. Ils forment néanmoins les conules qui sont eux bien visibles. L'épaisseur de la croûte spongieuse de la forme détendue est de l'ordre de 5 mm.
La forme contractée, présumée de repos ou de dégénérescence, offre un aspect bien différent pour l'observateur sous-marin qui aura du mal à reconnaître la même espèce. Elle montre ici de nombreux conules hauts de 2/3 mm, fins et pointus espacés les uns des autres de 1,5 à 2 mm et autour desquels les tissus revêtant la surface prennent un aspect lisse, effondré, opaque, sans pores, ni canaux, ni oscules visibles. De plus l'extrémité des hauts conules est souvent percée par les colonnes du squelette qui sont constituées de spongine* et de spicules qui dépassent de plusieurs mm et peuvent prendre une couleur marron foncé.
Voir "Divers biologie" pour la description microscopique du squelette.
Plusieurs espèces, une petite quinzaine, du genre Scopalina et présentant des formes similaires sont rencontrées dans les trois océans, comme par exemple Scopalina ruetzleri (Wiedenmayer, 1977) en Atlantique tropical Ouest.
Plusieurs nouvelles espèces ressemblantes de Scopalina ont été récemment (1993 & 2008) décrites dans les eaux européennes, en particulier :
- Spopalina azurea des îles Baléares,
- Scopalina blanensis de Blanes sur la Costa Brava sur la côte catalane espagnole, couleur saumon à orange pâle, jusqu'à 1 cm d'épaisseur,
- Scopalina ceutensis de Ceuta, une enclave espagnole en terre africaine sur le détroit de Gibraltar, couleur jaune foncé lumineux, jusqu'à 2 cm d'épaisseur,
- Scopalina canariensis des îles Canaries en Atlantique Est, couleur orange vif, jusqu'à 1 cm d'épaisseur.
Les éponges sont des animaux filtreurs* qui se nourrissent de microparticules du plancton*.
La reproduction peut être sexuée ou asexuée.
Chez Scopalina lophyropoda les larves oblongues, de belle taille (env. 1,3 x 0,4 mm) et de la même couleur ocre orangé que l'éponge mère, sont expulsées par les oscules de juillet à août. Elles adoptent une position verticale dans la colonne d'eau avant de se fixer.
Scopalina lophyropoda est souvent associée avec de petits vers tubicoles qui perforent sa surface.
Description microscopique :
La base de l'éponge au contact du substrat, dépourvue de spicules*, est riche en spongine*. Les spicules, des styles* de grande taille (0,6 à 1,3 mm de long), sont placés en éventail sur des colonnes simples ou ramifiées de fibres de spongine qui charpentent, tous les 0,5 à 2 mm et sur 5 mm de hauteur, le corps de l'éponge. A l'extrémité des colonnes, les spicules forment toujours un bouquet plus ou moins ouvert. Cette extrémité peut, sur la forme contractée, percer largement la surface de l'éponge au bout des conules et prendre une teinte marron foncé (coloration des fibres de spongine par l'algue symbiotique Rhodochorton membranaceum), alors que chez les éponges en bonne santé les parties charnues recouvrent le haut des colonnes dont seuls les spicules peuvent légèrement percer la surface. La masse de l'éponge, la "chair", est dépourvue de spicules.
Scopaline ocre est une francisation du nom scientifique.
Scopalina : du latin [scopa] = brindille, en référence aux touffes de fibres et de spicules* microscopiques typiquement organisées en colonnes espacées les unes des autres.
lophyropoda : du grec [lophia] = crête, crinière et [poda] = pied, peut-être en référence au fait que les touffes de fibres démarrent de la plaque basale (le pied) de l'éponge.
Numéro d'entrée WoRMS : 132557
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Scopalinida | Scopalinides | |
Famille | Scopalinidae | Scopalinidés | |
Genre | Scopalina | ||
Espèce | lophyropoda |
Eponge ocre visible sous deux aspects distincts
La scopaline ocre peut apparaître au plongeur sous deux aspects, charnu ou très poilu, suivant les saisons ou l'état de l'éponge.
Bouches-du-Rhône (13), 20-28 m
Jean-Pierre MIQUEL
Frédéric ANDRÉ
2012/2013
Éponge encroûtante ocre orangé hispide
La scopaline est bien charnue en été. Comme souvent, elle s'implante sur de grosses pierres et à proximité d'un fond sédimentaire.
Tamaris, Côte Bleue (13), 28 m
07/07/2013
Forme contractée couverte de poils à l'automne
L'aspect de la forme contractée diffère fortement, hormis par sa couleur, de la forme détendue. On pourrait penser qu'il s'agit d'une autre espèce.
Figuerolles, La Ciotat (13), 18 m
07/10/2010
Sur une épave
La scopaline ocre est surtout présente à partir de la zone des 20 m de fond en Provence.
(Identification confirmée par Jean Vacelet)
Épave du Chaouen, île de Planier, Marseille (13), 28 m
10/10/2015
Consistance molle de la forme détendue
La scopaline ocre est facilement déchirable.
Tamaris, Côte Bleue (13), 28 m
07/07/2013
Large surface de recouvrement
Scopalina lophyropoda recouvre une large surface sur la roche.
La Ciotat (13), 18 m
28/08/2010
La scopaline sous ses deux formes à l'automne
A gauche la forme détendue est toujours présente alors que à droite apparaît la forme contractée "poilue".
La Revelatta, Calvi, Corse (2B)
21/10/2008
Deux formes
A gauche la forme "poilue", à droite la forme "détendue".
La Citadelle, Calvi, Corse (2B), 15 m
29/07/2015
Grande plaque en lutte avec les algues
Scopalina lophyropoda vit en zone semi-éclairée.
La Gabinière Ouest, Port-Cros (83), 22 m
31/05/2009
Détail de la surface au printemps
Les canaux exhalants sont ici contractés. Ils dessinent de fins filets convergeant vers les oscules. La surface est couverte de conules pointus et les cribles des pores sont partiellement visibles.
La Gabinière Ouest, Port-Cros (83), 22 m
31/05/2009
Sur fond détritique
Scopalina lophyropoda se fixe sur divers débris sur ou à proximité des fonds détritiques côtiers qu'elle semble apprécier.
Sausset-les-Pins, Côte Bleue (13), 29 m
23/07/2010
Au-delà des 20 m
Cette éponge forme une large plaque orange sur les pierres à proximité du sable. Elle est rencontrée le plus souvent au delà des 20 m de fond. Surface couverte ici : 40 x 20 cm.
La Ciotat (13), 23 m
19/07/2013
Détail des réseaux aquifères
Seule la forme détendue montre des canaux exhalants bien développés en surface et aboutissant à des oscules observables ici en haut. La scopaline recouvre ici la roche et un codium. Notez aussi les petits vers tubicoles qui perforent fréquemment la surface de cette éponge.
La Ciotat (13), 23 m
19/07/2013
A Nice
La scopaline est présente sur tout le littoral méditerranéen français.
Cap de Nice (06), 14 m
01/11/2014
Forme hispide en Corse
Sur cette éponge contractée les tissus mous sont lisses, fins et opaques et les conules longs, pointus et terminés par des filaments marron qui appartiennent au squelette de l'éponge.
La Bibliothèque, Calvi, Corse (2B), 18 m
25/08/2014
Large surface très rugueuse et hispide
Forme contractée en Corse.
La Bibliothèque, Calvi, Corse (2B)
25/08/2014
Colonnes simples et ramifiées
Lire la description microscopique dans la rubrique "Divers biologie".
Émile Topsent, figure 11
Reproduction de documents anciens
1934
Dessin ancien, brindilles de fibres et spicules
Oscar SCHMIDT, planche VII, figure 18
Reproduction de documents anciens
1862
Scopalina cf blanensis : scopaline de couleur saumon et épaisse
Scopalina blanensis est une espèce décrite en 2008 sur la côte catalane à Blanes. Elle ressemble beaucoup à Scopalina lophyropoda mais sa couleur est saumon à orange pâle et son épaisseur atteint 1 cm contre 0,5 cm pour Scopalina lophyropoda. La photo présentée ici répond à ces critères, mais seul un examen microscopique peut confirmer cette espèce nouvellement décrite (2008) et à la distribution peu connue.
Estartit, Catalogne, 16 m
12/09/2013
Scopalina cf canariensis : scopaline orange vif et épaisse des Canaries
Scopalina canariensis est une espèce décrite en 2008 des îles Canaries. Elle ressemble beaucoup à Scopalina lophyropoda mais sa couleur est orange vif et son épaisseur atteint 1 cm contre 0,5 cm pour Scopalina lophyropoda. La photo présentée ici répond à ces critères, mais seul un examen microscopique peut confirmer cette espèce nouvellement décrite (2008) et à la distribution peu connue.
Punta Blanca, Tenerife, îles Canaries, 22 m
20/08/2007
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Jean-Pierre MIQUEL
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Blanquer A., Uriz M.J., 2008, 'A posteriori' searching for phenotypic characters to described new cryptic species of sponges revealed by molecular markers (Scopalina: Dictyonellidae), Invertebrate Systematics, 22(5), 489-502.
Topsent E., 1934a, Éponges observées dans les parages de Monaco, (Première partie) Bulletin de l'Institut océanographique, Monaco (650), 1-42, 27-29, fig 11.
La page de Scopalina lophyropoda sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires : World Porifera Database
La page de Scopalina lophyropoda dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN