Taille maximale documentée 7,5 cm
Crête dorsale formant une bosse avec une dépression en forme de cratère
Panache branchial situé à l’extrémité postérieure de la crête dorsale et orienté vers l’arrière
Couleur de fond très variable, souvent marquée par des taches blanchâtres plus ou moins organisées
Face ventrale du manteau invariablement orange avec des petits points bruns à pourpre
Sponge Sclerodoris, red lattice slug (GB), Nacktschnecke, Schwamm Sclerodoris (D)
Doris castanea Kelaart, 1858
Sclerodoris rubra Eliot, 1904
Mer Rouge et indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]L’espèce a été observée en mer Rouge ainsi que dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et du Pacifique Ouest et centre.
Dans l’océan Indien, elle est documentée depuis les côtes d’Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie, Mozambique, Afrique du Sud) jusqu'au Sri Lanka en passant par Mayotte, Madagascar, les Seychelles et La Réunion.
Dans l’océan Pacifique, on la trouve du sud du Japon à la mer de Tasman en passant par la Chine, les Philippines, l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle Guinée et les côtes orientales de l’Australie, ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française.
NB : l’espèce observée dans le golfe de Tarente (Méditerranée) et nommée Sclerodoris cf. tuberculata par Perrone en 1985 est considérée comme une probable espèce non décrite.
L’habitat de cette espèce n’est pas systématiquement documenté à la date de publication de cette fiche (août 2022), à notre connaissance. Il est acquis qu’elle fréquente les zones récifales. Les précisions données par un spécialiste sur l’habitat des spécimens qu’il a étudiés indiquent une présence dans la zone intertidale* et sur les platiers* récifaux sur fonds sableux, boueux ou rocheux (Rudman, 1978).
Description succincte : nudibranche de taille moyenne (max. 7,5 cm), de forme ovale et pourvu d’une crête dorsale haute et large formant une bosse. Cette crête porte une dépression en forme de cratère caractéristique de l’espèce. Le manteau* présente un réseau irrégulier de petites crêtes, ainsi que de nombreux tubercules* coniques. Le panache branchial se situe à l’extrémité postérieure de la crête dorsale et est orienté vers l’arrière. La couleur est très variable (brune, orange, rouge, lie de vin, grise ou jaune) et elle est souvent marquée par des taches blanchâtres évoquant des agrégats de sable. La face ventrale du manteau est invariablement orange avec des petits points bruns.
Description détaillée :
Le corps au repos est approximativement ovale et devient oblong en situation de locomotion. L’extrémité antérieure est entaillée en forme de spatule arrondie. Les bords du manteau*, relativement plats, s’élèvent progressivement vers une crête dorsale haute et large en forme de bosse. La consistance du manteau est ferme et évoque celle du cuir. La taille maximale documentée est de 7,5 cm.
La crête dorsale commence derrière les rhinophores, progresse régulièrement en hauteur jusqu’aux deux tiers du corps, et s’achève par une descente incluant le panache branchial. Elle est marquée par de nombreux tubercules et par une dépression en forme de cratère caractéristique de l’espèce. Il arrive qu’il y ait deux cratères sur cette crête, et d’autres sur le manteau autour d’elle. Ces dépressions imitent les oscules* des éponges dont l’animal se nourrit. Outre la haute crête dorsale, le manteau présente un réseau irrégulier de petites crêtes, parfois très discrètes, marquées à leurs intersections par un tubercule conique. Ces tubercules peuvent aussi être isolés. Ils sont variables en taille et en nombre, mais ils sont en général plus hauts et moins nombreux sur la crête dorsale et autour de celle-ci qu’à la périphérie du manteau.
Le tronc des rhinophores* est court et généralement caché par un fourreau tronconique. La massue (partie enflée portant les lamelles) est en forme de pomme de pin et porte une petite extrémité tubulaire. Le nombre de lamelles n’est pas exhaustivement documenté, mais Valdès et Gosliner (2001) en comptent 26 sur un spécimen de 3,5 cm.
Le fourreau branchial, haut et volumineux, se situe à l’extrémité postérieure de la crête dorsale et est orienté vers l’arrière. Le panache branchial est constitué de huit branchies* tripinnées* ou quadripinnées. La partie exposée des branchies est généralement de faible hauteur et les feuillets branchiaux peuvent se rétracter complètement dans le fourreau.
La couleur de fond est très variable : elle peut être brune, orange, rouge, lie de vin, grise ou jaune. Elle est souvent marquée par des taches blanchâtres plus ou moins denses et organisées. Chez certains individus elles sont dispersées, chez d’autres elles rayonnent autour de la crête dorsale. Ces taches évoquent les amas de sable agglutinés par du mucus que l’on peut trouver sur les éponges. Le fond des cratères imitant les oscules d’éponge est parfois marqué de noir, ce qui parfait la ressemblance.
Les rhinophores sont de la couleur dominante du corps avec de très petites taches blanches alignées sur le bord des lamelles, certaines d’entre elles étant plus grosses et donc plus visibles que les autres. L’extrémité tubulaire est blanche.
Les branchies sont généralement brun clair et présentent une forte densité de taches blanches, notamment à leur périphérie.
La face ventrale du manteau et les bords du pied sont invariablement d’un orange plus ou moins foncé constellé de petits points bruns à pourpre. Le dessous du pied est orange clair.
La dépression en forme de cratère précédant le panache branchial sur la ligne médiane de la crête dorsale est un caractère distinctif de Sclerodoris tuberculata. D’autres espèces de doridiens présentent une crête dorsale, comme dans les genres Aldisa, Atagema ou Thordisa, mais lorsqu’il y a des cratères, il y en a souvent plus d'un, le premier se trouvant derrière les rhinophores. Ces espèces, dont les couleurs et motifs ne sont pas exclusifs ni même fixes restent très difficiles à discriminer in situ.
Sclerodoris tuberculata se nourrit exclusivement d’éponges.
En dehors de l’anatomie du système reproductif, la biologie de la reproduction de l’espèce n’est, à notre connaissance, pas documentée à la date de publication de cette fiche (août 2022). Toutefois, tous les nudibranches sont hermaphrodites* simultanés et pratiquent la fertilisation* croisée : chaque individu produit des gamètes* des deux sexes et est à la fois inséminateur (il donne ses spermatozoïdes*) et inséminé (il reçoit ceux de son partenaire) pendant l’accouplement.
La formule radulaire* varie selon les individus, les points communs étant l’absence de dents rachidiennes, des dents crochues et des rangées extérieures composées de dents plates denticulées, les rangées intérieures étant non denticulées. A titre indicatif, Valdés et Gosliner (2001) l'ont établie à 28 x (57.0.57) chez un individu de 35 mm ; Rudman (1978) donne une formule de 39 x (56.0.56) chez un individu de 37 mm et, pour un individu de 50 mm, 35 x (60.0.60).
La face dorsale du corps est couverte de caryophyllidies, structures anatomiques de très petite taille (en moyenne 0,05 millimètre) formées d’un tubercule porteur de cils sensoriels entouré de spicules*. Ces spicules ne viennent pas des éponges consommées par l’espèce mais sont produits par son organisme. La fonction de ces structures n’est pas clairement identifiée.
Le morphe rouge, considéré comme une espèce à part par Eliot sous le nom de Sclerodoris rubra, est devenu un synonyme de S. tuberculata en 1978.
L’espèce appartient à la famille des Discodorididés, qui comprend 28 genres acceptés.
Sclérodoris à oscules (proposition DORIS) : en référence au cratère toujours
présent sur la crête dorsale, et aux autres cratères souvent éparpillés sur la
face dorsale du manteau, dont la forme évoque les oscules d’une éponge.
Sclerodoris : du grec [sklēros], qui signifie « dur », et « doris », nom d’un genre de limaces de mer créé par Linné en 1758.
Le genre est décrit en 1904 par le malacologiste anglais Charles Norton Edgecumbe Eliot (1862-1931) dans la troisième partie de On some nudibranchs from East Africa and Zanzibar (p. 361). L’auteur ne justifie pas le choix de son nom, mais il précise que la caractéristique qui le distingue du genre proche Dictyodoris est « the hard texture and raised reticulate pattern » (« la consistance dure et la disposition réticulée des reliefs »). Cette consistance motive probablement le nom du genre, qui signifie « Doris dure ».
L’espèce type est Sclerodoris tuberculata.
Le genre contient actuellement 12 espèces acceptées.
tuberculata : du nom latin [tuberculum], qui signifie « petite saillie, gonflement ».
L’espèce est décrite par le descripteur du genre, Eliot, dans le même ouvrage (pp. 381-382). L’auteur ne justifie pas non plus le nom d’espèce, mais il note dans sa description : « The back is covered with irregular tubercles, simple and compound, of all shapes and sizes » (« le dos est couvert de tubercules irréguliers de toutes formes et tailles, les uns étant isolés et d‘autres reliés entre eux »). Cet aspect morphologique est probablement ce qui a inspiré le choix de l’épithète spécifique, qui signifie « couverte de tubercules ».
La localité du type est une île de Zanzibar nommée Changuu, ou Prison Island du fait du pénitencier qui y a été construit en 1893.
Numéro d'entrée WoRMS : 209606
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Discodorididae | Discodorididés | Forme aplatie ovale ou un peu rectangulaire. Pied plus petit que le manteau granuleux. Possibilité d’autotomie du bord du manteau. Présence de glandes à acide. Tentacules buccaux coniques ou digitiformes. |
Genre | Sclerodoris | ||
Espèce | tuberculata |
Cratères et tubercules
La crête dorsale, haute et large, porte une dépression en forme de cratère. Chez cet individu, une tache noire au centre du cône inversé vient parfaire l’imitation d’un oscule d’éponge. Il peut parfois y avoir un second cratère sur cette crête, ainsi que d’autres autour d’elle.
On distingue également de nombreux tubercules sur et autour de la crête. La taille des tubercules et des cratères régresse généralement en s’approchant du bord du manteau.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
18/11/2021
Face ventrale
Si les couleurs de la face dorsale sont très variables, celle de la face ventrale du manteau est invariablement orange foncé constellé de petits points bruns à pourpre et le dessous du pied est orange clair.
Sur cette photo, la tête est à gauche.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
18/11/2021
Morphe brun
Cet individu rencontré de nuit porte de nombreux cratères dont la taille régresse en s’approchant des bords du manteau. Sa couleur de fond, qui paraît noire, est lie de vin.
Cette photo de nuit permet de distinguer aisément les très petites taches blanches alignées sur le bord des lamelles des rhinophores, plus difficiles à distinguer le jour.
L’individu semble avoir été amputé d’une partie de son manteau autour du rhinophore gauche (il manque un morceau, la cicatrice est orange). Il est aussi possible qu’il se soit autotomisé pour échapper à un prédateur.
Etang salé, La Réunion (974), océan Indien, 1 m, en PMT, de nuit
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
02/2015
Petit individu
Ce petit individu est fortement contracté. Seuls les rhinophores viennent altérer sa ressemblance frappante avec une éponge.
Étang salé, La Réunion (974), océan Indien, 1 m, en PMT et de nuit
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
07/12/2014
Morphe gris
Cette couleur de fond grise est plus rare. Les rhinophores sont brun foncé et le panache branchial est abondamment pigmenté de blanc.
Étang Salé, La Réunion (974), océan Indien, 1 m, en PMT
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
05/02/2015
Morphe rouge
Le morphe rouge a longtemps été considéré comme une espèce à part, sous le nom de Sclerodoris rubra. Mais depuis 1978, il fait partie de la synonymie de S. tuberculata.
Cet individu a été observé en Nouvelle-Calédonie.
Presqu'île de Nouville, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique
31/03/2009
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Perrone A., 1985, The tropical genus Sclerodoris Eliot, 1904 from the Mediterranean (Opisthobranchia: Nudibranchia), Bollettino Malacologico, 21(1-4), 25-30.
Rudman W.B., 1978, The dorid opisthobranch genera Halgerda Bergh and Sclerodoris Eliot the Indo-West Pacific, Zoological journal of the Linnean Society, 62(1), 59–88.
Tibiriçá Y., Pola M., Cervera J.L., 2017, Astonishing diversity revealed: an annotated and illustrated inventory of Nudipleura (Gastropoda: Heterobranchia) from Mozambique, Zootaxa, 4359(1), 1-133.
Valdés A. Gosliner T.M., 2001, Systematics and phylogeny of the caryophyllidia-bearing dorids (Mollusca, Nudibranchia), with descriptions of a new genus and four new species from Indo-Pacific deep waters, Zoological Journal of the Linnean Society, 133, 103-198.
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La page de Sclérodoris tuberculata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN