Colonies rigides à port dressé et ramifiées sur un seul plan
Colonie de petite taille (autour de 10 mm)
Base unique et large
Branches relativement épaisses se ramifiant quelquefois sur un seul plan
Coloration orange rosé clair ou blanche
Retepora solanderia Risso, 1826
Méditerranée occidentale et Atlantique Nord-Est limitrophe
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Schizoretepora solanderia est une espèce de Méditerranée occidentale du nord au sud et de l'Atlantique Nord-Est proche (Maroc, Madère, Açores, golfe de Gascogne,...).
Le schizorétépore de Solander vit principalement à grande profondeur dans les fonds détritiques* côtiers, les fonds coralligènes*, sur des éponges, des bryozoaires morts, des algues calcaires, des pierres, etc. Surtout présent entre 30 et 300 m, il peut être occasionnellement observé moins profond et donc visible par les plongeurs.
Ce bryozoaire fortement calcifié et rigide constitue de délicates colonies dressées, rameuses, non articulées et de 5 à 20 mm de largeur. La colonie est fixée au substrat* par une large sole* pédieuse calcifiée. A partir d'un court tronc commun les branches rectilignes ou légèrement contournées se ramifient quelquefois sur un même plan sans jamais s'anastomoser (ne forment pas de maille). La largeur des branches, aplaties ventro-dorsalement, est relativement constante sur tous les axes de la colonie. Elles sont formées de 2 à 5 rangées de zoïdes*. Les branches ne se touchent pas, l'espace entre elles étant approximativement équivalent à la largeur d'une branche. L'ensemble forme une sorte d'éventail aéré plus ou moins courbé et aux extrémités arrondies.
La couleur varie du blanc, pour les colonies profondes ou à l'ombre, au rose orangé clair ou à l'orangé clair.
Les zoïdes s'ouvrent sur la face frontale des rameaux par de petits tubes (péristomes*) plus ou moins alignés donnant un aspect granuleux à ce côté des "éventails". Cette face frontale, où s'épanouissent de petits lophophores* translucides, s'oriente à l'opposé du substrat. La face dorsale (côté substrat) plus lisse est parcourue par de fins dessins réticulés créés par l'organisation des zoïdes de soutien (kénozoïdes*) soudés entre eux et charpentant la colonie.
Il existe plusieurs espèces similaires dans les genres Schizoretepora et Reteporella, dont les espèces suivantes sont présentes dans la même zone géographique. Certaines de ses colonies sont réticulées (forment un réseau de mailles) :
Schizoretepora imperati est l'espèce type du genre, colonie réticulée de teinte jaune orangé présente en Méditerranée occidentale méridionale, Atlantique Est et Japon.
Schizoretepora longisetae, décrite du Maroc, vit au delà des zones fréquentées par les plongeurs, à des profondeurs de 150 m et plus.
Schizoretepora hassi, rencontrée au Liban (Méditerranée orientale).
Reteporella elegans forme de jolies colonies de plus grande taille, jusqu'à 5 cm, et présente un aspect très proche. Mais son biotope n'est pas le même, cette espèce sciaphile* fréquentant les grottes semi-obscures dès les premiers mètres de profondeur.
Hornera frondiculata forme de plus grandes colonies à l'aspect similaire mais ses fines branches contournées se ramifient beaucoup plus sur un même plan. Sa coloration crème est plus claire sur les "troncs" principaux.
Frondipora verrucosa, Le frondipore verruqueux, de couleur plus jaunâtre à beige, forme des rameaux grossiers, aplatis ou en entonnoir, de 3 à 5 cm, à l'aspect de feuille calcifiée, parfois réticulés. Ses ramifications courtes, dichotomes et anastomosées se terminent par des extrémités poreuses et renflées. Ce bryozoaire est présent à partir de 20 mètres, fixé sur des parois rocheuses ou des substrats artificiels, ou bien libre à la surface du sédiment.
Reteporella grimaldii, La dentelle de Neptune, constitue aussi des colonies rigides (calcifiées) à port dressé mais formant une véritable dentelle réticulée très fine et fragile. Sa coloration varie du rose au jaune pâle. Sciaphile, elle peut être présente dès les premiers mètres dans les zones à l'hydrodynamisme modéré.
Caberea boryi, bien que légèrement souple, présente un aspect en éventail, une taille et une couleur orangée proche de S. solanderia. Le toucher lèvera rapidement le doute.
Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et particules organiques sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche, au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).
Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce.
Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*.
La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'œufs incubés dans les ovicelles*. Ces œufs donnent ensuite des larves* libres nageuses, assurant la dissémination spatiale de l'espèce. Puis, ces larves se fixent sur un substrat dur et libre, et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*.
Chaque ancestrule forme une nouvelle colonie (reproduction asexuée) par bourgeonnement*, qui assure la croissance de la colonie, laquelle s'accompagne d'une spécialisation de certains individus : on parle de polymorphisme* des zoïdes (autozoïdes*, aviculaires*, ovicelles, ...).
Les ovicelles sont observées de mars à novembre en Méditerranée chez Schizoretepora solanderia.
Description microscopique :
- zoïdes* hexagonaux irréguliers, à paroi frontale granuleuse et convexe, à rares pores marginaux et disposés sur 2 à 5 rangées formant une branche, taille approximative des zoïdes : 0,50 x 0,30 mm ;
- fissure labiale médiane terminée par un petit trou ouvert (spiramen*) ;
- aperture* orbiculaire, enfoncée, à petit sinus arrondi, à 4 épines courtes et fortes, visibles uniquement sur les zoïdes jeunes ;
- aviculaires* à mandibule triangulaire de deux tailles différentes ; 1) aviculaires frontaux de grande taille et sporadiques, 2) aviculaires interzoïdaux de très grande taille sur les marges des branches uniquement et orientés distalement ;
- ovicelle* lisse, saillante, à grand orifice haut placé ;
- base de la colonie formée par des kénozoïdes* portant des aviculaires ;
- face dorsale plane avec sutures interzoïdales bien calcifiées et renforcées formant des dessins hexagonaux.
Par rapport aux autres espèces du genre, Schizoretepora solanderia se caractérise par le mode de croissance de ses colonies non réticulées (pas d'anastomose entre les branches), le large spiramen et les grands aviculaires marginaux.
Schizorétépore de Solander est la traduction du nom scientifique.
Schizoretepora : du grec [schizo-] = fendre, séparer en fendant (et donc évoquant, ici, une "lame sur un seul plan"), avec [rete] = rets, filet, réseau et [pora] = pore, trou.
solanderia : en l'honneur du docteur D.C. Solander (1733-1782), botaniste suédois qui accompagna Cook dans ses voyages et auquel la science doit un ouvrage sur les "polypiers".
Numéro d'entrée WoRMS : 111471
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Phidoloporidae | Phidoloporidés | |
Genre | Schizoretepora | ||
Espèce | solanderia |
Colonie orangée en Côte d'Azur
Ce joli bryozoaire érigé en petit éventail calcifié de couleur orange rosé clair n'est pas souvent observé par les plongeurs. Effectivement, sa taille est réduite à 1 ou 2 cm et il se cache souvent dans des anfractuosités sombres.
(échantillon n°1)
Antibes (06), 30 m
01/08/2010
Petit éventail orange clair, rigide et aux rameaux épais et non fusionnés
La partie centrale de la colonie est ici verdie par des algues microscopiques, elle n'en est pas pour autant morte.
Tombant du Vengeur, Iles de Lérins (06), 20 m
08/08/2008
Lophophores sur la face ventrale des rameaux
Les petits lophophores se déploient sur la face frontale et les espaces entre les branches pour capturer leur nourriture circulant dans la colonne d'eau.
Les branches légèrement contournées se ramifient quelquefois sur un même plan sans jamais former de mailles. La largeur des branches, aplaties ventro-dorsalement, est relativement constante sur toutes les branches de la colonie. Elles sont formées de 2 à 5 rangées de zoïdes.
Tombant du Vengeur, Iles de Lérins (06), 20 m
08/08/2008
Au plafond d'une grotte
Villefranche-sur-Mer (06), grotte à corail, 20 m
25/06/2017
Spécimen prélevé pour étude
Voici le spécimen (échantillon n ° 2) in situ qui a été prélevé pour observation microscopique.
Le Rascoui, Antibes (06), 30 m (prélèvement)
05/08/2009
Rameaux aplatis et développés sur un seul plan
Les petits tubes buccaux, les péristomes*, sont aperçus à la surface de la face frontale.
(échantillon n°1)
Antibes (06), 30 m
01/08/2010
Face frontale au microscope
La face frontale est relativement rugueuse.
(échantillon n°2)
Le Rascoui, Antibes (06), 30 m (prélèvement)
05/08/2009
Face frontale au MEB
Chaque unité fonctionnelle de la colonie, le zoïde ou la zoécie, est bien individualisée.
(échantillon n°2)
Le Rascoui, Antibes (06), 30 m (photo au MEB)
05/08/2009
Face dorsale lisse
La face dorsale ou basale est lisse. Elle est parcourue par de fins dessins réticulés créés par les sutures unissant les kénozoïdes* et qui charpentent la colonie.
(échantillon n°2)
Le Rascoui, Antibes (06), 30 m (prélèvement)
05/08/2009
Face dorsale au MEB
Notez les sutures liant les hétérozoïdes de soutien (les kénozoïdes) et les gros aviculaires crochus visibles sur les côtés des branches.
(échantillon n°1)
Antibes (06), 30 m (photo au MEB)
01/08/2010
Extrémité d'un rameau au microscope
Echantillon frais, non traité à l'eau de Javel.
(échantillon n°1)
Antibes (06), 30 m
01/08/2010
Extrémité d'un rameau au MEB
Les zoïdes* ont une forme hexagonale irrégulière avec une paroi frontale granuleuse et convexe. Il sont disposés sur 2 à 5 rangées formant une branche.
(échantillon n°1)
Antibes (06), 30 m (photo au MEB)
01/08/2010
Face latérale, rameau aplati
Les rameaux sont aplatis dans le sens ventro-dorsal, ils sont formés de 2 à 5 rangées de zoïdes organisées en deux couches, celle des autozoïdes* de la face frontale et celle des kénozoïdes* de la face dorsale.
(échantillon n°1)
Antibes (06), 30 m
01/08/2010
Deux types de grands aviculaires
Les aviculaires* à mandibule triangulaire sont de deux tailles différentes :
- des aviculaires frontaux de grande taille et sporadiques (flèches rouges),
- des aviculaires interzoïdaux de très grande taille sur les marges des branches uniquement et orientés distalement (flèches jaunes).
(échantillon n°1)
Antibes (06), 30 m (photo au MEB)
01/08/2010
Très grands aviculaires marginaux
Les aviculaires* interzoïdaux marginaux à mandibule triangulaire sont de très grande taille et orientés distalement.
Méditerranée (photo au MEB)
1970
Grands aviculaires frontaux
Les aviculaires* frontaux à mandibule triangulaire sont de grande taille et sporadiques.
Méditerranée (photo au MEB)
1970
Ovicelle, spiramen, péristome, épines,...
Les ovicelles* (Ov.) sont lisses, saillantes et à grand orifice haut placé.
L'aperture* (Ap.) orbiculaire, plus ou moins enfoncée et à petit sinus arrondi porte 4 épines (flèches rouges) courtes et fortes qui sont visibles uniquement sur les zoïdes jeunes, ici seul leurs points d'insertion sont observés.
La fissure labiale se termine par un petit orifice nommée spiramen (Spi.).
Les pores (Po.) marginaux sont rares.
(échantillon n°2)
Le Rascoui, Antibes (06), 30 m (photo au MEB)
05/08/2009
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ