Grande plaque encroûtante de 50 mm et plus
Couleur rouge vif uniforme
Surface légèrement bosselée et/ou rugueuse
Zoïdes bien visibles à la marge de la colonie
Schizomavelle de Guernesey
Schizomavella sarniensis Hayward & Thorpe, 1995
Atlantique Nord-Est et Manche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Schizomavella sarniensis est présent avec certitude au sud des îles Britanniques, au sud-est de l'Irlande, sur les îles anglo-normandes (d'où son nom : sarniensis = de Guernesey), en Bretagne sud, sur la côte landaise, dans le nord de l'Espagne (Galice, Santander...) et sans doute au-delà de ces zones, compte tenu qu'il s'agit d'une espèce récemment décrite.
Schizomavella sarniensis est présent du bas de l'estran* au circalittoral* sur des fonds rocheux et de galets balayés par du sable.
Schizomavella sarniensis est un bryozoaire encroûtant d'une belle couleur uniforme rouge lumineux. Il forme de grandes plaques au contour irrégulier et pouvant s'étendre sur 50 mm et sans doute bien plus. Il n'est constitué que d'une seule couche de zoïdes*. Il épouse intimement les reliefs du substrat*. Sa surface légèrement bosselée ou rugueuse forme parfois des plis irréguliers. Les zoïdes et leurs ouvertures (apertures*) sont bien visibles en particulier à la marge de la colonie. Lorsqu’ils sont déployés, les lophophores* incolores forment un léger duvet floutant l'aspect de surface de la colonie.
La confusion in situ avec les différentes espèces du genre Schizomavella et autres genres apparentés est inévitable sans une observation microscopique. Néanmoins Schizomavella sarniensis est le seul bryozoaire dans son aire de répartition à former de telles plaques rouge lumineux de cette taille (50 mm et plus de diamètre).
Certaines colonies rouges et plissées initialement identifiées dans la zone comme Schizomavella "auriculata" appartiennent sans doute à Schizomavella sarniensis.
Schizomavella grandiporosa Canu & Bassler, 1925 est morphologiquement très proche (étude microscopique) de S. sarniensis, sa distribution est plus méridionale (du nord de l'Espagne au Maroc et à l'Algérie).
Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et particules organiques sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).
Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce.
Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*.
La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'œufs incubés dans les ovicelles*. Ils donnent ensuite des larves* libres nageuses, assurant la dissémination spatiale de l'espèce. Puis, ces larves se fixent sur un substrat* dur et libre, et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*.
Chaque ancestrule forme une nouvelle colonie (reproduction asexuée) par bourgeonnement*, qui assure la croissance de la colonie laquelle s'accompagne d'une spécialisation de certains individus : on parle de polymorphisme* des zoïdes (autozoïdes*, aviculaires*, ...).
Description microscopique :
- Colonie encroûtante membraniporiforme* unilamellaire bien calcifiée.
- Autozoïdes* polygonaux ou quadrangulaires et convexes, en séries radiaires, régulières sur les jeunes colonies. Paroi frontale souvent très granuleuse. Taille des autozoïdes 0,60 mm de longueur sur 0,25 à 0,45 mm de largeur.
- Aperture* (ouverture primaire par où sort le lophophore) sub-orbiculaire avec un sinus (échancrure médio-proximale) arrondi et large, parfois plus étroit et deux fortes cardelles* dont le bord distal est dentelé.
- Paroi frontale bien calcifiée et perforée de gros trous.
- Ovicelle sub-orale lisse, globuleuse.
- Aviculaire médian elliptique en position sub-orale, plus large que long, de petite taille, positionné immédiatement au dessous du sinus. Chez quelques zoïdes ce petit aviculaire est remplacé par un autre type d'aviculaire bien plus grand occupant presque toute la surface frontale.
Remarque : cette description est très proche de l'espèce affine Schizomavella auriculata.
Le Genre Schizomavella est caractérisé par la présence d'un petit aviculaire médian (voir origine du nom scientifique).
Grand schizomavelle rouge est une proposition du site DORIS.
Schizomavella : du grec [schizo-] = fendre, séparer en fendant (et donc évoquant, ici, une "lame encroûtante"), de "mav" qui est l'abréviation de "median avicularium" (Canu & Bassler 1917) et de [-ella] = petit.
sarniensis : de Sarnia, ancien nom romain de l'île anglo-normande de Guernesey.
Numéro d'entrée WoRMS : 862804
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Bitectiporidae | Bitectiporidés | |
Genre | Schizomavella (Schizomavella) | ||
Espèce | sarniensis |
Très grande colonie encroûtante, irrégulière et bien rouge
Ce bryozoaire encroûtant rouge lumineux est la seule espèce dans sa zone de distribution, qui s'étend du sud des îles Britanniques au nord du Portugal, à former d'aussi grandes plaques au contour irrégulier et pouvant s'étendre sur 15 à 20 cm comme ici.
Les Rouleaux, île de Houat (56), 18 m
16/09/2007
Plaque fine souvent bosselée
Bien que sa surface soit souvent bosselée ou plissée, ce Schizomavella n'est constitué que d'une seule couche de zoïdes contrairement à la majorité des autres espèces du genre.
Digue extérieure Port du Hâble, Ommonville-la-Rogue (50) , 8-10 m
17/07/2006
Intimement collé au substrat
La colonie est fortement adhérente et plaquée aux surfaces dures qu'elle encroûte, comme ici des tubes calcaires de vers annélides.
Cale de Jouvence, La Rance (35), 13 m
10/09/2008
Sur les côtes girondines dans le golfe de Gascogne
Schizomavella sarniensis est commun au large de l'embouchure de la Gironde dans le haut Médoc, en pleine mer sur les rares zones rocheuses entourées par des bancs de sable.
Banc des Olives, Pointe de la Negade, Soulac sur mer (33), 15 m
19/07/2007
Belle plaque rouge vif sur l'estran
Cette colonie d'un beau rouge vif a été trouvée sous une pierre retournée et remise dans le bon sens après observation.
A droite deux petites ophiures Amphipholis squamata, il s'agit de la plus petite ophiure que l'on pourra rencontrer en plongée ou sur l'estran*.
L'auteur de la construction du tube formé de débris coquilliers doit être un ver annélide polychète.
Saint Malo (35), estran
30/10/2011
Sur une roche profonde en Bretagne nord
En compagnie de l'anémone marguerite Actinothoe sphyrodeta, la colonie encroûtante à droite montre une couleur rouge lumineux caractéristique de l'espèce, mais seule une observation microscopique peut confirmer une identification pour ces bryozoaires encroûtants.
Le Four, Trebeurden (22), 32 m
12/07/2007
Zoïdes et ouvertures bien visibles
Les individus (zoïdes*) constituant la colonie sont bien visibles en particulier à la marge de la colonie. Ils sont matérialisés par leurs ouvertures (apertures*) apparaissant sous la forme de petits points noirs.
Les Rouleaux, île de Houat (56), 18 m
16/09/2007
Lophophores très discrets
Les lophophores* quasiment incolores chez Schizomavella sarniensis sont difficiles à observer, ils forment un voile flou à la surface de la colonie lorsqu'ils sont déployés.
Digue extérieure Port du Hâble, Ommonville-la-Rogue (50) , 8-10 m
17/07/2006
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Véronique LAMARE
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Picton, B.E. & Morrow, C.C., 2010. Schizomavella sarniensis Hayward & Thorpe, 1995 [In] Encyclopedia of Marine Life of Britain and Ireland