Bryozoaire encroûtant commun
Plaques calcifiées de forme et de contour irréguliers
Nombreuses formes d'aspect dissemblable
Coloration jaune pâle, plus rarement orange vif
Identification au microscope uniquement
Lepralia auriculata Hassall, 1842
Schizoporella auriculata (Hassall, 1842)
Schizomavella auriculata (Hassall, 1842)
Schizomavella “auriculata” (Hassall, 1842), au sens large est une espèce démembrée. Il existe effectivement de nombreuses variantes (ou formes), en particulier dans les eaux européennes, de ce bryozoaire qui pour certaines d'entre elles sont considérées aujourd'hui comme des espèces à part entière.
Parmi elles, en voici quelques unes citées dans la littérature spécialisée :
Méditerranée, Atlantique Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Bien présente en Méditerranée, Schizomavella auriculata sous ses diverses formes est très répandue dans l'Atlantique tempéré et boréal mais beaucoup plus rare dans l'Arctique. Elle est aussi décrite comme présente dans le Pacifique Nord Américain.
Des formes fossiles sont aussi référencées en Europe et en Afrique du Nord depuis le Miocène.
En Méditerranée ce bryozoaire encroûtant est très abondant entre 20 et 80 mètres de profondeur sur toutes sortes de substrats* durs. Il peut être observé sur les souches de posidonies, la base de divers organismes vivants érigés (gorgones, hydraires, bryozoaires, algues ...), de vieilles coquilles, dans le coralligène* ou sur les roches.
En Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord, il est observé sur divers substrats durs à moindre profondeur.
Le complexe Schizomavella "auriculata" regroupe plusieurs formes qui présentent toutes quelques caractéristiques communes à l'examen microscopique (voir "Divers biologie") mais qui sont quasiment impossibles à identifier in situ.
Schizomavella auriculata est un bryozoaire encroûtant de couleur jaune pâle, parfois plus rougeâtre à orangé vif par très petit fond. Il forme de larges plaques calcifiées au contour irrégulier de 0,5 à 20 cm². Sa surface légèrement bosselée ou rugueuse est constituée pour sa partie périphérique ou chez les colonies jeunes d'une seule couche de zoïdes* (unilamellaire) et peut devenir multilamellaire au centre pour les colonies pérennes* placées dans de bonnes conditions de milieu. Les plaques observées semblent peu adhérentes au support et se présentent sous de nombreuses formes d'aspect dissemblable. Le degré de calcification diffère suivant les conditions du milieu ou l'âge de la colonie.
La confusion in situ avec les différentes espèces des genres Schizomavella et Stephanotheca est inévitable et à l'observation microscopique plusieurs espèces proches restent compliquées à différencier de Schizomavella auriculata et en particulier Schizomavella cuspidata (Hincks, 1880), Schizomavella teresae Reverter & Fernandez, 1996 et Schizomavella sarniensis Hayward & Thorpe, 1995.
Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et particules organiques sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).
Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce.
Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*.
La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'œufs incubés dans les ovicelles*. Les œufs et les larves*, de couleur rouge sombre forment des petits points parfois visibles. Ils donnent ensuite des larves libres nageuses, assurant la dissémination spatiale de l'espèce. Puis, ces larves se fixent sur un substrat* dur et libre, et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*.
Chaque ancestrule forme une nouvelle colonie (reproduction asexuée) par bourgeonnement*, qui assure la croissance de la colonie laquelle s'accompagne d'une spécialisation de certains individus : on parle de polymorphisme* des zoïdes (autozoïdes*, aviculaires*, ...).
Ovicelles et embryons sont observés toute l'année chez Schizomavella auriculata, les ancestrules de mai à juin, en Méditerranée.
Description microscopique :
- Colonie encroûtante membraniporiforme* uni ou plurilamellaire, bien calcifiée.
- Autozoïdes* polygonaux irréguliers, de tailles et de positions variables, en séries radiaires, régulières sur les jeunes colonies ou les colonies unilamellaires ; inorganisés sur les colonies plus âgées ou plurilamellaires. Paroi frontale souvent très granuleuse. Taille des autozoïdes de 0,35 à 0,63 mm de longueur sur 0,28 à 0,48 mm de largeur.
- Aperture* (ouverture primaire par où sort le lophophore) sub-orbiculaire avec un sinus (échancrure médio-proximale) arrondi et deux fortes cardelles*.
- Deux à quatre épines sub-orales.
- Paroi frontale bien calcifiée et perforée de quelques trous, principalement en périphérie.
- Ovicelle sub-orale plus ou moins enfoncée et granuleuse, globuleuse avec quelques perforations parfois absentes.
- Aviculaire médian elliptique en position sub-orale, souvent surélevé (petit umbo*) et de petite taille, positionné immédiatement au dessous du sinus. Chez quelques zoïdes ce petit aviculaire est remplacé par un autre type d'aviculaire bien plus allongé, avec une mandibule spatulée et également positionnée dans l'axe du zoïde.
Le genre Schizomavella est caractérisé par la présence d'un petit aviculaire médian (voir origine du nom scientifique).
Schizomavella auriculata a été choisie par Canu & Bassler 1917 comme espèce type du genre Schizomavella.
Schizomavelle auriculé est une traduction du nom scientifique.
Schizomavella : du grec [schizo-] = fendre, séparer en fendant (et donc évoquant, ici, une "lame encroûtante"), de "mav" qui est l'abréviation de "median avicularium" (Canu & Bassler 1917) et de [-ella] = petit.
auriculata : du latin [auricularia] = petite oreille, sans doute en rapport avec les fortes cardelles* (ou condyles*) de l'aperture*.
Numéro d'entrée WoRMS : 862786
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Bitectiporidae | Bitectiporidés | |
Genre | Schizomavella (Schizomavella) | ||
Espèce | auriculata |
Petite colonie discrète méditerranéenne
Schizomavella auriculata forme des plaques calcifiées irrégulières de couleur jaune pâle, sauf pour les colonies proches de la surface et qui prennent une teinte orange vif.
Le Rascoui, Antibes (06), 15 m
05/08/2009
Prélèvement sous binocculaire
Avant traitement à l'eau de Javel.
Colonie unilamellaire où les individus sont organisés en lignes radiantes régulières.
La marge de croissance de la colonie se situe en haut sur cette photo.
Le Rascoui, Antibes (06), 15 m
05/08/2009
Zoïdes et aviculaires à la binoculaire
Les petites flèches montrent l'ouverture du zoïde* partiellement cachée par une partie du petit aviculaire* collé au sinus.
Le Rascoui, Antibes (06), 15 m (prélèvement)
N/A
Organisation des zoïdes au Microscope Électronique à Balayage (MEB)
Les autozoïdes* polygonaux s'organisent en séries radiaires régulières sur les jeunes colonies ou les colonies unilamellaires comme celle-ci, alors qu'ils sont inorganisés sur les colonies plus âgées ou plurilamellaires. La paroi frontale est souvent très granuleuse.
Le Rascoui, Antibes (06), 15 m (prélèvement)
05/08/2009
Grands aviculaires sporadiques
Les flèches horizontales montrent deux zoïdes munis de grands aviculaires sporadiques caractéristiques et qui remplacent le classique petit aviculaire le plus souvent observé chez Schizomavella auriculata (voir flèche verticale sur le zoïde de droite).
La paroi frontale est souvent bosselée et percée de quelques pores, particulièrement en périphérie.
Le Rascoui, Antibes (06), 15 m (prélèvement)
05/08/2009
Aperture : sinus, cardelles* et petit aviculaire médian
La paire de fortes cardelles* (ou condyles*) située en proximal de l'orifice apertural des Bryozoaires Cheilostomes sert de pivot d'articulation à l'opercule* absent ici.
Le petit aviculaire* médio-proximal est collé au sinus arrondi.
Le Rascoui, Antibes (06), 15 m (prélèvement)
05/08/2009
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Véronique LAMARE
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ