Saron marbré

Clé d'identification

Noms

Distribution géographique

Indo-Pacifique

De la mer Rouge et l'Afrique de l'Est (y compris Madagascar et Mozambique) à la Polynésie française, Hawaï, sud du Japon, et jusqu'en Australie orientale.
Présence confirmée en mer Rouge, golfe Persique, Inde, Asie du Sud-Est.
Après une extension récente en Méditerranée orientale via le canal de Suez (premières observations de migration lessepsienne* en Israël 2013, Liban, Syrie, Turquie), l'espèce est considérée comme envahissante.

Biotope

On la trouve dans des eaux peu profondes (0-30 m, rarement jusqu'à 50 m) sur des récifs coralliens, des débris coralliens, des lagons et des zones supralittorales*.
Elle préfère les substrats encroûtés (coraux morts, roches), souvent en paire sous les surplombs ou dans les grottes pour camouflage diurne, associée à des habitats riches en algues et invertébrés pour l'alimentation.
Active la nuit pour la chasse, elle est inactive de jour et se fond dans son environnement. Souvent proche des cavités et grottes où elle pourra se réfugier.

Description

Cette petite crevette au dos voûté mesure jusqu'à 5-6 cm de longueur totale. Elle tient son nom du fait que sa carapace blanche est toute marbrée de motifs multicolores plus ou moins géométriques, affichant des couleurs très bariolées du rouge, bleu ou brun, marbré de brun ou de vert.

Sa tête est pourvue d'un rostre* assez long et recourbé vers le haut. On y distingue généralement de gros yeux pédonculés* et proéminents, ainsi que des antennes* fines et allongées. Ses pattes sont longues et striées de blanc et violet ainsi que ses antennes et antennules*. Des touffes de poils ou phanères* sont présentes sur son thorax en alignement et son abdomen*, touffes plus fournies chez les femelles qui en possèdent également sur leurs pattes avant.

Les mâles présentent des chélipèdes* allongés (plus longs que le corps), tandis que les femelles présentent des setae plus denses formant une "brosse" sur les premières pattes pour le nettoyage ou la manipulation des œufs. Les setae sont des poils microscopiques avec plusieurs fonctions : mécanoréception, protection, camouflage, communication, adhérence élevée avec divers supports (aidant ainsi les animaux à se fixer ou à se déplacer).

La coloration est variable : motifs marbrés rouges, bleus, bruns ou verts pour camouflage ; avec changement nocturne vers le rouge pour adaptation crépusculaire.

Espèces ressemblantes

Confusion possible de Saron marmoratus avec Saron neglectus (crevette marbrée à pois verts), mais des études récentes (Baeza et al., 2023) révèlent des complexes* d'espèces cryptiques* dans les deux taxons* (jusqu'à 10-15 lignées cryptiques), différenciables par analyses moléculaires (p. ex., 16S rRNA).

Confusions possibles également avec : Saron inermis et Saron rectirostris, plus rares et à rostre droit. La différenciation s'établit selon la densité des setae et avec la présence de motifs colorés.

Alimentation

Omnivore opportuniste, Saron marmoratus se nourrit de détritus organiques, plancton* (zooplancton*, phytoplancton*), algues, polychètes, petits invertébrés. Elle fouille le substrat fin de nuit et peut être charognarde des restes de poissons ou consommer des polypes coralliens lorsqu'elle vit en captivité.
L'espèce ne semble pas avoir de rôle nettoyeur, contrairement à certains Hippolytidés (crevettes nettoyeuses).

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés avec un dimorphisme* sexuel marqué : les mâles sont plus petits (jusqu'à 4 cm), les femelles plus grandes avec setae abdominales pour incubation des œufs.
La parade nuptiale implique des signaux olfactifs (phéromones*) et tactiles (contacts antennaires).
Le développement larvaire est planctonique* : 7 stades de zoé* à post-larves, d'une durée de 25-30 jours en laboratoire (température 23-26 °C, salinité 35-37 ppt [part per thousand = partie par millier]).
Le taux de fécondité n'est pas connu. Une fois fécondés, les œufs sont ensuite incubés sous l'abdomen femelle.

Informations complémentaires

Elle est souvent utilisée en aquariophilie marine. Cependant, bien que principalement détritivore, cette crevette pouvant parfois consommer des zoanthidés, des coraux mous (p. ex., Sarcophyton spp) ou des anémones, elle est donc à éviter dans des aquariums récifaux contenant ces spécimens fragiles.

Origine des noms

Origine du nom français

Saron marbré est une proposition de nom d'après l'anglais "marbled shrimp".

Origine du nom scientifique

Saron : l'auteur initial du genre (Thallwitz) n'a pas expliqué explicitement son choix dans son article original en 1891. Une première hypothèse serait que ce nom de genre fasse référence au terme hébraïque "Sharon", signifiant "plaine" ou "plateau", dérivé du verbe "yashar" (être droit, nivelé), en référence à une région côtière fertile en Israël, possiblement par analogie avec les motifs "paysagés" de l'espèce. Une deuxième hypothèse serait que ce nom de genre fasse référence au nom d'un roi mythologique, Saron, ayant donné son nom au golfe Saronique, en Grèce, après s'y être noyé. Enfin, une dernière hypothèse serait en référence au nom d'une jeune et jolie bergère qui, dans la Bible (Livre des Cantiques), a donné son nom à une fleur ; l'expression "Rose de Sharon" ayant fait l'objet d'un ensemble de poèmes d'amour.

marmoratus : du latin "marbré" signifiant "pavé ou revêtu de marbre", en référence aux motifs géométriques ornementant sa carapace.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 210450