Dos vert, parfois bleuté, avec irisations contrastées
Flancs argentés, ventre clair et brillant
Nageoires pelviennes implantées en arrière de l'origine de la nageoire dorsale
Deux derniers rayons de la nageoire anale plus longs que les autres
Opercule strié
Célan, célerin, pilchard, hareng de Bergues (Manche, Picardie, Normandie) ; chardine, chardinoun, sardinou, royan (Arcachon) ; chardine, parrutxa (Pays Basque) ; coureuse (Bretagne) ; sarde, sarda (Roussillon) ; poutine (alevins), sardino, sardo (Languedoc, Provence) ; palaya, poutina, nonat, rafaneta, pataieta, palaia (Nice) ; sardella, serdella (Corse)
European sardine, European pilchard (GB), Sardina (I), Sardina europea (E), Sardine (D), Sardinha (P), Sardien (NL)
Alosa pilchardus (Walbaum, 1792)
Arengus minor Cornide, 1788
Clupea harengus pilchardus Walbaum, 1792
Clupea pilchardus Walbaum, 1792
Clupea pilchardus Bloch, 1795
Clupanodon sardina Risso, 1827
Sardina pilchardus sardina (Risso, 1827)
Clupea sardinia Lowe, 1837
Clupea laticosta Lowe, 1843
Sardina dobrogica Antipa, 1904
Atlantique Nord-Est, Méditerranée, mer Noire
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Sardina pilchardus évolue en Atlantique Nord-Est, de l'Islande et la Norvège au Sénégal. On la retrouve également en Méditerranée, notamment dans sa partie occidentale, et jusqu'en mer Noire.
La sardine d'Europe est une espèce marine pélagique*, elle vit donc en pleine eau dans les mers et l'océan bordant le continent européen. Elle fait partie du necton*, par opposition au plancton*, et vit de la côte jusqu'au large, entre la surface et le fond, jusqu'à 100 m de profondeur environ.
Sardina pilchardus est un poisson d'une vingtaine de centimètres se déplaçant en bancs.
De forme allongée et fusiforme, de section ovalaire, comprimé latéralement, il présente un museau pointu et une bouche terminale.
Les nageoires pectorales sont basses, les nageoires pelviennes implantées en arrière de l'origine de l'unique nageoire dorsale. On note l'absence de nageoire adipeuse.
Les deux derniers rayons de sa nageoire anale sont plus longs que les autres.
La sardine d'Europe possède des écailles grandes pour sa taille, se détachant facilement, et un opercule* strié bien caractéristique. Des scutelles*, écailles à pointe proéminente, sont disposées le long du profil ventral mais ne forment pas de carène* véritable.
Elle montre des flancs argentés et un ventre relativement clair et brillant. Son dos de couleur vert émeraude, parfois bleu turquoise, présente des irisations ainsi que des taches sombres, le long de la ligne latérale, qui ne sont pas toujours visibles sous l'eau.
Après la mort du poisson, la couleur du dos vire du vert au bleu franc en quelques heures.
La sardine d'Europe ne peut théoriquement être confondue qu'avec les jeunes aloses, Alosa spp. du fait de son opercule strié. Elle s'en distingue par les deux derniers rayons de sa nageoire anale qui sont plus longs que les autres et par l'extrémité postérieure de sa bouche située en avant de la verticale passant par le centre de l'œil.
Cela dit, en plongée, il est possible de la confondre avec d'autres Clupéidés comme des sprats, Sprattus sprattus ; l'implantation des nageoires pelviennes permet de les différencier : nettement en arrière de l'origine de la nageoire dorsale chez la sardine et en avant ou à l'aplomb de la nageoire dorsale chez le sprat.
Les anchois se distinguent par leur museau proéminent et leur bouche fendue très en arrière.
Les harengs, Clupea harengus, portent des écailles nettement plus petites, solidement implantées, et les nageoires pelviennes en avant de la dorsale.
Les sardinelles, Sardinella aurita, en Méditerranée, présentent une ligne longitudinale jaune tout le long du corps.
Les athérines comme le sauclet, portent deux nageoires dorsales et nagent par à-coups, contrairement aux sardines dont la nage est dite « ondulante », voire « en zigzagant » lorsqu'elles se nourrissent.
Les chinchards ont eux aussi deux nageoires dorsales et une ligne latérale très marquée en forme de "baïonnette".
Les bogues, Boops boops, présentent de gros yeux, et un profil de tête plus arrondi. Ils apparaissent plus argentés dans l'eau que la sardine, vert émeraude ou turquoise.
Les sardines sont des animaux planctonophages*. Elles se nourrissent principalement de zooplancton* et plus particulièrement de petits crustacés planctoniques, les copépodes (Temora sp., Paracalanus sp.).
Bien que la présence de végétaux, du phytoplancton*, ait été constatée dans le tube digestif de certains individus, leur consommation semble plutôt accidentelle. Elle est liée au mode d'alimentation de l'animal qui se nourrit surtout par filtration. Il se déplace avec la bouche ouverte, les proies étant retenues au niveau des branchies lorsque l'eau ressort. Ainsi, des proies autres qu'animales peuvent être consommées si elles sont retenues par les branchies.
Les sardines ont une alimentation plutôt nocturne : elles remontent à la surface pendant la nuit, suivant la migration verticale du zooplancton*, migration nycthémérale*, afin de s'en nourrir.
Les sardines atteignent la maturité sexuelle à une taille comprise entre 10 et 20 cm, selon les populations.
La période principale de frai se situerait entre octobre et juin, avec un pic entre décembre et mars. Cependant, des sardines matures et des œufs sont retrouvés plus ou moins toute l'année sur nos côtes. Plus les individus vivent au Sud, et plus la période de frai commence tôt et dure longtemps.
La reproduction se déroule sur le plateau continental, essentiellement dans les eaux côtières, plus riches en nourriture et plus chaudes, sans qu'il semble exister de zone bien définie.
La femelle peut pondre jusqu'à 60 000 œufs, moins denses que l'eau : ils remontent donc à la surface.
La fécondation, externe, se fait dans l'eau par la laitance du mâle. Une fois fécondés, les œufs éclosent au bout de 2 à 4 jours pour donner une larve* de quatre millimètres environ.
Sardina pilchardus est une espèce fourrage, c'est à dire qu'elle est la proie de nombreuses autres espèces marines, (oiseaux, mammifères marins, autres poissons). Elle représente donc un intérêt écologique majeur : elle se nourrit à l'origine des chaînes alimentaires marines, sur le plancton, et elle est une source d'alimentation pour de nombreux prédateurs.
Du fait de leur migration verticale quotidienne, on les retrouve généralement plus en profondeur en journée que la nuit.
La pêche à la sardine revêt une importance économique primordiale depuis des siècles le long des côtes atlantiques et méditerranéennes. Elle alimente un gros marché de poisson frais et les conserveries.
C'est une pêche côtière, les bateaux restent en mer rarement plus de 12 heures, et éventuellement saisonnière.
Comme tous les poissons gras, la sardine supporte mal la congélation. Elles doit être conservée dans la glace, et débarquée rapidement, ou salée, comme cela se faisait au XIXe siècle.
Le filet droit maillant des origines est supplanté par la senne tournante et coulissante (la bolinche) et, plus accessoirement, le chalut pélagique.
Au siècle passé, cette pêche a abouti à la construction de bateaux spécifiques, comme les sardiniers bretons ou les pinasses arcachonnaise et luzienne.
Au début du XXe siècle, Douarnenez et Concarneau étaient les premiers ports sardiniers. Au milieu du siècle, les bancs de sardines ont migré plus au sud, désertant la Bretagne.
Vers 1950, environ 30 000 personnes vivaient de la pêche et des conserveries sur la façade atlantique. À cette période, les principaux ports sardiniers étaient La Turballe, St Gilles-Croix-de-Vie et St Jean-de-Luz en Atlantique, et Sète, Marseille et Port-Vendres en Méditerranée.
Les prises annuelles en France étaient alors de l'ordre de 30 000 tonnes, pour moitié en Méditerranée et en Atlantique. Au Maroc, elles atteignaient 220 000 tonnes.
Pourtant, en 1983, à peine 5 000 tonnes étaient officiellement débarquées par les pêcheries françaises du golfe de Gascogne. Malgré la fluctuation du nombre de captures d'une année à l'autre — due à une variabilité importante des stocks, très sensibles à la surpêche et aux conditions environnementales pour le recrutement* — les prises ont globalement augmenté, jusqu'à atteindre 20 000 tonnes en 2009 en Atlantique pour la France. En Méditerranée, elles n'ont visiblement jamais dépassé, depuis 1993, 5 000 tonnes pour la France.
IFREMER réalise chaque année depuis 1983 un suivi des stocks de sardines, et autres petits poissons pélagiques, dans la partie française du golfe de Gascogne, notamment grâce aux campagnes océanographiques PELGAS (dès 2000, de fin avril à début juin), avec le navire de recherche La Thalassa. Cela fait quelques années que des bateaux de pêche professionnels participent aussi à cette campagne, travaillant de concert avec les scientifiques. Ce partage des connaissances et des compétences permet, entre autres, d'améliorer la qualité des expertises réalisées sur les ressources halieutiques. En Méditerranée, des missions analogues (PELMED) sont également menées chaque année à partir de 1993, entre fin juin et début août, à bord du navire océanographique L'Europe.
Actuellement, IFREMER estime la biomasse de sardines dans le golfe de Gascogne entre 300 000 et 500 000 tonnes. En revanche, dans le golfe du Lion celle-ci a fortement diminué depuis 2005 (passage de plus de 200 000 tonnes en 2005, à moins 50 000 en 2010), avec notamment le déclin des reproducteurs : leur biomasse est estimée à moins de 5 000 tonnes pour 2010. Les pêcheries ont été contraintes de restreindre leur activité fin 2009 en attendant un rétablissement des stocks.
Dans les Alpes-Maritimes, hautement traditionnelle et emblématique, la pêche à la poutine (poutina en nissart) et au nonat (signifiant « non né ») est exclusivement autorisée dans les prud'homies d'Antibes, Cros-de-Cagnes, Nice et Menton. Très peu de pêcheurs pratiquent encore cette pêche aux alevins, principalement de sardines, encore tout transparents. Dépendante de la météo, la pêche cesse dès que les 1ères écailles apparaissent sur les poissons.
En effet, la pêche de la poutine est extrêmement réglementée par la Commission « pêche » du Parlement européen qui la conditionne à une maille de filet normalisée et la restreint à des dates de prélèvement bien précis, commençant généralement milieu janvier et pour 45 jours.
Alors que jusqu'aux années 1960, la vente s'effectuait sur des charrettes à bras stationnées dans les ruelles de la vieille ville, aux cris plein de gouaille des poissonnières « A la bella poutina !! », le fruit de la pêche est aujourd'hui généralement vendu directement sur la plage, à la remontée des pointus et à peine sorti des filets. Le prix en est assez élevé (+ de 60€/kg en 2012). Mets rare et recherché des locaux, la poutine se déguste en omelette ou en beignets, voire pour les connaisseurs avec un simple filet d'huile d'olive et de citron.
D'un point de vue environnemental et préservation des ressources, il vaut mieux privilégier pour notre alimentation les espèces situées relativement bas dans les réseaux trophiques (Clupéidés, mulets) que les grands prédateurs (thons, espadons, requins et raies), moins nombreux et avec des capacités de reproduction moins importantes : maturité sexuelle tardive, descendance moins nombreuse. Sans compter que ces derniers ont généralement des teneurs très élevées en métaux lourds et autres contaminants par rapport aux espèces fourrages.
La sardine fait donc partie des espèces intéressantes à inclure dans notre alimentation.
Sa taille minimale de capture est fixée à 11 cm.
Bien que la sardine soit une espèce de première importance dans la gestion des ressources aquatiques, de par ses intérêts majeurs, écologiques (espèce fourrage de nombreux prédateurs marins), et économiques (plusieurs milliers de tonnes débarquées chaque année par les pêcheries de divers pays), elle n'est pourtant soumise à aucune autre réglementation.
Le nom de sardine vient du latin [sardina], diminutif de [sarda] = petit poisson, sardine.
Sardina est donc le diminutif du mot latin [sarda] = sardine. L'île de la Sardaigne, [Sardinia] en latin, lui doit peut-être son nom. La sardine devait être très abondante dans les eaux entourant cette île. Le genre Sardina a été défini par Antipa en 1904.
pilchardus est la latinisation du mot anglais [pilchard] = grosse sardine.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Ordre | Clupeiformes | Clupéiformes | |
Famille | Clupeidae | Clupéidés | Poissons essentiellement marins. Absence d’écailles sur la tête, certaines espèces en sont même dépourvues sur le corps. Ligne latérale courte ou absente, dents minuscules ou absentes. Planctonophages. |
Genre | Sardina | ||
Espèce | pilchardus |
Gros plan d'une sardine
Spécimen photographié au milieu du banc. On retrouve les caractères d'identification : la position des nageoires pelviennes et les taches le long de la ligne latérale.
Sardaigne, Italie
14/06/2011
En Atlantique
Rencontre d'un banc de sardine dans la journée, mais assez profond.
Mimizan (40), 25 m
20/08/2010
Banc bien ordonné
Les sardines évoluent en banc. Les mouvements de chaque poisson sont parfaitement synchrones avec le groupe, grâce aux perceptions de la ligne latérale.
Sardaigne, Italie, 1 m
08/06/2009
Agrandissement
Agrandissement de la photo précédente. Les caractères distinctifs de la sardine ne sont pas vraiment visibles sur ces images, c'est pourquoi le photographe a nommé ces photos Sardina cf pilchardus.
Sardaigne, Italie, 1 m
08/06/2009
Banc en désordre
Rencontre du matin, le banc n'est pas trop profond encore. On y voit aussi quelques castagnoles Chromis chromis.
Niolon (13), 8 m
17/10/2010
En boîte
Vitrine montrant la variété des marques de conserves de sardines et donc l'importance de l'industrie de la conserve.
A rapprocher du régime alimentaire particulièrement gras de Diplodus sargus à la tombée de la nuit.
Bretagne
24/08/2011
Rédacteur principal : Alexis CHAPPUIS
Vérificateur : Michel BARRABES
Correcteur : Jérémy DON
Responsable régional : Michel BARRABES
Bode A., Álvarez-Ossorio M.T., Carrera P., Lorenzo J., 2004,Reconstruction of trophic pathways between plankton and the North Iberian sardine (Sardina pilchardus) using stable isotopes, Scientia Marina, 68, 165-178.
Corvez P., 2007, DICTIONNAIRE DES MOTS NES DE LA MER, Editions du Chasse-Marée, France, 359p.
Cunha M.E., Garrido S., Pissarra J., 2005,The use of stomach fullness and colour indices to assess Sardina pilchardus feeding, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 85, 425-431.
ICES, 2010,Life-cycle spatial patterns of small pelagic fish in the Northeast Atlantic, ICES Cooperative Research Report, Report No. 306, ICES: Copenhagen, 94p.
La page sur Sardina pilchardus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Sardina pilchardus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN