Corps fuselé au pédoncule caudal épais recouvert de petites écailles
Grande tête, bouche largement fendue, commissure des lèvres en arrière de l'aplomb de l'œil, tache noire sur l'opercule
Nageoires : dorsale réduite, seconde dorsale adipeuse, caudale à bord postérieur rectiligne
Coloration variable : jaune, gris anthracite, brune ou gris clair ; flancs avec points gris-noir (parfois rouges)
Taille de 23-40 cm
Truite de Méditerranée, truite corse
Mediterranean trout (GB), Trota macrostigma italiana, trota sarda (I), Mittelmeer-Bachforelle, Korsikaforelle (D), Trucha del mar Tirreno (E)
Salmo ghigii (Pomini, 1941)
Salmo lapasseti Zill, 1858
Salmo macrostigma auct. non Duméril, 1858
Salmo trutta macrostigma auct. non Duméril, 1858
Salmo trutta subsp. pellegrini Werner, 1931
Corse, Sardaigne, Sicile, au sud du fleuve Magra en Italie
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeLa truite à grosses taches est présente en Corse, Sardaigne, Sicile et au sud du fleuve Magra en Italie.
La truite à grosses taches aime une eau claire, froide (10-20 °C), venant des lieux élevés, coulant avec rapidité (débit d’eau de 0,2 à 0,5 cm/s en moyenne) sur un fond pierreux à granulométrie moyenne (graviers et galets). On la trouvera donc aisément dans toutes les eaux de montagne, dans les rivières, les ruisseaux et les résurgences karstiques aussi bien que dans les lacs, mais plus rarement dans les eaux stagnantes ayant un fond boueux.
Elle ne peut vivre et se reproduire que dans les eaux fraîches à forte teneur en oxygène (> 6 mg/l). On la rencontre sur la partie supérieure des fleuves et rivières. Il lui faut une eau très aérée même si elle supporte mieux que les autres espèces de truite une eau plus chaude et moins oxygénée.
C'est un poisson non-migrateur robuste qui peut remonter de rapides courants et sauter à une grande hauteur.
Longueur moyenne: 20-25 cm ; maximale : 40 cm.
Durée de vie : 6 à 13 ans.
La truite à grosses taches a le corps comprimé, peu allongé et couvert de petites écailles. La tête est large ; le museau est gros, obtus et plus ou moins arrondi ; la bouche largement ouverte avec une mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure (les 2 étant garnies de dents crochues) et la commissure des lèvres en arrière de l'aplomb de l'œil. Elle a une tache noire sur l'opercule* branchial.
La nageoire dorsale se compose de 3 à 4 rayons simples et de 9 à 11 rayons branchus, l'adipeuse est en général très colorée de rouge et plus longiligne, la caudale a le bord postérieur rectiligne, l'anale a 3 rayons simples et 7 à 9 rayons branchus.
La truite à grosses taches est de couleur variable, on la trouve avec une robe noire, jaune ou brune et de 20 à 60 points gris-noir assez étalés (parfois rouges).
Elle est assez polymorphe* car constituée de plusieurs sous-unités isolées géographiquement, nommées types Prunelli, Fangu, Taravu, Rizzanese, Fium’Orbu et Tavignanu.
Diverses espèces de truite ont été introduites en Corse :
La truite arc-en-ciel (Onchorhynchus mykiss (Walbaum, 1792)).
De même forme générale et de couleur argentée avec une bande
rouge-orangé sur les flancs, elle porte de très nombreux points noirs et
sa tête est plus petite. La truite arc-en-ciel paraît plus trapue. Il semble qu'elle ne se reproduise pas en Corse.
La truite fario (Salmo trutta fario Linnaeus, 1758). Son aspect est similaire, elle n'a généralement pas de tache gris-noir sur l'opercule branchial, ses points noirs sur les flancs sont plus petits et marqués.
Carnivore dès son jeune âge, la truite à grosse taches consomme toutes sortes
d'invertébrés, larves*, insectes, crustacés, mollusques. En vieillissant, elle devient plus volontiers ichtyophage* : les vairons, loches, chabots
et même truitelles rentrent alors dans son menu mais en proportion moindre que chez les autres espèces de truite.
Elle consomme aussi
volontiers des proies terrestres tombées malencontreusement dans
l'élément liquide telles que sauterelles ou vers de terre.
Pour le frai la truite recherche des eaux peu profondes. Elle se reproduit à partir de 4 ans (soit une taille moyenne de 23-25 cm et un poids moyen de 200 g).
Ovulipare*, la truite à grosses taches fraie à la mauvaise saison, de novembre à janvier, sur un fond de gravier en eau peu profonde. La ponte a lieu plus tôt à la source d'une rivière, plus tard à son embouchure. La fécondation est externe. Les œufs, de la taille d'un pois (ils gonflent dans l'eau), sont laissés dans un trou et ensuite recouverts de sable. L'incubation dure de quarante à soixante jours, suivant la température (400 degrés x jours*).
Les larves, longues de 15 à 25 mm, se cachent dans les interstices du fond et vivent sur leur vésicule vitelline jusqu'à leur émergence au printemps (800 degrés x jours* après la ponte).
Les juvéniles occupent ensuite un territoire et développent une hiérarchie pour l'occupation des meilleures zones de nourrissage. Ils effectuent pour cela des migrations plus ou moins importantes vers l'aval.
La couleur rose à rouge-orangé de la chair de la truite provient de son alimentation : il s'agit d'un pigment (l'astaxanthine) produit par des algues microscopiques consommées par des crustacés comme les crevettes et les gammares qui sont les proies de ce poisson.
La truite à grosses taches est sujette a une forte prédation. Avant même que ses œufs ne soient
développés, beaucoup de poissons de fond en détruisent ou en dévorent un
grand nombre. Plus tard, les jeunes truites sont chassées par de nombreux poissons dont les truites adultes. Enfin, plus âgées, elles ont de terribles ennemis
tels les rats d'eau et les couleuvres aquatiques.
La truite a un fort degré de polymorphisme* ce qui, dans le passé, a eu pour résultat la description d'environ 50 espèces différentes.
Au début des années 2000, selon certains auteurs, une seule espèce (Salmo trutta) devait être retenue en France avec trois formes écologiques :
- la truite de rivière (Salmo trutta fario) qui reste dans les cours d'eau et garde sa robe de juvénile ;
- la truite de mer (Salmo trutta trutta) qui met en place des mécanismes d'adaptation à l'eau salée, développe une robe argentée et un comportement de banc ;
- la truite de lac (Salmo trutta lacustris) qui adopte elle aussi une robe plus ou moins argentée.
Une étude génétique parue en 2018 a mis en évidence une grande homogénéité dans les populations internes à la Corse qui se différencient grandement des populations présentes en France continentale et se rattachent à l'espèce Salmo cettii Rafinesque, 1810.
Cette espèce présente un intérêt patrimonial : sa présence dans un cours d’eau est synonyme d’une bonne qualité d’eau.
En dehors de son milieu lacustre où des phénomènes de compétition avec l’omble chevalier (Salvelinus alpinus) ont été signalés, elle possède peu de compétiteurs dans son milieu s’il n’est pas dégradé par l’Homme.
Communautaire :
Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe II
L'espèce, classée NT selon le Statut UICN*, est quasi menacée en raison du prélèvement d'eau, de la surpêche, de la dégradation de la qualité de l'eau et de l'ensemencement de truites non indigènes par des associations de pêcheurs (hybridation*).
On estime qu'entre 2010 et 2020, la population a diminué de près de 30 % et continuera de le faire car le prélèvement de l'eau augmentera très probablement.
Truite : du latin [tructa] = truite
Salmo: du latin [Salmo] = saumon
cettii : en hommage à Francesco CETTI (1726-1778), jésuite, zoologue et mathématicien, auteur d'une Histoire Naturelle de la Sardaigne en quatre volumes (1774-1778).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Protacanthopterygii | Protacanthoptérygiens | |
Ordre | Salmoniformes | Salmoniformes | |
Famille | Salmonidae | Salmonidés | |
Genre | Salmo | ||
Espèce | cettii |
Identification
Le corps fuselé au pédoncule caudal épais est recouvert de petites écailles. La tête grande, à la bouche largement fendue avec la commissure des lèves en arrière de l'aplomb de l'œil, porte une tache noire sur l'opercule.
La nageoire dorsale est réduite, la seconde dorsale est adipeuse, la caudale a le bord postérieur rectiligne.
La coloration est variable : jaune, gris anthracite, brune ou gris clair ; les flancs portent des points gris-noir (parfois rouges)
La taille est de 23-40 cm.
Rivière U Liamone, Guagno les bains, Corse (2A), 2 m
09/07/2017
Jeune truite corse dans le courant
La truite à grosses taches aime une eau claire, froide (10-20 °C), venant des lieux élevés, coulant avec rapidité (débit d’eau de 0,2 à 0,5 cm/s en moyenne) sur un fond pierreux à granulométrie moyenne (graviers et galets). On la trouvera donc aisément dans toutes les eaux de montagne, dans les rivières, les ruisseaux et les résurgences karstiques aussi bien que dans les lacs, mais plus rarement dans les eaux stagnantes ayant un fond boueux.
Rivière De Guagno, Pont de Guagno les Bains, Corse (2A), 1 m
08/07/2017
Postée
Carnivore dès son jeune âge, la truite à grosses taches consomme toutes sortes d'invertébrés, larves, insectes, crustacés, mollusques. En vieillissant, elle devient plus volontiers ichtyophage : les vairons, loches, chabots et même truitelles rentrent alors dans son menu mais en proportion moindre que chez les autres espèces de truite.
Elle consomme aussi volontiers des proies terrestres tombées malencontreusement dans l'élément liquide telles que sauterelles ou vers de terre.
Asco (2B), 0,5 m
17/07/2012
Juvénile
Les juvéniles occupent un territoire et développent une hiérarchie pour l'occupation des meilleures zones de nourrissage.
Asco (2B) 0.50 m
17/07/2012
Petit banc caché sous une roche
Cinq adultes de 20 cm environ
Rivière De Guagno, Pont de Guagno les Bains, Corse (2A), 2 m
08/07/2017
Gros spécimen
Taille de 25 cm environ
Rivière U Liamone, Guagno les bains, Corse (2A), 2 m
09/07/2017
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Daniel BURON
Vérificateur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
Berrebi P., Caputo barucchi V., Splendiani A., Muracciole S., Sabatini A., Palmas F., Tougard C., Arculeo M., Marić S., 2018, Brown trout (Salmo trutta L.) high genetic diversity around the Tyrrhenian Sea as revealed by nuclear and mitochondrial markers., Hydrobiologia, 826(1), 209-231.
Fédération de la Corse pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (FCPPMA), 2018, LE PLAN DE GESTION DE LA TRUITE DE CORSE Période : 2018-2022, 20p.
Gibertoni P., Esposito S., Penserini M., Foglia Parrucin A., Leonzio C., Radi M., Querci G., 11/2010, Ipotesi di distribuzione originaria delle popolazioni di salmonidi nativi per le acque italiane, Fishery’ Science Journal, 1(0), 18-37.
Renouard M., 2013-2014, Étude phylogéographique des lignées de truites communes Salmo trutta en Corse, Master 1 - Génétique et Biodiversité – Université Montpellier II, 28p.
La page sur Salmo cettii sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase