Pelote de tubes calcaires blancs très fins et très fragiles
Panache branchial à peine visible à base souvent rougeâtre
Vit dans des zones abritées
Souvent en épibionte (gorgones, etc...)
Salmacina (GB, E, NL), Sagebrush tube worm (GB), Filigrana di mare (I)
Filipora filograna Dalyell, 1853
Protula (Salmacina) dysteri Huxley, 1855
Filograna dysteri (Huxley, 1855)
Protula dysteri Huxley, 1855
Salmacina aedificatrix Claparède, 1870
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique, ● CaraïbesCette espèce commune et indigène en Europe serait devenue cosmopolite (transportée sur les coques des bateaux). A noter que le site de référence WoRMS signale que ce nom regroupe probablement un complexe d’espèces cryptiques.*
La salmacine de Dyster se trouve à partir du bas de l'estran* jusqu'à 600 mètres de profondeur. La fragilité de ses tubes calcaires la localise sur des substrats* durs, dans des endroits abrités ou parfois avec de forts courants, des grottes, sous des surplombs, et en épibionte* sur des gorgones, sur des éponges (Axinelles) ou sur des algues (cystoseires, laminaires), des structures artificielles (épaves, récifs) mais toujours éloignée du substrat.
Cette espèce est réputée commune dans le coralligène* et a aussi été observée sur fonds détritiques non envasés.
Cette annélide* polychète* vit en colonies fixées et forme des pelotes pouvant atteindre 30 cm de diamètre. Chaque individu vit dans un tube calcaire cylindrique très fin et très fragile de couleur blanc opaque, de 30 à 50 mm de long et d'environ 0,5 mm de diamètre. Le panache branchial est composé de 2 lobes branchiaux portant chacun 4 filaments. Il ne comporte pas d'opercule*. Les branchies sont incolores et rougeâtres à la base.
A l’intérieur du tube, le corps mesure jusqu'à 5 cm de longueur. Il est de couleur rouge ou orangée et peut comporter jusqu’à 60 segments.
Filograna implexa Berkeley, 1835 : il est impossible de différencier in situ Salmacina dysteri et Filograna implexa. Les différences sont trop subtiles pour être vues sous l'eau, une détermination exacte étant l'affaire de spécialistes. Elles portent éventuellement sur la couleur du panache, l'opacité relative des tubes, mais principalement sur la présence (Filograna implexa) ou non (Salmacina dysteri) d'un opercule* en forme de coupe porté sur deux filaments, un de chaque côté de la couronne branchiale.
Salmacina incrustans Claparède 1870 : la morphologie de cette espèce est très voisine de celle de S. dysteri, cependant S. incrustans forme généralement des tubes qui adhèrent au substrat (pierre, algue, …) sur toute leur longueur. Elle peut aussi former des pelotes comme S. dysteri. Elle supporte mieux que S. dysteri les biotopes* vaseux. Cette annélide a été décrite de Méditerranée où elle est très commune, elle serait également présente en Atlantique Nord tropical.
Salmacina huxleyi (Ehlers, 1887) : cette espèce bien représentée en Floride est signalée en eaux françaises dans la zone caraïbe. A notre connaissance, elle ne se rencontre pas en dehors de cette zone où l'on rencontre également Salmacina amphidentata.
Salmacina australis Haswell, 1885 est une espèce d'Australie et de Nouvelle-Zélande. Elle est supposée présente en Nouvelle-Calédonie.
Les salmacines sont des animaux filtreurs*. Le panache est muni de cils recouverts d'un mucus qui capturent les particules alimentaires et les amènent vers la bouche.
La reproduction peut être sexuée ou asexuée. L'espèce est hermaphrodite* et scissipare*. La reproduction sexuée peut avoir lieu toute l'année, avec cependant un optimum au printemps ou en été. Les œufs sont probablement incubés dans les tubes. Les colonies se forment par reproduction asexuée (scissiparité) : constriction dans la région abdominale et reconstitution d'une queue et d'une tête.
On trouve très souvent les pelotes de salmacines en épibiontes* sur des gorgones pourpres Paramuricea clavata, des gorgones jaunes Eunicella cavolinii ou blanches Eunicella singularis ainsi que sur des bryozoaires tels que les roses de mer Pentapora fascialis, des Cellaria ou des Carbasea. En Manche, l'espèce est parasitée par des haplosporidies (organismes unicellulaires).
Espèce très commune.
Les colonies de salmacines sont très fragiles, ne pas les toucher et faire attention aux palmes !
Ces animaux sont, comme beaucoup d'organismes vermiformes, les premiers colonisateurs (pionniers) des épaves et de toutes structures (récifs artificiels par exemple) assez éloignées du fond. La compétition pour l'espace et le développement des autres organismes modifieront les conditions de nutrition de la salmacine qui perdra du terrain sur les autres colonisateurs.
Des observations de colonisation des récifs artificiels du Prado à Marseille montrent que les pelotes de salmacines se développent en premier. Elles deviennent rapidement tellement grosses que le moindre courant ou simplement leur propre poids les font s'effrondrer, ce qui laisse la place pour d'autres organismes moins précoces.
Salmacine de Dyster est la françisation du nom scientifique.
Salmacina : du latin [sal] = sel et [macir] = écorce d’un arbre de l’Inde.
A part cela, Salmacis est le nom d'une nymphe qui en s’unissant au fils d’Hermès et d’Aphrodite forma avec lui le premier être hermaphrodite de la mythologie grecque, ce qui vaut probablement ce joli nom à notre ver polychète !
dysteri : en hommage au Dr Frederick Daniel Dyster (1810-1893), ami de Thomas Henry Huxley et passionné de biologie marine.
Numéro d'entrée WoRMS : 131038
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-classe | Sedentaria - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires vivant dans des tubes ou des terriers semi-permanents, avec une paire de palpes creusés d'un sillon longitudinal cilié. |
Ordre | Sabellida | Sabellides | Métamérie très altérée, corps divisé en deux régions distinctes, une thoracique à segments peu nombreux et une abdominale, le plus souvent à segments très nombreux, parfois seulement 3 segments chez les très petites espèces. Prostomium indistinct et peristomium faisant une collerette plus ou moins développée, entière ou divisée en lobes, branchies volumineuses (2 lobes semi-circulaires ou spiralés portant de nombreux filaments ou rayons garnis de barbules ciliées) en panache terminal disposé en entonnoir entourant la bouche. |
Famille | Serpulidae | Serpulidés | Tube calcaire blanc, non enroulé en spirale, attaché au substrat. Panache de 30-40 appendices tentaculaires (radioles) dont quelques-uns sont transformés en un opercule. Parfois en groupes. |
Genre | Salmacina | ||
Espèce | dysteri |
Pelote de tubes calcaires typique
Colonie vue de près, les panaches branchiaux sont visibles. La colonie comporte des ouvertures dans la masse permettant le libre passage de courants d’eau, qui amènent la nourriture et l’oxygène.
Basses-Reinettes, Six-Fours (83), 15 m
19/05/2019
Détail
Cette colonie paraît bien ordonnée par rapport aux pelotes enchevêtrées habituelles !
Carro (13), 38 m
18/08/2005
Sur gorgone pourpre
Les salmacines se rencontrent souvent fixées sur des gorgones pourpres Paramuricea clavata.
Port-Cros (83), Pointe Montrémian, 27 m
25/06/2005
Salmacine avec Axinelle
Une fois n'est pas coutume, cette salmacine s'appuie sur une éponge Axinelle commune.
Antibes (06), Le Rascoui, 35 m
14/08/2016
Détail du panache
Le panache branchial comporte 2 lobes branchiaux portant chacun 4 filaments. Il n'y a pas d’opercule. Les branchies sont incolores, leur base est colorée, orangée sur cette photo.
Marseille (13), Les Farillons, 20 m
26/06/2011
Au fond d'une grotte
La fragilité de ses tubes calcaires localise la salmacine sur des substrats durs, dans des endroits abrités, des grottes, sous des surplombs, et en épibionte* sur des gorgones.
Les Lecques (83), Pointe Fauconnière, Tunnel, 8 m
14/09/2010
Premiers colonisateurs
Les salmacines (flèche bleu turquoise) sont les premiers organismes à se développer sur ce voilier coulé récemment (années 90).
La Ciotat (13), Le voilier, 38 m
01/05/2004
Pelote Antillaise
Salmacina huxleyi est présente dans les Antilles.
Saint Pierre de la Martinique (972)
15/05/2008
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Vérificateur : Philippe PERRIER
Correcteur : Patrick SCAPS
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Véronique LAMARE
Bellan G., 1960, Annélides polychètes récoltées au cours de sa II° campagne méditerranéenne par le «Président-Théodore-Tissier», Revue des travaux de l'Institut des pêches maritimes, 24(2), 273-292.
Cabioch L., L'Hardy J.-P., Rullier F., 1968, Inventaire de la faune marine de Roscoff (Nouvelle série). Annélides. [Archiannélides, Polychètes, Oligochètes, Hirudinés, Myzostomides, Sipunculides, Echiurides], Éditions de la Station Biologique de Roscoff, 1-98.
Castric-Fey A., 1996, Richesse et biodiversité en mer mégatidale : communautés sublittorales rocheuses de la région de Trébeurdun-Ploumanac’h, Cahiers de Biologie Marine, 37(1), 7-31.
Caullery M., Mesnil F., 1905, Recherches sur les haplosporidies, Archives de Zoologie expérimentale et générale, Paris, IVe Série, Tome IV, 101-181.
Claparède E., 1870, Les Annélides Chétopodes du Golfe de Naples. Supplément, Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, 20(2), 365-542, en ligne à l'adresse https://biodiversitylibrary.org/page/2094031
Huxley T. A., 1855, On a hermaphrodite and fissiparous species of tubicolar annelid, Edinburgh New Philosophical Journal. (new series), 1, 113-129, plate 1., en ligne à l'adresse https://biodiversitylibrary.org/page/41875300
Le Mao P., Godet L., Fournier J., Desroy N., Gentil G., Thiébaut E., Pourinet L., Cabioch L., Retière C., Chambers P., 2020, Atlas de la faune marine invertébrée du golfe Normano-Breton - Volume 2/7 - Annélides, Éditions de la Station biologique de Roscoff, ISBN : 9782951802940, en ligne à l'adresse hal-02490360.
La page de Salmacina dysteri dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Salmacina incrustans dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Salmacina huxleyi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Filograna implexa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN