Tiges charnues
Feuilles écailleuses, opposées
Couleur vert tendre mais translucide, jaune puis rouge violacé en période de floraison
Fleurs parfaites (étamines et pistil) ou staminées, minuscules, jaunes ou vertes, 1 à 3 à l'aisselle des feuilles
Fruit = akène
Corne salée, cornichon de mer, haricot de mer, passe-pierre, pesse-jaune, perce-pierre, salicot...
Autrefois, on la désignait également sous les noms de "bâton d'eau de mer" ou "eau de mer en bâton" (Salerne, première école de médecine du Moyen Âge).
En Amérique du Nord, on use de termes vernaculaires comme "corail de mer", "petit corail" ou "corail pérenne succulent"
Common glasswort, marsh samphire, chicken-grass (GB), Salicornia (I), Salicorn (E), Queller (D), Zeekraal (NL)
Pour ce qui relève de Salicornia europaea L., 1753, la plus commune, on note :
Salicornia europaea var. herbacea L., 1753
Salicornia herbacea (L.) L., 1762
Autrefois confondue avec S. virginica (en Amérique du Nord). Cette dernière a été décrite depuis et nommée Salicornia depressa Standley
Tous les continents
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestLittoral européen : mer Blanche, Baltique, mer du Nord, Manche et façade Atlantique (c'est en baie de Somme que la production organisée est essentiellement concentrée).
Méditerranée : ensemble du bassin (Camargue en particulier).
Mer Caspienne (Arménie, Azerbaijan), Amérique du Nord, y compris l'Alaska, Afghanistan, Chine, Mongolie, Corée, Japon, Inde.
Nota : elle se rencontre également à l'intérieur des terres en Alsace/Lorraine (Dieuze, Morhange...), dans des zones d'exploitation minière du sel.
Salicornia sp. se plaît à pousser dans les prés salés, les vasières et le sable de la frange littorale mais se trouve également présente en Lorraine. Elle supporte les alternances d'eau de mer et de sécheresse brûlante, dès lors que le terrain sédimentaire est stable.
Elle affectionne donc, suivant l'espèce, slikke (partie inférieure de l'estran*, inondée à chaque marée haute) et schorre (partie haute de l'estran, qui n'est recouverte que lors des hautes marées), les sansouïres et enganes (biotope* camarguais composé de terres inondées lors de très hautes marées).
La salicorne est une plante thérophyte* (annuelle), pionnière et halophile* (aime les mileux salés).
Sa taille, à maturité, est comprise entre 10 et 40 cm.
La principale caractéristique morphologique de cette plante dressée réside dans la succession d'articles charnus, renflements cylindriques et glabres, emboîtés, formant une tige ramifiée aux feuilles opposées, réduites à des écailles.
Elle est habituellement de couleur vert tendre à vert bleuté, translucide. La plante vire au jaune avant de se colorer de rouge violacé en période de floraison.
Les fleurs parfaites (étamines et pistil) ou staminées*, minuscules, jaunes ou vertes, de 1 à 3 sont groupées à l'aisselle* des feuilles.
Les fruits sont des akènes* (fruits secs indéhiscents*).
Les vieux pieds desséchés restent mêlés aux jeunes pieds en développement.
Le genre Salicornia compte une trentaine d'espèces de détermination difficile surtout en dehors de la période de floraison.
Salicorna europaea L., 1753, Salicornia herbacea (L.) L., 1762, Salicornia stricta Dumortier, 1868, Salicornia obscura P.W.Ball & Tutin, 1959 (cultivée en Charente-Maritime)...
La distinction entre les diverses espèces : herbacea, ramosissima, dolichostachya... reste encore objet de discussion entre les spécialistes. Les formes sont très variables et les hybridations fréquentes.
Le genre voisin Sarcocornia rassemble des espèces vivaces*, ligneuses.
Sarcocornia perennis (ex Salicornia perennis) est un sous-arbrisseau, non comestible en raison de son amertume. Riche en soude, il servait pour la réalisation de savons et de verre.
La salicorne ligneuse Sarcocornia fruticosa (ex Salicornia europaea var. fruticosa L., 1753) se distingue de Sarcocornia perennis, par sa couleur glauque et sa taille plus importante (jusqu'à 80 cm).
Comme tous les végétaux, cette plante est autotrophe* grâce à la photosynthèse*. Elle fabrique sa propre matière organique grâce à l'eau, au dioxyde de carbone et à l'énergie lumineuse.
Dépourvues de mécanisme d'excrétion du sel, les salicornes stockent le chlorure de sodium dans leurs cellules. Afin de ne pas en concentrer de trop grandes quantités, elles opèrent une dilution par absorption d'eau.
Salicornia est hermaphrodite*, sa pollinisation anémogame*.
Fin août apparaissent de petites fleurs sessiles*, difficilement discernables mais qui préludent à la formation de graines (une par fleur). La plante se dessèche alors.
Après une phase de germination, les jeunes plantules apparaitront dès fin décembre et ne se développeront qu'aux premières chaleurs printanières.
En milieu de saison, la plante mesure entre 6 et 10 cm.
La salicorne entre en compétition avec la soude maritime, la salicorne ligneuse, l'aster maritime (qui s'avance plus loin vers le large et qui est commercialisée à l'étal du poissonnier sous le nom d'oreille de cochon), l'obione (faux pourpier), la spartine, qui, en quelques années, peuvent envahir son milieu.
Filtreuse d'eau salée ou saumâtre, elle se gorge d'eau douce à près de 90 %.
En fin de période estivale, la concentration en sel dans les cellules est telle qu'elle en devient néanmoins toxique pour la plante. Il en résulte une perturbation du métabolisme, produisant un changement de coloration : de nombreuses salicornes virent au jaunâtre ou au rougeâtre en fin de leur cycle de vie.
Cette espèce est caractéristique de l'habitat Biocénose des laisses à dessiccation lente en contact avec les salicornes du supralittoral méditerranéen.
Utilisée en cuisine, elle se récolte ordinairement jeune, à partir de fin mai parfois jusqu'en juillet.
Les jeunes pousses charnues peuvent être mangées crues, en salade, au vinaigre (comme les cornichons).
Plus tard dans la saison, elle peut être blanchie et servie comme légume accompagnant viande ou poisson.
C'est aussi une plante officinale.
Riche en iode et oligoéléments (phosphore, calcium, silice, zinc et manganèse), elle recèle également des vitamines A, C, D et B12.
Elle est diurétique, dépurative (éliminant les toxines du corps) et résolutive (provoquant la fonte des engorgements).
Le phosphore qu'elle contient lui a valu d'être utilisée, telle la fougère, pour la fabrication du verre (au Moyen Age) et, plus communément, dans la production de soude végétale pour savon (en certaines régions, jusqu'au XIXe siècle, toujours employée pour le savon d'Alep).
Des graines de salicorne ont été trouvées sur le corps d'un homme mort, il y a cinq-cent-cinquante ans, sur un glacier de Colombie-Britannique. Cette découverte procure des indices utiles sur son régime alimentaire et son habitat (analyses pratiquées sur des vêtements et sur le contenu stomacal). Avant l'arrivée des Européens, les autochtones possédaient manifestement des connaissances précises au sujet des espèces de Salicornia côtières et intérieures.
Sa récolte est souvent réglementée (période et quantité).
La salicorne sauvage est interdite à la récolte en Nord/Pas-de-Calais.
La cueillette à titre professionnel de toutes les espèces est réglementée en Manche (arrêté du 13/06/2014) mais aussi à titre non professionnel (arrêté du 21 juillet 2009).
Elle est aussi réglementée en Vendée.
La baie de Somme représente 90 % de la production nationale avec 400 à 500 tonnes de salicornes cueillies par an.
Salicorne est une transcription directe du nom de genre scientifique Salicornia, la plante cornue des lieux salés.
Salicornia : du latin [sal] = sel et [cornu] = corne, évoquant les sortes de mamelons terminaux placés sur les renflements successifs, les "cornes de sel".
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Magnoliophyta | Angiospermes | Plantes à fleurs dont les graines fécondées sont renfermées dans un fruit. |
Classe | Magnoliopsida | Dicotylédones | Embryons à deux cotylédons*. |
Ordre | Caryophyllales | Caryophyllales | |
Famille | Amaranthaceae | Amaranthacées | |
Genre | Salicornia | ||
Espèce | spp. |
Salicornes à marée haute
Salicornia sp. se plaît à pousser dans les vasières et le sable de la frange littorale. Elle supporte les alternances d'eau de mer et de sécheresse.
Baie de Sainte-Anne, Trégastel (22), estran
06/08/2006
Sur l'estran
A marée basse, cette photo montre la bonne adaptation de la plante à ces milieux où elle peut être abondante.
Baie de Sainte-Anne, Trégastel (22), estran
06/08/2006
Sur l'estran à marée basse
Les vieux pieds de salicorne ne disparaissent pas d’une année sur l’autre, entremêlant leurs squelettes desséchés aux jeunes pousses de l’année.
Ile Grande, Pleumeur-Bodou (22), estran à marée basse
08/07/2011
Tiges charnues dressées
Les rameaux de la salicorne, cylindriques et gorgés d'eau, sont formés d'articles d'un vert translucide assemblés en forme de candélabre.
Baie de Sainte-Anne, Trégastel (22), estran
06/08/2006
Fin d'été
La plante vire au jaune avant de se colorer de rouge violacé en période de floraison.
Baie de Sainte-Anne, Trégastel (22), estran
06/08/2006
Floraison
Seuls les articles des extrémités sont encore verts.
Baie de Sainte-Anne, Trégastel (22), estran
06/08/2006
En Crête
Une autre salicorne, en fin de saison.
Marathi, La Canée (Chania), Crète, Grèce
31/10/2013
Salicornia europaea
Otto Wilhelm Thomé - Flora von Deutchland
planche gravée et aquarellée
Gera, Allemagne
Reproduction de documents anciens
1885
Rédacteur principal : Vincent MALIET
Rédacteur : Michel KUPFER
Correcteur : Jean-Pierre HEROLD
Responsable régional : Michel KUPFER
Adriani M.-J., 1954, Sur l'epharmonie et le bilan d'eau de quelques Salicornia de l'Hérault, pp. 494-499 in Plant-Ecology, vol. 5-6 (1), Coll. Biomédical and Life Sciences, ed. Springe
Géhu J.-M., 1992, Essai de typologie syntaxonomique des communautés européennes de Salicornes annuelles, Colloques phytosociologiques, XVIII « Phytosociologie littorale et taxonomie », Bailleul 1989, 243-260
Lahondère C., 2004, Les salicornes s. l. (Salicornia L., Sarcocornia A.J. Scott et Arthrocnemum Moq.) sur les côtes françaises, Société botanique du Centre-Ouest, 124
La page sur Salicornia spp. sur le site de référence de DORIS pour les plantes Tela Botanica