Sur le panache des sabelles et spirographes
Forme classique de copépode
Antennules grêles et courtes
Forme allongée de la région antérieure
La femelle porte deux sacs ovigères
Lichomolgus sabellae I.C.Thompson, 1888
Sabelliphilus sarsii massiliensis Gourret, 1889
Côtes européennes
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Sabelliphilus elongatus s'observe du nord de la Norvège à l’Espagne et sur la côte méditerranéenne française ainsi qu'en Italie (à Naples et en Adriatique).
Sabelliphilus elongatus vit sur le panache des sabelles (Spirographe et sabelles comme Sabella pavonina Savigny, 1822).
Ces hôtes se rencontrent jusqu'à 40 m de profondeur sur des fonds durs ou sédimentaires.
Le corps d'un copépode "classique" (du type Cyclops) est formé de deux parties :
Cette espèce a un corps cyclopiforme (forme classique des copépodes). Son prosome est étroit et allongé (segment céphalique presque deux fois plus long que les trois segments suivants combinés), les antennules sont courtes, l'abdomen est étroit. La femelle est gris blanchâtre. L'œil nauplien* rouge vif est bien marqué.
La femelle adulte mesure 1,56-1,87 mm de long et le mâle 0,8-0,9 mm. Les sacs ovigères* portés par la femelle sont très allongés, étroits et de forme cylindrique.
La seconde espèce du genre Sabelliphilus, S. sarsi est difficilement visible en plongée car les adultes vivent sur le corps (donc dans le tube) du spirographe Sabella spallanzanii (Gmelin, 1791). L'espèce est caractérisée par un prosome* losangique où les 5 segments thoraciques sont nettement séparés les uns des autres par des constrictions visibles ; chez cette espèce l'abdomen est étroit. La femelle mesure 0,9 à 1,17 mm de long et le mâle 0,6 à 0,9 mm. Les sacs ovigères portés par la femelle sont cylindriques et dépassent l'extrémité caudale (il y a trois œufs dans une rangée transversale).
L'adulte semble se nourrir de sécrétions plutôt que des tissus de son hôte puisque l'épithélium*, dans ce cas, ne subit que des dommages très minimes. Adulte, Sabelliphilus sarsi vit sur la face dorsale du spirographe. Toutefois, les stades antérieurs (les stades copépodites*) vivent sur le panache. Les femelles ovigères se fixent exclusivement sur la face dorsale des spirographes : cette préférence biologique ne se manifeste d'ailleurs que tardivement dans le cycle de l'espèce. En effet, les stades naupliens et les tous premiers stades sont planctoniques* (le développement des autres stades copépodites se fait sur le panache branchial de l'hôte). La migration sur le corps du spirographe n'a lieu qu'après la fécondation des copépodites femelles au stade V. Cette espèce peut être présente sur un même hôte par 4 ou 5, voire par dizaines.
Sabelliphilus sarsi est attiré par des sécrétions de l'organisme hôte. Sa distribution est liée à celle de son hôte.
Sabelliphilus elongatus est un ectoparasite*. Cette espèce extrait de l’huile et des graisses par une légère érosion de l’épithélium* pigmentaire de son hôte. Elle consommerait également du mucus dont la sécrétion serait stimulée par le contact des griffes antennaires du parasite.
Comme chez tous les copépodes, les sexes sont séparés. Il y a accouplement. Le mâle est attiré par les phéromones* sécrétées par la femelle. Lors de l'accouplement, le mâle dépose un spermatophore* à proximité de l'orifice génital de la femelle. Après fécondation, les œufs sont conservés dans les sacs ovigères portés par la femelle. Les œufs sont petits, blanchâtres et très nombreux, disposés en 8 ou 10 rangées longitudinales dans chaque sac ovigère*.
Chaque œuf libère une larve* au stade nauplius* dans le plancton*. Chez les copépodes, le développement se fait en 12 stades distincts (6 stades naupliens puis 6 stades cyclopoïdes). Le passage d'un stade à l'autre se fait par une mue, l'animal change de cuticule*. Au dernier stade, la croissance s'arrête. Les nauplius des copépodes sont caractéristiques avec des soies furcales divergentes.
Les Sabelliphilus vivent sur le panache ou le corps des sabelles. Les copépodes de la famille des Sabelliphilidés vivent spécifiquement sur de nombreux hôtes.
Comme de nombreux organismes marins, les copépodes peuvent servir
de support à des organismes unicellulaires ou être parasités par des
champignons microscopiques ou d'autres organismes unicellulaires.
Sabelliphilus elongatus vit fixé sur les rayons branchiaux des Sabelles, maintenu fermement par les crochets dont est munie la deuxième paire d'antennes et par les maxillipèdes de la seconde paire. Sa position est toujours la même : le copépode est fermement fixé à l'arrière du rayon branchial, la tête dirigée vers sa base, afin de faciliter son maintien lorsque le panache de l'hôte se rétracte brutalement dans le tube. Jusqu'à 18 individus ont été observés sur un même panache.
Les Sabelliphilus, arrachés à leur hôte, peuvent nager.
Chez les Sabelliphilidés, la moitié des genres connus sont associés avec des holothuries, l'autre moitié étant répartie entre des associations avec des Antipathaires, des Actiniaires, des Polychètes, des Bivalves et des Ascidies.
Les Sabelliphilus vivent sur les sabelles (annélides polychètes).
Sabelliphilus du latin [sabellum-] = sable et du grec [phil-] = qui aime ; donc qui aime le sable, mais ici qui aime les sabelles ;
elongatus, du latin [elongatus] = allongé, le corps est allongé ;
sarsi : espèce dédiée à Michael Sars, zoologiste norvégien (1805-1869).
Numéro d'entrée WoRMS : 129031
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Sous-classe | Copepoda | Copépodes | Petits crustacés, le plus souvent de quelques mm, aquatiques, libres ou parasites, au corps en deux parties recouvert d'une carapace de chitine, antennes natatoires, un seul oeil médian (œil nauplien), dans de nombreuses espèces les femelles peuvent porter éventuellement 1 ou 2 sacs ovigères latéraux. |
Super ordre | Podoplea | Podopléens | Le corps est divisé en deux parties, la séparation passe en avant du dernier segment thoracique. Le corps postérieur est formé de l'abdomen et d'un segment thoracique et porte une paire d'appendices à la face ventrale.(Rose, 1933) |
Ordre | Cyclopoida | Cyclopoides | Première paire d'antennes plus courtes que la tête et le thorax, la deuxième paire est parfois uniramée. |
Famille | Sabelliphilidae | Sabelliphilidés | Copépodes ectoparasites spécifiques de certains hôtes comme les sabelles. |
Genre | Sabelliphilus | ||
Espèce | elongatus |
Copépodes blancs sur le panache d'un spirographe
Ce copépode (Sabelliphilus elongatus) présent dans toute l'Europe est assez caractéristique par son habitat sur les espèces du genre Sabella, ici le spirographe Sabella spallanzanii. Les différents individus ont tous l'avant tourné vers la base du filament branchial. Les sacs ovigères portés par les femelles sont visibles. Ce sont donc des adultes et il ne s'agit pas de S. sarsi.
Bassin de Thau, le Ponton (34), 3 m
13/05/2017
Un panache de sabelle
Sur le panache branchial de cette sabelle on distingue des organismes blancs portant un V. Ce sont des copépodes femelles portant des sacs ovigères.
Zeelandbrug, Zélande (Pays-Bas), 17 m
11/10/2008
Un agrandissement de la photographie précédente
Cette photo montre une douzaine de femelles ovigères du copépode Sabelliphilus elongatus sur le panache d'une sabelle Sabella pavonina ; noter qu'elles ont toutes la même orientation, la tête tournée vers le centre du panache. Ainsi, lorsque la sabelle rentre violemment dans son tube, les copépodes suivent le mouvement sans trop de dommages pour les grappes d'œufs attachés à l'arrière du corps.
Zeelandbrug, Zélande (Pays-Bas), 17 m
11/10/2008
Sur le panache d'une sabelle vu de profil, en mer du Nord
Le plus souvent on découvre sur la photo, parfois longtemps après la plongée, la présence de ces copépodes. Ici trois femelles ovigères sont visibles au milieu de la photo.
Dans le sable, juste à côté de l'épave du "Douaisien" (épave de l'opération Dynamo mai-juin 1940). Dunkerque (59). 20 m.
18/06/1996
Sabelliphilus elongatus
Deux femelles ovigères de Sabelliphilus elongatus sur un filament branchial de Sabella pavonina. Leur tête est dirigée vers la base du filament.
D'après Enrique Rioja (1935) .
Reproduction de documents anciens
1935
Dessins d'une femelle ovigère et détail du mode de fixation sur un filament branchial de Sabelle
A gauche : femelle avec ses deux sacs ovigères, à droite : vue latérale de la partie antérieure d'une femelle sur un filament branchial de Sabella pavonina. Pour montrer les positions relatives de l'antennule et de l'antenne avec les griffes terminales de cette dernière engagées à la base d'une pinnule.
A gauche : d'après Jan Hendrik Stock (1996), à droite d'après Robert Vivian Gotto (1960).
Reproduction de documents anciens
1960
Dessins anciens
Planche avec Sabelliphilus elongatus vu du dessus et du côté gauche (sans les sacs ovigères) ainsi que nombreux dessins de détails des appendices.
Georg Ossian SARS
Reproduction de documents anciens
1918
Sabelliphilus sarsi dessins de la femelle et du mâle
Sabelliphilus sarsi est une espèce proche de S. elongatus. A gauche, la femelle de S. sarsi avec ses sacs ovigères et à droite, le mâle.
à gauche: d'après Robert Vivian Gotto (1979) et à droite: d'après Humes & Stock (1976)
Reproduction de documents anciens
1976
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Yves MÜLLER
Carton Y.,1966, Etude du comportement et de la spécificité parasitaire de Sabelliphilus sarsi Claparède, copépode parasite de Spirographus pallanzani Viviani, Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle 2ème série, 37(5), 807-817.
Carton Y., 1967, Spécificité parasitaire de Sabelliphilus sarsi, parasite de Spirographis spallanzani. 2. Réactions histologiques des hôtes lors des contaminations expérimentales, Archives de Zoologie Expérimentale et Générale,103(3), 387-411.
Carton Y., 1968, Spécificité parasitaire de Sabelliphilus sarsi, parasite de Spirographis spallanzani. 3. Mise en évidence d’une attraction biochimique du Copépode par I’Annélide, Archives de Zoologie Expérimentale et Générale, 109(1), 123-144.
Carton Y., 1968, Spécificité parasitaire de Sabelliphilus sarsi, parasite de Spirographis spallanzani. 4. Etude biochimique des hôtes et de leurs sécrétions, Archives de Zoologie Expérimentale et Générale, 109(2), 269-286.
Claparède E., 1870, Note sur les crustacés parasites des Annélides et description du Sabelliphilus sarsii, Annales des Sciences Naturelles 5ème série Zoologie et Paléontologie, 13, (239-256).
Gotto R.V., 1960, Observations on the orientation and feeding of the Copepod Sabelliphilus elongatus M. Sars on its fan worm host, Proceeding of the Zoological Society of London,133(4), 619-628.
Gotto R.V., 1979, The association of copepods with marine invertebrates, Advances in Marine Biology, 16, 1-109.
Humes A.G., Stock J.H., 1973, A revision of the family Lichomolgidae Kossman, 1877, Cyclopoids copepods mainly associated with marine invertebrates, Smithsonian Contributions to Zoology, 127,1-368.
Rioja E., 1935, Sobre un copepodo parasito de Sabella pavonina Sav., hallado en la ria de Pontevedra (Sabelliphilus sarsi Clap.), Boletin de la Real Societad Espanola de Historia Natural, Sección Geológica, 35(5), 239-244.
Sars M., 1918, An account of the Crustacea of Norway with short descriptions and figures of all the species, Volume VI Copepoda Cyclopoida part XIII & XIV Lichomolgidae (concluded), Oncaeidae, Corycaeidae, Ergasilidae, Clausiidae, Eunicolidae, Supplement. Bergen Museum. 225p.
Stock J.H., 1996, Sabelliphilus elongatus, een parasitaire copepode van de kokerworm Sabella in de Oosterschelde, Het Zeepaard, 56(1), 14-15.
La page de Sabelliphilus elongatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Sabelliphilus sarsi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN