Doridien orangé à rouge vif uni
15 mm de longueur
Aspect velouté
Dessin en monture de lunettes entre les rhinophores
Doris rubra Risso, 1818
Doris coccinea Forbes in Alder & Hancock 1848
Rostanga perspicillata Bergh 1881
Rostanga rufescens Iredale & O'Donoghue 1923
Rostanga temarana Pruvot-Fol 1953
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]En Atlantique, de l'Ecosse aux côtes occidentales du Maroc, et en Méditerranée, dans les deux bassins, oriental et occidental.
Rostanga rubra se trouve sur des substrats* rocheux, de 5 m à 20 m environ, battus par des courants forts. Elle est dépendante pour sa nourriture d'éponges encroûtantes rouges, qui se développent dans ces mêmes conditions. On ne la trouve guère dans des zones chargées de sédiments.
Nudibranche doridien de couleur orangé soutenu à rouge vif, de 8 à 15 mm de long environ.
Rostanga prend une forme aplatie, étalée au maximum quand elle est sur son éponge. En déplacement sur d'autres supports, elle prend une forme plus élevée, voire semi-cylindrique.
Le manteau est recouvert de papilles régulières, entourées de spicules* minuscules et terminées par un petit renflement arrondi. Cela lui donne un aspect velouté.
Les rhinophores*, blancs salis de traces marron, sont formés d'une hampe lisse qui sort d'une couronne de tubercules clairs et portent des lamelles obliques sur leurs deux-tiers distaux. Ils peuvent se rétracter en cas de menace.
Entre les rhinophores, une ligne de papilles plus grosses et plus claires que les autres forment un dessin en “monture de lunettes” caractéristique.
Les branchies, simplement pennées, au nombre de 7, sont à peine plus claires que le manteau. Elles peuvent se rétracter au fond d'une cavité du manteau, entourée de papilles plus hautes.
Jorunna tomentosa a la même morphologie, mais une coloration beaucoup plus pâle et terne.
Discodoris rosi fréquente les mêmes zones rocheuses. Il est plus clair, jaune orangé, d'aspect lisse et présente des ronds blancs caractéristiques. Sa ponte est jaune.
Une autre Rostanga sp. a été observée en Turquie, rouge vif également, mais de 6 ou 7 cm de longueur et à la ponte orange foncé.
Doris pseudoargus, dans sa variété rouge, est plus gros et plus bariolé.
Rostanga rubra se nourrit d'éponges encroûtantes rouges, mais les espèces précises semblent varier selon les auteurs et les stations.
B. Picton parle de Ophlitaspongia seriata et de différentes espèces de Ophlitaspongia.
Au bassin d'Arcachon, H. Gantès la décrit sur Hymeniacidon, Gérard Breton propose sur photos Mycale macilenta. Kress, cité dans le Seaslugforum parle de Microciona atrosanguinea.
Après prélèvement et étude des spicules par G. Breton et Hervé Limouzin, la prédation préférentielle de Clathria (Microciona) atrasanguinea Bowerbank 1862 est avérée. (Communication personnelle)
La reproduction de Rostanga rubra a été observée de mars à août.
Les Rostanga sont hermaphrodites* et leurs orifices génitaux mâle et femelle sont très rapprochés, à l'avant droit du pied. Ils adoptent donc une position tête-bèche pour une copulation croisée.
La ponte est un ruban blanc, ou légèrement rosé, de 5 mm de hauteur, enroulé en spirale sur deux à cinq tours, de 15 à 20 mm de diamètre. Elle est habituellement déposée en périphérie de l'éponge nourricière.
Les Rostanga rubra adultes se regroupent volontiers sur leur éponge, serrées les unes contre les autres. Au vu des photos, elles ne sont pas forcément en position de copulation, mais elles restent au contact. Il n'est pas facile de les compter à l'œil nu, en raison de leur mimétisme rouge uniforme.
La radula*, qui lui sert à râper sa nourriture, est caractéristique de chaque espèce de nudibranche. Son étude au microscope permet aux biologistes d'identifier les espèces. Celle de Rostanga rubra a pour formule : 70 à 78 (30. 20. 0. 20. 30.) . Les dents chitineuses* sont très difficiles à compter car elles sont très fines et très longues.
On peut la rencontrer toute l'année, mais elle est beaucoup plus fréquente au printemps et en été. Son mimétisme la rend difficile à voir. C'est la ponte blanche qui permet de repérer si l'éponge est "habitée".
Ce nudibranche n'a pas de nom vernaculaire, la dénomination “Doris rouge”, traduction de la dénomination scientifique, a été créée pour le site DORIS.
Rostanga : Nom de genre créé par Bergh en 1879. Probablement une divinité scandinave ou un personnage de saga.
rubra du latin [ruber] = rouge.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Discodorididae | Discodorididés | Forme aplatie ovale ou un peu rectangulaire. Pied plus petit que le manteau granuleux. Possibilité d’autotomie du bord du manteau. Présence de glandes à acide. Tentacules buccaux coniques ou digitiformes. |
Genre | Rostanga | ||
Espèce | rubra |
Spécimen méditerranéen
Beau spécimen, bien reconnaissable à la couronne de papilles autour des rhinophores, sans doute sur un Codium.
Les Chambres, Cerbères (66) 15 m.
12/07/2003
Individu au sein du groupe
Les Rostanga se regroupent sur leurs éponges nourricières, Clathria atrasanguinea, pour manger, copuler, et pondre.
Chez Hortense, Cap-Ferret (33), 12 m, de nuit
23/05/1998
Gros plan
L'organisation des lamelles des rhinophores est bien visible ici.
Les Chambres, Cerbère (66) 15 m.
12/07/2003
Copulation
Paire de Rostanga, en cours de copulation, sur l'éponge Mycale, sur laquelle ils se nourrissent. L'un a rétracté ses branchies, l'autre pas.
Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 10 m
05/06/1999
Groupe sur son éponge
Il est difficile de compter les individus à l'œil nu à cause du mimétisme.
Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 10 m, de nuit
15/03/1999
Combien sur la photo ?
Petit jeu : combien de Rostanga visibles ? Il faut chercher les branchies et les rhinophores. Cinq entiers, sûrement, et sans doute deux coupés en haut de l'image.
Port artificiel d'Arromanches (14), 12 m
08/2006
Juvénile
Individu juvénile en début de saison, sur des moules, assez loin de ses éponges favorites. Le velouté du manteau apparaît bien.
Pointe du Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 8 m, de nuit
29/03/1999
Juvénile
Les papilles de la base des rhinophores se remarquent bien.
Le Mimbeau, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 6 m
08/05/2006
Sur un pétoncle
L'éponge Clathria (Micriciona) atrasanguinea dont se nourrit Rostanga rubra encroûte aussi les pétoncles, le long des chenaux sableux. Ce juvénile est à plus de 10 km du rocher le plus proche. La présence de nourriture adaptée a permis à la larve nageante de se fixer et de se développer.
Grand-Piquey, Bassin d'Arcachon (33) 5 m
22/02/2010
Pontes
Plusieurs pontes visibles, mais aussi plusieurs Rostanga...
Chez Hortense, Cap-Ferret (33), 10 m, de nuit
07/05/2002
Rédacteur principal : Michel BARRABES
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Michel BARRABES
Responsable régional : Yves MÜLLER
Gantès H., 1980, OPISTHOBRANCHES ARCACHON., Thèse Université Bordeaux 1.
La page de Rostanga rubra dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN