Manteau rosé-vineux, tacheté de chromatophores rougeâtres
2 nageoires latérales ovales
8 bras courts
2 tentacules préhensiles
2 gros yeux proéminents
Tête soudée au manteau
Turlutte
Warty bobtail squid (GB), Calamarcito, globito tierno (E)
Rossia Owen 1834
Atlantique Nord-Ouest, Atlantique Ouest central
Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-OuestLa sépiole à paupières a une large répartition géographique allant de la Nouvelle-Écosse, à Terre Neuve au Canada en passant par l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon, le Saint-Laurent et le fjord du Saguenay, dans le nord, le sud le long de la côte est des États-Unis jusqu'en Caroline du sud.
On la retrouve sur des substrats* meubles (sableux ou vaseux) situés entre 30 et 150 m. Elle se tient principalement de jour sur le fond ou carrément enfouie dans les sédiments. Elle nage en plein eau uniquement de nuit pour capturer ses proies.
La sépiole à paupières est un petit céphalopode dont la couleur générale est rosé-vineux, voir brun obscur, nuagée de bleuâtre et de jaunâtre sur la partie supérieure. La partie supérieure est couverte de points colorés qui sont en réalité des chromatophores* irréguliers rougeâtres. Son corps est ovoïde et n'excède pas 5 cm. Son manteau* est aussi large que long. Cette sépiole à paupières est caractérisée par deux nageoires latérales ovales dont la forme ressemble à des oreilles. Elles sont situées postérieurement et de chaque côté, sur le bord du manteau. La tête porte deux gros yeux proéminents au reflet vert entre lesquels elle fusionne dorsalement avec le manteau. La membrane qui entoure les yeux ressemblent à une paupières. La sépiole à paupières est dotée de huit bras modérément longs munis de deux rangées de ventouses. Les bras sont incolores ou blanchâtres. Les ventouses situées au milieu des bras II et III sont beaucoup plus larges que les autres. Le premier tentacule* dorsal gauche est hectocotyle*, il possède 7 paires de ventouses de tailles modérées laissant ensuite la place à 4 rangées de ventouses de taille plus réduite pour se terminer à l'extrémité du bras par 2 rangées de ventouses. La sépiole à paupières est dotée également de deux tentacules préhensiles plus longs et plus fins avec 5 à 8 rangées de ventouses sur la massue terminale.
La sépiole de Rondelet Sepiola rondeletii Leach, 1817, la sépiole atlantique Sepiola atlantica d'Orbigny, 1839 et la sépiole de Steenstrup Sepiola steenstrupiana Levy 1912 : chez ces sépioles ; le bord dorsal du manteau ne fusionne pas avec la tête. Ces espèces ne sont pas présentes en Atlantique Nord-Ouest.
La sépiole à paupières se nourrit principalement de petits crustacés tels les crevettes et de petits poissons.
Lorsqu'elle localise sa proie, elle s'en approche doucement et en une seconde elle projette sur elle ses deux tentacules préhensiles munis de ventouses (uniquement la partie terminale renflée) qui, au repos, sont enroulés près de la bouche, entre les autres tentacules. Ils sont ensuite rapidement rétractés et la proie est alors déchiquetée par une mâchoire puissante composée de deux pièces calcifiées, le "bec de perroquet".
Chez les sépioles, les sexes sont séparés et il y a accouplement.
Au moment de la copulation le mâle étreint la femelle de ses longs tentacules afin qu'ils soient disposés dans le même sens, la femelle étant au-dessus du mâle. Puis ce dernier introduit dans la cavité palléale* de la femelle son bras hectocotyle* (le premier tentacule gauche modifié pour l'occasion) pour y déposer des sacs de sperme, les spermatophores*. La fécondation est alors interne.
Après l'accouplement la femelle recherche un support (coquille vide, algue...) pour y déposer ses œufs. Elle les expulsera un par un par son siphon sous forme de petites grappes jaunâtres, puis les dissimulera sous le sable.
Peu après la ponte, les femelles meurent.
L'éclosion des œufs se produit deux mois plus tard, et les jeunes sépioles, minuscules, sont déjà très voraces et n'hésitent pas à s'attaquer à des proies parfois plus grosses qu'elles !
Elle est la proie de mammifères marins notamment le beluga Delphinapterus leucas, le dauphin commun Delphinus delphis, le cachalot nain Kogia sima et le dauphin de la Plata Pontoporia blainvillei.
Cet animal a la faculté d'émettre de petits jets d'encre pour dérouter ses prédateurs, le temps de lui permettre de fuir ou de s'enfouir.
Sa propulsion qui peut être très rapide est assurée par un organe : le siphon qui expulse de l'eau. Mais les sépioles se déplacent aussi rapidement grâce aux mouvements de leurs deux nageoires latérales.
Le changement brutal de couleur est une particularité de la sépiole (comme pratiquement tous les dibranchiaux – calmars, seiches...) qui adapte en permanence la coloration et la texture de sa peau, soit pour passer inaperçue en se fondant dans l'environnement, soit au contraire pour devenir très voyante. Des cellules colorées, les chromatophores, peuvent s'étaler en surface, couleur sombre, ou se rétracter, couleur claire, et ce, de manière quasi-instantanée. La peau peut également changer d'aspect : lisse ou hérissée d'excroissances molles. Le moindre organe chromatophore comprend en sus de la cellule chromatophore simple, des nerfs, des muscles, des cellules gliales*... Trois cadres principaux sont concernés par les changements de couleurs, d'aspect ainsi que les signaux utilisant ces médiums : excitations ou émotions fortes (peur, agressivité...) s'accompagnent d'ondes de signaux colorés le long du corps de l'animal. L'animal peut également utiliser ces modifications pour s'approcher, disparaître, occasionner frayeur et confusion chez ses proies ou ses prédateurs. Ou encore les fait intervenir pour communiquer avec d'autres partenaires, en particulier en période de reproduction.
Les photophores sont des organes lumineux situés près de la poche à encre, et sont à l'origine d'une luminescence chez l'animal. La forme des organes lumineux permet de distinguer les espèces.
Les sépioles possèdent un "os", le gladius, qui est une petite baguette très fine, non calcifiée mais chitineuse*.
Rossia : En 1834, le biologiste Richard Owen a décrit les animaux rapportés par les expéditions polaires du Capitaine John Ross (contre-amiral d'origine écossaise et grand explorateur des régions arctiques). Il a institué le genre Rossia a une espèce dont le corps n'est uni à la tête par aucune bride. Ce genre a par la suite été séparé des sépioles en 1838.
palpebrosa du latin [palpebrae] = paupières, Owen considérait la membrane entourant la pupille comme remplissant la fonction de paupières.
Numéro d'entrée WoRMS : 153083
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Cephalopoda | Céphalopodes | Yeux complexes, coquille interne, externe cloisonnée ou absente, cavité palléale musclée, siphon musculeux, tentacules ou bras (munis de ventouses). |
Sous-classe | Coleoidea | Coléoïdes | Ventouses sur les bras, au nombre de 8 au moins. Bras hectocotyle chez le mâle pour le transfert des spermatophores. 2 branchies, 2 néphridies, une coquille interne ou vestigiale, des chromatophores, une poche à encre, un grand cerveau. |
Super ordre | Decabrachia | Décapodiformes | 4 paires de bras spécialisés pour la capture des proies et 2 tentacules plus longs. Ventouses pédonculées, mobiles, avec un anneau corné. Une coquille interne. |
Ordre | Sepiida | Sépiides | Coquille calcifiée, interne, cloisonnée, rectiligne, parfois réduite ou absente. Le corps est court et large ou en forme de sac bordé sur toute la longueur par une nageoire ondulante. Organismes benthiques ou pélagiques. |
Famille | Sepiolidae | Sépiolidés | Nageoires arrondies. 1 ou 2 bras dorsaux sont modifiés chez le mâle adulte. |
Genre | Rossia | ||
Espèce | palpebrosa |
Un petit céphalopode
C'est un petit céphalopode au corps ovoïde de 5 centimètres maximum. La membrane qui entoure les yeux ressemble à une paupières, elle est à l'origine de son nom.
Sainte Rose du Nord, Québec, 30 m
26/09/2013
Habitat
On retrouve la sépiole à paupières sur des substrats sableux ou vaseux
Sainte Rose du Nord, Québec, 30 m
01/09/2013
Nageoires latérales ovales
La sépiole à paupières est caractérisée par deux nageoires latérales ovales dont la forme ressemble à des oreilles.
Sainte Rose du Nord, Québec, 30 m
01/09/2013
Tête et yeux
La tête porte deux gros yeux exorbités aux reflets verts entre lesquels le manteau fusionne dorsalement avec la tête.
Sainte Rose du Nord, Québec, 30 m
01/09/2013
Propulsion
Elle nage en plein eau uniquement de nuit pour capturer ses proies.
Sainte-Rose du Nord, Fjord du Saguenay, QC, Can, 30 m
13/10/2014
Alimentation
La sépiole à paupières se nourrit principalement de petits crustacés tels les crevettes.
Sainte-Rose du Nord, Québec, Canada, 21 m
05/04/2021
Rédacteur principal : Laurent FEY
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Laurent FEY
Verrill A E., 1879-1880, The cephalopods of the north-eastern coast of America, Part I, The gigantics squids (architeutis), and their allies with observation on similar large species from foreign localities, Transactions of the Connecticut Academy of Sciences, 5(6), 357-360.
Verrill A E., 1880-1881, The cephalopods of the north-eastern coast of America, Part II, The smaller cephalopods, including the "squids" and the octopi, with other allied forms, Transactions of the Connecticut Academy of Sciences, 5(6), 259-446.
Boletzky S V., 1970, On the presence of light organs in Semirossia, Streenstrup. 1887 (Mollusca: Cephalopoda), Bulletin of Marine Science, 20(2), 374-388.
Nozères C A., 2006, Régime alimentaire du Delphinapterus leucas, de l'estuaire du Saint-Laurent, Canada, tel que révélé par l'analyse des acides gras du lard, Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en biologie pour l'obtention du grade de maître ès sciences (M. Sc.), Département de biologie faculté des sciences et de génie, Université Laval Québec, 207p.
Bulletin de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, 1838, Tome 5, 425-426