Lames étroites et plates d'environ 0,5 à 1 mm de large
Rubans formant des fourches régulières
Vert dans l'eau, jaune à sec dans l'air
Amphibie dans les eaux calmes temporaires
Riccie des flots
Parfois qualifiée de mousse ou de fougère mais c'est un organisme appartenant à un groupe botanique distinct : les hépatiques.
Floating crystalwort (GB), Untergetauchtes Sternlebermoos (D), Gewoon watervorkje (NL), Svømmende stjerneløv (Danois), Gaffelmossa & vattengaffel (suédois)
Ricciella fluitans (L.) A. Braun 1821
Riccia centrifuga Arnell, 1877
Cosmopolite des eaux douces
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeLa riccie flottante est une espèce subcosmopolite ; elle est très largement répandue en zone tempérée et rare ou absente en zone tropicale. En France métropolitaine, elle est principalement présente au nord d'une ligne Bayonne-Grenoble. Elle est peu signalée des départements du midi pyrénéen et méditerranéen ainsi qu'en Corse.
La riccie flottante est une espèce amphibie semi-aquatique qui vit dans l'eau et sur les berges humides à proximité immédiate d'eaux calmes temporaires : flaques, mares, fossés ; lorsque le niveau de l'eau monte, elle peut se trouver sous l'eau et peut alors quitter le substrat* dur sur lequel elle repose lorsque le niveau de l'eau est au plus bas. Elle peut former des tapis épais dans l'eau ou en dehors de l'eau.
Elle préfère des eaux oligotrophes* à mésotrophes*, peu ensoleillées et faiblement acides (pH entre 5,0 et 7,5) avec des taux faibles de phosphates (optimum 0,22 mg/l) et de nitrates (optimum 0,90 mg/l). La température idéale de croissance se situe entre 15 et 25 °C et la dureté de l'eau la plus favorable serait "douce" ou "très douce" (titre hydrotimétrique* entre 1 et 10 °TH).
La riccie flottante est un végétal chlorophyllien très simple sans tiges, sans feuilles, sans fleurs, sans stolons* et sans racines ; elle est formée de lames* étroites et plates d'environ 0,5 à 1 mm de large, 10 à 15 mm de long et 0,2 mm d'épaisseur ; ces "rubans" se divisent par dichotomie* c'est-à-dire forment des fourches régulières au fur et à mesure que la plante se développe. Le rapport longueur/largeur de la lame entre 2 ramifications est de 5 à 10. L'apex* est un peu plus large que le reste du thalle*. A l'intérieur du thalle, il se forme des chambres aréolées dites "aérifères" ; leur marge est visible à la loupe car elles forment des lignes vert plus foncé à la surface de la plante. Sur la face inférieure des rubans il n'y a en principe pas de dispositif de fixation développé tel que des rhizoïdes*. Lorsque les conditions sont favorables, les individus sont très serrés et forment alors un tapis végétal lâche.
Les individus des populations se développant en eau libre (= Riccia fluitans var. fluitans) ont une morphologie légèrement différente de ceux des populations jonchant le substrat humide rivulaire (= Riccia fluitans var. terrestris T. Jensen), individus chez lesquels les rubans sont moins étroits et les extrémités plus élargies, avec une possibilité d'apparition de rhizoïdes pour la fixation.
La couleur est vert émeraude lorsque la plante est humide ou dans l'eau ; elle devient plus jaune à l'air en période de sécheresse.
La riccie flottante est pratiquement la seule espèce du groupe des hépatiques de France métropolitaine qui soit dans l'eau une partie de sa vie. Les autres sont toutes de milieux humides, mais pas aquatiques.
Le genre Riccia comporte environ 26 espèces en France métropolitaine et selon les sources 200 à 250 espèces au niveau mondial ; la plupart vivent sur le sol humide et ont une structure rayonnante bien différente de l'aspect de la riccie flottante. Riccia rhenana et Riccia fluitans se ressemblent et sont très difficiles à différencier : R. rhenana serait une forme diploïde* à 16 chromosomes ; R. fluitans aurait 8 chromosomes seulement et c'est de très loin l'espèce la plus citée.
Comme tous les végétaux, cette plante est autotrophe* grâce à la photosynthèse*. Elle fabrique sa propre matière organique grâce à l'eau, au dioxyde de carbone et à l'énergie lumineuse.
La riccie est une plante dioïque* très rarement fertile qui se reproduit principalement par voie végétative (bourgeonnement) lorsqu'elle est dans l'eau. Les spores* sont produites par la plante en dehors de l'eau et dans des conditions favorables pour sa survie. La face inférieure de la plante différencie alors des épaississements sphériques contenant des capsules sporales. Le sporangium (organe qui génère et contient les spores) est à peu près horizontal ; les spores ont un diamètre compris entre 56 et 75 microns.
Associée aux tapis flottants de macrophytes*, l'espèce abrite nombre de petits organismes tels des infusoires (animaux microscopiques vivant dans les infusions végétales) ou des alevins ; on ignore s'il y a des herbivores (gastéropodes?) qui la consomment. Il semble y avoir peu d'informations sur les maladies, pathologies et parasites éventuels. Plusieurs espèces comme la sélaginelle denticulée Selaginella denticulata, la petite lentille d'eau Lemna minor, l'élodée du Canada Elodea canadensis, le potamot crépu Potamogeton crispus, les callitriches Callitriche spp. et la glycérie Glyceria fluitans accompagnent souvent la riccie flottante dans son habitat.
La riccie flottante est en principe aquatique mais si la plante se retrouve “à sec” elle peut se développer sur le sol humide des berges. Elle est capable de survivre dans des conditions extrêmes et peut encore vivre plusieurs années après sa récolte et avoir été mise dans un herbier.
L'espèce est utilisée en aquariologie d'eau douce où elle sert d'abri pour les petits alevins et de support pour les crevettes. Facile à cultiver ex situ, cette plante est très utilisée pour des expériences en laboratoire (biochimie, biologie cellulaire, physiologie végétale...). Elle est capable d'accumuler des métaux lourds, en particulier le zinc, le cadmium, le cuivre et le plomb et peut contribuer ainsi à la décontamination d'eaux polluées. Elle peut de ce fait servir d'indicateur biologique.
Riccie flottante : francisation du nom latin.
Riccia : ce genre est dédié à P. F. R. Ricci, botaniste italien du début du XVIIIe siècle.
fluitans : du latin [fluitans] = flottant.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryophyta | Bryophytes | Du grec [bruos] = mousse et [phuton] = plante |
Classe | Marchantiopsida | Hépathiques à thalle complexe |
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Famille | Ricciaceae | ||
Genre | Riccia | ||
Espèce | fluitans |
Individus intriqués
Lorsque les conditions sont favorables, la riccie se développe rapidement et forme un tapis de brins entremêlés.
Oued Vidauban (83)
26/08/2018
Touffe sur la terre humide
En se développant, un seul fragment de thalle peut former une petite touffe circulaire.
Oued Vidauban (83)
26/08/2018
Détail d'un individu
Les lanières plates se divisent régulièrement et forment des bifurcations caractéristiques de l’espèce.
Le gué Vidauban (83)
26/08/2018
Hépatique à large thalle, une espèce proche
Voici un "pied' d'hépatique à large thalle", en berge de l'Eau Bourde à Gradignan en Gironde. Cette espèce, Conocephalum conicum, appartient à un genre voisin des Riccia.
Berge de l'Eau Bourde, Gradignan (33)
27/08/2018
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Carter A.M., 1935, Riccia fluitans, a composite species, Bulletin of the Torrey Botanical Club, 62, 33-42.
Donaghy F., 1916, The morphology of Riccia fluitans L., Proceedings of the Indiana Academy of Science, 1915, 131-134.
Hulina N., 1998, Rare, endangered or vulnerable plants and neophytes in a drainage system in Croatia, Natura Croatica: Periodicum Musei Historiae Naturalis Croatici, 7(4), 279-289.
Manju C. N., Rajesh K. P., Prakashkumar R., 2012, On the identity of Riccia fluitans (Ricciaceae: Marchantiophyta) in India, Acta Biologica Plantarum Agriensis, 2, 115-124.La page de Riccia fluitans dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN