Fine croûte noire margée de clair
Sur des rochers dépourvus de macrophytes dressés et bien éclairés
Peu profond
Black encrusting bryozoan (GB), Briozoi nero incrostante (I), Briozoo negro encrostante (E), Krustenförmige Moostierchen (D)
Porina violacea
Microporella violacea
Atlantique Nord et central, Méditerranée, ...
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● CaraïbesEspèce des eaux tempérées de l'Atlantique Nord et central, de l'Amérique du Nord à l'Europe (y compris la Manche et la mer du Nord) et de la Méditerranée où elle est fréquente et présente sur toutes les côtes.
Répertoriée avec certitude jusqu'au sud de la Floride, cette espèce fait sans doute aussi partie des Caraïbes. Elle est également signalée sur les côtes pacifiques de l'Amérique du Nord.
(nota : les espèces ainsi cosmopolites cachent souvent des groupes d'espèces très similaires morphologiquement, mais génétiquement différentes)
Ces colonies noires et encroûtantes se rencontrent sur la roche des petits fonds sur des zones relativement "nues", c'est à dire dans des zones souvent verticales et peu fréquentées par les macroalgues, où seules des algues encroûtantes calcaires claires (Lithophyllum spp.) cohabitent avec d'autres bryozoaires également encroûtants (Schizoporella dunkeri, etc.). Il est intéressant de noter que ces surfaces "nues" restent propres grâce à la présence, dans ces horizons peu profonds, des oursins herbivores Paracentrotus lividus et Arbacia lixula pour le secteur européen.
C'est plus particulièrement dans des eaux claires et chaudes que se développe ce bryozoaire. Il est, par exemple, fréquent autour des îles d'Hyères, et plus encore en Méditerranée orientale, alors qu'il est rare sur la côte Bleue où les eaux sont souvent chargées (affrontement du courant ligure et du courant du Rhône) et plus froides en hiver.
Présente de 2 à plus de 20 m de profondeur, cette espèce est donc particulièrement photophile*, mais sa présence sous les surplombs et à l'entrée des grottes fait que ce bryozoaire appartient aussi à la biocénose des grottes de l'infralittoral* et du circalittoral*.
(nota : on la trouve aussi sous des pierres en éboulis, très fréquemment en Grèce, mais aussi en Méditerranée française où elle existe aussi dans des grottes totalement obscures, formant des nodules)
En Manche, il faut signaler la présence du faciès de cailloutis très ensablé à Reptadeonella violacea.
Ce bryozoaire encroûtant forme de très fines plaques brunes à violet foncé, ou franchement noires pouvant atteindre une dizaine de cm de diamètre. Toutefois, il y a souvent juxtaposition de plusieurs colonies plus petites, l'ensemble pouvant couvrir de grandes surfaces. Les bords de la colonie arrondie sont beiges ; ils correspondent à la zone de croissance où l'on peut observer les nouvelles logettes en fabrication. Au toucher, la surface est légèrement rugueuse. L'aspect de surface est lisse ou parfois régulièrement bosselé, ce relief pouvant être donné par la disposition des logettes (zoécies*) en monticules et dépressions.
Les lophophores* transparents forment un fin duvet ondulé à la surface de la colonie, qui semble s'obscurcir lorsque les lophophores se rétractent.
Les zoécies (0,5 mm de longueur) sont disposées en quinconce. Chaque individu ou zoécie a une forme hexagonale, avec un orifice (par lequel sort le lophophore) distal dépourvu d'épines orales, un bouclier frontal verruqueux avec une dépression centrale, bordé par une rangée de pores parfois dédoublée et un pore central arrondi (spiramen). Entre le spiramen et l'orifice, il y a un aviculaire* à rostre pointu dirigé vers l'orifice. Il n'y a pas d'ovicelle*.
Parmi les nombreux bryozoaires encroûtants, Reptadeonella violacea est un des rares à pouvoir être facilement identifié, son habitat exposé à la lumière et sa couleur noire margée de jaune sont caractéristiques de l'espèce.
Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur* suspensivore* microphage*. Les diatomées (algues unicellulaires) sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des tentacules sont capables de créer des microcourants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore* (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et nettoyage de la colonie).
Comme tous les bryozoaires, cette espèce est capable de se reproduire de manière sexuée. Les œufs fécondés seront libérés sous forme de larves*. (nota : Il n'existe pas d'ovicelle* chez Reptadeonella). La larve nageuse va ensuite se fixer pour bourgeonner une nouvelle colonie par multiplication asexuée. Cette multiplication asexuée peut aussi se faire à partir d'un fragment cassé ou d'un clivage de la colonie.
Une épibiose* (vie fixée) peut se développer sur les colonies. Elle est constituée d'organismes microscopiques (algues unicellulaires, folliculinidés, foraminifères,..) et macroscopiques (petits hydraires rampants du genre Zanclea, petites algues encroûtantes, etc.). Cette épibiose ne semble pas affecter la vivacité de la colonie qui continue à présenter un duvet dense de tentacules (lophophores) dans les zones occupées par les épibiontes*.
Variations saisonnières : présent toute l'année sans modifications apparentes.
Reptadeonella : vient du latin [reptum] = ramper, se traîner, être rampant et de [Adeona] déesse grecque qui présidait à l'arrivée.
violacea : signifie "violette", relatif à la coloration violet foncé de ce bryozoaire.
Numéro d'entrée WoRMS : 111061
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Adeonidae | Adéonidés | Colonies érigées ou encroûtantes, pores marginaux présents, spiramen frontal, aviculaires habituellement présents |
Genre | Reptadeonella | ||
Espèce | violacea |
Plaque noire bordée de beige
La large bande beige qui marge cette colonie signe le dynamisme de son extension au détriment des autres organismes encroûtants.
Galeria, Corse (2B), 18 m
15/10/2007
Taches noires par petits fonds
Ce bryozoaire forme des taches noires parmi les espèces encroûtantes des petits fonds.
Mursetta, Galeria, Corse (2B), 7 m
15/10/2007
En mer du Nord
Ce bryozoaire encroûtant peut être observé sur tout le littoral français. Bien que plus discret et souvent caché sous les pierres, il est bien présent en mer du Nord et en Manche où il forme un faciès particulier de cailloutis très ensablé à Reptadeonella violacea.
Les Ridens, Boulogne (62), 25 m
10/2007
En Manche
En concurrence avec des algues calcaires encroûtantes ici roses et rougeâtres, cette colonie de Reptadeonella violacea s'étale sur le substrat.
Les Amas, cap Frehel, Saint-Cast, Bretagne nord (22)
05/2008
Faciès à Reptadeonella violacea aux Canaries
Cette photo prise à Tenerife illustre la distribution Atlantique (est) de ce bryozoaire. Ce faciès à Reptadeonella violacea se rencontre dans des eaux claires donc bien éclairées. La biodiversité de ce faciès canarien est relativement pauvre. Le faciès est composé ici, en dehors du bryozoaire encroûtant noir, d'une autre espèce de bryozoaire encroûtant orangé (Schizoporella dunkeri), de balanes (Balanus trigonus) et de petits vers tubicoles. En bas des girelles paons Thalassoma pavo, un mâle à gauche et deux femelles à droite.
Punta Blanca, Los Gigantes, Tenerife (Canaries), 22 m
08/2007
Faciès à Reptadeonella violacea en Provence
Voici, par petit fond bien éclairé, un faciès typique à Reptadeonella violacea. La roche y est relativement "nue", c'est à dire uniquement recouverte d'épibiontes encroûtants et très fins. Il s'agit, à côté du bryozoaire encroûtant noir, d'autres bryozoaires encroûtants souvent orange comme Schizobrachiella sp. Schizomavella sp., Schizoporella sp. et d'algues calcaires encroûtantes de couleur violacé clair (Lithophyllum spp.). Plus occasionnellement des éponges encroûtantes, de petits vermets Vermetus triquetrus et des balanes complètent ce faciès.
Les Deux frères, Toulon (Var), 6 m
05/08/2007
Encroûtant un squelette de faux corail !
Voici une curiosité : le bryozoaire encroûtant Reptadeonella violacea vient de recouvrir le squelette d'un bryozoaire arborescent Myriapora truncata.
Le Dramont (06), 6 m
09/10/2010
Habitat parfois ombragé
Les colonies encroûtantes noires sont ici sous un surplomb par petit fond, elles sont présentes aussi au plafond de cette cavité ouverte. Reptadeonella violacea est ici en concurrence pour l'espace avec des éponges et d'autres bryozoaires tous deux encroûtants. Une fois de plus, même à l'ombre comme ici, on note l'absence d'animaux ou algues arbustifs dans les zones occupées par Reptadeonella violacea.
Pointe de la Croix, Port Cros (Var), 16 m
03/06/2006
Croissance rapide
Sur la tête de roche exposée à la lumière du Sec du Langoustier, ce bryozoaire tache de noir les zones encroûtées d'algues calcaires claires et violacées du genre Lithophyllum sp.
Sec du Langoustier, Porquerolles (Var), 17 m
19/05/2007
Bryozoaires encroûtants
A côté du bryozoaire encroûtant noir au centre Reptadeonella violacea, on trouve autour :
- un autre bryozoaire encroûtant orangé Schizomavella mamillata à la surface bosselée, mais l'identification de ces espèces orangées est difficile sur photo,
- une éponge encroûtante orangée en haut à droite,
- des petits vermets Vermetus triquetrus,
- des algues encroûtantes violacées Lithophyllum spp.
Les Deux Frères, Toulon (83), 8 m
05/08/2007
Fine croûte pourpre foncé
La couleur de ces fins encroûtements va du pourpre foncé comme ici au franchement noir. Notez que l'éclairage artificiel (flash, lampe) influence beaucoup la couleur perçue sur les photos.
Grotte à Corail, Antibes (06)
24/02/2007
Surface parfois bosselée
L’aspect de surface est lisse et, souvent comme sur cette photo, régulièrement bosselé, ce relief pouvant être donné par la disposition des logettes (zoécies) en monticules et dépressions.
La Siesta, Antibes (06)
28/08/2007
Fin duvet gris ondulant
Les lophophores de couleur gris clair forment un fin duvet ondulé à la surface de la colonie, celle-ci semble s'obscurcir lorsque les lophophores se rétractent.
Tombant de la Gabinière, Port Cros (Var), 19 m
04/06/2006
Colonie perforée par une clione rouge orangé
Cette association entre l'éponge perforante rouge Cliona rhodensis et le bryozoaire encroûtant noir Reptadeonella violacea est assez fréquente en Méditerranée, elle est du plus bel effet. En bas à droite, la masse gélatineuse pourpre est une ascidie coloniale Cystodytes dellechiajei.
Montgo, Escala, Costa Brava (Espagne), 12 m
13/07/2007
Colonie perforée par Cliona celata
La clione jaune Cliona celata est une éponge perforant le calcaire, Reptadeonella violacea ne semble pas empêcher son développement.
Grotte à Pérès, île Plane (ou île de Calseraigne), Marseille, 21 m
27/05/2007
Hydraire rampant en épibionte : Zanclea sp.
Il est fréquent de trouver ce petit hydraire du genre Zanclea sp. (Zanclea giancarloi ou Zanclea sessilis ?) dont les fins stolons tissent un réseau dense à la surface de Reptadeonella violacea. Cette épibiose* ne semble pas affecter la vivacité de la colonie qui continue à présenter un duvet dense de lophophores dans les zones occupées par l'épibionte*.
Sec du Langoustier, Porquerolles (Var), 18 m
19/05/2007
Zoécies* disposées en quinconce
Les zoécies* de taille quasi microscopique (0,5 mm de longueur) sont disposées en quinconce, elles forment des lignes plus ou moins ordonnées. Pour la petite histoire, cette "croûte" sèche et noire a été photographiée sur l'amphore montrée à droite. Cette dernière a été sortie de l'eau il y plus de quarante ans par un des pionniers de la plongée sous-marine tunisienne.
Cap Bon, Tunisie, 20 m
1965 !
Hyper macro : zoécies et lophophores
Sur ce fort recadrage qui doit ne montrer qu'un cm2 1/2 (15 mm x 10 mm) de la colonie, les tentacules des lophophores sont visibles ainsi que les zoécies organisées en quinconce. Chaque individu ou zoécie a une forme hexagonale et présente une dépression centrale, l'ouverture par laquelle sort le lophophore est latérale, elle ne correspond pas à la dépression centrale.
(10 mm X 15 mm), Port Cros, Var, 10 m
06/2007
Pourpre margée de beige
Les bords arrondis de la colonie sont beiges ici, ils correspondent à la zone de croissance où l'on peut observer les nouvelles logettes en fabrication.
Port Cros (Var), 10 m
06/2006
Spécimen clair sous les pierres
Dans les zones d'éboulis, ce bryozoaire se développe aussi totalement à l'abri de la lumière sous des pierres, il prend alors une teinte bien plus claire, grisâtre à beigeâtre.
Colonie fraîche, photo sous binoculaire.
Stareso, Calvi, Corse, échantillon prélevé à 10 m
20/10/2008
Détail d'une colonie fraîche
Note le pore central arrondi (spiramen) et l'ouverture distale (ici à gauche) sur chaque zoïde ou zoécie.
Bretagne
11/2009
Détail au M.E.B.
Les zoécies* (0,5 mm de longueur) sont disposées en quinconce. Chaque individu ou zoécie* a une forme hexagonale, avec un orifice (par lequel sort le lophophore) distal dépourvu d’épines orales, un bouclier frontal verruqueux avec une dépression centrale, bordé par une rangée de pores parfois dédoublée et un pore central arrondi (spiramen). Entre le spiramen et l’orifice, il y a un aviculaire à rostre pointu dirigé vers l’orifice. Il n’y a pas d’ovicelle*.
Échantillon prélevé au Graillon (06), 10 m
10/2008
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Correcteur : Jean-Georges HARMELIN
Responsable régional : Michel PEAN