Aspect élancé, membres postérieurs très longs
Museau long et pointu
Masque temporal bien visible
Tympan de taille équivalente à celle de l’œil dont il est très proche
Tache sombre en forme de V derrière les épaules
Peau lisse de couleur brun plus ou moins foncé rappelant les feuilles mortes
Grenouille pisseuse (elle peut uriner lorsqu’on la
manipule), Skignan (Breton)
Agile frog (GB), Rana agile (I), Rana ágil (E), Springfrosch (littéralement grenouille sauteuse) (D), Rã-ágil (P), Springkikker (NL)
Rana agilis Thomas, 1855
Rana gracilis Fatio, 1862
Rana agiloides Brunner, 1951
Rana muelleri Brunner, 1959
Europe
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeLa grenouille agile est assez répandue en Europe, plutôt dans la moitié sud bien qu’on recense quelques populations éparses dans le sud de la Scandinavie et en Allemagne. D’ouest en est, on la retrouve depuis le sud-ouest de la France et jusqu’au nord-ouest de la Turquie.
La grenouille agile est présente en plaine dans les bois humides et leurs lisières, forêts de chênes et de hêtres en particulier, mais n’est pas inféodée au milieu aquatique sauf pour la reproduction. Elle n’est d’ailleurs pas très bonne nageuse. Elle fréquente également les prairies humides ou marécageuses ainsi que les mares entourées de végétation sauvage.
C’est une petite grenouille à l’aspect élancé mesurant couramment de 45 à 65 mm (maximum 80 mm). Une observation de profil révèle un museau plutôt long et pointu, des pupilles ovales horizontales et l’iris de couleur marron. Les tympans sont de taille équivalente aux yeux dont ils sont très rapprochés (1 mm environ). Les taches sombres derrière chaque œil, appelées masque temporal, sont toujours bien visibles. Vue de dessus, la tête est large et laisse apparaître une tache sombre en forme de V entre les épaules.
Les membres postérieurs sont longs ou très longs : en rabattant la jambe vers l'avant, le talon dépasse parfois fortement le bout du museau. La palmure est moyenne. Les jambes sont régulièrement barrées.
La texture de la peau est plutôt lisse. La coloration est peu variable mais jamais verte. La face supérieure du corps rappelle la couleur des feuilles mortes : brun roussâtre ou grisâtre plus ou moins foncé, uniforme ou légèrement tacheté de sombre. Chez l'adulte reproducteur, dans l'eau, la peau est presque noire. Les individus sombres peuvent avoir des stries foncées sur les côtés de la gorge. La face inférieure va du blanc nacré au jaunâtre ou rosâtre.
Le genre Rana des grenouilles brunes comporte une cinquantaine d’espèces qu’il est parfois difficile de distinguer, et ce d’autant plus lorsqu’elles cohabitent au sein d’une même zone géographique.
Parmi les espèces susceptibles de cohabiter au sein du même espace que la grenouille agile, on peut citer de manière prépondérante la grenouille rousse (Rana temporaria) et la grenouille des champs (Rana arvalis). De manière plus confidentielle, la grenouille des Pyrénées (Rana pyrenaica), la grenouille ibérique (Rana iberica), la grenouille de Lataste (Rana latastei), la grenouille d’Italie (Rana italica), la grenouille grecque (Rana graeca) sont présentes respectivement dans les Pyrénées, dans le nord de l’Espagne, dans le nord et dans le sud de l’Italie et en Grèce.
En se focalisant sur les deux espèces les plus fréquemment rencontrées sur le territoire français, il est utile de s’attarder un peu sur les principaux critères permettant de différencier la grenouille agile de la grenouille rousse (Rana temporaria) :
La grenouille rousse vit généralement plus en altitude que la grenouille agile qui ne dépasse pas l’étage collinéen (zone d'extension des espèces d’arbres à feuilles caduques dont l’altitude varie en fonction des régions : 500 m dans les Pyrénées contre 800 m dans les Alpes par exemple).
La grenouille agile se nourrit principalement de vers, insectes, petits mollusques, araignées, crustacés, myriapodes et parfois de petits vertébrés.
La reproduction a lieu en février ou mars, lorsque la température extérieure avoisine les 10° C et que les grenouilles sortent de leur léthargie hivernale. Elles migrent en groupe vers le site de ponte, généralement une mare ou une zone marécageuse dans la forêt où elles vivent le reste de l'année.
Les mâles attendent souvent les femelles au fond de l'eau d'où ils font retentir un appel nuptial caractéristique. Ils émettent des séries de sons doux et rapides, entrecoupés de silences. Lorsque la plupart des individus chantent sous l'eau, leurs appels restent peu audibles pour nous à terre. Les coassements durent environ 15 jours. Les femelles pleines d'ovules arrivent un peu plus tard. Si les conditions météorologiques sont favorables, la reproduction est explosive c'est-à-dire qu'elle se déroule en très peu de temps.
Au cours d’un amplexus* axillaire (le mâle chevauche la femelle en l’agrippant sous les aisselles) et comme c’est généralement le cas chez les anoures, le mâle émet du sperme qui coule sur les œufs, ce qui les féconde. C'est un « faux accouplement » car il est effectué sans pénétration du mâle dans la femelle. L'action mécanique des pattes du mâle sur la femelle participe en outre à l'expulsion des œufs. Lorsque la femelle désire pondre, elle s'approche d'un paquet de plantes aquatiques et évacue d'un seul coup le contenu de son utérus. Le mâle en profite pour arroser les ovocytes de son sperme. L'amas d’œufs, une boule gélatineuse compacte, reste fixé autour d'une branche ou d'un roseau. La femelle pond entre 500 et 2000 œufs de 2 à 3 mm de diamètre. Le couple se sépare après la ponte. Après la reproduction, les femelles sont les premières à quitter mares et fossés pour gagner le couvert des hautes herbes. Les mâles attendent encore quelques jours et essayent de s'accoupler à nouveau.
L'arrivée et le départ asynchrones des mâles et femelles sur le site nuptial entraîne un sex-ratio fortement biaisé en faveur des mâles au début et à la fin de la période de reproduction. Les mâles en surnombre entrent alors en compétition pour accéder aux quelques femelles présentes. Des tests génétiques sur les têtards ont révélé une paternité multiple en début et en fin de période de reproduction, concernant 20 % des pontes environ.
Le développement de l'embryon dure de 20 à 30 jours. L'éclosion des œufs donne des têtards jaune clair, tachetés de brun, avec une nageoire large se terminant par une pointe plus effilée. Cette phase larvaire dure environ trois mois, entre mars et juillet. Les premières métamorphoses en grenouillettes ont lieu dès la mi-juin. Les jeunes de 12 à 16 mm émigrent alors vers leur habitat terrestre qu'ils n'abandonneront qu'après leur deuxième ou troisième hiver.
La maturité sexuelle est atteinte vers l'âge de 3 ans. La durée de vie dans la nature avoisine les 4 à 5 ans.
Les grenouilles agiles sont susceptibles d’être infectées par les Ranavirus, au même titre que les espèces du genre Rana, bien que le sujet ne paraisse pas avoir fait l’objet d’études spécifiques à l’heure actuelle.
Les grenouilles agiles hibernent généralement d’octobre à mars. Les femelles entrent en léthargie à terre, sous des feuilles mortes, sous une pierre ou une souche ou dans une anfractuosité du sol alors que les mâles se plaisent au fond de la vase.
Elles constituent la proie de divers mammifères, oiseaux, serpents au stade adulte et de plusieurs espèces d’invertébrés au stade larvaire (dytiques, punaises, araignées dolomèdes etc.).
Comme l’ensemble des amphibiens présents sur le territoire, les grenouilles agiles sont susceptibles de payer un lourd tribut à la circulation routière, notamment lors de leur migration annuelle vers les lieux de reproduction. Afin de limiter le nombre de batraciens écrasés, des associations de protection de l’environnement mettent en place annuellement des dispositifs de préservation sur le bord des axes routiers concernés. Chacun peut ainsi participer bénévolement aux actions de recensement et protection correspondantes.
Il existe une réglementation stricte préservant la grenouille agile en France, bien que celle-ci ne soit pas considérée comme menacée sur le court terme (classement Least Concern) d’après la classification de l’UICN.
Elle est ainsi protégée, inscrite à l'annexe IV de la Directive Habitats, à l'annexe II de la Convention de Berne, et classée dans les "espèces à surveiller" de la Liste Rouge des amphibiens et reptiles de France.
« Sont interdits, sur tout le territoire métropolitain et en tout temps, la destruction ou l'enlèvement des œufs et des nids, la destruction, la mutilation, la capture ou l'enlèvement, la perturbation intentionnelle des animaux dans le milieu naturel »
Grenouille « agile » en raison de ses bonds
spectaculaires (environ 2 m de long) qui lui permettent d’échapper à ses
prédateurs.
Rana : du latin [rana] = grenouille
dalmatina : du latin [dalmatina] = de Dalmatie (région de Croatie au centre de l’aire de répartition)
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Amphibia | Amphibiens | Vertébrés tétrapodes caractérisés par deux stades distincts : un stade larvaire aquatique et un stade adulte en partie terrestre. Quelques formes tropicales apodes. |
Ordre | Anura | Anoures | Amphibiens dont la queue disparaît après la métamorphose. Ce sont les grenouilles, crapauds, et rainettes. |
Famille | Ranidae | Ranidés | Famille d'amphibiens anoures dont le type est la grenouille. |
Genre | Rana | ||
Espèce | dalmatina |
Dans les feuilles
Chez la grenouille agile le masque temporal est bien visible. Le tympan est de taille équivalente à celle de l’œil dont il est très proche. Vue de 3/4 avant.
Bois des Conillaux, Cesson Sévigné (35)
16/10/2010
Vue arrière
Notez le camouflage de la grenouille agile dans les feuilles.
Bois des Conillaux, Cesson Sévigné (35)
16/10/2010
Vue de dessus
Les jambes de la grenouille agile sont régulièrement barrées de brun foncé.
Bois des Conillaux, Cesson Sévigné (35)
16/10/2010
Vue de dessus et tache en V
Il s'agit probablement d'une femelle gravide*. Notez la tache sombre en forme de V entre les épaules.
Noisy-sur-Ecole (village du sud Seine et Marne, 77)
25/03/2009
Vue de profil
Chez la grenouille agile la peau est lisse et de couleur brun plus ou moins foncé rappelant les feuilles mortes.
Noisy-sur-Ecole (village du sud Seine et Marne, 77)
25/03/2009
Jeune individu en gros plan
Notez le tympan bien visible en arrière de l'œil.
Forêt de Rambouillet, Yvelines (78)
15/06/2018
A proximité du lieu de ponte au printemps
Notez le museau long et pointu.
Forêt de Rambouillet, Yvelines (78)
21/04/2018
Rédacteur principal : Gaël MODRAK
Vérificateur : Valérie CARO
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Hartel T., Moga C. I., Öllerer K., Puky M., 2009, Spatial and temporal distribution of amphibian road mortality with a Rana dalmatina and Bufo bufo predominance along the middle section of the Târnava Mare basin, Romania, North-Western, Journal of Zoology, 5(1), 130-141.
Hartel T., Nemes S., Cogălniceanu D., Öllerer K., Moga C. I., Lesbarreres D., Demeter L., 2009, Pond and landscape determinants of Rana dalmatina population sizes in a Romanian rural landscape, Acta Oecologica, 35(1), 53-59.
Kovács I., David A., Ferenţi S., Dimancea N., 2010, The food composition of two brown frog populations (Rana dalmatina and Rana temporaria) from Sălaj County, Romania, Biharean Biologist, 4(1), 7-14.
Lode T., Holveck M. J., Lesbarreres D., 2005, Asynchronous arrival pattern, operational sex ratio and occurrence of multiple paternities in a territorial breeding anuran, Rana dalmatina, Biological Journal of the Linnean Society, 86(2), 191-200.
Ponsero A., Joly P., 1998, Clutch size, egg survival and migration distance in the agile frog (Rana dalmatina) in a floodplain, Archiv fur Hydrobiologie, 142, 343-352.
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