Ascidie solitaire en forme d'outre, parfois grégaire
Tunique rouge orangé, fortement incrustée de divers organismes
Tunique dure, rugueuse avec de petites protubérances
Siphons courts et fortement pigmentés en rose soutenu
Taille inférieure à 10 cm
Ascidie rouge (également utilisé pour Halocynthia papillosa), "tomate" (utilisé par les consommateurs occasionnels)
Cynthia dura Heller, 1877 (confusion/synonymie avec Pyura squamulosa (Alder, 1863))
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Pyura dura est présent sur les côtes nord et sud de la Méditerranée occidentale, en Adriatique, en mer Égée et en Atlantique Nord-Est des pays scandinaves au Sénégal.
Cette ascidie commune est rencontrée dès le dessous de la surface et jusqu'au circalittoral* (40 m ?). Elle vit toujours fixée sur les roches ou autres substrats* durs dans des zones plutôt ombragées et à l'hydrodynamisme modéré. Elle s'installe également sur les rhizomes des posidonies, dans les ports et les lagunes littorales (Thau, ...).
Le violet à bouche rose Pyura dura est une ascidie solitaire dont la taille peut atteindre 10 cm. Son corps est ovale, sa couleur rouge orangé. Sa tunique est épaisse, dure, rugueuse avec de petites protubérances et le plus souvent recouverte d'épibiontes*.
Contracté, le violet à bouche rose est quasiment invisible. En filtration active, l'animal se détend ; ses seules parties bien visibles sont alors les siphons. Ceux-ci sont courts et fortement pigmentés en rose soutenu avec, de façon irrégulière, de fines traces claires à l'intérieur. Celles-ci donnent une coloration rose pâle à blanchâtre aux parois internes des siphons. L'orifice buccal (siphon inhalant) est plus large que l'orifice anal (siphon exhalant), tous deux sont formés de quatre lobes, matérialisés par quatre taches blanches au bord des siphons.
Cette ascidie se fixe au substrat* par sa face ventrale, c'est-à-dire par celle opposée aux deux siphons.
Avertissement : on ne peut pas déterminer les différentes espèces de la famille des Pyuridés avec certitude sur photos, aussi bonnes soient-elles. Les éléments d'anatomie interne sont absolument nécessaires, même au niveau du genre. Si un plongeur averti, dans une localité limitée, peut grouper des spécimens dans une espèce donnée, cela n'est plus valable pour une autre région.
Il existe en Europe beaucoup d'espèces ressemblantes dans la famille des Pyuridés (Pyuridae) et en particulier dans les genres Microcosmus et Pyura :
Microcosmus sabatieri à la forme d'outre, également très concrétionné mais plus gros, est identifiable grâce à ses longs siphons striés de 8 bandes violettes sur fond blanc.
Microcosmus vulgaris de taille plus grande, 15 cm, présente de longs siphons blanchâtres ou rose pâle sans ligne violette. Les plongeurs ont peu de chance de l'observer, car il vit très profond. On le récolte sur le plateau et la pente continentale entre 90 et 200 m de fond. Il est cité ici pour son importance commerciale ; il a pour partie remplacé M. sabatieri sur les étals des poissonniers depuis l'épidémie de 1999.
Microcosmus polymorphus de taille similaire (8 cm), présente des siphons plus courts rouge foncé avec de temps à autre des bandes plus claires.
Microcosmus nudistigma, difficile à différencier des autres espèces, présente une crête dorsale nette et deux longs siphons clairement opposés.
Pyura microcosmus, à la tunique marquée de petites verrues, est plus petite et souvent plus propre.
Pyura tessellata a la tunique formée de plaques et Puyra squamulosa a la tunique molle et finement granuleuse. Elles sont plus petites (1 à 3 cm) et de couleur rouge.
Comme toutes les ascidies, Pyura dura, filtreur* suspensivore*, se nourrit de particules organiques et de micro-organismes planctoniques*. L'eau est aspirée par le siphon buccal (ou inhalant) équipé de tentacules* qui empêchent le passage des trop grosses particules. L'eau est ensuite filtrée au niveau d'une grille pharyngienne qui accumule les particules nutritives. Elle est enfin rejetée par le siphon cloacal (ou exhalant).
La reproduction est sexuée, le violet à bouche rose est, comme l'ensemble des ascidies, hermaphrodite*. Cet hermaphrodisme n'est pas simultané, ce qui empêche toute autofécondation. Comme tous les Pyuridés, cette espèce est ovipare*.
Le violet à bouche rose est quasiment toujours recouvert par de nombreuses espèces végétales et animales épibiontes*. La composition de ce « microcosme » est liée à la profondeur et à l'environnement : algues près de la surface, balanes, vers sédentaires à tube calcaire, hydraires, éponges et bryozoaires plus en profondeur.
Les ascidies, et en particulier les espèces du genre Pyura, ont la capacité de se contracter fortement en cas de danger ou à l'approche d'un plongeur. Cette contraction, accompagnée de la fermeture des siphons, modifie notablement le volume et la forme de l'ascidie par expulsion d'eau. Les variations de pression ressenties au niveau des siphons sont le facteur déclenchant principal. Cette caractéristique permet de différencier une ascidie d'une éponge qui, sauf à de rares occasions, ne se contracte pas au toucher.
Description des organes internes (dissection) :
La consistance coriace est due à la présence de spicules* calcaires répartis à la surface de la tunique. Celle-ci est rose à la coupe alors que celle du violet commun, M. sabatieri, est blanc franc.
Le siphon buccal est équipé de 20 à 30 tentacules ramifiés.
Les gonades* rouge orangé, une de chaque côté, sont fragmentées en plusieurs lobes irréguliers.
Le tube digestif est gros et l'intestin présente deux anses.
Les branchies possèdent six plis méridiens de chaque côté. Les stigmates (trémas*) longitudinaux sont rectilignes.
Pyura dura, bien que considérée comme comestible, n'est pas commercialisée contrairement à Microscosmus sabatieri, M. polymorphus ou M. vulgaris.
Pyura dura fait partie des espèces qui se sont raréfiées depuis le début du siècle sur les côtes de Provence :
Extrait de la publication** expliquant ces mortalités :
"Un événement de mortalité massive sans précédent en Méditerranée a été observé à la fin de l'été 1999 sur les côtes de Provence (France) et de Ligurie (Italie). Cet événement a sévèrement affecté une grande diversité d'invertébrés sessiles et filtreurs des communautés de substrats durs, parmi lesquels des spongiaires (en particulier, les éponges cornées Hippospongia et Spongia), des cnidaires (en particulier, les anthozoaires Corallium, Paramuricea, Eunicella et Cladocora), des bivalves, des ascidies et des bryozoaires. Sur les côtes de Provence, l'épidémie s'est propagée d'est en ouest. Une température exceptionnellement élevée et stable sur l'ensemble de la colonne d'eau (23–24 °C pendant plus d'un mois jusqu'à 40 m) a constitué un contexte environnemental probablement déterminant pour le phénomène de mortalité massive. Comme l'anomalie thermique, la mortalité est limitée par le profondeur. Cependant, on ne peut pas préciser si la température a eu un effet direct ou a agi en synergie avec un altéragène (microbiologique ou chimique) latent et/ou véhiculé par les courants. ...
... Des ascidies simples ont été atteintes, en particulier Microcosmus spp., Halocynthia papillosa et Pyura dura, comme l'indiquait une grande quantité de restes de tuniques fixés sur les roches peu profondes des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes."
Violet à bouche rose est une proposition du site DORIS.
Violet par analogie avec les autres espèces ressemblantes (Microcosmus spp.), bouche rose pour sa caractéristique la plus visible en plongée.
Pyura : origine inconnue, il se pourrait que "Pyura" soit une latinisation d'un mot chilien (dialecte amérindien). Ce nom de genre a été créé par Molina G.I. en 1782 et au Chili (Molina, G.I., 1782, Saggito sulla storia naturale del Chili. 4, Animali del Chili. Bolonga, 367 p.).
dura : du latin [dura] = dure, caractérise la tunique de cette ascidie.
Numéro d'entrée WoRMS : 103849
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Stolidobranchia | Stolidobranches | Ascidies pleurogones sans division du corps en thorax et abdomen. |
Famille | Pyuridae | Pyuridés | Ascidies solitaires. Tunique* coriace, branchies avec 6 à 10 plis de chaque côté, tentacules ramifiés, une gonade de chaque côté. Manteau opaque, gonade gauche dans la boucle intestinale. |
Genre | Pyura | ||
Espèce | dura |
Ascidie solitaire de couleur rouge
Cette ascidie solitaire montre une tunique rouge orangé, dure, rugueuse et avec de petites protubérances. Sa taille reste inférieure à 10 cm.
Ponton Lafarge, étang de Thau (34), 5 m
07/10/2006
Forme allongée
Sur le plus gros individu, le siphon buccal est détendu alors que le cloacal est partiellement contracté, montrant ainsi ses quatre lobes.
Ponton Lafarge, Thau (34), 5 m
16/04/2006
Siphon court
Le siphon inhalant est bien visible ici, sa forme est légèrement évasée.
Le siphon exhalant est situé sur la gauche.
PACA, Villefranche sur mer (06), 15 m
31/03/2009
Tunique couverte de verrues
Lorsque la tunique est visible, donc peu concrétionnée, on y observera de nombreuses protubérances.
Etang de Thau (34), 2 m
06/06/2009
Quatre lobes par siphon
Notez les quatre lignes blanches internes qui matérialisent les quatre lobes de chaque siphon.
Ici aussi cette ascidie est recouverte de nombreux épibiontes.
Sec de la Jaune Garde, Porquerolles (83), 20 m
30/10/2007
En Crète
La tunique est ici totalement cachée par de nombreux épibiontes, en particulier une algue rouge Peyssonnelia sp. On ne distingue que les deux courts siphons.
Agia Pelagia, Crète, Grèce, 12 m
27/04/2007
Siphons parfois clairs à l'intérieur
Siphons courts et fortement pigmentés de rose taché de blanc.
Agia Pelagia, Crète, Grèce, 20 m
18/09/2009
Contracté
Les siphons ne sont plus visibles sur les individus contractés.
Ponton Lafarge, Thau (34), 6 m
17/09/2009
Présente par petits fonds
Cette espèce est présente dès le dessous de la surface de l'eau, ici sous une pile de ponton.
Port des Tamaris, Côte Bleue (13), 0,5 m
N/A
Vieille patate !
La tunique peu concrétionnée de ce vieil individu est très fripée.
Photo prise dans la région de Banyuls/Cerbère (66) dans les années 80/90.
Côte Vermeille (66)
N/A
Forte concentration à Thau
Alors que l'on observe principalement des individus isolés en mer, cette espèce est beaucoup plus grégaire dans l'étang de Thau.
Étang de Thau (34)
23/09/2007
Grégaire (agrégat)
Dans les étangs, comme ici à Thau, cette ascidie peut former de véritables agrégats dont on ne distingue que les multiples siphons rose foncé.
Résurgence de la Bise, Balaruc les bains, Thau (34), 4 m
02/05/2009
Belles "bouches" roses !
La couleur vive des siphons reste le meilleur critère pour reconnaître ce Pyuridé.
Ponton Lafarge, étang de Thau (34), 5 m
14/04/2007
Siphons piègeux !
Pyura dura vs Microcosmus sabatieri
Le siphon du haut, blanc finement rayé de violet, appartient à Microcosmus sabatieri, celui juste au-dessous et celui de droite à Pyura dura.
Notez un troisième tunicier en haut à gauche représenté par plusieurs petits individus rouges, mais de quelle espèce s'agit-il ?
Photo prise dans la région de Banyuls/Cerbère (66) dans les années 80/90.
Côte Vermeille (66)
N/A
Anatomie interne de la
Cette petite ascidie de 3 cm s'est fixée sur une huître élevée à Thau. Elle montre une tunique plus rouge que la tunique jaune du violet commun (Microcosmus sabatieri), des siphons franchement rouges, striés de blanc quand-même, une tunique rose à la coupe alors que celle du violet est blanc franc, et un intérieur rouge. C'est sans doute pour cette raison que les consommateurs occasionnels la nomment "tomate".
Stage de biologie de Noël 2006, origine : Thau (34)
24/12/2006
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
**Perez T., Garrabou J., Sartoretto S., Harmelin J.G., Francour P., Vacelet J., 2000, Mortalité massive d'invertébrés marins : un événement sans précédent en Méditerranée nord-occidentale, C.R. Acad. Sci. Paris, Sciences de la vie / Life Sciences, 323, 853–865.