Manchon tubulaire pélagique, creux et transparent
Longueur de 10 cm à plus d'un mètre, et jusqu'à 15 cm de diamètre
Tunique cartilagineuse parsemée de petites papilles mobiles, aspect velu
Couleur variable : blanc laiteux, jaune, rose, bleue, mauve
Bioluminescence parfois intense, verte, bleue voire rouge
Solitaire ou en banc
Pyrosome, pyrosoma, fire salp, fire roller (GB), Feuerwalze (D)
Pyrosoma giganteum var. atlanticum Péron, 1804
Pyrosoma elegans Lesueur, 1813
Pyrosoma giganteum Lesueur, 1815
Pyrosoma atlanticum f. elegans Lesueur, 1815
Pyrosoma atlanticum var. giganteum Lesueur, 1815
Pyrosoma rufum Quoy & Gaimard, 1824
Pyrosoma excelsior (Perrier J.O.E., 1886)
Pyrosoma atlanticum var. levatum Seeliger, 1895
Pyrosoma atlanticum var. tuberculosum Seeliger, 1895
Pyrosoma ellipticum (Brooks, 1906)
Dipleurosoma ellipticum Brooks, 1906
Pyrosoma triangulum Neumann, 1909
Pyrosoma atlanticum triangulum Neumann, 1913
Pyrosoma atlanticum dipleurosoma Metcalf & Hopkins, 1919
Pyrosoma atlanticum echinatum Metcalf & Hopkins, 1919
Pyrosoma atlanticum hawaiiense Metcalf & Hopkins, 1919
Pyrosoma atlanticum intermedium Metcalf & Hopkins, 1919
Pyrosoma atlanticum paradoxum Metcalf & Hopkins, 1919
Pyrosoma benthica Monniot C. & Monniot F., 1966
Cosmopolite du domaine circumtropical
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ● CaraïbesCette espèce est cosmopolite des eaux circumtropicales chaudes et tempérées du globe. On ne la trouvera pas dans les hautes latitudes au delà de 50° N et de 50° S.
Les pyrosomes fréquentent normalement les grandes profondeurs. On pense qu'ils sont le plus abondants entre 800 et 1000 mètres. Périodiquement, les colonies remontent jusqu'à la surface des eaux tempérées à chaudes et on peut alors assister à certaines périodes à des pullulations de pyrosomes.
Ces migrations verticales seraient journalières.
Ces organismes sont normalement typiques du grand large, de la pleine mer, mais il arrive que certaines colonies se retrouvent près des côtes.
Une rencontre avec un pyrosome suscite toujours la curiosité et l'étonnement du plongeur. Qui penserait que cet étrange organisme pélagique* est en fait un de nos proches cousins ?
Un pyrosome est un organisme colonial, qui se présente sous la forme d'un manchon tubulaire creux et transparent, ouvert à une extrémité. Sa longueur habituelle est de 10 à 50 centimètres, mais peut dépasser le mètre, pour un diamètre de 15 centimètres maximum.
Cet organisme est constitué par un assemblage de plusieurs centaines de petites ascidies, disposées perpendiculairement par rapport à l'axe du manchon, et réunies les unes aux autres dans une tunique commune. Chaque petite ascidie, ou ascidiozoïde, possède un siphon inhalant (tourné vers l'extérieur), et un siphon exhalant (tourné vers l'intérieur du manchon) qui débouche dans la cavité générale de la colonie, l'atrium.
Entre les ascidiozoïdes, la tunique, de texture cartilagineuse, présente quelques expansions en forme de petites papilles* qui lui confèrent un aspect velu.
La couleur de la colonie est variable : blanc laiteux, jaune, rose, bleue ou mauve. Elle peut, de plus, émettre une lumière intense, de couleur verte, bleue ou rouge ! Cette bioluminescence* spectaculaire, qui se produit quand la colonie est dérangée, lui a valu son nom.
Le pyrosome se déplace lentement dans l'eau grâce au flux d'eau générés par les ascidiozoïdes.. Il peut être solitaire ou au contraire pulluler en banc.
Il existe 4 autres espèces du genre Pyrosoma, et 4 espèces appartenant aux 2 autres genres de pyrosomides (Pyrosomella et Pyrostremma), dont certaines fréquentent exclusivement l'Indo-Pacifique. Pyrosoma spinosum, espèce rencontrée entre 40° N et 45° S par exemple dans les eaux d'Australie et de Nouvelle-Zélande, cette espèce atteint les quatre mètres de longueur (voire 20 m) et peut contenir deux hommes ! Les autres espèces ont des tailles nettement inférieures.
Pyrosoma atlanticum est la plus grande espèce de pyrosomes et la plus commune dans tout l'océan Atlantique. La marge d'erreur d'identification est très faible, surtout en métropole.
La colonie se nourrit par filtration de l'eau. Une colonie de 18 cm x 4 cm peut filtrer 35 L par heure. Chaque ascidiozoïde produit un courant d'eau grâce à ses siphons diamétralement opposés et dirigés de l'extérieur vers l'intérieur, ce qui génère un flux important pour l'ensemble de la colonie (voir schéma). Le régime du pyrosome est microphage*. Les particules alimentaires et les microalgues contenues dans l'eau environnante sont retenues par les ascidiozoïdes, grâce à la structure en grille filtrante de leur pharynx. Les particules alimentaires sont retenues dans le mucus sécrété par l'endostyle (structure du pharynx branchial). Ce mucus forme un cordon et est conduit vers la bouche.
Lorsque les pyrosomes pullulent (pic phytoplanctonique), ils rejettent des quantités très importantes de boulettes fécales, qui ont un rôle très important dans l'enrichissement en carbone des fonds océaniques.
Les zoïdes* (ascidiozoïdes) sont hermaphrodites*. Dans une même colonie, les premiers ascidiozoïdes sont protandres* et les plus récents sont protogynes*.Ils produisent les deux types de gamètes* (ovules et spermatozoïdes). Chaque zoïde ne produit qu'un seul ovule. Une fois fécondé, l'œuf riche en vitellus, tombe dans la cavité générale maternelle où il se transforme en un oozoïde asexué (le cyathozoîde) sur lequel sont produits, par bourgeonnement, les 4 premiers individus (toujours asexués) de la future colonie (les ascidiozoïdes primaires). Ils sont disposés en croix et forment le pôle fermé de la future colonie. Ils sont libérés en pleine eau. Ces 4 ascidiozoïdes vont alors bourgeonner par leur stolon* de nouveaux individus (les ascidiozoïdes secondaires) qui ont à la fois une reproduction sexuée et une reproduction asexuée, laquelle assure la croissance de la colonie..Ce mode de reproduction peut parfois conduire à la formation de gigantesques essaims de pyrosomes.
Le stade tétard des ascidiacés est absent, il n’y a pas de formation des rudiments de la corde* et de la queue.
Chaque ascidioïde possède deux amas cellulaires contenant des bactéries symbiotiques*. Ce sont ces bactéries qui sont à l'origine de la bioluminescence du pyrosome.
Trois espèces de protozoaires ciliés parasitent cet organisme : Conchophrys davidoffi, Tunichophrya sessilis, et Actinobranchium salparum pyrosomae.
Plusieurs espèces de petits crustacés peuvent squatter l'intérieur du pyrosome, comme Hyperia, Phronima, et Phronimella. Récemment, aux Canaries, on a même trouvé au sein de l'atrium plusieurs petites crevettes du genre Funchalia (Penaeidea). A Naples la crevette Solenocera membranacea Risso, 1816 a été observée dans un pyrosome.
Phronima peut simplement se contenter d'être transporté par le pyrosome, mais il arrive que ce crustacé se nourrisse des ascidioïdes, et provoque la mort de la colonie : il ne squatte plus alors qu'une tunique évidée... La frontière entre la phorésie* et le parasitisme est fragile...
Les pyrosomes sont consommés par des tortues (3 espèces), des poissons (62 espèces), des albatros :Albatros de Buller (Thalassarche bulleri (Rotschlid, 1893)) et l’albatros timide (Thalassarche cauta (Gould, 1841)) et un lion de mer.
Le pyrosome se meut doucement dans l'eau grâce à l'ensemble des siphons inhalants qui fait entrer une grande quantité d'eau dans l'atrium. Cette eau est expulsée par l'ouverture du manchon, ce qui a pour effet de propulser la colonie par réaction (voir schéma). Les pyrosomes sont les seuls animaux marins connus qui utilisent le jet d’eau continu comme moyen de propulsion.
Les zoïdes utiliseraient la bioluminescence pour communiquer entre eux d'un bout à l'autre de la colonie : face à un obstacle, les zoïdes situés à la pointe du manchon se mettent à briller, et une onde lumineuse parcourt la colonie qui stoppe alors sa progression..
Ces éclairs lumineux seraient fortement dissuasifs pour les prédateurs.
Les pyrosomes jouent un rôle majeur en tant que proies dans le régime alimentaire de nombreux animaux marins, en particulier pour des vertébrés. Ils jouent ainsi un rôle important dans les réseaux trophiques de plusieurs zones océaniques ainsi que dans les cycles biogéochimiques globaux.
Les pyrosomes, en Méditerranée et certainement ailleurs, migrent vers la surface pendant le nuit jusqu'à la zone où la concentration en chlorophylle est la plus forte (entre 0 et 75 m) ett redescendent en profondeur le jour (profondeur moyenne: 410 m). Les plus petites colonies descendent moins profond que les grandes. Leur changement de flottabilité est assuré par un ajustement ionique de leur masse volumique (des ions lourds sont échangés avec des ions légers).
Comme ils dépendent des courants, les plongeurs peuvent rencontrer des populations emportées par ces courants.
L'année 1999, de nombreuses colonies de pyrosomes ont été signalées sur nos côtes, phénomène probablement lié à l'exceptionnelle température de l'eau durant l'été (observation rapportée par Patrice Petit de Voize).
De nombreux récits de marins, durant des siècles, ont fait référence à d'extraordinaires et fascinantes créatures tubulaires lumineuses...
Un voyageur naturaliste, en 1892, a fait une expérience troublante: de nuit il a pêché une colonie de 50 centimètres de long, et avec son doigt, il a écrit son prénom à la surface du pyrosome. Il a remis la colonie à l'eau, et alors son prénom s'est mis à briller en lettres de feu !
En 1964, dans le golfe du Tonkin, un navire américain a envoyé une torpille sur un navire vietnamien. Cet évènement aurait été un point de non-retour dans les évènements qui ont déclenché la guerre du Vietnam. Certains racontent qu'en fait, des colonies de pyrosomes, particulièrement nombreuses et lumineuses dans ce golfe, auraient trompé les américains, qui pensaient être approchés par des sous-marins espions...
Le terme "pyrosome" est directement dérivé du nom de genre scientifique Pyrosoma.
Pyrosoma : du grec [pyro] = feu, et du grec [soma] = corps, organisme : pyrosome signifie "organisme de feu" à cause de la forte bioluminescence produite parfois par la colonie,
atlanticum : cette espèce est très commune dans l'océan Atlantique.
Numéro d'entrée WoRMS : 137250
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Thaliacea | Thaliacés | Tuniciers pélagiques qui ont perdu leur chorde larvaire. Organismes transparents libres et planctoniques, les siphons buccal et atrial sont terminaux et diamétralement opposés. |
Ordre | Pyrosomida | Pyrosomides | Colonies luminescentes de quelques centimètres à plusieurs mètres, en forme de tube creux fermé à une extrémité. |
Famille | Pyrosomatidae | Pyrosomatidés | 3 genres. |
Genre | Pyrosoma | ||
Espèce | atlanticum |
Pyrosome vu de profil, en plein eau
L'avant est à gauche, l'aspect un peu flou de l'organisme est du à l'appendice buccal saillant de chaque individu.
Les taches blanches sont des crustacés amphipodes.
Cap d'Antibes (06), en pleine eau vers 15 m
18/03/2017
Une étrange créature...
Voici un pyrosome, une étrange créature planctonique, et qui pourtant est proche de nous zoologiquement ! Notez la forme en manchon tubulaire, l'ouverture unique (à droite), la texture velue de la colonie, ainsi que les nombreux ascidioïdes foncés.
Cagnes sur mer (06), 2 m, de nuit
15/12/2007
Apex du pyrosome
On distingue les zoïdes, avec leur bouche et l'appendice buccal.
Cap d'Antibes (06), en pleine eau vers 15 m
18/03/2017
Pyrosome vu de 3/4 arrère
L'ouverture postérieure assure l'évacuation de l'eau rejetée par le cloaque (disposé à l'intérieur du tube) de chaque individu et participe ainsi au déplacement, des contractions de l'ensemble de la colonie peuvent accentuer ce mouvement. On voit des amphipodes qui se nourrissent des zoïdes.
Cap d'Antibes (06), en pleine eau vers 15 m
18/03/2017
Ouverture postérieure
L'ouverture postérieure permet de voir par transparence les zoïdes.
Cap d'Antibes (06), en pleine eau vers 15 m
18/03/2017
Ouverture postérieure
L'ouverture postérieure de la colonie qui permet la sortie de l'eau rejetée par les zoïdes. Les amphipodes blanchâtres se nourrissent des zoïdes.
Cap d'Antibes (06), en pleine eau vers 15 m
18/03/2017
Bioluminescence
Voici l'intérieur d'un pyrosome. En mauve les languettes buccales des ascidioïdes, en rouge une partie des pharynx, et en jaune, les organes à l'origine de la bioluminescence (contenant des bactéries)...
(Rapport 1/1)
Sec des murènes, Giens (83), près de la surface
29/04/1995
Schéma d'un pyrosome
Un schéma nous permet de comprendre facilement l'anatomie et la physiologie de cette étrange colonie.
Extrait de Subaqua Hors-série n°1 (A la découverte de la vie sous-marine)
2004
Au-dessus du fond
Poussés vers la côte, il n'est pas rare d'observer des pyrosomes au-dessus des petits fonds.
Cagnes sur mer (06), 5 m, de nuit
15/12/2007
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Andersen V, Sardou J.1994, Pyrosoma atlanticum (Tunicata, Thaliacea): diel migration and vertical distribution as a function of colony size. Journal of Plankton Research 16, 337 349.
B 202,483-495.
(Tunicata: Thaliacea) in the South Indian ocean, Marine Ecology Progress series 330, 1-11.
(4), 603-631
La page sur Pyrosoma atlanticum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN