Corps très allongé, longueur 11 cm
Dactyle de la patte ravisseuse avec 3 dents
Abdomen avec 3 paires de carènes sur le 6e segment
Une carène médiane et 5 paires de carènes sur le telson
Couleur uniforme brun-rouge ou jaune-beige
Mante de mer
Mantis shrimp (GB), Heuschreckenkrebs (D), Galera, estomatópodo (E), Canocchia, detta anche pannocchia (I), Mantis garnaal, bidsprinkhaankreeft (NL), Zagaia-castanheta (P)
Squilla cerisii Roux, 1828
Squilla cerisyi Guérin, 1832
Squilla broadbenti Cocco, 1833
Pseudosquilla cerisii Giesbrecht, 1910
Méditerranée, côtes atlantiques africaines
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]La squille de Cérisy est surtout présente dans toute la Méditerranée. Sur les côtes atlantiques africaines, seules quelques postlarves* (premiers stades après la métamorphose) ont été vues au Sénégal et au Zaïre, limite sud de distribution.
La squille de Cérisy est une espèce benthique* qui se rencontre habituellement à faible profondeur, dans les herbiers de posidonies et le coralligène*.
Le corps de cette squille est très allongé et légèrement rétréci en arrière de la carapace. La patte ravisseuse est forte et son dactyle* (article situé à l'extrémité de la patte) possède trois dents. L'abdomen possède trois paires de carènes sur le 6e segment. Le telson* (prolongement postérieur de l'abdomen) a une carène* médiane et cinq paires de carènes dorsales. La cornée* est fortement bilobée. La carapace* ne présente pas de carène, sauf au niveau postérieur des plaques latérales.
La couleur d'ensemble est uniformément brun-rouge ou jaune-beige, les yeux sont noirs. Les fouets antennaires présentent une alternance de zones sombres et claires. Le corps a de très légères marbrures. Le dos de la partie postérieure des segments thoraciques libres et celui des segments abdominaux sont un peu plus sombres que le reste des segments. Les principales carènes du dernier segment abdominal et du telson ainsi que les bordures de ces parties du corps sont plutôt orangées. Les franges de soies sur les écailles antennaires et les uropodes* sont gris clair. Les pattes, ainsi que le bas des côtés des segments abdominaux, présentent des zones avec du pigment blanc.
La longueur totale peut atteindre 11 cm.
Cette espèce a fait l'objet de diverses confusions par le passé, en particulier avec la squille de Férussac Parasquilla ferussaci. Il existe une dizaine d'espèces de stomatopodes sur les côtes européennes et en Méditerranée. Les principales espèces sont les suivantes.
La squille ocellée Squilla mantis (Linnaeus, 1758) est relativement commune sur les côtes méditerranéennes. C'est la seule à posséder deux ocelles* noirs jointifs à la racine du telson. Avec une longueur qui peut atteindre 18 cm, elle est la plus grande des squilles des côtes de France métropolitaine. Elle a 6 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
Plusieurs espèces de squilles plus petites existent en Europe et peuvent se rencontrer sur les côtes de France.
La squille de Desmarest Rissoides desmaresti (Risso, 1816) est de taille moyenne : elle peut atteindre une dizaine de cm de long. Les mâles sont de couleur beige moucheté et les femelles ont le centre du corps rose lorsqu'elles sont en vitellogenèse*. Le dactyle de la patte ravisseuse porte 5 dents. Le telson a une carène médiane bien marquée. Cette squille est présente sur toutes les côtes de la métropole. On la rencontre dans les herbiers de phanérogames marines et sur divers sédiments sableux jusqu'à une centaine de mètres de profondeur.
La squille de Férussac Parasquilla ferussaci (Roux, 1830) a le tiers distal des uropodes et le telson couleur brun-grenat. La patte ravisseuse n'a que 3 dents au dactyle. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
La squille pâle Rissoides pallidus (Giesbrecht, 1910) a la même couleur que la squille de Desmarest dont elle est difficile à différencier. Elle a 5 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Elle vit habituellement entre 100 et 300 m de profondeur et n'est donc pas visible en plongée. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
La squille naine Nannosquilloides occultus Giesbrecht, 1910) est minuscule : 3 cm de long au maximum. Elle est de couleur blanc crème à orange. Elle a 8 ou 9 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Son telson n'a pas de carène médiane. Elle vit habituellement entre 30 et 200 m de profondeur. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
La squille pieuse Platysquilla eusebia (Risso, 1816) mesure jusqu'à 7 cm. Elle a les yeux verdâtres et le corps pointillé de brun. Elle a un joli peigne de 12 à 15 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Son telson n'a pas de carène médiane. Comme la squille de Desmarest, elle est présente à la fois en Méditerranée et en Atlantique-Manche.
La squille africaine Allosquilla africana (Manning, 1970) est minuscule : 3,6 cm de long au maximum. Son telson n'a pas de carène médiane. Elle a 5 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
Enfin, dans l'est de la Méditerranée, la squille lessepsienne Erugosquilla massavensis (Kossmann, 1880) de grande taille (20 cm) y est devenue très commune à faible profondeur. C'est une espèce originaire de mer Rouge et Indo-Pacifique qui a migré par le Canal de Suez puis s'est installée en Méditerranée.
La squille de Cérisy se nourrit de petite faune vagile*, en particulier de crustacés. Les proies sont capturées et maintenues avec les pattes ravisseuses.
La squille de Cérisy est gonochorique*. Les femelles maintiennent leurs œufs devant la bouche avec leurs pattes ravisseuses pendant l'incubation, comme si elles allaient les manger. Le développement est condensé et la larve* est de type Alima* (également appelée Pseudozoé). La morphologie des larves varie en fonction des stades larvaires.
Il ne semble pas y avoir de maladies ou de parasites connus chez cette espèce.
Les prédateurs de cette squille sont des poissons osseux comme la rascasse brune Scorpaena porcus, des grands crustacés et des céphalopodes.
Espèce rarement vue, probablement en raison d'une activité nocturne.
Le nom ''squille de Cérisy " est composé de squille, traduction française du nom latin squilla et de Cérisy qui indique que l'espèce est dédiée à Alexandre Louis Lefebvre de Cérisy.
Le nom de genre Pseudosquillopsis est composé de trois parties : Pseudo = préfixe (du grec [pseudo-] = faux ; squill est dérivé du latin [squilla] = squille. Sorte de crustacé (Gaffiot) ; et [opsis] = en forme de..., qui ressemble à...
Le nom d'espèce cerisii montre que l'espèce est dédiée à Lefebvre de Cérisy, entomologiste français (1798 -1867) et ami du descripteur.
Numéro d'entrée WoRMS : 136129
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Super classe | Multicrustacea | ||
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Hoplocarida | Hoplocarides | 3 segments thoraciques libres en arrière de la carapace. |
Ordre | Stomatopoda | Stomatopodes | La 2e paire de pattes mâchoires préhensile, ressemblant à une patte de mante religieuse. |
Sous-ordre | Unipeltata | ||
Famille | Pseudosquillidae | Pseudosquillidés | Telson avec une carène médiane. Dactyle de la patte ravisseuse avec 3 dents. Prolongation basale de l'uropode formant 2 épines. Cornée bilobée de façon symétrique. |
Genre | Pseudosquillopsis | ||
Espèce | cerisii |
De face
Cette squille a été surprise lors de prospections nocturnes à faible profondeur sur un fond coralligène. Noter la grande taille de l'abdomen relativement large par rapport à la partie antérieure de l'animal.
Noter aussi sur cette photo les algues vertes Palmophyllum crassum et Valonia macrophysa.
Antibes (06), de nuit
07/2009
Dernier segment abdominal, uropodes et telson
La partie arrière de l'abdomen de cette squille montre clairement les différentes épines et carènes qui sont utiles à l'identification spécifique de l'espèce. Noter la frange de soies gris clair bien visible sur la photo.
Antibes (06), de nuit
07/2009
Vue dorsale
Noter le corps très allongé un peu rétréci en arrière de la carapace et la couleur générale brun-orangé.
Antibes (06)
07/2009
Détail du telson
Cette comparaison entre un dessin ancien d'après un spécimen récolté en baie de Naples (de Giesbrecht 1910) et une photo (de Gilles Cavignaux) permet l'identification spécifique de cette squille rarement observée en plongée.
Dessin d'un spécimen récolté en Baie de Naples (Italie)
Reproduction de documents anciens
avant 1910
A Villefranche-sur-mer
La squille de Cérisy est surtout présente dans toute la Méditerranée. C'est une espèce benthique* qui se rencontre habituellement à faible profondeur, dans les herbiers de posidonies et le coralligène*
Le Lido, Villefranche-sur-mer (06), 15 m
30/10/2008
Gravure liée à la description originale
Cette illustration en couleur a été publiée lors de la description de l'espèce par Roux en 1828.
Spécimen venant de Toulon ou de Corse
Reproduction de documents anciens
Avant 1828
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Vérificateur : Véronique LAMARE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Froglia C., Manning R. B., 1989, Checklist and key to adult Mediterranean stomatopod Crustacea, Biology of Stomatopods, E. A. Ferrero ed., Selected Symposia and Monographs, 3, 265-273.
Giesbrecht W., 1910, Stomatopoden, Fauna und Flora des Golfes von Neapel und der Angrenzenden Meeres-Abschnitte, R. Friedländer & Sohn Verlag, Berlin. Monographie, 33(1), 1-240.
Holthuis L. B., 1987, Décapodes et Stomatopodes, in W. Fischer, M. Schneider & M.-L. Bauchot, Fiches FAO d'identification des espèces pour les besoins de la pêche, Méditerranée et Mer Noire, ed. 2, Végétaux et invertébrés, éditions F.A.O., Rome, vol. 1, 179-307.
Lewinsohn Ch., Manning B., 1980, Stomatopod Crustacea from the Eastern Mediterranean, Smithsonian Contributions to Zoology, Washington, 305, i-iii + 1-22.
Manning R. B., 1977, A monograph of the West African stomatopod Crustacea, Atlantide Report, Copenhagen, 12, 25-181.
Milne Edwards H., 1837, Histoire naturelle des crustacés, comprenant l'anatomie, la physiologie et la classification de ces animaux, Librairie encyclopédique de Roret, Paris, vol. 2, 1-532.
Morte S., Redon M. J., Sanz-Brau A., 2001, Diet of Scorpaena porcus and Scorpaena notata (Pisces: Scorpaenidae) in the western Mediterranean. Cahiers de Biologie Marine, 42, 333-344.
Müller H.-G., 1994, World catalogue and bibliography of the Recent Stomatopoda, Laboratory for Tropical Ecosystems, Research & Information Service, 1-312.
Roux P., 1828, Crustacés de la Méditerranée et de son littoral, Éditions Levrault, Paris, et Marseille, i-iv + 176.
La page de Pseudosquillopsis cerisii dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN