Colonie massive, globuleuse ou aplatie, ovoïde ou conique
Zoïdes répartis irrégulièrement à la surface de la tunique
Surface lisse et semi-transparente
Pas de pédoncule*
Dominante jaunâtre, orangée, grise à noirâtre
Ascidie globuleuse de Méditerranée, couenne de mer (sans localisation géographique mais sujet à confusion avec d'autres espèces, notamment nord-américaines).
Pseudodistoma crucigaster Gaill, 1972 a été réunie, par certains auteurs, en une seule et unique espèce sous le nom de Pseudodistoma obscurum Pérès, 1959 qui ne concernait initialement que la variété gris sombre. P. crucigaster ne désignait que les individus clairs, jaunes ou orangés. Cette ascidie est encore parfois désignée sous le nom, non valide, de Pseudodistoma obscurum var. crucigaster.
Notez que WoRMS reconnaît toujours la validité de Pseudodistoma crucigaster et et de Pseudodistoma obscurum.
Méditerranée occidentale et Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Pseudodistoma crucigaster est présente en Méditerranée occidentale, du détroit de Gibraltar et Atlantique proche jusqu'en Languedoc-Rousillon et un peu au-delà en passant par la mer d'Alboran, les îles Baléares, la Corse, la Sardaigne et la Tunisie.
En France on observe que de petites colonies jaunes ou grises sur le littoral Languedoc-Rousillon (Collioure, Banyuls, Cerbère, et plus rarement jusqu'aux Aresquiers et Carnon,...) et orange en Corse du Sud. Cette espèce semble absente à l'est du Rhône (Provence et Côte d'Azur).
Cette espèce, localement commune, vit dans des milieux éclairés à partiellement ombragés et à l'hydrodynamisme modéré à élevé de l'infralittoral* et du circalittoral*, le plus souvent de 5 à 35 m de profondeur.
Pseudodistoma crucigaster est rencontrée sur différents types de fonds, sur les roches éclairées, dans le coralligène, dans les herbiers de posidonies, dans les communautés d'algues et sur les substrats détritiques côtiers.
Pseudodistoma crucigaster est une ascidie coloniale massive, globuleuse ou plus rarement aplatie, ovoïde ou conique, non pédonculée*. Sa taille peut atteindre 20 cm de diamètre, exceptionnellement 50 cm. Sa coloration variable va du blanc sale, au jaune, à l'orangé, au gris et jusqu'au noir. De consistance molle mais compacte, sa surface est lisse et avec des zoïdes* séparés les uns des autres par une importante tunique* commune semi-transparente (sauf pour le type noir absent des eaux françaises). Les zoïdes ne montrent pas d'organisation particulière, sauf dans certains cas où l'on peut distinguer un regroupement en étoile d'un petit nombre de zoïdes (4 à 8 : observations personnelles) autour d'un siphon exhalant commun.
Pseudodistoma crucigaster peut se présenter sous deux aspects différents :
D'une part sous la forme de colonies globuleuses, coniques de grande taille qui peuvent atteindre plus de 50 cm de hauteur. Ces colonies charnues sont de couleur jaune vif ou jaune pâle et le plus souvent sans incrustation de sable.
D'autre part, certaines colonies à la morphologie semblable à la précédente mais avec une taille bien plus réduite (5 cm de hauteur et 10 cm de diamètre maximum). Ces petites colonies charnues mais plus consistantes montrent des incrustations de sable. Leur couleur grisâtre, jaune foncé, parfois presque noire est à l'origine du nom spécifique d'obscurum (= sombre). A ce jour (2021), nous ne pouvons pas estimer ou non la validité de Pseudodistoma obscurum Pérès, 1959.
Notons qu'aucune colonie noire n'illustre cette fiche, car elles ne sont rencontrées que très à l'ouest de la zone de distribution de cette espèce (mer d'Alboran, détroit de Gibraltar).
Avertissement : Les différentes espèces d'ascidies ne peuvent pas être déterminées avec certitude sur des photos, aussi bonnes soient-elles. Les éléments d'anatomie interne sont absolument nécessaires, même au niveau du genre. Si un plongeur averti, dans une localité limitée, peut grouper des spécimens dans une espèce donnée, cela n'est plus valable pour un autre individu et une autre région. D'où les innombrables confusions dans la littérature et les sites WEB.
Aplidium conicum de taille identique, de couleur orange à blanchâtre et en forme de cône (jusqu'à 20 cm) se distingue de P. crucigaster par des dessins nettement méandriformes. Mais bien que présent en Méditerranée occidentale, Aplidium conicum n'est vraiment fréquent que dans l'Adriatique septentrional sur des fonds sableux ou coquillers.
Pseudodistoma cyrnusense : colonies plus petites, ressemblantes, mais pédonculées et sans dessins méandriformes à sa surface. Couleur gris jaunâtre à orangé avec une tunique* commune relativement transparente, claire. Zoïdes* rouges ou jaunâtres. Siphons inhalants à 6 lobes. Cette espèce est relativement fréquente dans toute la Méditerranée. Elle présente 3 points rouges bien visibles autour de chaque siphon inhalant.
Aplidium (Sidnyum) elegans : les colonies méditerranéennes sont de taille variable (de 2 à 20 cm). La couleur est vive, à dominante rose orangé. L'implantation des zoïdes forme des méandres à la surface de la colonie. Les orifices inhalants sont surmontés d'une couronne blanche (inconstante en Méditerranée) et bordés de 8 languettes de couleur blanche.
Aplidium nordmanni : les colonies forment des masses épaisses et multilobées, de belle taille (5 à 10 cm de hauteur sur 20 à 30 cm de diamètre). Il existe deux types de couleurs différentes, l'une blanc translucide et l'autre rose orangé, plus habituellement rencontrée en plongée. Les zoïdes sont irrégulièrement répartis autour de siphons cloacaux* bien visibles et s'ouvrant vers le haut de la colonie. Les orifices inhalants sont surmontés d'une petite couronne (fréquemment blanche) bordée de 6 languettes transparentes.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Les ascidies créent un courant d'eau (rentrant par les petits orifices inhalants individuels), grâce au mouvement des cils du pharynx, pour attraper les particules en suspension (organismes suspensivores). Ce courant est aussi utilisé pour les échanges gazeux. Les particules digérées sortent par le siphon exhalant.
La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués.
Elles sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
- Reproduction sexuée : les gonades* se trouvent dans le post-abdomen où a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire commence après la formation des œufs où il y a différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve nageuse semblable à un têtard. Ces têtards sont libérés dans le milieu par le siphon atrial* des zoïdes*. La vie pélagique* est très courte et les larves* se fixent au substrat par des papilles adhésives. A partir de là commence la métamorphose qui donnera un individu adulte.
Chez Pseudodistoma crucigaster les larves, de grande taille et jusqu'au nombre de trois par zoïde fertile, ont été observées de janvier à juillet sur la côte catalane.
- Reproduction asexuée : formation de la colonie par bourgeonnement à partir de l'individu souche.
Description microscopique :
Les zoïdes* de grande taille (20 mm) et immergés dans la tunique commune restent visibles à la surface des colonies, particulièrement sur les colonies claires. Ils s'organisent en petits groupes circulaires à la surface de la colonie, habituellement de 5 à 8 individus, autour d'un cloaque* commun débouchant sur un siphon unique tubulaire translucide chez l'animal vivant et en activité de filtration. Le post-abdomen mesure 3 à 9 fois la longueur du thorax. Les siphons buccaux et cloacaux sont bordés de lobes transparents. Dix-huit cils buccaux disposés en deux couronnes génèrent le courant d'entrée dans le sac branchial. Celui-ci montre trois rangées de stigmates*. L'estomac présente quatre plis longitudinaux bien marqués (à l'origine du nom spécifique de crucigaster). Les ovaires sont dans le tiers supérieur du post-abdomen, les testicules lobés et arrondis placés en deux files alternées.
Il s'agit d'une espèce pérenne qu'on retrouvera d'une année sur l'autre (durée de vie ? au moins quelques années).
La période de croissance se fait, comme pour la majorité des ascidies en Méditerranée, pendant l'hiver alors qu'il y a une période de repos en été (eau chaude) qui se traduit par la présence d'une sorte de cuticule* couvrant les colonies.
Une étude basée sur la comparaison du patrimoine génétique des 3 variantes de couleur, jaune, orangée et grise, montre que les formes orangées sont séparées des deux autres et pourraient, éventuellement, constituer une espèce à part.
Pseudodistoma crucigaster est une espèce pérenne mais sensible aux perturbations environnementales (charge organique, forte turbidité ou forte sédimentation) ce qui en fait une bonne espèce indicatrice de l'état du milieu.
Couenne de mer de Méditerranée est une proposition du site DORIS pour différencier cette espèce des autres "couennes de mer" présentent en Atlantique Nord.
Pseudodistoma : du latin [pseudo] = faux, du grec [di] = deux et [stom-] = bouche, en référence aux deux siphons quasi identiques ?
crucigaster : du grec [cruci] = croix et de [gaster] = ventre, sans doute en rapport avec les 4 plis bien marqués de l'estomac (observation microscopique).
obscurum : du latin [obscurus] = sombre.
Numéro d'entrée WoRMS : 103678
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Pseudodistomidae | Pseudodistomidés | |
Genre | Pseudodistoma | ||
Espèce | crucigaster |
Forme jaune au pied des posidonies
Cette ascidie de forme souvent globuleuse s'implante parfois au pied des posidonies, au niveau des rhizomes*.
Côte vermeille (66)
2000
Inorganisation des individus à la surface
Les individus (zoïdes) de cette ascidie ne s'organisent pas en ligne comme c'est le cas pour l'espèce ressemblante Aplidium conicum. Il y a néanmoins un regroupement d'un petit nombre d'individus autour d'un siphon exhalant commun, rarement bien visible.
L'Estartit, (Espagne), 15 m
17/09/2010
Reflets sombres
Les variantes jaunes ou grisâtres de Pseudodistoma crucigaster montrent parfois des zones plus sombres, noirâtres.
les Tines, Banyuls (66), 6 m
16/08/2010
Grosse colonie contractée
De forme aplatie latéralement, cette ascidie coloniale jaunâtre à reflets sombres mesure 20 cm de longueur sur 15 cm de hauteur.
Medallot, Estartit, Costa Brava (Espagne), 15 m
11/07/2007
Colonie ovoïde et jaune
Cette colonie en forme d'œuf est ici contractée, sa surface est ainsi bien lisse et les zoïdes refermés restent visibles par transparence.
Estartit (Espagne), 10 m
07/2007
Ponctuations blanches à jaunes
La périphérie des ouvertures inhalantes est souvent marquée de 3 gros points blancs à jaune clair. Deux points sont contigus, le troisième diamétralement opposé. S'ajoute souvent à ces 3 ponctuations remarquables, une série de plus petits points bordant l'ouverture buccale.
Côte vermeille (66)
N/A
Petite colonie corse, siphons cloacaux
Sur cette petite ascidie installée sur les rhizomes de la posidonie les discrets siphons cloacaux non colorés sont visibles, ils forment des zones sombres à la surface de la tunique.
Plage de Caldarello, Corse (2A), 16 m
19/09/2011
Forme orange et ovoïdo-conique en Corse
Ascidie installée sur les rhizomes de la posidonie.
Plage de Caldarello, Corse (2A), 16 m
19/09/2011
Colonie conique, confusion avec Aplidium conicum
Colonie massive érigée sur un fond détritique bien éclairé. Aplidium conicum peut avoir cette forme, mais présente une surface plus lisse et des dessins méandritiques caractéristiques que l'on ne retrouve pas chez Pseudodistoma crucigaster.
Salpatxot, îles Medes, Estartit, Costa Brava (Espagne), 28 m
17/09/2011
Forme massive et grise
Ici contractée, cette colonie prend un aspect lisse et luisant caractéristique de l'espèce.
Côte vermeille (66)
N/A
Colonie blanche et bifide
Sur un fond détritique à faible profondeur.
Montgo, Escala, Costa Brava (Espagne), 12 m
08/07/2007
Variante grise au pied d'une gorgone blanche
Cette colonie est en pleine activité de filtration, les siphons sont bien ouverts.
Cova del Pelegrini, Cala Montjoi, Costa Brava (Espagne)
30/05/2010
Variété jaune pâle dans l'Hérault
Les petits plateaux rocheux du littoral de l'Hérault, à l'ouest du Rhône, constituent les lieux d'observation les plus orientaux sur la côte française continentale pour l'ascidie coloniale Pseudodistoma crucigaster.
Carnon (34), 8 m
31/03/2012
Détail de la surface de la colonie
La surface de cette ascidie coloniale est molle et compacte, lorsque les individus (zoïdes) sont bien ouverts, les languettes des ouvertures buccales sont aperçues en vue rasante.
Côte vermeille (66)
N/A
Détail de l'organisation des zoïdes
Détail de l'organisation des zoïdes noyés dans une tunique commune : à la surface de la colonie les zoïdes s'organisent en petits nombres (de 4 à 8 comme il est possible de le compter sur cette colonie) autour de siphons exhalants communs formant, comme ici, de petits dessins en étoile.
Salpatxot, îles Medes, Estartit, Costa Brava (Espagne), 28 m
17/09/2011
Variante translucide en Tunisie
La forme en "pain de sucre" est classique pour cette espèce. Cette colonie translucide montre une masse plus opaque, jaune orangé clair, en son centre.
Ile de Djerba, sud de la Tunisie
23/02/2007
Variante jaune à Djerba (Tunisie)
En premier plan en bas à gauche une autre ascidie coloniale orange vif non déterminée.
Ile de Djerba, sud de la Tunisie
23/02/2007
Forte concentration à Palavas-les-Flos
Il est rare d'observer un tel nombre de colonies regroupées sur une petite surface. Les conditions doivent être favorable à cette espèce ce printemps 2016.
Palavas-les-Flos (34), 6 m
12/06/2016
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Dominique HORST
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Tarjuelo I., Posada D., Crandall K. A., Pascual M. and Turon X., 2004, Phylogeography and speciation of colour morphs in the colonial ascidian Pseudodistoma crucigaster, Blackwell Publishing Ltd, Molecular Ecology, 13, 3125–3136.
Turon X., Becerro M.A., 1992, Growth and survival of several ascidian species from the northwestern Mediterranean, Marine Ecology Progress Series, 82, 235-247.