Corps épais, rigide atteignant 30 cm de diamètre
Série de gros tubercules coniques rouges, alignés sur face supérieure des bras et du disque central
Tubercules absents sur la marge latérale du disque, mais souvent présents autour de la pointe des bras
Coloration crème, tubercules rouges reliés par un réseau de lignes rouges
Horned seastar, red knobby star, stella mare cornuta rossa (I), Estrella de mar (E)
Asterias lincki de Blainville, 1830
Oreaster lincki (de Blainville, 1830)
Pentaceros lincki (de Blainville, 1830)
Oreaster muricatus (Gray, 1840)
Pentaceros muricatus Gray, 1840
Oreaster reinhartdi Lutken, 1864
Pentaceros reinhartdi (Lutken, 1864)
Océan Indien
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueL'étoile de mer à cornes de l'océan Indien est présente dans tout l'océan Indien, notamment dans le bassin occidental (Kenya, Seychelles, Madagascar, Comores...), ainsi qu’en Inde et en mer d’Andaman. Une population isolée existe également au nord-ouest de l’Australie. Dans la zone DORIS, on la trouve à Mayotte, à la Réunion, mais elle y est beaucoup plus rare que sur les côtes africaines ou malgaches. Elle n’est pas signalée aux Îles Eparses ni à Maurice et Rodrigues ou aux Maldives. Dans l’océan Pacifique, elle est remplacée par sa proche parente Protoreaster nodosus, et plus anecdotiquement par Protoreaster nodulosus en Australie occidentale.
Cette espèce se rencontre dans les lagons peu profonds et notamment sur les fonds sableux et dans les herbiers, de la surface à 30 m de profondeur. Elle est cependant plus fréquente dans les 5 premiers mètres. Elle préfère les zones calmes et riches. Dans les zones très riches en nourriture, elle peut être assez abondante, notamment dans la région de Zanzibar. Cette espèce est très rarement observée à la Réunion, et paradoxalement, jamais dans le lagon.
Protoresater lincki est une étoile de mer robuste, de forme pyramidale pouvant atteindre 30 cm de diamètre.
Les 5 bras sont assez rigides, courts, aux extrémités émoussées et de section triangulaire. Des tubercules coniques irréguliers, de plus en plus gros en allant vers le disque central, sont alignés en position médiane sur la face supérieure de chaque bras et se terminent au niveau du disque central, pour y former un motif plus ou moins pentagonal. Chez les adultes matures, il y a un tubercule central et 5 touffes de 1 à 7 tubercules aux angles supérieurs du disque, ainsi que, le plus souvent, 1 à 3 tubercules marginaux de chaque côté des pointes des bras. Suivant les individus ou leur âge, les tubercules peuvent être de simples petites boules émoussées ou former de longues pointes, avec parfois le bout d’une couleur légèrement différente. La surface du corps est lisse au toucher et rappelle la texture du liège. Les pédicellaires*, bien que présents, sont peu nombreux, essentiellement regroupés sur la face inférieure, autour des ambulacres*.
La couleur du corps est très stable : sur un fond blanc crème, se détachent les tubercules d’un rouge vif (tirant parfois sur l’orangé), reliés entre eux par un réseau de lignes de la même couleur. Ce réseau forme généralement trois bandes parallèles au sommet des bras et un motif géométrique plus complexe sur le disque central. La marge et la face inférieure sont également rouge vermillon (tirant sur le bordeaux pour la face orale). Les sillons ambulacraires sont blancs, garnis de podia* rétractiles charnus.
Au niveau squelettique, cette étoile porte 12 à 18 plaques marginales de chaque côté des bras (en moyenne 14), et seules les plaques de la moitié distale peuvent avoir des tubercules marginaux (de 0 à 5, partant toujours de la pointe).
Les juvéniles sont aplatis, avec seulement cinq petites cornes coniques aux angles supérieurs du disque central, et morphologiquement indistincts de l’espèce-sœur Protoreaster nodosus. La couleur est grisâtre, progressivement maculée de brun, puis ensuite de rouge.Il existe plusieurs espèces d'étoiles de mer massives à tubercules dans la famille des oréasteridées.
Protoreaster nodosus : est endémique du Pacifique, ne dépassant presque pas Singapour. De forme similaire, sa coloration est très variable et ne recoupe jamais exactement celle de P. lincki (notamment en ce qui concerne le réseau de lignes rouges), et n’a jamais de tubercules marginaux à la pointe des bras. Les deux espèces ont longtemps été confondues et il subsiste des synonymies non résolues dans la taxinomie.
Le genre Pentaceraster est très proche du genre Protoreaster, mais dans ce genre les espèces ont des tubercules moins développés, plus nombreux et d’implantation plus régulière, et il y a de petits tubercules ou pointes sur la marge latérale des bras, y compris sur celle du disque entre les bras, ce qui n’est jamais le cas chez les Protoreaster.
L'étoile de mer à cornes de l'océan Indien se nourrit apparemment du film algal et microbien, ainsi que des particules et déchets organiques, qui recouvrent les fonds meubles où elle vit. Il est également possible qu'elle consomme des foraminifères. Pour se nourrir d’aliments plus gros, elle peut dévaginer son estomac sur le substrat.
La reproduction a lieu au printemps, à la pleine lune. La maturité sexuelle est atteinte vers une taille de 12 cm. C'est une espèce gonochorique* (il existe des individus mâles et des individus femelles). Au moment de libérer ses gamètes* dans l'eau, l'étoile se dresse et seule l'extrémité des 5 bras reste en contact avec le fond. La fécondation se déroule en pleine eau et les larves* ont une vie planctonique* de 10 à 15 jours avant de se poser sur le fond pour entamer leur métamorphose*.
On trouve souvent des couples de crevettes commensales Zenopontonia soror autour de sa bouche.
Les prédateurs de cette étoile sont peu nombreux : quelques gros poissons opportunistes comme les balistes et le gastéropode Charonia tritonis.
On sait peu de choses sur la biologie de cette étoile, longtemps confondue dans la littérature avec P. nodosus et diverses Pentaceraster.
Cela est dû au fait que la description de l’espèce est anté-linnéenne et publiée en latin : les auteurs post-linnéens comme Blainville n’ont pas ressenti le besoin de redécrire l’espèce, alors même que certains ne lisaient pas le latin, comme John Edward Gray, ce qui a entraîné des confusions taxinomiques* seulement en partie réglées par Döderlein dans l’entre-deux-guerres. Ce groupe des Oreasteridés demeure donc confus, en particulier le genre Pentaceraster.
Du fait de sa forme massive et rigide, qui se conserve une fois séchée, l'étoile de mer à cornes de l'océan Indien est souvent vendue dans les magasins de souvenirs de la côte est-africaine (ou parfois exportée plus loin), même si elle perd complètement sa couleur d'origine. Elle est alors parfois teinte par les vendeurs.
Etoile de mer à cornes fait référence aux tubercules coniques, semblables à des cornes, qui recouvrent le corps.
De l'océan Indien caractérise sa localisation géographique et permet de la différencier de l'étoile de mer à cornes du Pacifique Protoreaster nodosus.
Protoreaster : du grecque [protos] = primitif et [aster] = étoile. Ce nom a été inventé par LHP Döderlein en 1916 pour distinguer ces étoiles de celles du genre Oreaster, où elles étaient précédemment placées.
lincki : dédicace à Johann Heinrich Linck l'Ancien (1674 - 1734), naturaliste pré-linnéen qui décrivit cette espèce (sous le nom Asterias muricata) dans son ouvrage De Stellis marinis liber singularis (1733), première monographie européenne consacrée aux étoiles de mer. Le nom original muricatus signifie en latin "hérissé" (en référence au murex).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Asteroidea | Astérides | Organismes en forme d’étoile, libres. 5 à 50 bras, squelette réduit, estomac dévaginable. Ce sont les étoiles de mer. |
Super ordre | Valvatacea | Valvatacés | |
Ordre | Valvatida | Valvatides | Etoiles de mer à 5 bras arrondis et souples. Papules* respiratoires réparties sur la face dorsale. |
Famille | Oreasteridae | Oréastéridés | |
Genre | Protoreaster | ||
Espèce | lincki |
Etoile cornue
Cette étoile se reconnait à ses bras massifs et ses tubercules rouges reliés par un réseau de lignes rouges.
Majicavo Koropa, Mayotte (976), 1 m
23/09/2017
Tubercules
Gros-plan sur les tubercules du disque central, ici effilés, ce qui n’est pas toujours le cas.
Majikavo Koropa, Mayotte (976), 1 m
23/09/2017
Extrémité des bras
Cette espèce porte généralement des tubercules latéraux à la pointe des bras, ce qui la distingue morphologiquement de l’espèce-sœur Protoreaster nodosus.
Majicavo Koropa, Mayotte (976), 1 m
23/09/2017
Peu tuberculée
Certains spécimens sont dépourvus de tubercules latéraux, critère taxonomique censé les différencier de Protoreaster nodosus : seule la coloration permet de les différencier, mais celle-ci se perd rapidement à la mort de l’animal, entraînant un risque de confusion pour les spécimens de muséums. De plus, alors que P. lincki est une espèce de l'océan Indien, P. nodosus ne se rencontre que dans le Pacifique.
Majicavo Koropa, Mayotte (976), 1 m
23/09/2017
Face orale
Une crevette Zenopontonia soror près de la bouche d’une étoile cornue. On distingue les sillons ambulacraires bordés de plaques blanches allongées, ainsi que quelques pédicellaires bivalves.
Majicavo Koropa, Mayotte (976), 1 m
23/09/2017
Juvénile
Les juvéniles, rares et discrets, sont grisâtres évoluant vers le brun rouille, aplatis, et porteurs seulement une couronne centrale de 5 tubercules. Ils sont indifférenciables morphologiquement de ceux de l’espèce voisine Protoreaster nodosus, ce qui entraîne souvent de faux signalements de cette espèce pacifique dans l’océan Indien.
Mtsanga Apondra, Mayotte (976), 1 m
23/01/2019
A la Réunion
Cette espèce est très rarement observée à la Réunion, et paradoxalement, jamais dans le lagon.
La Réunion
13/10/2006
Rédacteur principal : Frédéric DUCARME
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Döderlein L., 1936, Die Asteriden der Siboga-Exped. III. Die unterfamile Oreasterinae, Siboga-Expedition, 46, 295-369.
Ducarme F., 2022, How to assess the absence of a species? A revision of the geographical range of the horned sea star, Protoreaster nodosus (Echinodermata; Asteroidea). Frontiers of Biogeography. http://dx.doi.org/10.21425/F5FBG56187.
Gray J.E., 1840, A synopsis of the Genera and Species of the Class Hypostoma (Asterias, Linnaeus), Annals of the Magazine of Natural History, 6, 275-290.
James, D.B., 1983, Research on Indian Echinoderms - A Review, Journal of Marine Biology Ass. India, 25, 91–108.
Jangoux M., Aziz A., 1984, Les astérides (échinodermes) du centre-ouest de l’océan Indien (Seychelles, Maldives et îles Mineures), Bull. Mus. Natn. Hist. Nat., 4(6), 857–884.
La page de Protoreaster lincki dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN