Corps allongé de 10 à 30 mm de long
Extrémité céphalique arrondie, postérieure pointue
Ocelles marginaux en bande périphérique antérieure
Ocelles cérébraux en deux amas très rapprochés
Dominante souvent jaunâtre, sans tentacules
Ventouse centrale sur la face ventrale
Ne nage pas mais hausse son extrémité antérieure
Prosthiostome
Planaria siphunculus Delle Chiaje, 1822
Prosthiostomum elongatum Quatrefages, 1845
Prosthiostomum arctum Quatrefages, 1845
Leptoplana arcta (Quatrefages) Diesing, 1850
Leptoplana elongata (Quatrefages) Diesing, 1850
Prosthiostomum hamatum O. Schmidt, 1861
Leptoplana hamata (O. Schmidt) Diesing, 1862
Prosthiostomum emarginatum Leuckart, 1863
Merodiscus inversiporus Minot, 1877
Atlantique Est, Méditerranée et océan Indien du sud-ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]P. siphunculus est présent en Adriatique, Méditerranée occidentale, Atlantique Nord-Est (en Manche et plus au sud), Atlantique Est (Afrique) jusqu'à l'Afrique du Sud et la Somalie dans l'océan Indien.
Sur nos côtes européennes des observations référencées sont notées en Bretagne ; île de Bréhat, Roscoff,... et en Méditerranée ; Naples, Côte d'Azur, Port-Vendres, Banyuls, Costa Brava (Espagne),...
P. siphunculus vit dans les bancs de bivalves (moules, huîtres, ...), sous les pierres et parmi les algues de l'infralittoral de 0 à 15 m. Sa semi-transparence lui permet de bien se dissimuler sur les différents substrats.
Ce ver plat est assez commun, après Leptoplana tremellaris et Stylostomum ellipse, sous les pierres de l'estran en Bretagne. Il est aussi présent sous les pierres immergées dans quelques décimètres d'eau du bord de mer, avec certitude sur la Côte Vermeille mais sans doute ailleurs, en Méditerranée.
Les représentants de la famille des vers plats Prosthiostomidés ont un corps allongé, fin ou ovalisé. Ils montrent une surface dorsale lisse sans tentacules, des ocelles latéraux en forme de bande sur la partie antérieure et plus ou moins étendue sur les côtés, un pharynx cylindrique dirigé vers l'avant.
Prosthiostomum siphunculus est un plathelminthe discret de 10 à 30 mm de longueur sur 3 à 5 mm de largeur au corps très allongé et aux bords latéraux parallèles. Son extrémité antérieure arrondie contraste avec celle postérieure nettement pointue. Sa coloration montre une grande variabilité : blanc grisâtre, jaune, jaune brunâtre, jaune vert ou vert brun (voir "Divers biologie"). Chez l'animal vivant la transparence du corps permet de distinguer les ramifications intestinales réparties dans tout le corps et l'emplacement du pharynx cylindrique surélevé dans la moitié antérieure.
Le nombre et la disposition des ocelles (yeux), choses importantes et relativement constantes pour la majorité des Polyclades (planaires marines), sont variables chez P. siphunculus en fonction des dimensions et de l'âge des individus. Les ocelles marginaux nombreux forment une bande plus ou moins large en avant de l'animal. Les ocelles cérébraux bien visibles, au nombre de 22 à 30, dessinent deux amas très rapprochés souvent en lignes plus ou moins divergentes.
Sur la face ventrale, celle au contact du substrat, la bouche s'ouvre un peu en arrière de la zone céphalique au niveau du premier tiers antérieur. Une ventouse (pseudo-ventouse) caractéristique et bien visible lorsqu'on retourne l'animal, se situe un peu en arrière du centre du corps, elle permet une forte adhérence de l'animal au substrat.
Ce ver plat ne nage pas mais hausse régulièrement sa partie antérieure lors de ses déplacements rapides.
La coloration et l'aspect de cette espèce, associés à l'absence de tentacules et à la présence d'ocelles marginaux et cérébraux fait qu'il est facile de la confondre avec une espèce du sous-ordre des Acotylés (Acotylea = Polyclades sans ventouse). L'observation de la présence d'une pseudo-ventouse en arrière des pores génitaux évitera une telle confusion.
Emprosthopharynx pallida de taille, forme et coloration similaires est plus transparent et montre une ligne centrale claire et dentelée. Cet Acotylé, non rare, peut nager. Endémique de Méditerranée.
Leptoplana tremellaris : plus fin et plus petit (15 mm en moyenne), pas de tentacules, mais 2 "yeux" noirs rapprochés, face dorsale beige sans taches, organes mâle et femelle visibles en arrière du pharynx. Europe, mer Rouge, océan Indien.
Le régime alimentaire de cet animal n'est pas bien connu, les vers plats sont carnivores et d'actifs chasseurs de proies vivantes comme les rotifères, copépodes ou protozoaires.
La bouche est ventrale et située au niveau du premier tiers du corps. Le tube digestif est aveugle : l'anus étant absent, les déchets sont éliminés par la bouche ou à travers le tégument. Le tube digestif se ramifie dans tout le corps pour apporter les nutriments directement aux organes car il n'y a pas de système circulatoire (la respiration se fait par diffusion).
Le mode de reproduction est celui de toutes les planaires : les individus sont hermaphrodites* (à la fois mâles et femelles). Le sperme est échangé entre les deux planaires et est stocké. Chaque individu produit ensuite les ovules qui vont être fécondés à l'intérieur du corps avec le sperme stocké. Cette particularité s'appelle la protandrie* : les ovules sont produits après l'échange du sperme pour éviter l'autofécondation.
P. siphunculus, comme la majorité des Polyclades, pond pendant la seconde partie de la nuit ou très tôt le matin.
Les pontes sont collées sous les pierres, elles forment des plaques jaunâtres mesurant 1 centimètre de long sur 5 millimètres de large. Alors que chez la plupart des Polyclades on ne trouve qu'un seul œuf dans une coque, chez Prosthiostomum siphunculus, la même coque renferme de 5 à 10 œufs. Les coques, de moins d'1/2 mm de diamètre, sont placées les unes à côté des autres et disposées en rangées rectilignes.
Chez P. siphunculus les deux pores génitaux, mâle et femelle, se situent plus ou moins au milieu de la face ventrale et juste en avant de la pseudo-ventouse. L'appareil masculin est équipé d'un stylet reproducteur armé, rétractile et dirigé vers l'avant.
Variation de coloration chez Prosthiostomum siphunculus :
(résumé des expériences et observations de P. Francotte en 1897/1898)
En Bretagne nord (Roscoff) ce Polyclade trouvé sous les pierres à marée basse arbore une belle couleur jaune citron, parfois verdâtre dans les zones algales. Sur la Côte Vermeille (Banyuls) il est souvent jaune brunâtre à verdâtre, la coloration brune ou verte est nettement accentuée lorsqu'il est observé parmi les algues.
Quelle que soit son origine géographique, cet animal, après quelques jours de captivité en aquarium, devient blanchâtre.
Nous pouvons donc en conclure que si les Polyclades ont le plus souvent des substances colorantes propres à une espèce, il existe aussi une coloration qui est due à l'alimentation. De ce point de vue P. siphunculus est uniformément blanchâtre si on le soumet à un ou plusieurs jours de jeûne.
Planaire queue de comète est une proposition du site DORIS visant à proposer un nom vernaculaire en langue française plus explicite et en rapport avec l'aspect général de ce petit ver plat : allongé, arrondi d'un côté, pointu de l'autre.
Prosthiostome est une francisation du nom de genre déjà utilisée par les anciens auteurs, comme FRANCOTTE P. (1898).
Prosthiostomum : du grec [prosthios] = en avant, et [stom-] = bouche. Sans doute parce que la bouche de ce ver plat est située relativement en avant du corps (premier tiers) contrairement aux autres espèces de vers plats où la bouche est plus reculée.
siphunculus : en latin = petit tuyau. Peut-être en rapport avec la forme tubulaire du long pharynx souvent en relief.
Numéro d'entrée WoRMS : 142842
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Platyhelminthes | Plathelminthes | Vers plats à symétrie bilatérale, portant des organes des sens simples sur la tête, tube digestif à une seule ouverture ventrale. Nombreuses espèces libres ou parasites. |
Classe | Turbellaria | Turbellariés | Vers plats libres (non parasites) mus par une ciliature ventrale. Tube digestif ramifié qui possède une seule ouverture au centre de la face ventrale. |
Sous-classe | Archoophora | Archoophores | |
Ordre | Polycladida | Polyclades | Turbellariés à intestin très ramifié. Espèces de grande taille. Planaires marines. |
Sous-ordre | Cotylea | Cotylés | Polyclades caractérisés par la présence d’une ventouse ventrale permettant aux vers de se maintenir sur le fond. |
Famille | Prosthiostomidae | Prosthiostomidés | Corps allongé, fin ou ovalisé. Surface dorsale lisse sans tentacules. Ocelles latéraux en forme de bandes sur la partie antérieur et plus ou moins étendu sur les côtés. Pharynx cylindrique dirigé vers l'avant. |
Genre | Prosthiostomum | ||
Espèce | siphunculus |
Planaire en forme de "petit tube"
La surface dorsale lisse et la forme cylindrique du pharynx donne à ce ver plat Polyclade un aspect de petit tube allongé. Avec sa couleur jaune, il rappelle la queue d'une comète !
Phare de la Baumette, Saint-Raphaël (83)
06/11/2010
Extrémités : antérieure arrondie, postérieure pointue
Prosthiostomum siphunculus ne nage pas mais hausse sa partie antérieure arrondie lors de ses déplacements. Ces derniers peuvent être rapides à la surface du substrat qu'il ne quitte pas.
Notez la coloration pâle de cet individu.
Taille du spécimen : 5 mm environ.
Juan-les-pins, le Graillon (06), 2 m
19/07/2010
Ventouse ventrale
C'est en retournant ce ver plat que l'on aura la surprise de découvrir la présence d'une petite pseudo-ventouse située au centre du corps, elle permet une forte adhérence de l'animal au substrat.
Taille du spécimen : 5 mm environ.
Juan-les-pins, le Graillon (06), 2 m
19/07/2010
Zone céphalique et ocelles
Les ocelles cérébraux (points noirs) formant deux lignes divergentes vers l'arrière sont bien visibles ici. Notez aussi la large bande pointillée de noir des plus petits ocelles marginaux.
Taille du spécimen : 5 mm environ.
Juan-les-pins, le Graillon (06), 2 m
19/07/2010
Pharynx cylindrique
Le pharynx en position antérieure chez cette espèce est de forme tubulaire.
Taille du spécimen : 5 mm environ.
Juan-les-pins, le Graillon (06), 2 m
19/07/2010
Coloration variable, classiquement jaune
L'alimentation est en grande partie responsable de la couleur de ce ver plat.
Notez l'accumulation de particules alimentaires en arrière du corps.
Mais de quoi se nourrit-il ? Nous ne le savons pas vraiment !
Phare de la Baumette, Saint-Raphaël (83)
06/11/2010
Semi transparence du corps
Ce ver plat est partiellement transparent. La région céphalique, en partie repliée, se situe en haut à droite.
Cerbère (66), ex-situ
11/07/2003
Déformation du corps
Prosthiostomum siphunculus est un ver plat à la forme variable en fonction de son état, au repos (photo précédente) ou en déplacement (ici).
Notez les ocelles marginaux en bande périphérique et les cérébraux en deux lignes.
Cerbère (66), ex-situ
11/07/2003
In situ
Il n'est pas facile d'observer ce ver plat dans son milieu naturel. Voici l'individu des deux photos précédentes, avant prélèvement.
Cerbère (66)
11/07/2003
A Ténérife, en Atlantique
L'extrémité céphalique est en haut à gauche. Ce ver plat au corps très allongé se déplace rapidement sous les pierres.
Notez qu'une étude très récente (de Vera & coll., 2008) réalisée au Canaries décrit deux formes différenciées a priori que par la couleur et la pigmentation sur cet archipel. L'une est comme ici jaune brunâtre avec une ligne marron sur le l'épaississement du pharynx, l'autre orange voyant avec des points très pigmentés sur toute la superficie du corps est plus rare. Prosthiostomum siphunculus trouvé dès la surface mais le plus souvent entre 8 et 10 mètres, est commun sur ces îles.
Taille : 30 mm environ.
Ténérife, îles Canaries (Espagne), 5 m
24/04/2009
Habile et rapide !
Ce ver plat s'étire et épouse parfaitement la forme du support sur lequel il se déplace avec vélocité. Cette espèce ne nage pas.
Notez les ocelles cérébraux en bas, au départ de la crête médiane formée par le pharynx.
Ténérife, îles Canaries (Espagne), 5 m
24/04/2009
Dessin ancien
Lang a illustrée Prosthiostomum siphunculus par ce joli dessin.
Ces dessins anciens, fort jolis, sont néanmoins souvent trop stylisés pour coller à la vision de l'animal vivant dans son milieu naturel, ce que l'auteur (Lang) ne pouvait pas observer à son époque (1884).
Lang, illustration originale de l'auteur
Reproduction de documents anciens
1884
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
de Vera A, Moro L., Bacallado J.J. & Hernández F., 2008, CONTRIBUCIÓN AL CONOCIMIENTO DE LA BIODIVERSIDAD DE POLÍCLADOS (PLATYHELMINTHES, TURBELLARIA) EN LAS ISLAS CANARIAS, Rev. Acad. Canar. Cienc., XX (Núm. 4), 45-59 (publié en septembre 2009).
Francotte P., RECHERCHES SUR LA MATURATION, LA FECONDATION ET LA SEGMENTATION CHEZ LES POLYCLADES, in ; Lacaze-Duthiers H., Pruvot G., 1898, ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPERIMENTALE ET GENERALE ; HISTOIRE NATURELLE-MORPHOLOGIE-HISTOLOGIE-EVOLUTION DE ANIMAUX, ed. Schleicher frères, troisième série, tome 6, 838p.