Ver plat de forme ovale de 30 mm maximum
Blanc cassé translucide
Nombreuses fines lignes blanches
Epaisse ligne blanche médiane
Deux tentacules céphaliques peu marqués
Planaire albinos, planaire blanche (dénomination également utilisée pour P. vittatus)
De nombreuses espèces du genre Prostheceraeus ont été décrites en fonction de leur morphologie externe et de leur couleur, mais l'anatomie interne (organes sexuels) n'a pas toujours été étudiée en détail. Pour cela, plusieurs "formes" possèdent une position taxonomique incertaine (incertae sedis*). C'est particulièrement le cas pour la forme blanche illustrant cette fiche, forme qui n'apparaît dans aucune publication ni ouvrage de référence, ceci, malgré sa relative abondance dans nos eaux méditerranéennes.
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Méditerranée, et avec certitude sur les côtes nord du bassin occidental.
Cette espèce se rencontre sur les substrats durs de 10 à 35 mètres de profondeur au moins.
Ce ver plat foliacé peut atteindre 30 mm de long pour 1 à 1,5 mm d'épaisseur. Sa forme est ovale, allongée aux bords souvent très plissés. Sa livrée est blanchâtre, translucide avec de nombreuses et fines lignes blanches longitudinales (15- 20 lignes de chaque côté de la ligne médiane). Une ligne centrale longitudinale relativement épaisse et blanche à jaunâtre donne un peu de relief à ce ver plat.
Mis à part deux tentacules, relativement discrets, situés au niveau de la partie antérieure et issus du plissement de celle-ci (caractéristique du genre), il est démuni d'appendices dorsaux.
La face ventrale du corps est de couleur plus uniforme claire et blanchâtre. Elle présente une ventouse centrale formée de l'orifice unique " bouche-anus" prolongé par un pharynx qui lui permet de se maintenir sur le fond en cas de nécessité (courant...). Le corps est recouvert de minuscules cils (invisibles à l'œil nu) qui permettent à l'animal de se déplacer par reptation* à des vitesses parfois surprenantes. L'animal peut également se déplacer en nageant par des mouvements d'ondulation lorsqu'il se retrouve en pleine eau.
Il est facile de confondre la planaire albinos avec Prostheceraeus vittatus, de couleur blanche également mais avec des lignes noires.
De par leur forme, les vers plats peuvent être confondus avec des mollusques nudibranches (limaces de mer). Cependant, les planaires ne présentent jamais de panache branchial externe et ils ont un corps fin, mou et flasque, alors que les nudibranches sont plus épais et se contractent au toucher et deviennent plus durs.
Son régime alimentaire n'est pas connu, mais il se nourrit probablement d'animaux morts, d'organismes unicellulaires et aussi d'animaux fixés (spongiaires, bryozoaires, ascidies).
Comme tous les Turbellariés, le tube digestif incomplet est formé d'un pharynx qui s'ouvre sur une seule ouverture sur la face ventrale, la bouche, qui sert également d'anus. Les aliments ingérés et les aliments non digérés sont régurgités par cette même ouverture.
Pour se nourrir, l'animal dévagine une partie de son pharynx, formant une trompe sécrétant un mucus et permettant de "sucer" ses proies.
Chez les Turbellariés la reproduction est principalement sexuée. Les individus sont hermaphrodites, le système de reproduction est dit réciproque, c'est-à-dire que les partenaires vont se féconder mutuellement. Les œufs fécondés sont rassemblés au sein d'une oothèque et déposés sur le fond dans un cocon gélatineux.
La copulation est très particulière. Les planaires n'ont pas de cavité vaginale et l'insémination est hypodermique par l'intermédiaire d'un stylet mâle qui vient littéralement "poignarder" le congénère n'importe où dans son corps, introduisant ainsi directement le sperme sous la peau. Une fois à l'intérieur du corps, les spermatozoïdes se déplacent à la recherche des ovules pour les féconder. Au final, ils pondront des œufs qui seront émis isolément sur une petite hampe fixée à une pierre ou des algues.
Des processus particuliers peuvent entraîner une reproduction asexuée par scissiparité : le pouvoir de régénération de ces animaux est particulièrement étonnant. Coupé en morceaux, chaque partie pourra régénérer les parties manquantes pour reformer un individu entier et viable.
Métazoaire*, triploblastique* acœlomate*, ce ver plat, comme tous les Turbellariés, n'a pas de système circulatoire ni d'organe respiratoire car les échanges gazeux se font par toute la surface du corps.
Les planaires utilisent 2 modes de déplacement. D'une part la reptation, qui est due à l'agitation des cils qui tapissent le corps mais aussi à la contraction des muscles (longitudinaux, circulaires et transversaux) ; d'autre part la nage qui est rendue possible par des ondulations de la périphérie du corps commandées par des contractions musculaires. Notez que tous ces mouvements ne sont pas liés à un système nerveux central, il n'y a pas de "cerveau" donneur d'ordre.
C'est un animal très fragile, fin comme une feuille de papier à cigarettes. Il ne faut pas le toucher, il risquerait de se déchirer.
La littérature sur les planaires n'est pas très fournie et les contradictions sont importantes. Les caractéristiques morphologiques de cette forme albinos de ver plat laisse peu de doute sur son affiliation avec le genre Prostheceraeus, c'est le seul point qu'il nous est possible de spécifier relativement clairement. Malheureusement, nous n'avons trouvé aucune publication évoquant cette forme, et ce qui suit n'appartient qu'au domaine des hypothèses non vérifiées.
Pour certains, la planaire albinos est une espèce à part entière (Prostheceraeus nsp. ; nsp. = "new specie" signifie nouvelle espèce en anglais), pour d'autres il s'agit d'une variation de coloration de la planaire rose (Prostheceraeus roseus ou Prostheceraeus giesbrechtii qui sont elles-mêmes 2 espèces différentes ou une seule et même espèce).
Planaire : nom féminin du latin scientifique planarius, plat. Ver plathelminthe (turbellarié triclade) non annelé, libre, aquatique. Ce terme ne doit pas être utilisé pour cette espèce qui appartient à l'ordre des Polycladides. Même si dans la pratique ce nom vernaculaire* est utilisé pour nombre de vers plats de la classe des Turbellariés.
Prostheceraeus : du grec [prosthen-] = en avant, et [keras] = corne : qui a des cornes à l'avant, en référence aux deux tentacules antérieurs.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Platyhelminthes | Plathelminthes | Vers plats à symétrie bilatérale, portant des organes des sens simples sur la tête, tube digestif à une seule ouverture ventrale. Nombreuses espèces libres ou parasites. |
Classe | Turbellaria | Turbellariés | Vers plats libres (non parasites) mus par une ciliature ventrale. Tube digestif ramifié qui possède une seule ouverture au centre de la face ventrale. |
Sous-classe | Archoophora | Archoophores | |
Ordre | Polycladida | Polyclades | Turbellariés à intestin très ramifié. Espèces de grande taille. Planaires marines. |
Sous-ordre | Cotylea | Cotylés | Polyclades caractérisés par la présence d’une ventouse ventrale permettant aux vers de se maintenir sur le fond. |
Famille | Euryleptidae | Euryleptidés | Vers plats lisses ou à papilles, souvent de couleur vive. Grands tentacules (parfois absents). Pharynx tubulaire et organe copulateur masculin unique dirigés vers l'avant. |
Genre | Prostheceraeus | ||
Espèce | sp.1 |
Sur Peyssonnelia sp.
Les petites touffes sur l'algue rouge Peyssonnelia sp. sont des bryozoaires souples Valkeria tuberosa. Une fois de plus, les scientifiques n'ont pas tranché. S'agit-il d'une espèce à part Prostheceraeus sp. - hypothèse la plus probable - ou comme certains l'annoncent une variation de couleur de P. roseus ou P. giesbrechtii ? Sachant que ces mêmes scientifiques ne sont pas non plus d'accord sur le fait que P. roseus et P. giesbrechtii soient 2 espèces distinctes ou 2 synonymes !
Tiboulen du Frioul, Marseille (13)
17/08/2006
Planaire translucide
Le corps translucide laisse voir une partie de la masse viscérale.
Tiboulen, Marseille (13), 25 m
24/07/2005
Sur un tombant
La planaire albinos est translucide avec 2 petites cornes typiques du genre Prostheceraeus.
Planier, Marseille (13), 35 m
19/06/2005
Reptation rapide
Il est étonnant de voir à quelle vitesse se déplace ce ver plat. La vélocité et l'aisance de déplacement des vers plats sont d'ailleurs des indices importants sous l'eau pour les différencier avec les "limaces" (Mollusques, Gastéropodes, Opisthobranches).
Tiboulen du Frioul, Marseille (13), 30 m
31/03/2007
Papier à cigarette !
Le corps est très fin et fragile, il est préférable de ne pas les toucher, au risque de les déchirer.
Pointe Chevalier, presqu'île de Giens (83), 10 m
24/04/2006
Prédation : ascidies
Souvent rencontré sur Aplousobranchia_sp.1, il semble bien que ces ascidies fassent partie de leur alimentation.
Le Moulon, Côte Bleue (13), 22 m
14/04/2007
Reproduction
Ce couple vient de finir de se féconder mutuellement en se passant l'un sur l'autre.
La copulation est très particulière. Les planaires n’ont pas de cavité vaginale et l’insémination est hypodermique par l’intermédiaire d’un stylet mâle qui vient littéralement "poignarder" le congénère n'importe où dans son corps, introduisant ainsi directement le sperme sous la peau. Une fois à l’intérieur du corps, les spermatozoïdes se déplacent à la recherche des ovules pour les féconder.
Carry le Rouet (13)
06/2006
Dans les bryozoaires Beania sp.
Est-ce le bryozoaire encroûtant Beania sp. sur lequel il se déplace ou l'ascidie Aplousobranchia sp.1 devant lui dont il se nourrit ? Ou peut-être les deux ?
Ilot de l'Elvine, Côte Bleue (13), 20 m
06/05/2006
A Cerbère
Par petit fond et sur des éponges encroûtantes.
Cerbère (66), 10 m
07/1995
Macro, laboratoire
Petits tentacules, taches oculaires céphaliques (les deux petites lignes noires en avant de la ligne médiane blanche), nombreuses petites lignes longitudinales et transparence du corps caractérisent cette forme blanche de Prostheceraeus.
Labo, stage bio Vaucluse, Côte Bleue (13)
15/04/2007
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Michel PEAN
aucune