Eponge à tétines brunes

Polymastia harmelini | Boury-Esnault & Bézac, 2007

N° 4012

Méditerranée Nord-Ouest (Provence)

Clé d'identification

Excroissances épaisses en forme de mamelons
Couleur brune à noirâtre
Base recouverte de sédiments (invisible)

Noms

Distribution géographique

Méditerranée Nord-Ouest (Provence)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Les spécimens connus n'ont été signalés qu'en Provence, entre La Ciotat et Marseille. La distribution exacte reste à préciser. Elle a été observée, entre autres, dans la grotte des 3 Pépés à La Ciotat. Les photos illustrant cette fiche ont été prises à proximité, autour des îles de Marseille.

Biotope

L'éponge à tétines brunes vit dans des zones semi obscures par petits fonds (de 10 à 18 m pour les observations validées), sur des zones horizontales couvertes de dépôts sédimentaires.

Description

Polymastia harmelini est une éponge dont seules de petites tétines brunâtres d'environ 1 cm sont visibles à la surface du sédiment. La base en forme de coussinet de 3 à 5 mm d'épaisseur, le plus souvent envasée et donc peu visible, a une taille de l'ordre de 100 cm2. La surface poilue retient de nombreux sédiments et particules. Les papilles* en forme de tétines, sont de deux types : celles exhalantes portent au sommet un oscule* tubulaire cerclé de noir puis de blanc (8-12 x 4 mm), celles inhalantes sont plus nombreuses et un peu plus étroites (4-10 x 1,5-3 mm).
La couleur des papilles et de la base est brune. Le choanosome* (l'intérieur de l'éponge) est jaune foncé chez l'éponge vivante. La peau de surface (le cortex*) est difficilement déchirable mais se détache facilement du choanosome.

Espèces ressemblantes

Aucune dans sa zone géographique.

Alimentation

Comme la plupart des éponges, il s'agit d'un organisme filtreur* microphage* suspensivore*. L'eau et les particules alimentaires en suspension sont aspirées par pompage à l'intérieur de l’organisme grâce aux pores* inhalants ou ostioles* qui parsèment la surface de l'éponge. Les particules alimentaires sont phagocytées* ensuite par les choanocytes*, cellules endodermiques munies d’un flagelle* caractéristique des éponges, qui tapissent la cavité intérieure (ou atrium*) et qui génèrent ce phénomène de pompage. Au passage les choanocytes retiennent l’oxygène et les particules nutritives (bactéries, algues unicellulaires, débris organiques divers) inférieures à 2 µm contenues dans l'eau. La digestion intracellulaire se fait dans les vacuoles* digestives des amibocytes*. Les déchets de la digestion et les particules trop grosses sont expulsés par les pores exhalants ou oscules.

Les éponges ont un énorme pouvoir de filtration puisqu’on estime qu’une colonie de 10 cm³ peut filtrer 22,5 litres d’eau par jour.

Reproduction - Multiplication

La reproduction chez cette espèce comme pour toutes les Polymastia peut être sexuée ou asexuée.

  • Sexuée : elle se reproduit par ovuliparité* et l'émission et le développement des œufs s’effectuent dans l’eau libre. Ils sont entourés d’un mucus épais et leur diamètre est de l’ordre de 100 µm. Après plusieurs divisions ils donnent naissance à une larve* ciliée* benthique* rampante car son flagelle* est trop court et ses mouvements trop lents pour permettre à la larve de nager. Cette dernière va se fixer au bout de 2 à 3 semaines pour donner une nouvelle éponge.
  • Asexuée : par bourgeonnement* ou bouturage de fragments qui se détachent de l'éponge mère pour se fixer un peu plus loin. Bien qu'existante, cette reproduction est relativement secondaire.

Les éponges ont une forte capacité de régénération.

Divers biologie

Description microscopique : La "peau" de l'éponge (ou cortex*) est épaisse de 430-600 μm. Le squelette ectodermique épais de 320-370 μm est composé de 3 couches caractéristiques, celle extérieure (150-170 μm) est formée par une palissade dense de petits tylostyles* (190 x 3 μm), celle intermédiaire (90-120 μm) est composée d'une couche de collagène et celle interne (50-80 μm) d'une couche de spicules* intermédiaires en position tangentielle et qui est également composée de tylostyles (456 x 6,5 μm).
Le choanosome est armé de gros faisceaux de longs spicules (745 x 11 μm) pouvant percer la surface.

Origine des noms

Origine du nom français

Eponge à tétines brunes est une proposition des auteurs du site DORIS.

Origine du nom scientifique

Polymastia : du grec [polus] = beaucoup et [mastos] = tétine (mamelle) en rapport aux nombreuses tubulures qui caractérisent cette éponge.

harmelini : en hommage à Jean-Georges Harmelin, biologiste français spécialiste des bryozoaires de Méditerranée, du corb et auteur de nombreuses publications et ouvrages de grande qualité sur le monde sous-marin de Méditerranée. Il a découvert cette éponge à l'entrée de la grotte des 3 Pépés à La Ciotat (13) à l'est de Marseille dans les années 90.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 255100

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Demospongiae Démosponges

Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella.

Sous-classe Heteroscleromorpha Hétéroscléromorphes
Ordre Polymastiida Polymastiides
Famille Polymastiidae Polymastiidés
Genre Polymastia
Espèce harmelini

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