Colonies branchues de moins de 50 cm de diamètre couvertes de verrues
Branches de taille uniforme, épaisses et aplaties
Verrues proéminentes, irrégulières en taille et espacement
Couleur crème, marron, rose ou marron bleuté
Polypiérites plocoïdes à cérioïdes aux extrémités des branches
Espèce commune à faible profondeur (0 à 20 m)
Corail lime, corail verruqueux
Rasp coral (GB), Madrepora lampone (I), Coral raspa, coral verrugoso (E), Buschkoralle, Pfötchenkoralle, Himbeer Koralle (D)
Pocillopora hemprichi Ehrenberg, 1834
Pocillopora danae Verrill, 1864
Indo-Pacifique tropical, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cette espèce est largement répandue dans tout le domaine indo-pacifique tropical, depuis la mer Rouge jusqu'aux îles Hawaï et à Panama. La limite nord se situe au Japon, la limite sud est au niveau de l'île Lord Howe en Australie. Elle est présente dans tous les DROM français de l'Indo-Pacifique tropical.
Ce corail est très commun à faible profondeur (de 0 à 20 m) et peut se rencontrer jusqu'à 40 m. Il est abondant en mode abrité ou plus agité mais rare en mode très exposé. Il est peu tolérant à la sédimentation et est moins abondant que Pocillopora damicornis dans les lagons.
Les coraux de la famille des Pocilloporidés se caractérisent par des colonies branchues qui portent des verrues. Les calices sont immergés dans la structure de base, ils sont de petite taille et ne dépassent pas les 3 mm de diamètre.
L'espèce verrucosa forme des colonies hémisphériques isolées pouvant atteindre 50 cm de diamètre, dont les branches dressées partent radialement du point initial de développement de la colonie. Les branches sont de taille uniforme, en forme de club de golf, relativement épaisses (1 à 2 cm d'épaisseur) et aplaties. Les verrues sont proéminentes (jusqu'à 6 mm de hauteur), irrégulières en taille et espacement, et de diamètre nettement inférieur à celui des branches. La forme des branches dépend des conditions environnementales : elles sont épaisses en mode agité, plus fines dans les environnements calmes ou profonds. L'arrangement des polypiérites* est plocoïde* (murailles bien séparées), et peut devenir cérioïde* (murailles communes) aux extrémités des branches. Les polypiérites mesurent moins de 1 mm de diamètre.
La couleur est variable, elle est souvent crème, marron ou rose, parfois marron bleuté.
Les polypes* ne sont épanouis que la nuit.
Pocillopora damicornis a la même répartition géographique que P. verrucosa. Elle forme des buissons pouvant atteindre 30 cm de diamètre. Les branches sont plus fines, irrégulières. Les verrues sont de même taille que les branches. La couleur est marron clair, verdâtre ou rose. On la trouve surtout en mode abrité.
Pocillopora meandrina a une aire de répartition large mais discontinue : elle n'est pas présente en Polynésie française ni en mer Rouge. Elle ressemble beaucoup à P. verrucosa, formant des buissons pouvant atteindre jusqu'à 30 cm de diamètre, avec des branches plus plates, souvent incurvées, qui partent radialement du point initial de développement de la colonie. Les verrues sont uniformes et petites. Elle est commune au niveau des faces exposées des récifs.
Pocillopora elegans a une répartition plus restreinte dans le Pacifique Est, Centre et Ouest. Elle est présente en Polynésie française et à Clipperton. Elle est classée VU (vulnérable) sur la liste rouge de l'UICN. Les colonies, de couleur crème, marron-vert ou roses, forment des buissons compacts dont les branches dressées sont de taille uniforme, aux extrémités aplaties et plus épaisses que celles de P. verrucosa. Les verrues sont uniformes, arrondies et lisses.
Pocillopora kelleheri a une aire de répartition limitée dans le Pacifique Ouest (présente en mer de Chine et au sud du Japon puis au nord-est de l'Australie, nord de la Nouvelle-Guinée et îles Salomon). Les colonies, de couleur marron clair, parfois pourpres ou vertes, sont attachées sur un côté et ont des branches qui s'étendent en lames, beaucoup plus aplaties que celles de P. verrucosa. Elles ne forment pas de buisson. Les verrues sont de taille uniforme et sont bien séparées.
Pocillopora grandis a la même aire de répartition que P. verrucosa. Elle est classée NT (quasi-menacée) sur la liste rouge de l'UICN. Elle peut former parfois un peuplement monospécifique*. Les colonies peuvent atteindre 1 m de diamètre. Les branches sont épaisses, dressées et aplaties, bien séparées les unes des autres, ou formant un ensemble compact dans les zones à fort courant. Les verrues sont uniformément réparties et sont de taille identique. La couleur est marron ou verte. Elle est commune dans les zones bien exposées ou à forts courants.
Il peut y avoir hybridation de certaines espèces, que l'on peut voir souvent associées par paire d'espèces.
Comme tous les coraux hermatypiques*, Pocillopora verrucosa se nourrit grâce aux algues symbiotiques* contenues dans ses tissus et qui fabriquent des sucres par photosynthèse*. Les polypes, munis de cellules urticantes, les cnidocytes*, peuvent aussi capturer de petits organismes planctoniques*.
Cette espèce est hermaphrodite* simultané et se reproduit de façon sexuée par émission de gamètes* lors d'un épisode annuel de ponte massive. Néanmoins, elle a été observée dans le Pacifique Central incubant ses larves planulas*.
Cette espèce peut aussi se reproduire par voie asexuée par fragmentation ou bourgeonnement.
De nombreuses espèces animales vivent en association avec les Pocilloporidés. Parmi les poissons vivant entre leurs branches, on trouve très communément les demoiselles Dascyllus aruanus, Dascyllus trimaculatus et Chromis viridis, qui forment des nuages au-dessus des colonies et se réfugient dans les entrelacs de branches à la moindre alerte ou pour dormir. On trouve aussi des apogons.
De nombreux crustacés vivent aussi en association avec ces coraux : des copépodes endo et ectoparasites*, ainsi que des crevettes Alphéidés et des petits crabes (genres Trapezia, Tetralia, …) qui protègent le corail hôte des attaques de l'étoile de mer couronne du Christ Acanthaster planci.
Plusieurs espèces de crabes de la famille des Cryptochiridés forment des cavités (galles) sur les branches du corail hôte dans lesquelles ils vivent, pouvant se retrouver enfermés suite à la croissance du corail. Le plus commun de ces crabes est Hapalocarcinus marsupialis.
L'oursin des Galapagos Eucidaris galapagensis qui est souvent observé broutant sur ce corail est utilisé comme biomarqueur du développement des récifs de Pocilloporidés.
Contrairement à la plupart des scléractiniaires dont le squelette est blanc, celui de ce corail présente des branches qui restent colorées en marron-rouge.
Dans l'océan Pacifique Est tropical, les Pocilloporidés sont les coraux bâtisseurs de récifs qui croissent le plus vite. Les vitesses de croissance relevées varient de 1,27 cm/an en Colombie à 3,96 cm/an au Panama.
Ce corail fait l'objet d'un intense commerce, que ce soit pour l'aquariophilie, les souvenirs ou pour la fabrication de matériaux de construction (le calcaire issu des branches broyées entre dans la fabrication du béton). La récolte pour la fabrication de matériaux de construction a été arrêtée le long des côtes du Costa Rica et du Panama suite à la quasi disparition des Pocilloporidés dans ces secteurs.
Pocillopora verrucosa est inscrite sur la liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature UICN (2012) sous le statut VU (Vulnérable), sous le synonyme P. danae. L'UICN a motivé sa décision en considérant la dégradation de son habitat. Une nouvelle évaluation du statut est prévue en 2018.
Elle est aussi présente sur la liste CITES appendice II depuis 1985 (référence aux annexes de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), soumise à quotas d'exportation. Elle est exportée par l'Indonésie (quota de 5000 individus sauvages en 2007 et 2008, 11211 individus d'élevage en 2007).
La cueillette de ce corail est interdite à Mayotte par arrêté préfectoral.
Corail framboise se réfère à la forme des branches portant des verrues proéminentes.
Pocillopora : du latin [pocillum] = petite coupe et [porus] = pore. Les polypiérites ont une forme de petite coupe.
verrucosa : du latin [verrucosa] = qui a une verrue et style grossier, rude, en référence aux verrues proéminentes qui recouvrent ses branches.
Numéro d'entrée WoRMS : 206954
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Scleractinia | Scléractiniaires / Madréporaires | Hexacoralliaires coloniaux (quelques espèces solitaires) produisant un exosquelette calcaire abritant de petits polypes. |
Famille | Pocilloporidae | Pocilloporidés | |
Genre | Pocillopora | ||
Espèce | verrucosa |
Allure générale
Pocillopora verrucosa forme des colonies hémisphériques isolées pouvant atteindre 50 cm de diamètre, dont les branches dressées partent radialement du point initial de développement de la colonie.
Nouvelle-Calédonie, Bourail, Passe de l'île Verte, 15 m
14/10/2009
Branches
Les branches sont de taille uniforme, en forme de club de golf, relativement épaisses (1 à 2 cm d’épaisseur) et aplaties.
Nouvelle-Calédonie, Poindimié, Waneque, 5 m
13/10/2009
Branches aux verrues proéminentes
Les verrues sont proéminentes (jusqu’à 6 mm de hauteur), irrégulières en taille et espacement, et de diamètre nettement inférieur à celui des branches.
Philippines, Dauin, 12 m
01/12/2011
Détail des verrues et des calices
Il s’agit d’un détail de la photo précédente. On voit bien les petits calices, immergés dans la structure du corail (verrues et coenosteum).
Philippine, Dauin, 12 m
01/12/2011
Petite colonie
Cette petite colonie, sise à faible profondeur, forme un buisson rose compact.
Mayotte, Îlot sable blanc, 1 m
04/09/2010
Colonie blanc crème
Sur cette colonie, les verrues sont très espacées et de petite taille.
Mayotte, Îlot Bouzi, 3 m
28/11/2009
Avec Dascyllus aruanus
Plusieurs espèces de demoiselles s’abritent entre les branches des coraux Pocillopora, ici la demoiselle à queue blanche Dascyllus aruanus.
Mer Rouge sud, Egypte
03/2006
Avec Dascyllus reticulatus
Plusieurs espèces de demoiselles s’abritent entre les branches des coraux du genre Pocillopora, ici la demoiselle réticulée, Dascyllus reticulatus.
Philippines, Panglao, 8 m
20/02/2008
Avec Apogon cyanosoma
Un banc de petits apogons à rayures jaunes (Apogon cyanosoma) a trouvé refuge entre les branches de cette colonie de Pocillopora verrucosa.
Dauin (Philippines), 20 m
30/01/2011
Galle de crabe de face
Plusieurs espèces de crabes de la famille des Cryptochiridés forment des cavités (galles) sur les branches du corail-hôte dans lesquelles ils vivent, pouvant se retrouver enfermés suite à la croissance du corail.
La Réunion, Saint Gilles, 15 m
N/A
Femelle d'Halocarcinus marsupialis
Le plus commun de ces crabes qui forment des galles est Hapalocarcinus marsupialis. La femelle vit à demeure dans sa cavité.
Egypte, en surface
27/08/2011
Avec Trapezia cymodoce
Il est fréquent de trouver des crustacés entre les branches des coraux du genre Pocillopora : ici le petit crabe de corail rouge Trapezia cymodoce.
Safaga (mer Rouge, Egypte), de nuit
07/10/2010
Avec crevette
Cette crevette est probablement Alpheus lottini.
Bali (Indonésie), 15 m
27/12/2011
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Correcteur : Patrick SCAPS
Responsable régional : Véronique LAMARE
Kruger A., Schleyer M.H.,1998, Sexual reproduction in the coral Pocillopora verrucosa (Cnidaria: Scleractinia) in KwaZulu-Natal, South Africa, Marine Biology, 132(4), 703-710.
Sier C. J. S., Olive P. J. W.,1994, Reproduction and reproductive variability in the coral Pocillopora verrucosa from the Republic of Maldives, Marine Biology, 118(4), 713-722.
La page de Pocillopora verrucosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN