Colonies buissonnantes, généralement ramifiées en bois de cerf
15 cm de diamètre
Tubes linéaires, à section irrégulière et sans carène
Zoïdes de 1 à 5 mm légèrement dressés
Lophophore en forme de fer à cheval, avec 40 à 60 tentacules ciliés
Grand nombre de bourgeons dormants
Creeping freshwater bryozoan, (GB), Kriechendes Moostierchen (D), Kruipend mosdiertje (NL)
Tubipora repens Linnaeus 1758
Tubularia repens Müller 1773
Naisa repens Lamouroux 1816
Plumatella repens De Blainville 1834
Plumatella elegans Allman 1850
Plumatella dumortieri Allman 1850
Plumatella hyalina Kafka 1884
Plumatella polymorpha var. repens Kraepelin 1887
Plumatella polymorpha var. appressa Kraepelin 1887
Plumatella polymorpha var. caespitosa Kraepelin 1887
Europe
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropePlumatella repens est le bryozoaire d'eaux douces le plus fréquent d’Europe et est sans doute présent partout (même si l’espèce n’a pas encore été signalée faute de recherches). Cette espèce est également présente dans les lacs d’altitude.
Plumatella repens est eurytherme* et préfère les eaux eutrophes* ; elle peut néanmoins être retrouvée aussi dans des eaux froides et oligotrophes*. Elle peut être rencontrée de la surface jusqu’à 5 m de fond (probablement même plus).
L’espèce se développe dans les eaux stagnantes (étangs) et courantes (ruisseaux, fleuves et rivières) dès les premières semaines du mois de mai pour atteindre son plein développement de fin juillet à fin août. Elle est retrouvée à la face inférieure de tout matériau solide autochtone (pierres, cailloux, branches et troncs d’arbres, parties immergées des plantes, feuilles ou tiges de plantes aquatiques), mais également avec une certaine préférence pour des substrats allochtones* tels que les porcelaines, tuiles, ardoises, bouteilles, cuirs, pneus…
Remarque : lors de la désagrégation de la colonie en hiver, les statoblastes peuvent être trouvés en abondance sur les rives, permettant aux scientifiques qui ne plongent pas de s’en servir pour détecter et identifier l’espèce.
Les colonies (ou zoaria) sont de forme buissonnante et généralement ramifiées en bois de cerf, rampantes et intimement soudées au substrat. Les colonies peuvent toutefois être gazonnantes ou en croûte. Les branches très ramifiées de la colonie rayonnent irrégulièrement autour d’un centre (lieu de départ de la colonie). Les dernières ramifications de chaque branche peuvent être couchées ou légèrement dressées.
La colonie peut atteindre un diamètre de 15 cm (exceptionnellement 30 cm) et présente de nombreux individus (les zoécies*) légèrement dressés de 1 à 5 mm de long. Elle est formée par des tubes linéaires, à section irrégulière et généralement sans carène*. L’enveloppe extérieure (ou ectocyste*) de chaque individu de la colonie est chitinisée, résistante, généralement opaque brunâtre ou grisâtre, voire plus rarement incolore. Les cloisons appelées septa entre chaque individu sont irrégulièrement présentes.
Le corps de chaque individu est grand. Son lophophore* est typiquement en forme de fer à cheval et comporte de 40 à 60 tentacules ciliés (souvent 50) avec présence d’une membrane inter-tentaculaire. Le corps contient un grand nombre d’éléments opaques et ovoïdes visibles au microscope par transparence : ce sont des bourgeons dormants appelés statoblastes (voire § Reproduction).
Plumatella fungosa (Pallas, 1768) : colonie dense et fusiforme, sans branches libres, brun-foncé à brun-roussâtre et grisâtre, avec un grand nombre de cystides* compacts (aspect rayons de miel) ; lophophore avec 50 à 70 tentacules ciliés ; tubes complètement fusionnés ; statoblastes de grandes taille et présentant des tubercules et des réticulations interstitielles ; présente dans les milieux eutrophes*, en eaux stagnantes, distribuée en Europe holarctique*, espèce plus rare que Plumatella repens.
Des espèces récemment décrites comme Plumatella rugosa, P. geimermassardi, P. viganoi, P. trasimenica, P. timwoodi, etc. ne peuvent être distinguées de P. repens que par l'examen de la structure de la surface des statoblastes, notamment des flottoblastes, sous le microscope électronique à balayage.
Les bryozoaires sont microphages*. Leur nourriture est composée d'organismes végétaux unicellulaires, protozoaires* et de bactéries. Elle est amenée à la bouche par le courant d’eau provoquée par le battement des cils du lophophore. Ainsi, en se nourrissant également de particules issues de déchets organiques, les bryozoaires peuvent participer dans une certaine mesure à l’autoépuration des eaux.
Les bryozoaires de la classe des Phylactolèmes sont hermaphrodites* et vivipares*. L’ovaire est attaché à la paroi du cystide* tandis que le testicule se développe autour du funicule* (lieu de naissance des statoblastes, situé à la base du polypide). L’œuf fécondé est porté par un bourgeon modifié en poche incubatrice (oécie*). Une fois libéré, l’œuf donnera une larve ciliée (correspondant déjà à un zoïde* primaire) qui pourra se fixer au substrat.
La reproduction asexuée se fait par bourgeonnement à partir de la paroi du cystide et par la formation de statoblastes (bourgeons dormants) se développant le long du funicule. Ces statoblastes sont fondamentalement de deux types : les flottoblastes (statoblastes libres à anneau pneumatique entourant la capsule hébergeant le matériel germinatif) et les sessoblastes (statoblastes fixés au substrat avec un anneau réduit à une lame chitineuse ne jouant pas le rôle de flotteur).
Les flottoblastes apparaissent à partir du mois de juin. Ils sont de forme ovale à arrondie (environ 250 x 350 µm, mais leur forme et dimensions varient avec la température et le régime alimentaire), et comportent un anneau étroit et une capsule bombée ventralement. Ils sont libérés après destruction du cystide ou expulsés par le pore vestibulaire. Leur masse peut former, dans certains étangs, une sorte de film poussiéreux sur l’eau. En effet, on estime que Plumatella repens peut produire 800 000 flottoblastes par mètre carré dans la zone à macrophytes des lacs.
Les sessoblastes, de couleur brun foncé, sont de forme ovalaire à arrondie (environ 540 x 420 µm) et comportent un anneau mince et une capsule tuberculée dorsalement et pariétalement. Ils restent en place après destruction du cystide.
Au moment de la germination, le statoblaste, formé par deux valves, s’ouvre et donne naissance à un jeune zoïde : l’ancestrule*.
Plumatella repens peut être retrouvée sur la coquille de Dreissena polymorpha, elle est parfois entremêlée avec les spongiaires Spongilla lacrustris et Ephydatia fluviatilis. Il n’est pas rare de retrouver Plumatella repens partageant son même support avec un autre bryozoaire tel que Plumatella fungosa ou Plumatella emarginata.
Cette espèce peut également servir d’hôte au myxozoaire vermiforme Buddenbrockia plumatellae.
La paroi du cystide des bryozoaires de la classe des Phylactolèmes comprend de l’extérieur vers l’intérieur : la cuticule* ou ectocyste* (enveloppe sécrétée par l’endocyste*, de consistante cornée ou gélatineuse, continue entre les différents individus d’une branche de la colonie, mais interrompue au niveau de l’orifice cystidial*), un épiderme simple ectodermique, une couche musculaire (les muscles pariétaux), et une couche péritonéale délimitant la cavité cœlomique générale contenant le zoïde. Il existe un repliement vers l’intérieur de l’endocyste du cystide au niveau de l’orifice cystidien formant un espace (le vestibule*) où débouche un pore vestibulaire par lequel sont expulsés les flottoblastes. Des cloisons de séparation ou septa* peuvent se former entre les zoïdes successifs d’une même branche.
La couronne tentaculaire ciliée ou lophophore des bryozoaires de la classe des Phylactolèmes est en forme de fer à cheval et est soutenue par une gaine tentaculaire contenant ses muscles propres. Les bases des tentacules sont reliées par la membrane inter-tentaculaire. La bouche, surmontée par l’épistome*, est située à l’intérieur de la couronne tentaculaire, alors que l’anus est en dehors. La bouche et l’anus sont reliés par un tube digestif replié en U.
Le polypide est mobile et peut se rétracter grâce à deux muscles rétracteurs qui le relient au cystide. Ces muscles s’insèrent dans la région de l’œsophage. Après rétraction du polypide, l’ouverture vestibulaire du cystide est fermée par une sorte de sphincter. La protraction du polypide s’effectue essentiellement par création d’une surpression du liquide cœlomique lors de la contraction des fibres musculaires de la paroi cystidienne. Cette protraction s’accompagne du relâchement des muscles de la gaine tentaculaire.
Le système nerveux est rudimentaire et se réduit à un ganglion cérébroïde, situé à la base du lophophore, et à quelques fibres nerveuses qui en partent.
La respiration se fait par la peau, en particulier au niveau des tentacules.
Traduction du nom d’espèce.
Le terme "Bryozoaire dulcicole rampant" est une proposition du site DORIS.
Plumatella : du latin [pluma] = duvet, plumule
repens : du latin [repens] = rampant.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Phylactolaemata | Phylactolèmes | Exclusivement en eau douce (sans vase excessive). Les zoïdes sont cylindriques et le lophophore est en forme de fer à cheval (sauf chez Fredericella). Les zoécies ne sont pas calcifiées et les zoïdes sont tous identiques. |
Ordre | Plumatellida | Plumatellides | |
Famille | Plumatellidae | Plumatellidés | Colonies cornées ou charnues, tubuleuses, constituant des zoaria de formes variables, mais surtout étalés et rameux, quelquefois dendroïdes ; ces zoécies sont soudées entre elles ou bien tout à fait libre les unes des autres, sauf à leur point d'origine. Vers la fin de leur vie on les rencontre ordinairement plus ou moins remplies de statoblastes dépourvus d'épines marginales; ces statoblastes sont libres et fixes, ou simplement libres. |
Genre | Plumatella | ||
Espèce | repens |
La colonie
La colonie peut généralement atteindre un diamètre de 15 cm (exceptionnellement 30 cm) et présente de nombreux individus (les zoécies*) légèrement dressés de 1 à 5 mm de long.
Pays-Bas
N/A
Un tube de la colonie
La colonie est formée par des tubes linéaires, à section irrégulière et sans carène*.
Pays-Bas
N/A
Schéma d'une colonie
Schéma de la morphologie d'une colonie de Plumatella repens, adapté de Geimer 1975.
Dessin
20/02/2011
Anatomie d'un bryozoaire de la classe des Phylactolèmes
Schéma de l'organisation d'un zoïde de bryozoaire de la classe des Phylactolèmes, d'après Ryland 1970 (adapté par Geimer & Massard 1986).
Dessin
20/02/2011
Planche naturaliste
Ernst Haeckel, 1900, KUNSTFORMEN DER NATUR, 100 TAFELN MIT TEXT
Cette image fait partie de Kurt Stübers Online Library
Ernst Haeckel
Reproduction de documents anciens
1900
Rédacteur principal : Gaël ROCHEFORT
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Correcteur : Frédéric BOLZE
Correcteur : Jos MASSARD
Correcteur : Gaby GEIMER
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
Geimer G., 1975, Les bryozoaires (Lophophoriens, Ectoproctes) du Grand-Duché de Luxembourg – Mémoire scientifique d’aspirant professeur, Luxembourg, 104p.
Morris D.J., Adams A., 2007, Sacculogenesis of Buddenbrockia plumatellae (Myxozoa) within the invertebrate host Plumatella repens (Bryozoa) with comments on the evolutionary relationships of the Myxozoa, International Journal for Parasitology, 37(10), 1163-1171.
Ryland J.S., 1970, Bryozoans, Hutchinson Univ. Librrary, London, 175p.
La page sur Plumatella repens dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page sur Plumatella repens sur le site Nederlandse zoetwater bryozoën (mosdieren) - Dutch freshwater bryozoans (moss animals) : bryozoans.nl.