Grande (20 cm) masse de forme ovale et molle, visqueuse au toucher
Manteau couvrant complètement le pied
Couleur lie-de-vin avec demi-cercles blanc opaque sur le dos ou claire avec demi-cercles noirs
Branchie cachée sous le manteau, collée au côté droit du pied
Deux rhinophores en forme de tube, passant sous l'avant du manteau
Forskal's pleurobranch (GB), Pleurobranco indiano (I)
Oscanius semperi Vayssière, 1897
Pleurobranchus perrieri Vayssière, 1897. La description de Vayssière ne mentionne que la version sombre.
Pleurobranchus semperi (Vayssière, 1896) a été décrite comme une espèce indépendante mais il semble qu'il s'agisse de la variation claire de P. forskalii.
On trouve parfois l'écriture Pleurobranchus forskali (avec un seul i). Elle n'est pas valide.
Indo-Pacifique tropical, mer Rouge, Méditerranée orientale
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Pleurobranchus forskalii a une très large distribution dans tout l'Indo-Pacifique tropical. On le rencontre notamment et pour ce qui nous concerne prioritairement, à Mayotte et à La Réunion ainsi qu'en Nouvelle-Calédonie.
L'espèce est également présente en mer Rouge.
Pleurobranchus forskalii a été à quelques reprises (2 ?) signalé en Méditerranée orientale (Israël). On peut donc considérer l'espèce comme une espèce lessepsienne et cette distribution débutante est à surveiller.
Espèce plutôt nocturne, le pleurobranche de Forskal vit là où se mêlent zones algales et rocailleuses, par exemple dans les lagons peu profonds ou la crête des récifs ainsi que sur des fonds sableux ou détritiques. Parfois, on le rencontre en petits groupes.
C'est un des grands pleurobranches puisque Pleurobranchus forskalii affiche couramment une taille entre 10 à 20 centimètres et peut même atteindre 30 centimètres ! Il se présente comme une masse ovale et molle. L'animal est visqueux au toucher.
Le manteau cache complètement le pied. On peut souvent remarquer chez l'individu qui se déplace que la partie postérieure de ce manteau est relevée vers le haut en forme de siphon.
Le manteau des Pleurobranchidés est constitué de petits tubercules dont l'organisation est généralement propre à l'espèce. Ceux de P. forskalii sont peu éminents, distribués un peu chaotiquement en formant néanmoins de grandes plaques dorsales plus ou moins visibles. Quelques-unes de ces plaques sont parfois bordées de blanc ou noir.
En effet, il existe, d'un point de vue de la coloration générale, deux variations principales pour P. forskalii :
Malgré le peu de signalements, pour l'instant, de P. forskalii en Méditerranée, notons que l'on y trouve deux espèces de pleurobranches pouvant ressembler à cette espèce :
Hormis le fait que les Pleurobranchidés sont carnivores et peuvent se nourrir sur une palette de proies assez large (tuniciers, éponges, anémones mais sans doute aussi restes de poissons et même autres opisthobranches), on ne connaît pas avec exactitude le régime alimentaire de Pleurobranchus forskalii. Cette espèce se nourrit probablement de tuniciers coloniaux, de synascidies, peut-être d'ascidies solitaires. Mais des précisions ont besoin d'être apportées.
Les pleurobranches sont des animaux hermaphrodites, dont les organes génitaux mâles et femelles sont conjointement fonctionnels. Ceux-ci débouchent sur le côté droit du corps, juste devant la branchie costale.
Les partenaires vont devoir s'accoupler pour un échange réciproque des gamètes mâles. La fécondation est interne et chaque individu pourra ensuite pondre de son côté.
Les modalités spécifiques de la reproduction de P. forskalii ne sont pas connues avec certitude. La ponte pourrait être un large ruban, plat, blanc, disposé plus ou moins en spirale sur le substrat par une de ses tranches, le côté libre étant très ondulé. Le développement des larves n'est pas encore bien connu non plus.
Pleurobranchus forskalii est couramment observé portant la crevette commensale Periclimenes imperator, espèce connue pour enlever les parasites de certains animaux, opisthobranches et holothuries notamment.
Il semblerait que les tortues marines puissent manger le pleurobranche de Forskal ! On a en effet retrouvé dans l'estomac de certaines tortues des plaques de chitine, identifiées comme des pièces de mâchoires appartenant à Pleurobranchus forskalii.
Le manteau de cette espèce, comme chez beaucoup de Notaspidés, sécrète un mucus avec une substance contenant de l'acide (sulfurique ?) assurant sa défense contre les prédateurs. En effet, en réponse à un stimulus de stress quelconque (compression ou abrasion de la peau), les glandes spécialisées exsudent une sécrétion laiteuse au pH inférieur à 3, parfois moins.
Parmi les Pleurobranchidés, certaines espèces possèdent une petite coquille interne et d'autre n'en ont pas. Concernant Pleurobranchus forskalii, il semble que l'adulte ne conserve pas de résidu de coquille interne. Mais la question se pose encore pour les juvéniles et les très petits individus.
La branchie unique est collée au pied, complètement dissimulée sous le manteau, sur le côté droit. Elle est l'organe de la respiration.
Les rhinophores, organes des sens présents chez la plupart des opisthobranches, sont des chémorécepteurs (sensibles aux molécules chimiques présentes dans l'eau) qui permettent à l'animal d'appréhender son milieu sous cet aspect sensoriel. Ils donnent également des indications sur le courant et autres paramètres.
Il est possible, mais ça n'est pas tranché, que l'espèce puisse se "déplacer" en pleine eau (nager semble un bien grand mot et les rares descriptions n'ont pas de commune mesure avec le déplacement gracieux de la danseuse espagnole !). A moins que les animaux décrits aient été embarqués dans le courant... Le genre Pleurobranchaea sait "nager", le genre Pleurobranchus sait-il le faire ?
Pleurobranche de Forskal : traduction littérale du nom scientifique.
Pleurobranchus : du grec [pleuro] = sur le côté, flanc ; et [branchus] = branchie. C'est donc un animal ayant une branchie sur le côté.
forskalii : espèce dédiée à Peter Forskål (ou Pehr Forsskål. On trouve aussi Forskaal) (1732-1763), naturaliste, orientaliste et voyageur finno-suédois qui, entre autres choses, décrivit les espèces animales et végétales des régions méditerranéennes orientales (Egypte, Yémen...). Ancien élève de Linné.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Ordre | Pleurobranchida | Pleurobranchides | Coquille en coupelle plate, cachée ou absente. Cavité palléale représentée par une gouttière située sur le coté droit avec une branchie pourvue d’une double rangée de lamelles. Pas de lobes pédieux. Rhinophores enroulés. Tous marins. |
Famille | Pleurobranchidae | Pleurobranchidés | Manteau recouvrant le pied et la branchie latérale. Rhinophores canaliculés, voile buccal aux extrémités parfois enroulées. Coquille toujours interne. |
Genre | Pleurobranchus | ||
Espèce | forskalii |
Couleur lie-de-vin
Ce pleurobranche se rencontre dans cette couleur brune, lie-de-vin, et quand ils sont présents, les "demi-cercles" blancs sont caractéristiques.
Mais on peut également le rencontrer sous d'autres livrées, ce qui le rend parfois difficile à distinguer d'autres espèces de Pleurobranchus.
Archipel des Togian, Sulawesi, Indonésie, 12 m, de nuit
14/10/2004
Couleur brun-jaunâtre
Sur cet individu clair, de couleur brun-jaunâtre, les "demi-cercles" apparaissant généralement blancs sont... noirs. C'est une des variations de teinte chez Pleurobranchus forskalii.
Sulawesi Nord, Indonésie, de nuit
06/04/2010
Couleur orange clair
Rencontre nocturne dans l'herbier de Cymodocea serrulata calédonien. Un pleurobranche de Forskal dans une livrée plutôt claire, montre les demi-cercles blancs mais on devine aussi les noirs.
Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 5 m, de nuit
19/04/2006
Individu blanc
Cette version blanche est très peu documentée dans la littérature et semble très rare. Cet individu (environ 6 cm) a été rencontré à La Réunion.
Le manteau de l'animal (photo du haut) semble être un négatif de la version brune habituelle.
Son pied (photo du bas) est entièrement blanc translucide, vaguement vitreux.
Les branchies, pas visibles sur ces images, sont également d'un blanc lui-même translucide.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m, en PMT
25/02/2017
Détail du tégument
Le manteau est constitué de tubercules dont l'agencement est propre à P. forskalii. Certaines des plaques constituées par ces tubercules sont bordées sur l'extérieur par une ligne blanche opaque en demi-cercle.
Sulawesi Nord, Indonésie, 14 m, de nuit
14/10/2010
Les rhinophores
Les rhinophores émergent des deux replis du manteau qui viennent couvrir l'avant du pied.
Ile de Komodo, Indonésie,
22/07/2008
Branchie
La branchie, organe de la respiration, se trouve sur le côté droit, accolée au pied, protégée par le manteau. Elle n'est en général pas visible lorsque l'animal se déplace sur le fond.
Archipel des Togian, Sulawesi, Indonésie, 16 m, de nuit
13/04/2004
Manteau "en siphon"
On peut observer ici la posture "en siphon" que prend parfois l'arrière du manteau lorsque l'animal se déplace. Quelle est la raison de cette attitude ?
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 10 m, de nuit
29/09/2004
Posture arrière
Gros plan sur le repli du manteau "en siphon", à l'arrière d'un individu.
Quelle est l'utilité (s'il y en a une) d'une telle posture ?
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m, en PMT
25/02/2017
Parfois regroupés
Il arrive que l'on rencontre le pleurobranche de Forskal en petits groupes. Est-ce uniquement lié à la reproduction ?
Puerto Gallera, Philippines, 8 m
14/04/2007
Biotope
Le plus fréquemment, c'est sur des fonds détritiques ou sableux, voire en bord de récifs ou de prairies algales, que l'on rencontre le pleurobranche de Forskal.
Détroit de Lembeh, Sulawesi, Indonésie, de nuit
06/04/2010
Commensaux : Zenopontonia rex
Un des passagers les plus fréquents des pleurobranches, et notamment de Pleurobranchus forskalii, est Zenopontonia rex. La couleur de la crevette impératrice, pouvant également voyager à dos d'holothuries ou de nudibranches, s'adapte à celle de son hôte.
Archipel des Sangihe, Sulawesi Nord, 10 m, de nuit
09/04/2010
Parasité
Chez cet individu, les branchies portent un grand nombre de copépodes "bunny", une dizaine, dont on peut observer les sacs ovigères des femelles (les "oreilles de bunny").
Archipel de Bangka, Sulawesi Nord, Indonésie, 8 m, de nuit
06/04/2010
En mer Rouge
Un bel individu couleur lie de vin rampe sur un herbier égyptien.
Safaga, Égypte, 4 m, de nuit
12/04/2008
A La Réunion
Il n'y a pas forcément besoin de plonger profond pour rencontrer des animaux étonnants dans les vasques du lagon réunionnais. Parfois, un masque et un tuba suffisent...
Lagon de La Réunion, 1 m, de nuit et en PMT
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
11/2014
En Indonésie nord
Sur cet individu de l'archipel des Bangka, au nord de Sulawesi, les motifs blancs s'étalent sur presque tout le manteau sombre.
Archipel des Bangka, Sulawesi Nord, Indonésie, 16 m, de nuit
07/04/2010
En Indonésie sud
De face, cet individu de Komodo, dans le grand sud de l'Indonésie, montre bien sa tête et le mouvement du manteau au devant des rhinophores.
Ile de Komodo, Petites îles de la Sonde, Indonésie, 15 m, de nuit
22/07/2008
En Nouvelle-Calédonie
Un pleurobranche de Forskal calédonien dans une belle robe rouge-orange. Les marques blanches sont peu présentes.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 15 m, de nuit
29/09/2004
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Cédric MITEL
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER