Taille maximale :14 cm
Couleur dominante brun clair à bronze, parfois plus pâle ou jaunissante
Large barre verticale brun foncé à noire en partie postérieure du corps
Yeux bleus coiffés par une marque bleu nuit à violette
La plupart des écailles avec bordure rose à violet pâle (souvent indistincte)
Jonhnston damsel, blue-eye damsel, Johnston island damsel, Johnston island damselfish, widebar damsel (GB)
Plectroglyphidodon nitidus Smith, 1956
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette espèce se rencontre, d’ouest en est dans l’océan Indien, depuis l’Afrique de l’Est jusqu'à l’ouest de l’Australie en passant par le canal du Mozambique, Madagascar, les Seychelles et les Mascareignes.
Dans l’océan Pacifique, elle est présente d’ouest en est de l’Indonésie jusqu'à Hawaï et aux îles Pitcairn ainsi que, du nord au sud, du sud du Japon à l’île Lord Howe (Australie), la Nouvelle-Calédonie et l’île de Pâques.
On peut observer Plectroglyphidodon johnstonianus sur les platiers* internes et externes des récifs coralliens non dégradés, dans des habitats riches en coraux branchus. La distribution verticale (bathymétrie) documentée pour l’espèce va de 1 à 18 m. Les habitats varient selon le sexe : les femelles occupent les zones proches des fronts récifaux alors que les mâles résident le plus souvent à plus grande profondeur, le long des pentes externes.
Le corps est ovale avec un dos élevé et un arc ventral prononcé. Il est comprimé latéralement. Sa hauteur (distance entre la base du troisième rayon dur de la dorsale et la base du premier rayon des pelviennes) entre environ 1,8 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue). La taille maximale documentée pour l’espèce est de 14 cm.
La couleur dominante est un brun clair qui peut foncer et devenir bronze, ou au contraire pâlir en virant au jaune. Cette couleur est généralement plus foncée dans la partie supérieure de la tête et du corps. Une large barre verticale brun foncé à noire peut marquer la partie postérieure du corps en débordant sur la base des nageoires dorsale et anale. Cette marque peut englober le pédoncule* caudal. Les écailles ont une bordure rose à violet pâle, ces marques étant souvent peu discernables chez les grands adultes.
La tête vue de profil est massive avec un arc dorsal très prononcé. La bouche, petite et oblique, est terminale. Les lèvres sont épaisses et ourlées. Les yeux sont globuleux et de grande taille (leur diamètre entre environ 3,4 fois dans la longueur de la tête). Ils sont bleu clair ou bleu foncé avec une bague argentée autour de la pupille. Une tache bleu nuit à violette marque la partie supérieure de la protubérance charnue qui porte l’œil. Un arc de cercle de couleur parme se trouve sous la partie inférieure de l’œil, et un tiret oblique de même couleur relie l’œil aux lèvres. Des taches parme marquent des écailles dans le prolongement de la commissure des lèvres ainsi que sur les joues et les opercules*, mais leur couleur est généralement si affaiblie qu’elles sont peu distinctes.
Les nageoires impaires (dorsale, anale et caudale) sont largement couvertes de très petites écailles, seules leurs franges en étant dépourvues. Elles sont de la même couleur que le corps, à l’exception d’une frange grisâtre dans la partie des rayons durs de la dorsale, et brunâtre dans celle de l’anale. La nageoire caudale est échancrée à lobes arrondis. Elle est souvent plus claire, voire jaunissante.
Les rayons des pectorales et des pelviennes sont légèrement teintés de la même couleur que le corps, et leur membrane est translucide.
La
livrée ne présente pas de variations notables la nuit,
elle
est seulement plus foncée et tend au vert bronze.
La livrée des juvéniles est décrite dans le paragraphe Reproduction.
Plectroglyphidodon dickii : cette espèce est d’autant plus susceptible d’être confondue avec P. johnstonianus qu’elle partage sa distribution, son habitat, une partie de sa diète et le signe distinctif que représente la barre verticale noire marquant la partie postérieure du corps. Cependant, cette barre est nettement moins large chez P. dickii, et ses yeux sont marqués par une barre noire verticale dont la largeur correspond au diamètre de la pupille. De plus, ils ne sont pas colorés de bleu et ne présentent pas de tache violette dans leur partie supérieure. Enfin, le pédoncule caudal et la nageoire caudale sont le plus souvent jaunes ou orange, et ils peuvent être blancs.
Plectroglyphidodon johnstonianus est une espèce corallivore*. Ses proies sont préférentiellement les polypes des coraux des genres Acropora, Pocillopora, Montipora et Porites. Cependant, elle peut aussi consommer des algues benthiques* mais son régime alimentaire est moins souple que celui de son congénère sympatrique* P. dickii, espèce corallivore qui peut aussi se nourrir aisément d’algues, de petits invertébrés benthiques et même de petits poissons, fonction de ce qu'elle trouve dans son habitat.
La reproduction est annuelle mais elle connaît des périodes de pic liées aux variations de la température de l’eau et à la disponibilité et la qualité de la nourriture. Elle a lieu majoritairement en saison fraîche et au début de la saison chaude.
Une étude menée en 1981 à Hawaï montre que, comme chez tous les pomacentridés, les mâles Plectroglyphidodon johnstonianus préparent des nids sur le substrat* et défendent le territoire adjacent. Dans la colonie étudiée, les nids sont distants de deux à quatre mètres. Les femelles prêtes à pondre s’y rendent et y sont courtisées par le mâle. La cour consiste en stimulations auditives (stridulations produites par les plaques pharyngiennes* et amplifiées par la vessie natatoire) et comportementales (montées et descentes très rapides dans la colonne d’eau appelés « sauts de signalements »). Cours et pontes se déroulent au lever du soleil, les épisodes durent moins d’une heure. Les œufs, de couleur beige, adhèrent au substrat. La fécondation* est externe. Dès ce moment la femelle n’est plus concernée par sa descendance : c’est le mâle qui garde et ventile les œufs, qui éclosent au bout de cinq à six jours. La dispersion larvaire* est facilitée par la situation des nids à proximité du front récifal.
Les femelles sont sexuellement matures à une taille d’environ 5,6 cm et les mâles aux environs de 6,7 cm. La durée de vie maximale des mâles a été estimée à 4,6 ans, la moyenne étant estimée à 2,3 ans. La croissance des juvéniles est rapide : on considère qu’ils sont sexuellement matures un an après leur recrutement* sur un récif.
Patron de couleurs des juvéniles : la couleur dominante des juvéniles est un jaune pâle verdissant en partie dorsale. Toutes les écailles du corps portent une tache de couleur parme, ces taches étant bien visibles en partie dorsale et dans le quart postérieur du corps, jusqu’au pédoncule caudal. La tête porte les mêmes marques parme que les adultes, mais elles sont nettement visibles. La nageoire dorsale est vert pâle à bande marginale jaune et liseré bleu électrique, ses rayons sont bleus et leur membrane porte deux séries longitudinales de marques bleu violacé. L’anale arbore un liseré bleu électrique et une série de taches parme à la fin du premier tiers des rayons. Les pectorales sont jaune vif, de même que la caudale et les pelviennes, mais le deuxième rayon de ces dernières est bleu électrique.
Plectroglyphidodon johnstonianus vit en colonies plus ou moins importantes et dispersées sur des surfaces relativement grandes.
Certains individus, dans l’ouest du Pacifique et en Afrique de l’est, ne présentent pas de barre verticale noire dans la partie postérieure du corps selon Lieske et Myers (1995).
Les larves* des pomacentridés sont pélagiques* et apparemment incapables, contrairement à celles de nombreuses autres familles, de retarder leur métamorphose* en juvénile après le dernier stade larvaire. Il est donc impératif qu’elles aient trouvé un récif adapté à leurs besoins pendant cette période. Cette impossibilité limite la capacité de dispersion de ces espèces.
La nageoire dorsale comprend 12 rayons durs et de 17 à 19 rayons mous, l’anale comprend 2 rayons durs et de 16 à 18 rayons mous. La ligne latérale* comprend 21 à 22 écailles perforées.
Son statut trophique* de corallivore obligatoire rend l’espèce vulnérable étant donné la dégradation de nombreux récifs coralliens à l’échelle mondiale, dégradation qui devrait s’amplifier dans les années à venir. Sa vulnérabilité n’est cependant pas évaluée par l’UICN ni par la CITES.
Demoiselle : ce nom donné à l’ensemble des Pomacentridés est aussi parfois employé pour les poissons-anges. Il semble associé aux assemblages de couleurs vives qui constituent la livrée de la plupart des espèces de ces groupes, peut-être en référence à une présumée coquetterie vestimentaire chez les jeunes filles.
de Johnston : traduction de l’épithète spécifique, forgée à partir du nom de la localité du type, l’île Johnston.
Plectroglyphidodon : du mot grec [plektos], qui signifie « tresse, natte », et [glyphidodon], qui est l’un des noms anciens du genre Abudefduf. Ce nom, Glyphidodon, de [glyphid-] = encoche, entaille, et [odont-] = dent, signifie approximativement "aux dents ciselées".
Le genre est créé en 1924 par H.W. Fowler et S.C. Ball, l’espèce-type* est P. johnstonianus (Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, 1924, p. 271-272). Dans leur description, les auteurs en réfèrent explicitement à l’aspect « tressé » des lèvres comme caractéristique du genre. Ils ajoutent, dans la description de P. johnstonianus, que les lèvres sont finement striées, ce pourquoi elles paraissent tressées. Le nom du genre signifie donc « Glyphidodon aux lèvres striées ». Il comprend actuellement dix espèces acceptées.
johnstonianus : du nom de l’île Johnston, d’où vient l’holotype*. Cette île est située à environ 1400 km au sud-ouest de Hawaï, dans l'océan Pacifique.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
Genre | Plectroglyphidodon | ||
Espèce | johnstonianus |
Demoiselle aux yeux bleus
Ses yeux colorés de bleu soutenu et de turquoise sont ce qui attire le regard sur cette demoiselle, par ailleurs assez terne. Cela lui a valu l’un de ses noms vernaculaires anglais : « blue-eye damsel » (demoiselle aux yeux bleus).
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
28/12/2011
Livrée pâle et jaunissante
Cet individu néo-calédonien illustre la livrée très pâle et jaunissante de certains individus, rencontrés plus particulièrement, semble-t-il, dans le Pacifique.
Île des Pins, Nouvelle-Calédonie, océan Pacifique, 20 m
20/11/2013
Lèvres ourlées et finement striées
Les lèvres ourlées et finement striées, caractéristiques des espèces du genre Plectroglyphidodon, sont à l'origine de ce nom de genre composé par ses descripteurs, qui les comparent à des tresses.
La première partie du nom vient du mot grec « plektos », qui signifie tressé, et les auteurs y insistent à nouveau dans la description qu’ils font de P. johnstonianus.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
28/12/2011
Ecailles bordées de rose
Toutes les écailles ont une bordure rose à violet pâle. Cette caractéristique est la plupart du temps indiscernable chez les grands adultes, sauf sur le haut du dos et parfois dans le dernier tiers du corps.
Elles sont nettement visibles dans la moitié supérieure du corps chez cet individu.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
27/08/2011
Marque bleu nuit
La partie supérieure des yeux porte une large marque bleue. Cette marque peut aller du bleu pâle au violet foncé en passant par le bleu nuit, comme chez cet individu.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
27/08/2011
De nuit
La livrée de Plectroglyphidodon johnstonianus ne présente pas de variations notables la nuit. On peut cependant observer que la couleur dominante est foncée et devient vert bronze.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, de nuit
24/11/2010
Jeune adulte
On peut observer des écailles largement marquées de violet sur les opercules de ce jeune adulte, cette couleur devenant le plus souvent indistincte chez ses aînés. Ces marques sont généralement rose parme chez le juvénile.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
21/11/2011
Parmi les Acropora
Les coraux branchus du genre Acropora sont une source de nourriture pour Plectroglyphidodon johnstonianus, qui est une espèce corallivore. Les autres genres de coraux dont elle se nourrit préférentiellement sont Pocillopora, Montipora et Porites.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
09/11/2011
Sur un massif de Porites rus
Cet individu explore un massif de Porites rus. Le statut trophique* de corallivore obligatoire rend l’espèce vulnérable étant donné la dégradation durable de nombreux récifs coralliens à l’échelle mondiale, d’autant qu’elle est moins capable que d’autres de varier son régime alimentaire en cas de nécessité.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
28/02/2013
A Tahiti
Cet individu tahitien portant une livrée très pâle et jaunissante, se cache dans une colonie de coraux du genre Pocillopora, dont il se nourrit aussi.
Arue, Tahiti, Polynésie française, océan Pacifique, 7 m
06/06/2015
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Fowler H.W., Ball S.C., 1924, Descriptions of new fishes obtained by the Tanager expedition of 1923 in the Pacific Islands west of Hawaii, Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, 76, 271-272.
Ho C.T., Fu Y.C., Sun C.L., Kao S.J., Jan R.Q., 2009, Plasticity of feeding habits of two plectroglyphidodon damselfishes on coral reefs in southern Taiwan: evidence from stomach content and stable isotope analyses, Zoological Studies, 48, 649–656.
MacDonald C.D., 1981, Reproductive strategies and social organization in Damselfishes, unpublished Ph.D thesis, University of Hawaii, Honolulu, Hawaii.
La page sur Plectroglyphidodon johnstonianus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase