Taille maximale documentée 6 cm
Corps blanc avec pédoncule caudal et nageoire caudale jaune vif
Bouche petite et pointue, terminale à légèrement subterminale
Yeux blancs traversés par une barre noire verticale du même diamètre que la pupille
Profil de la nageoire dorsale irrégulier
Demoiselle à queue jaune
Brighteye damsel, brighteye damselfish, cat’s eye damselfish, stop-start damselfish (GB)
Glyphisodon imparipennis Vaillant & Sauvage, 1875
Abudefduf imparipennis (Vaillant & Sauvage, 1875)
Chromis elaphrus Jenkins, 1903
Abudefduf iwasakii Okada & Ikeda, 1939
Chrysiptera prughi Fowler, 1946
Oliglyphisodon caeruleomaculatus Fowler, 1946
Indo-Pacifique (absente en mer Rouge)
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueD’ouest en est, on peut trouver cette espèce depuis les côtes africaines de l’océan Indien jusqu'à Hawaï et les îles Pitcairn dans l’océan Pacifique. Dans l’océan Indien, elle est documentée notamment dans le canal du Mozambique, Madagascar, les Seychelles et les Mascareignes. Du nord au sud, dans l’océan Pacifique, l'espèce est présente depuis les îles Ryūkyū (archipel entre le Japon et Taïwan) jusqu'à la Nouvelle-Calédonie et aux îles Australes.
On ne rencontre cette espèce que dans les zones de déferlement des récifs et sur les pentes externes entre 0 et 15 mètres. Elle est toujours à proximité immédiate d’abris constitués par des cavités diverses occasionnées dans des débris coralliens, notamment les galeries creusées par les oursins perforants comme Echinometra mathaei ou Stomopneustes variolaris.
La forme du corps dessine un léger ovale, sa hauteur (distance entre la base du troisième rayon dur de la dorsale et la base du premier rayon des pelviennes) entre environ 2,8 fois dans la longueur totale (longueur avec la queue). Il est comprimé latéralement. La taille maximale documentée pour l’espèce est de 6 cm.
Description sommaire :
Petit poisson blanc à gris bleuté clair, avec pédoncule caudal et queue généralement jaunes. Ses gros yeux blancs sont traversés par une barre verticale noire.
Description détaillée :
Le corps est blanc à grisé clair, avec un pédoncule* caudal et une nageoire caudale généralement jaune vif. La partie dorsale est d’un gris plus ou moins foncé. L’extension et la netteté de cette zone grise sont variables, elle peut aller de la pointe du museau à la fin des rayons mous de la dorsale en passant par la zone interorbitale, mais elle peut aussi être réduite à la tête et au début du dos avec un gris très pâle. On
peut observer chez certains jeunes adultes plusieurs points bleus à parme
autour des yeux et sur le museau, ainsi qu’une tache de même couleur par écaille.
Ces marques sont des reliquats de la livrée des juvéniles.
La tête est plus longue que haute. La bouche, petite et pointue, est terminale. Les yeux sont de grande taille (leur diamètre entre environ 4 fois dans la longueur de la tête) et globuleux, d’un blanc brillant marqués d’un bord à l’autre par une large barre noire verticale du même diamètre que la pupille.
Les rayons durs de la nageoire dorsale sont blancs à membrane blanchâtre légèrement translucide. Leur moitié inférieure est très légèrement grisée. Le tiers inférieur des rayons mous est blanc, le reste étant translucide. Le profil de la dorsale est irrégulier, les premiers rayons mous étant nettement plus hauts que les derniers rayons durs.
La nageoire anale est blanchâtre sur ses deux premiers tiers, translucide au-delà.
Les nageoires pectorales sont translucides.
Les rayons des pelviennes sont blancs à membrane translucide.
Les rayons de la caudale sont jaunes à membrane translucide. Cette nageoire est fourchue à lobes arrondis.
Le patron de couleur des juvéniles est décrit dans la partie Reproduction.
Quelques espèces de poissons-demoiselles présentent la même large marque verticale noire barrant les yeux, ce détail étant si frappant qu’il peut induire des confusions. Voici quelques-unes des espèces concernées :
Plectroglyphidodon sagmarius : cette espèce a d’abord été prise pour une variation de couleur de P. imparipennis. Elle est caractérisée par trois bandes brun jaunâtre à orange fumé partant de la base de la dorsale et se rétrécissant en descendant vers la partie inférieure du corps, ainsi que par la présence d’une selle noire sur le pédoncule caudal. La partie supérieure de la tête est gris brun à nuances olivâtres. L’espèce est endémique* des îles Marquises (Polynésie française).
Chromis atripes : l'espèce est généralement plus grande que P. imparipennis, son corps est uniformément fauve à brun clair avec la base des rayons de la caudale jaune et les parties terminales des nageoires dorsale, anale et pelviennes noires. C. atripes se rencontre des îles Christmas (est de l’océan Indien) à l’ouest de l’océan Pacifique.
Chromis amboinensis : le corps peut être gris beige à gris bleu avec des marques noires sur la partie supérieure des nageoires dorsale et anale. Les rayons extérieurs de la caudale sont noirs et s’achèvent en longs filaments. La base des pectorales porte une tache jaune vif. Cette espèce se rencontre des îles Christmas et Cocos à l’ouest de l’océan Pacifique.
Chromis lepidolepis : la couleur de fond est brun clair olivâtre, la partie supérieure des nageoires dorsale et anale est marquée de noir et l’extrémité des rayons extérieurs de la caudale porte une tache noire caractéristique. Cette espèce se rencontre dans la mer Rouge et tout le domaine indo-Pacifique.
Chromis ternatensis : la couleur de fond est un gris qui peut être jaunissant ou verdissant, voire virer au brun orangé. Le pédoncule caudal est plus foncé, les rayons extérieurs de la caudale sont noirs et s’achèvent en longs filaments. Cette espèce se rencontre dans la mer Rouge et tout le domaine indo-Pacifique.
L’espèce se nourrit d’algues benthiques* et d’invertébrés.
La reproduction n’est que très partiellement documentée chez cette espèce. Toutefois, les Pomacentridés sont tous des pondeurs démersaux* dont les œufs adhèrent au substrat* et sont gardés et ventilés par les mâles. La reproduction se fait en couples (vs en groupes). Les larves* sont pélagiques* et apparemment incapables, contrairement à celles de nombreuses autres familles, de retarder leur métamorphose* en juvénile après le dernier stade larvaire. Il est donc impératif qu’elles aient trouvé un récif adapté à leurs besoins pendant cette période. Cette impossibilité limite la capacité de dispersion de ces espèces.
A La Réunion, les larves de Plectroglyphidodon imparipennis parvenues à leur dernier stade de croissance recrutent (voir Recrutement*) du début de l’hiver au début de l’été austraux, avec un pic entre octobre et novembre. La durée de vie larvaire moyenne, calculée à partir de l'examen des otolithes*, est de 31 ± 4 jours, la taille moyenne des larves est de 14,6 ± 0,5 mm et leur poids moyen de 160 ± 17 g. Une autre étude, menée en 1997 à Hawaï et à l’île Johnston, établit la durée de vie larvaire de l'espèce dans une fourchette allant de 33 à 48 jours.
Le patron de couleurs des juvéniles est proche de celui des adultes, mais la couleur du corps est gris pâle à bleuâtre, la partie grisée visible chez les adultes étant ici peu discernable de par cette couleur générale. Toutes les écailles sont marquées d’une tache bleue et l'on observe de nombreux points bleu électrique sur la tête, autour des yeux. La nageoire dorsale porte une bande marginale turquoise et deux bandes submarginales bleues. Le pédoncule caudal et la nageoire caudale sont d’un jaune moins vif que chez les adultes.
L’espèce est territoriale mais contrairement à beaucoup de Pomacentridés, elle est peu agressive. Elle fait des allers-retours d’une grande vivacité entre le face à face avec un intrus, dont elle reste à distance, et ses multiples cachettes. Spécialiste du mode battu, elle nage dans les courants changeants des zones de déferlement avec une grande aisance.
La livrée de nuit est grise avec une partie jaune très affadie ; les yeux sont argentés et la barre qui les traverse est bleuâtre et nettement moins visible.
La nageoire dorsale comprend 12 rayons durs et 14 à 16 rayons mous, l’anale comprend 2 rayons durs et 11 à 12 rayons mous. La ligne latérale* comprend 19 écailles perforées.
Demoiselle : ce nom donné à l’ensemble des Pomacentridés est aussi parfois employé pour les poissons-anges. Il semble associé aux assemblages de couleurs vives qui constituent la livrée de la plupart des espèces de ces groupes, peut-être en référence à une présumée coquetterie vestimentaire chez les jeunes filles.
aux yeux brillants : traduction du nom vernaculaire anglais de référence pour l’espèce, justifié par l’étonnante couleur d’un blanc « brillant » de la totalité de l’œil, marquée en son centre par une barre verticale noire du même diamètre que la pupille. Cette barre noire rehausse l’éclat du blanc.
Plectroglyphidodon : du mot grec [plektos], qui signifie « tresse, natte » et [glyphidodon], qui est l’un des noms anciens du genre Abudefduf.
Le genre Plectroglyphidodon est créé en 1924 par H.W. Fowler et S.C. Ball, l’espèce-type* est P. johnstonianus (Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, 1924, p. 271). Dans leur description, les auteurs en réfèrent explicitement à l’aspect « tressé » des lèvres comme caractéristique du genre. Ils ajoutent, dans la description de l’espèce-type, que les lèvres sont finement striées, ce pourquoi elles paraissent tressées. Le nom du genre signifie donc « Glyphidodon aux lèvres striées ». Il comprend actuellement dix espèces acceptées.
imparipennis : des mots latins [impar], qui signifie dissemblable, inégal et [penna], qui signifie penne, plume d’oiseau ou aile d’insecte. S’agissant de poissons, les allusions aux plumes et aux ailes, fréquentes chez les taxonomistes du monde marin, renvoient aux nageoires. Ce nom composé signifie donc « à nageoires dissemblables/inégales ».
Vaillant et Sauvage, qui décrivent l’espèce sous le nom de Glyphisodon imparipennis, ne donnent pas d’explication pour le choix de l’épithète spécifique (Revue de Magasin de Zoologie pure et appliquée, 3ème série, Tome troisième, 1875, p. 279). Il y a toutefois un détail remarquable dans la nageoire dorsale de cette espèce, qui permettrait d’interpréter ce choix : alors que chez les autres espèces du genre la hauteur des rayons mous augmente progressivement à partir du dernier rayon dur en dessinant une ligne de profil régulière, chez P. imparipennis les premiers rayons mous sont nettement plus hauts que les derniers rayons durs et créent une rupture dans le profil de la nageoire. La seule espèce du genre à présenter la même particularité est P. sagmarius, qui ressemble si fortement à P. imparipennis qu’elle en est probablement une très proche parente.
L’holotype* vient d’Hawaï, alors appelé « les îles Sandwich ».
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
Genre | Plectroglyphidodon | ||
Espèce | imparipennis |
Demoiselle aux yeux brillants
Les yeux de cette demoiselle sont d’un blanc brillant qui ressort sur le blanc mat du corps. Ils sont de surcroît marqués par une large barre verticale noire qui rehausse l’éclat de ce blanc.
Cette photo permet en outre d’observer la rupture de la ligne de profil de la dorsale occasionnée par la hauteur des premiers rayons mous. Cette rupture est probablement à l’origine du mot composé formant l’épithète spécifique dans le nom scientifique de l’espèce, imparipennis, que ses descripteurs n’expliquent pas dans leur publication (voir § Origine du nom scientifique).
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
16/02/2013
Calotte grise
La seule couleur terne présente sur le corps de cette demoiselle est le gris plus ou moins prononcé de la calotte qu’elle porte sur la tête, qui s’étend parfois jusqu’à la fin des rayons mous de la dorsale.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
22/04/2017
Yeux
Les yeux sont globuleux et de grande taille, leur diamètre entre environ 3,6 fois dans la longueur de la tête.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
16/02/2013
Traces du stade juvénile
Le patron de couleur des juvéniles est proche de celui des adultes, mais la couleur du corps est gris pâle à bleuâtre. Toutes les écailles sont marquées d’une tache bleue et l'on observe de nombreux points bleu électrique sur la tête, autour des yeux. Ce jeune adulte porte des traces de cette livrée, qui disparaîtront par la suite.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
09/12/2015
Marques sur les écailles
On peut observer chez cet individu la disparition progressive des marques sur la tête et les écailles caractérisant le stade juvénile : elles sont presque indistinctes sur la tête et les écailles portent une tache blanche à peine bleutée.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
16/02/2013
Biotope
Cette espèce ne se trouve qu’à proximité des zones de déferlement en milieu récifal.
L’hydrodynamisme puissant de cette zone exclut les coraux branchus et privilégie les coraux massifs ou encroûtants, ainsi que de nombreuses algues filamenteuses ou celles des genres Codium ou Dictyosphaeria poussant sur des massifs morts, comme on le voit sur cette photo.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
10/12/2011
Cachettes
L’espèce est d’une grande vivacité et nage avec aisance dans les courants changeants des zones de déferlement.
Elle ne s’éloigne cependant jamais d’un territoire truffé de cavités et de dédales divers, dans lesquels elle se réfugie à la moindre alerte.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
30/03/2012
Oursins
La demoiselle aux yeux brillants recherche les blocs creusés de galeries par des oursins perforants comme Echinometra mathaei ou Stomopneustes variolaris pour en faire des cachettes, mais elle sait aussi s’approcher des piquants d’un oursin hors d’une galerie en cas de danger. L’oursin dont on voit les piquants sur la photo est Stomopneustes variolaris.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
14/04/2012
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Lobel P.S., 1997, Comparative Settlement Age of Damselfish Larvae (Plectroglyphidodon imparipennis, Pomacentridae) from Hawaii and Johnston Atoll, The Biology Bulletin, 193, 281-283.
Randall J.E., Earle J.L., 1999, Abudefduf conformis and Plectroglyphidodon sagmarius, two new damselfishes (Pomacentridae) from the Marquesas Islands, Cybium, 23(4), 333-343.
Riou A., 2016, Exploration analytique de la microchimie fine de l’otolithe pour l’écologie et l’étude de la gestion des stocks des poissons coralliens de l’île de la Réunion, Thèse de doctorat, Biodiversité et Écologie, Université de la Réunion.
La page de Plectroglyphidodon imparipennis dans le site référence de DORIS pour les poissons : FishBase