Céphalothorax lisse quasi circulaire, 1 cm de diamètre
Première paire d'appendices allongée et porteuse de pinces massives
3 paires des pattes marcheuses bien visibles
Couleur en général rouge bordeaux, parfois brune, jaune ou blanche
Porcellane à longues pinces, porcellane petit pois, porcelaine à longues cornes, pisidie à longues antennes, porcellane lisse, porcellane noire, pisidie longicorne
Long clawed porcelain crab, ventilating crab, minute porcelain crab (GB), Purcellana negra (Cat), Porseleinkrab, porseleinkrabbetje (NL), Porselenskrabbe (N)
Porcellana longicornis (Linnaeus, 1767)
Cancer hexapus Linnaeus, 1767
Cancer longirostris Linnaeus, 1767
Pisidia linnaeana Leach, 1820
Porcellana acanthocheles Couch, 1838
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]La distribution de cette porcellane s'étend de la Norvège au nord à l'afrique de l'Ouest (Angola) et aux Canaries au sud. Elle est commune partout sur les côtes européennes, y compris en Manche et dans l'ouest de la Méditerranée.
Cette espèce est fréquemment rencontrée sous les pierres de l'étage intertidal* rocheux, mais aussi parmi les graviers et les sables coquilliers et grossiers, jusqu'à l'étage circalittoral*. Elle peut aussi coloniser les crampons de laminaires et, en Méditerranée, les rhizomes des posidonies.
Sa présence est avérée jusqu'à 45 mètres en général, une centaine de mètres au maximum.
Pisidia longicornis est certainement le crustacé le plus communément observé sous les pierres de l'ensemble de notre littoral !
Cet anomoure se caractérise par un céphalothorax quasi circulaire dont le diamètre peut atteindre un centimètre. Sa surface est finement granuleuse. Entre les yeux, le rostre présente trois lobes à marge denticulée, le lobe central étant le plus large. La tête est surmontée d'une paire de longues antennes semblables à des fouets.
La première paire d'appendices thoraciques (les chélipèdes*) est la plus allongée, et se termine par une paire de pinces massives. L'une des deux est plus grosse que l'autre, tantôt la gauche, tantôt la droite. En arrière, trois paires de pattes marcheuses plus fines et garnies de petites soies, puis une dernière paire d'appendices minuscules et peu visibles. La couleur est variable. Le plus souvent, l'animal arbore une teinte rouge bordeaux uniforme, mais il n'est pas rare d'observer des individus bruns, couleur chair, jaunâtres ou blanc crème. Quelques rares individus bleus ont été recensés. La carapace peut aussi présenter des marbrures et des taches. La face ventrale, repli de l'abdomen, est plus claire.
Pisidia longicornis peut être confondue avec la porcellane, Porcellana platycheles, qui appartient aussi à la famille des Porcellanidés. Elle a cependant un céphalothorax bien plus arrondi et plus lisse, et ses pinces sont plus fines et plus longues, et ne possèdent pas de soies. De plus sa couleur est fort variable, contrairement à celle de la porcellane, toujours plus ou moins brune.
On peut signaler sur nos côtes méditerranéennes Pisidia longimana et Pisidia bluteli, parfois considérées comme des sous-espèces ou des variétés de Pisidia longicornis (par d'Udekem d'Acoz, 1999), mais A. Koukouras, M. Mavidis, et P.Y. Noël ont montré que ces espèces semblaient valides (voir références bibliographiques).
Pisidia longicornis a un régime alimentaire suspensivore : elle se nourrit de fragments organiques en suspension dans l'eau.
Les sexes sont séparés (espèce gonochorique*) et la reproduction est sexuée. Pendant la copulation, le mâle chevauche la femelle en période de mue et féconde ses œufs qu'elle incubera sous son abdomen.
L'éclosion des œufs donne des larves* présentant une longue épine frontale en "corne de licorne" caractéristique des porcellanes, larves qui vont se développer dans le plancton côtier de mars à octobre, avec un pic en juin. En Bretagne, pontes et larves sont présentes toute l'année avec un maximum l'été. Le développement passe par une succession de stades larvaires puis intervient la métamorphose*, qui va donner une jeune pisidie.
Cette espèce peut être parasitée par des trématodes (Spelotrema sp. et Metacercaria porcellanae), par le nématomorphe Nectonema agile, ainsi que par des crustacés isopodes épicarides (Pleurocrypta porcellanae et Entoniscus mulleri). Lorsqu'elle est "bopyrisée" par Pleurocrypta porcellanae (parasite qui n'est pas rare sur les côtes bretonnes), on observe une boursouflure très marquée d'une des cavités branchiales. La prévalence est de l'ordre de 1 à 5%, voire davantage ; elle varie selon les endroits, mais est à peu près stable en fonction des saisons.
Des spirorbes peuvent coloniser la carapace de certains individus.
Ce crustacé est capable d'autotomie : à la moindre alerte, il se sépare facilement d'un membre pour échapper à un prédateur. Ses membres sont fragiles comme de la porcelaine ! C'est ce qui a valu son nom à la famille des Porcellanidés.
Il est capable de nager vigoureusement grâce à des mouvements saccadés de son abdomen, replié sous son céphalothorax. En effet, contrairement aux crabes, l'abdomen peut "s'ouvrir" et servir à la nage.
Fiche validée MNHN/DORIS
Porcellane, porcelaine : en référence à la famille des Porcellanidés à laquelle appartient cette espèce ; aux longues pinces, à cause de la longeur de la première paire de péréiopodes ; à longues antennes, à longues cornes, longicorne, à cause des antennes qui rappellent des fouets.
Pisidie est la francisation du nom de genre scientifique Pisidia. Petit pois est la traduction de ce nom de genre.
Pisidia : du grec [pisos] ou du latin [pisum] = pois, l'allure et la taille du céphalothorax évoquant un petit pois.
longicornis : du latin [longus] = long, et [cornus] = corne, vraisemblablement en référence aux longues antennes de ce crustacé.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Anomura | Anomoures | Les anomoures sont caractérisés par une cinquième paire de pattes atrophiée. Ils sont essentiellement représentés par les galathées et les bernard-l'ermite. |
Famille | Porcellanidae | Porcellanidés | Anomoures à l’aspect de crabes, mais la cinquième paire de pattes est réduite. Carapace lisse, sans épines. Abdomen petit et plié sous la carapace. |
Genre | Pisidia | ||
Espèce | longicornis |
Un petit anomoure
Les petits graviers donnent l'échelle... Ce crustacé ne mesure que quelques millimètres.
Landrellec (22), estran
2010
Céphalothorax
Le céphalothorax est quasi circulaire, son diamètre peut atteindre un centimètre.
Sabia, Oléron (17), estran
06/11/2010
Chélipèdes massifs
La première paire d'appendices thoraciques (les chélipèdes*) est la plus allongée, et se termine par une paire de pinces massives. L'une des deux est plus grosse que l'autre, tantôt la gauche, tantôt la droite.
Agon Coutainville (50), estran
06/2010
5ème paire de pattes
Photographie prise ex-situ (au labo) où l'on voit assez bien la cinquième paire de pattes minuscules vaguement déportées sur le dos et pouvant rentrer dans la cavité branchiale pour la nettoyer.
Baie de Banyuls (66), 7 m
N/A
Carapace jaune
Cet individu arbore une carapace jaune, marbrée de blanc.
Dunkerque (59), 2 m
2008
Carapace marbrée
Chez certains individus, la couleur de la carapace n'est pas uniforme. Sa surface présente alors des marbrures ou des taches.
Agon Coutainville (50), estran
06/2010
Face ventrale
La face ventrale, repli de l'abdomen, est plus claire.
Agon Coutainville (50), estran
06/2010
En Méditerranée
Cet individu est mimétique sur un rhizome de posidonie.
Baie de Banyuls (66), 7 m
N/A
Epibiose
Des spirorbes peuvent coloniser la carapace de certains individus.
Trégastel (22), estran
07/2009
En milieu estuarien
Cette espèce tolère une certaine variation de salinité et fréquente aisément les estuaires.
Lézardrieux, Trieux (22), 15 m
08/2009
Parmi les hermelles
Seuls les chélipèdes massifs et les antennes de cet individu caché parmi les tubes d'hermelles sont visibles.
Saint-Yves, bassin d'Arcachon (33), 8 m
11/06/2008
Sans les pinces...
Les spirorbes donnent l'échelle.
Cet individu n'a plus de pinces. Autotomie, mauvaise(s) rencontre(s) ?
Landrellec (22), estran
08/2009
Larve
L'éclosion des œufs donne des larves présentant une longue épine frontale en "corne de licorne" caractéristique des porcellanes.
Banyuls (66), ex-situ
N/A
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Koukouras A., Mavidis M., Noël P.Y., 2002, The genus Pisidia Leach (Decapoda, Anomura) in the Northeastern Atlantic Ocean and the Mediterranean, Crustaceana, 75 (3-4), 451-463.