Petit crabe de 1 à 2 cm de large
Poils en massue souvent nombreux, mais pouvant manquer
Cinq dents antérolatérales* sur la carapace
Couleur générale uniforme brun-rouge
Doigts des pinces sombres, pattes courtes et robustes, sans épines
Crabe pileux, crabe velu, crabe poilu, crabe poilu brun, crabe rouge poilu
Hairy crab, hairy black crab, bristly crab, bristly xanthid crab (GB), Granziporetto, granciporetto (I), Cangrejito peludo, cangrejito peludo negro, cangrejo aterciopelado, cranc vellutat (E), Borstenkrabbe, Haarkrabbe (D), Ruig krabbetje, zwart ruig krabbetje (NL)
Cancer pilumnus Linnaeus, 1761
Pilumnus hirtellus ponticus Czerniavsky, 1868
Pilumnus aestuari Nardo, 1869
Pilumnus aestuarii Zariquiey-Alvarez, 1968
Pilumnus sp.1 d'Udekem d'Acoz, 1994
Pilumnus sp.1 d'Udekem d'Acoz, 1999
NB : d'après d'Udekem d'Acoz (1999), Pilumnus aestuarii Nardo, 1868 correspond clairement à P. hirtellus tandis que Pilumnus aestuarii sensu Zariquiey-Alvarez, 1968 devrait recevoir un nouveau nom. La liste ERMS ne mentionne pas cette nouvelle espèce, aussi nous considérerons ici le nom Pilumnus aestuarii comme synonyme de Pilumnus hirtellus, avec en mémoire les réserves de Cédric d'Udekem d'Acoz quant à la nomenclature de cette espèce.
Mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée, mer Noire
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Pilumnus hirtellus se rencontre dans l'est de l'Atlantique, entre 60° 18' N et 14° 54' N : depuis la Norvège jusqu'aux côtes ouest africaines et aux îles Canaries et du Cap Vert. Il est également présent dans tout le bassin méditerranéen, en mer de Marmara et en mer Noire.
En Manche-Atlantique, ce crabe se rencontre à partir de la zone médiolittorale* inférieure (donc au niveau des Fucus serratus) jusqu'à une centaine de mètres de profondeur. Il est très commun sous les pierres, parmi les crampons des grandes algues (laminaires, saccorhizes, cystoseires…), dans les moulières et les récifs d'hermelles. Plus bas, il se rencontre aussi occasionnellement sur le maërl, les coquilles envasées, parmi les algues en épave roulées, sur les cailloutis, les fonds durs circalittoraux*. En Méditerranée, il a été signalé parmi les rhizomes* de posidonies et les algues photophiles (cystoseires), dans les rochers des graus, sur différents fonds durs, et sur le coralligène.
Pilumnus hirtellus est un crabe de taille modeste ; les dimensions (longueur x largeur) de la carapace sont comprises entre 8 x 12 et 17 x 25 mm chez les mâles, 7 x 11 et 14 x 20 mm chez les femelles. La carapace a un bord frontal convexe ou oblique de chaque côté de son incision médiane. Ses bords latéraux antérieurs comportent cinq dents spiniformes*, en incluant celle de l'orbite externe. Les segments abdominaux sont libres chez les deux sexes et les femelles ont un abdomen relativement étroit (caractères relativement « primitifs »). Les pinces sont plutôt courtes mais puissantes et légèrement inégales (hétérochélie* faible) ; la pince la plus grosse est indifféremment la gauche ou la droite ; chez les mâles, les pinces sont plus grosses que chez les femelles. Les pattes sont relativement courtes et trapues et sans épines ; elles se terminent par une forte griffe ; la paire postérieure est plus courte que les autres. L'animal porte un peu partout des poils « normaux » et ici et là des poils dits « en massue » qui confèrent à l'animal un aspect hirsute voire teigneux ; ces poils ne sont pas répartis uniformément et leur densité est variable selon les individus ; ils manquent souvent sur la moitié postérieure de la carapace.
Chez la forme aestuarii l'animal porte des poils lisses et en principe pas de poils dits « en massue ».
La couleur générale est rougeâtre à brunâtre, les doigts des pinces sont assez sombres, d'un brun noirâtre. Les pattes locomotrices peuvent être marbrées chez les petits individus.
La systématique des crabes du genre Pilumnus a été et reste assez confuse. En Europe, Pilumnus hirtellus est la seule espèce présente en mer du Nord, Manche et Atlantique.
En Bretagne et plus au sud, un risque de confusion existe avec les juvéniles du crabe verruqueux Eriphia verrucosa qui peuvent présenter quelque ressemblance avec des Pilumnus. Chez Eriphia, la carapace ne présente pas de poils en massue, l'orbite est fermée sur l'angle interne, la taille est beaucoup plus grande puisque la largeur de la carapace peut atteindre 132 mm ; de plus l'espèce est absente normalement en mer du Nord et en Manche, et rare et limitée à l'estran dans le golfe de Gascogne, si bien qu'elle a peu de probabilité d'être observée en plongée.
Plusieurs autres espèces de Pilumnus existent en Méditerranée ; les principales sont les suivantes : Pilumnus spinifer et Pilumnus villosissimus possèdent une épine sur le carpopodite* des pattes ; en outre, le premier a une allure générale épineuse et des poils raides, et le second possède de longs poils soyeux.
Pilumnus aestuarii est petit et rare ; comme Pilumnus hirtellus il a des poils en massue, mais en très petit nombre. La validité de cette espèce n'est pas acceptée par tous les scientifiques.
Le régime alimentaire des pilumnes demeure mal connu ; il se compose sans doute de petits organismes fixés (balanes, vers tubicoles, algues...) ou peu mobiles (annélides, amphipodes, mollusques...).
Les femelles sont ovigères* lorsqu'elles ont atteint des dimensions comprises entre 8,2 x 12 et 14 x 20 mm (10 x 14 mm pour la forme aestuarii). En Bretagne, la ponte a lieu de mars à septembre et les femelles sont ovigères jusqu'en novembre ; en Méditerranée (Catalogne), la ponte a lieu en juillet-août. Le diamètre des œufs est de 0,30 x 0,35 mm. Le développement larvaire comporte une pré-zoé*, quatre stades zoé*, et une mégalope*. Ces larves sont abondantes dans le plancton de juin à novembre, avec un maximum en septembre-octobre.
Différents parasites ont été signalés en Bretagne : le ver Fecampia erythrocephala, Giard, le crustacé rhizocéphale Sacculina gerbei, Bonnier, les crustacés isopodes épicarides Cancricepon elegans, Giard & Bonnier et Cancrion miser, Giard & Bonnier. Comme de nombreux autres crabes, cette espèce peut héberger des stades larvaires de Trématodes.
En Méditerranée, des spécimens ont été signalés porteurs du cilié Synophrya hypertrophica et de la Grégarine Cephaloidophora guinotae.
Les juvéniles de Pilumnus hirtellus peuvent se rencontrer occasionnellement associés à l'anémone verte Anemonia viridis.
Les poissons suivants ont été signalés comme prédateurs de Pilumnus : la rascasse Scorpaena porcus en Tunisie et le mérou Epinephelus marginatus en Espagne.
De faibles variations morphologiques chez la femelle, suite aux pontes, ont été rapportées chez cette espèce.
La longévité n'est pas connue avec précision : peut-être 2 ou 3 ans ?
En plongée, le pilumne hirsute est rencontré plus rarement que le pilumne épineux en Méditerranée.
Il peut pincer assez fort et blesser les doigts des enfants (à basse mer), malgré sa très petite taille !
Cette espèce est parfois présentée dans les aquariums publics.
Pilumne : francisation du nom de genre scientifique Pilumnus,
hirsute : en référence aux poils de la carapace de l'animal qui lui confèrent un aspect hérissé, ébouriffé.
[estuarien (pour la forme aestuarii) : des estuaires (en référence à la lagune de Venise où la forme aestuarii a été décrite par Nardo en 1869)].
Pilumnus : peut-être allusion aux poils de la carapace (« pileux »). Pilumnus était le dieu romain qui présidait aux mariages ; c'est aussi le nom de l'époux de Danaé.
hirtellus : diminutif du latin [hirtus] = hérissé.
Numéro d'entrée WoRMS : 107418
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Brachyura | Brachyoures | Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer. |
Famille | Pilumnidae | Pilumnidés | Carapace poilue. |
Genre | Pilumnus | ||
Espèce | hirtellus |
A Brest
Ce pilumne hirsute est tel qu’on le voit habituellement sous les blocs rocheux. Une pince est nettement plus grosse que l’autre ; attention à vos doigts ! Les poils en massue, collés par l’eau sur l’animal par capillarité, lui confèrent un aspect hirsute d’où son nom vernaculaire.
Plougastel, rade de Brest (29), 4 m
20/05/2009
Pilumne mimétique in situ
Notez la taille impressionnante des pinces de l’animal (sans doute un mâle), par rapport à la taille de son corps. Ce crabe est plus ou moins mimétique sur les fonds qu’il fréquente.
Boulogne-sur-Mer (62), 6 m
10/1997
Couleur mauve
Une belle couleur assez originale pour cet individu normand.
Agon-Coutainville (50), en partie basse de l'estran
06/06/2012
Spécimen de Méditerranée ex situ
Cette photo prise au laboratoire montre clairement les poils en massue, caractéristiques de l’espèce. Ils sont principalement présents sur les pattes marcheuses ; quelques-uns s'observent également sur la moitié antérieure de la carapace.
Banyuls (66), 6 m
08/08/1974
Vue dorsale
Un pilumne hirsute de couleur orange, sur l'épave du Charbonnier.
Lézardrieux, Trieux (22), 12 m
05/2009
Pilumne cherchant sa nourriture
Ce crabe évolue sur un parterre de balanes, à la recherche des organismes dont il se nourrit.
Boulogne-sur-Mer (62), 1 m
20/06/2002
Parasité
Voici les commentaires de Pierre NOËL au sujet de ce cliché :
Il s'agit effectivement d'un beau mâle de pilumne hirsute Pilumnus hirtellus parasité par la sacculine Sacculina gerbei Bonnier, 1887. Cette dernière espèce est assez peu commune en Manche ; elle se rencontre également sur les crabes atélécycles Atelecyclus comme le grand crabe circulaire. La sacculine est réputée pouvoir féminiser son hôte, mais ce ne semble pas être le cas ici.
Agon-Coutainville (50), en partie basse de l'estran
06/06/2012
Pilumne à sec sous une pierre de l’estran
Notez les pattes relativement « robustes », et les poils en massue irrégulièrement distribués sur l’animal, pratiquement absents de la moitié arrière de la carapace. Quelques poils normaux sont visibles sur les pattes.
Tatihou, Cotentin (50), estran
14/09/2008
Aspect général ex situ
Les Pilumnus présentant cet aspect ont été longtemps rapportés à l’espèce Pilumnus aestuarii. Il semble admis actuellement que ce ne sont que des spécimens présentant une réduction extrême des poils en massue. Ils sont donc identifiés comme des Pilumnus hirtellus. Notez la couleur sombre de ce crabe, les marbrures sur les pattes et la présence d’un nombre moyennement important de soies normales et de quelques rares soies en massue (carapace et appendices).
Posidonies du Racou (66), 7 m, de nuit
08/10/1974
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Bonnier J., 1900, CONTRIBUTION A L'ETUDE DES EPICARIDES, LES BOPYRIDAE, Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, Travaux de la Station Zoologique de Wimereux, 8, 1-475.
Bourdon R., 1962, Observations préliminaires sur la ponte des Xanthidae, Bulletin de la Société Lorraine des Sciences, 2, 3-28.
Bourdon R., 1963, Épicarides et Rhizocéphales de Roscoff, Cahiers de Biologie Marine, 4, 415-434.
Bourdon R., 1964, Épicarides et Rhizocéphales du Bassin d'Arcachon, Procès Verbaux de la Société linnéenne de Bordeaux, 101, 1-7.
Bourdon R., 1965, Inventaire de la faune marine de Roscoff, Décapodes-Stomatopodes, Éditions de la Station Biologique de Roscoff, 1-45.
Bourdon R., 1968, Les Bopyridae des mers européennes, Mémoires du Muséum National d’Histoire Naturelle, Série A, Zoologie, 50 (2), 77-424.
Manning R.B., Holthuis L.B., 1981, West African Brachyuran crabs (Crustacea, Decapoda), Smithsonian Contributions to Zoology, 306, 1-379.
d'Udekem d'Acoz C., 1994, Contribution à la connaissance des Crustacés Décapodes Helléniques I, Brachyura. Bios (Macedonia, Grèce), 1 (2), 9-47.
Vadon C., 1981, LES BRACHYOURES DES HERBIERS DE POSIDONIES DANS LA REGION DE VILLEFRANCHE-SUR-MER, BIOLOGIE, ECOLOGIE, ET VARIATIONS QUANTITATIVES DES POPULATIONS, Thèse de Doctorat de 3ème cycle, Université Pierre et Marie Curie, Paris 6, 227p.
Vadon C., 1984, La faune carcinologique associée à l'actinie Anemonia sulcata (Pennant) sur les côtes françaises de Méditerranée, Oceanis, 10 (5), 551-555.
Vivarès C.P., 1972-1973, Le parasitisme chez les Brachyoures (Crustacea, Decapoda) de la côte méditerranéenne française et des étangs du Languedoc-Rousillon, Vie et Milieu, série A, Biologie marine, 23 (2), 191-218.