Physophore-vahiné

Physophora hydrostatica | Forskål, 1775

N° 1391

Cosmopolite (hors mers polaires)

Clé d'identification

Organisme planctonique flottant entre deux eaux, entre 8 et 15 cm de haut
Au sommet, une petite vésicule transparente, parfois argentée, rouge-brune à l'apex
En dessous, une grappe de nombreuses petites cloches natatoires translucides
En dessous, une large couronne d'épais tentacules orange
En dessous, une "touffe" polypiaire claire faite de filaments plus ou moins visibles et courts

Noms

Autres noms communs français

Physophore, siphonophore-bulles, danseuse

Noms communs internationaux

Bubble jelly, hula skirt siphonophore (GB), měchýřovka vznášivá (CZ)

Synonymes du nom scientifique actuel

Discolabe quadrigata Haeckel, 1888 est parfois cité comme synonyme de la physophore.
Il semblerait en fait constituer une espèce à part entière, dont certains caractères permettent de la distinguer de la physophore-vahiné.

Distribution géographique

Cosmopolite (hors mers polaires)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique

Cet animal est connu dans toutes les mers du globe, à l'exception des eaux polaires.

Biotope

Appartenant à la faune planctonique*, Physophora hydrostatica se rencontre par les plongeurs principalement en dérive sous les eaux de surface à la saison froide et surtout au printemps, l'animal faisant l'objet d'une migration verticale. En effet, son aire habituelle d'évolution se situe plutôt dans les grandes profondeurs, entre 700 et 1000 mètres.

Description

Physophora hydrostatica est un siphonophore, c'est-à-dire une colonie de polypes spécialisés dans diverses tâches respectives (alimentation, défense, capture, flottaison, reproduction, etc…) et organisés autour d'une tige creuse : le stolon*. Tout au long de cet axe, ces individus spécialisés (les zoïdes) prennent différentes formes adaptées, composent différentes parties de l'ensemble.
Sur cette colonie polymorphe de 8 à 15 cm environ, on peut donc distinguer, "de haut en bas", plusieurs segments clairement identifiables :
- Une petite ampoule gazeuse est située au sommet de la colonie : Le pneumatophore*. Il apparaît parfois argenté, voire teinté de rouge-brun à l'apex.
- Le nectosome* se trouve juste en dessous du pneumatophore. Il est composé, telle une grappe bien organisée, en deux séries longitudinales de nombreuses petites clochettes natatoires translucides (appelées également nectophores*). Celles-ci agissent par contraction, comme de petites méduses.
Ces deux parties, pneumatophore et nectosome, permettent la flottaison, la stabilisation et le déplacement de la colonie. Elles représentent à elles deux environ la moitié de la longueur de l'organisme.
- A la base de ces cloches natatoires, on trouve le siphonosome*. Il s'agit d'un ensemble de polypes spécialisés, organisés en unités fonctionnelles, appelées cormidies*, capables d'assurer la survie de la colonie. La base de ce siphonosome est réduite à un large plateau vésiculeux portant les différents groupes de polypes.
D'abord et bien visible, on observe une jolie couronne de tentacules, relativement courts, de couleur orange à rose, avec parfois des nuances violettes, et un renflement blanc à leur extrêmité. Les polypes portant ces tentacules urticants sont appelés dactylozoïdes*, font le tour de l'animal et sont des arguments défensifs.
Au centre de cette couronne de dactylozoïdes s'enracine la partie du nectosome qui accueille d'autres polypes en une touffe claire diversement longue et fournie. Certains individus sont chargés de l'alimentation (gastrozoïdes*), d'autres de la pêche des proies grâce à des filaments urticants ramifiés (recouverts de nématocystes*) sur lesquels apparaissent parfois des petits points blancs. D'autres individus encore (les gonozoïdes*) permettent la reproduction. Physophora hydrostatica traîne cet ensemble de cormidies plus ou moins dans son sillage selon son activité de chasse mais l'organisme peut rétracter ces éléments à l'abri des tentacules des dactylozoïdes.

Espèces ressemblantes

Il s'agit principalement d'autres siphonophores à flotteurs qui sont également susceptibles de remonter près de la surface depuis les grandes profondeurs…
Citons :
Forskalia edwardsi Kölliker, 1853
Ce siphonophore possède également un flotteur à l'une de ses extrémités. Mais il présente un panache urticant très différent, sur un stolon beaucoup plus long (peut atteindre 3 mètres de long). Le siphosome porte de nombreux filaments, et s'il peut être assez ramassé le long du stolon, formant comme une gaine, il est très volumineux et très hérissé lorsqu'il est en phase de "pêche". Des vésicules rouges/orange sont visibles au niveau des filaments pêcheurs. La forskalie ne montre pas d'épais tentacules identifiables en tant que tels comme chez la physophore-vahiné. Très peu de risques de confusion avec Physophora hydrostatica.

Apolemia uvaria (Leseuer, 1815)
Possède également un flotteur mais le siphosome relativement fin peut être extrêmement long, jusqu'à 10, 20 voire 30 mètres en état d'extension ! Facilement reconnaissable à ses cormidies de couleur blanche, ressemblant à des tampons de laine assez espacés sur le stolon.

Marrus orthocanna (Kramp, 1942)
Semblable à Physophora hydrostatica, sauf que ne sont pas visibles les tentacules orange de ce dernier. Les cloches natatoires sont très espacées les unes des autres sur le stolon ; le système circulatoire apparaît rouge sous la lumière du phare. Rare aux profondeurs fréquentées par les plongeurs sous-marins.

Agalma elegans (M. Sars, 1846)
Présente principalement en Atlantique Nord et peut-être en Méditerranée, cette espèce ressemble à Physophora hydrostatica avec des segments respectifs plus ou moins longs, l'animal étant bien plus grand (elle peut atteindre 1 mètre en état d'excitation). Les cloches natatoires sont très arrondies. Les filaments pêcheurs montrent des ramifications rouge brique.

Agalma okeni Eschscholtz, 1825
Idem que A. elegans mais les cloches natatoires sont de formes prismatiques. Environ 30 cm de long. Développe une bioluminescence quand il est dérangé.

Nanomia bijuga (Delle Chiaje, 1841)
Atlantique, Pacifique et Méditerranée. Physonecte de 45 cm de long au maximum. Le nectosome fait 1/5ème de la longueur totale de l'animal. Celui-ci ne montre pas de tentacules au sommet du long siphosome.

Halistemma rubrum (Vogt, 1852)
Atlantique et Méditerranée. Physonecte pouvant atteindre 2 mètres, possédant autour d'une soixantaine de cloches natatoires sur le nectosome. La colonie est souvent teintée de rose.

Les Physonectes profonds voire bathyplanctoniques* englobent encore de nombreuses autres espèces et font l'objet de découvertes permanentes.

Alimentation

Vorace prédateur carnivore, Physophora hydrostatica se nourrit de petits organismes zooplanctoniques, voire même parfois d'alevins, que l'animal foudroie grâce aux décharges des nématocystes présents en grand nombre sur les filaments pêcheurs qu'il laisse traîner dans son sillage. Ces proies capturées sont ensuite ramenées pour ingestion à la bouche des gastrozoïdes. C'est là qu'aura lieu la digestion. On pense que l'excrétion se fait par l'intermédiaire des dactylozoïdes.

Reproduction - Multiplication

Physophora hydrostatica est hermaphrodite* et, comme la plupart des siphonophores, demeure planctonique toute sa vie (pas de phase benthique = organisme holoplanctonique). Les gonozoïdes (individus dédiés à la reproduction) du nectosome, eux, sont sexués et libéreront les gamètes respectifs, mâles et femelles, dans le milieu. La fécondation donnera une larve planctonique, la planula*, à partir de laquelle commenceront à se diversifier les différents polypes spécialisés qui formeront la colonie, à commencer par le pneumatophore résultant d'une primo invagination à une extrémité de la planula.

Divers biologie

Au cours du développement, les individus qui composent la colonie évoluent très différemment en fonction de leur destinée et de la tâche qu'ils auront à exécuter au profit de la collectivité. Certains garderont la forme primitive de méduses, se seront renflés pour former des cloches natatoires, certains sont réduits à une bouche et un estomac, d'autres encore à un simple organe de défense, développent un tentacule épais ou bien portent un filament ramifié très urticant, etc…
Mais, provenant d'un œuf unique, tous les individus d'une même colonie portent le même génome.

Afin de se déplacer, notamment lors des migrations verticales, Physophora hydrostatica est capable d'intervenir sur sa densité en modifiant le taux de gaz dans le "flotteur" grâce à un pore situé à la base du pneumatophore, et grâce à une production de gaz par des glandes spécialisées au niveau de l'endoderme. Ce gaz est principalement composé d'azote, d'oxygène et d'argon.

Les petits points blancs parfois visibles sur les filaments pêcheurs agissent comme des leurres. Ils sont destinés à imiter des petits animaux planctoniques, tels des copépodes, afin d'attirer les prédateurs de ceux-ci,... et de les capturer !

Contrairement à de nombreux organismes planctoniques, à commencer par les siphonophores (Forskalia sp., Agalma okeni, Nanomia bijuga, Apolemia sp. etc), Physaphora hydrostatica ne semble pas être douée de bioluminescence.

Origine des noms

Origine du nom français

Physophore-vahiné : c'est la couronne de tentacules orangés qui identifie la physophore en rappelant la jupe des vahinés, les célèbres danseuses polynésiennes.
Autre nom commun : siphonophore-bulles : la structure polypiaire du flotteur évoque un amas de bulles.

Origine du nom scientifique

Physophora : du grec [phoros] = porteur et [physos] = vessie. Le préfixe [physo-] se réfère toujours au gaz. Ici, il fait référence à la présence bien visible du flotteur rempli de gaz.

hydrostatica : du mot latin [hyrostatica] = qui se rapporte à l'équilibre et à la pression des liquides.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Hydrozoa Hydrozoaires Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce.
Sous-classe Hydroidolina Hydroïdes Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype.
Ordre Siphonophorae Siphonophores Hydroïdes coloniaux exclusivement pélagiques. Les colonies présentent des méduses et des polypes associés et fortement différenciés, disposés le long d'un stolon long parfois de plusieurs dizaines de mètres.
Sous-ordre Physonectae Physonectides Siphonophores possédant un pneumatophore, un nectosome, et un siphosome.
Famille Physophoridae Physophoridés
Genre Physophora
Espèce hydrostatica

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