Nudibranche doridien d'environ 2 cm maximum, plutôt arrondi
De couleur jaune d'or
Présente nombre de petits points blancs, en reliefs et rugueux
Pied complètement recouvert par le manteau et donc invisible
Deux petits rhinophores lamellés et rétractiles à l'avant du manteau
Branchies invisibles car se trouvant sous la face inférieure du manteau
Phyllidie, phyllidie jaune
Fillidia mediterranea (I)
Phyllidia pulitzeri Pruvot-Fol, 1963
Phyllidia papillosa Aradas, 1847
Phyllidia rolandiae Pruvot-Fol, 1951
Phyllidia aurata Pruvot-Fol, 1953
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]C'est une espèce réputée endémique de Méditerranée, semblant peu fréquente à rare selon les différentes régions du bassin méditerranéen. A noter néanmoins que deux individus on été signalés des Açores et il serait connu au Cap Vert.
On rencontre Phyllidia flava surtout en dessous de 20 mètres sur les tombants ou les éboulis rocheux qui accueillent les quelques espèces d'éponges orange dont l'animal se nourrit. C'est souvent sur ou au pied de ces spongiaires qu'on la découvre.
On a également découvert l'animal dans des grottes sombres, notamment dans des versions « albinos » complètement blanches !
Phyllidia flava est un nudibranche doridien qui montre essentiellement son manteau jaune d'or à orange, recouvert de petits tubercules ronds, jaune pâle, les plus gros étant blancs.
L'animal ne dépasse pas 30 millimètres au maximum pour une largeur de 20 mm et une hauteur, assez plate, de 5 mm environ. Ses tubercules sont de consistance rugueuse sur un corps assez rêche au toucher.
Le pied est en général complètement recouvert par le manteau.
En regardant bien, on peut distinguer (ce qui marque l'avant de l'animal) les deux rhinophores, de même couleur que le manteau. Ils sont constitués d'une dizaine de lamelles. Ces rhinophores sont rétractiles et pas forcément aisés à voir. Les palpes labiaux se trouvent également à l'avant mais sont cachés par la jupe du manteau.
Nous ne verrons pas non plus le panache branchial typique des doridiens. En effet, les branchies des Phyllidides se trouvent sous le manteau, invisibles à l'œil nu, à moins de retourner l'animal.
Armina maculata : un peu plus allongée et souvent plus grande que Phyllidia flava, Armina maculata possède, comme beaucoup d'Arminacées, le rebord du manteau qui vient former un voile céphalique derrière les rhinophores et s'arrête là. Ca n'est pas le cas chez Phyllidia flava dont le bord avant du manteau vient normalement recouvrir l'avant du pied.
De plus, chez Armina maculata, les rhinophores correspondent prototypiquement à ceux des Arminacées, c'est-à-dire qu'ils apparaissent striés verticalement, perpendiculaires au corps ; au contraire des rhinophores de la Phyllis qui sont lamellés d'une manière spécifique aux nudibranches doridiens, c'est à dire, en diagonale.
Enfin, l'armine se nourrit de polypes de Cnidaires, non pas de Spongiaires et le lieu de rencontre (plutôt des subtrats sablo-vaseux) sera donc aussi un indice notable.
Doriopsilla fulva (Mac Farland, 1905) : elle a une robe très similaire mais c'est une espèce du Pacifique nord-est et elle ne partage donc pas le territoire de P. flava. En outre, D. fulva possède un panache dorsal bien visible.
Phyllidia flava semble se nourrir exclusivement de spongiaires et notamment des tissus des éponges épineuses orange aux formes tarabiscotées, Axinella cannabina et Acanthella acuta, auprès desquelles on la trouve fréquemment.
Ces tissus font l'objet "d'aspirations" grâce à une configuration particulière du système buccal. En effet, celui-ci et contrairement à nombre de nudibranches, ne présente ni radula ni mâchoire mais un tube oral permettant la succion.
La reproduction a lieu deux à deux, en position tête-bêche comme pour la grande majorité des nudibranches. En effet, l'appareil génital émerge du pied, sur la partie droite de l'animal, un peu derrière sa tête. Les individus étant hermaphrodites, il y a un échange réciproque des gamètes et chaque individu va ensuite pouvoir produire une ponte. Celle-ci représente un disque concentrique, allant jusqu'à une demi-douzaine de centimètres de diamètre, assez plat et de couleur jaune.
Une particularité des nudibranches est la palette étonnante parmi laquelle chaque espèce choisit ses principaux moyens défensifs.
Celui de Phyllidia flava semble être chimique. En effet, on peut remarquer en cas de stress, la diffusion dans le milieu d'un produit blanchâtre, émis entre le manteau et le pied. A l'instar d'autres espèces doridiennes, ce composé chimique pourrait être de nature acide et tout au moins à effet hautement répulsif puisque effectivement, les Phyllidiidae sont connues pour produire des sesquiterpènes isocyanides qui sont à la fois acides et toxiques.
De plus, un certain nombre de nudibranches mangeurs d'éponges gardent, recyclent ou re-fabriquent des spicules calcaires ou siliceux et les stockent dans le manteau dorsal. C'est souvent ce qui lui donne cet aspect rugueux.
Toujours dans le cadre défensif, on peut noter simplement l'homochromie de Phyllidia flava avec les éponges qui constituent son repas.
De fait, et quoi que nous apprennent les futures recherches sur les moyens de défense mis en place par notre animal, on ne connaît pas vraiment de prédateur spécifique à Phyllida flava.
Phyllidia flava est la seule représentante de la famille Phyllidiidae en Méditerranée. Famille au contraire très représentée en mers chaudes.
Phyllis : nom issu de la mythologie grecque. Phyllis était la fille du Roi de Thrace, Lycurgue. Devenue à son tour reine, elle tomba amoureuse du fils de Thésée et de Phèdre, Démophoon. Après une tendre union, Démophoon dut retourner à Athènes pour régler quelques affaires et promit de revenir. Mais il laissa passer le jour prévu. Phyllis, se pensant abandonnée, céda au désespoir et dans un accès de délire, se jeta à la mer !
On dit que les Dieux, prenant en pitié cette reine, si tendre et si jeune, la changèrent en amandier.
Lorsque, quelques jours plus tard, Démophoon revint d'Athènes, l'amandier fleurit. Comme si Phyllis était sensible au retour de celui qu'elle avait si ardemment aimé.
Comme en une certaine saison les feuilles de cet arbre paraissaient humides, l'on disait alors qu'elles étaient trempées des larmes de Phyllis.
Une autre version dit qu'apèrs la vaine attente de son amant, Phyllis s'est pendue de chagrin.
A ponctuations blanches : correspond simplement à l'aspect extérieur de l'animal.
Phyllidia : Des mots grecs [phyllon] = feuille et [eidos] = aspect, ou plutôt une petite altération à partir de [phyllis, idis] cf. supra.
flava : du latin [flavus] = jaune un peu foncé à blond sombre, de couleur miel.
Phyllidia flava ressemble effectivement un peu à une feuille couleur de miel...
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Phyllidiidae | Phyllidiidés | Corps ovale, pas de branchies dorsales (lamelles sous le manteau autour du pied), rhinophores lamellés rétractiles, manteau dur avec des tubercules, motifs et couleurs contrastés. |
Genre | Phyllidia | ||
Espèce | flava |
Jaune à pustules blanches
Phyllidia flava est un nudibranche doridien qui montre essentiellement son manteau jaune d’or à orange, recouvert de petits tubercules ronds, jaune pâle, les plus gros étant blancs.
Pequerolle, Antibes (06), 28 m
16/07/2010
Phyllidia flava : « Une feuille couleur de miel »…
Phyllis à ponctuations blanches se promenant parmi les algues et les éponges.
Grotte du Lido, Rade de Villefranche ; Alpes-Maritimes.
04/07/2004
Partie antérieure
Sur ce gros plan antérieur de l'animal, on voit très bien les deux rhinophores. Ils sont de même couleur que le manteau et sont constitués d'une dizaine de lamelles. Ces rhinophores sont rétractiles et pas forcément aisés à voir, car non seulement ton sur on mais bien souvent et au moindre danger, l'individu les rétracte.
Le Lido, rade de Villefranche-sur-mer (06)
12/07/2020
Rhinophores lamellés
Comme tous les doridiens, la Phyllis à ponctuations blanches possède deux rhinophores, organes d’analyse chimique entre autres. Très rétractiles, ils sont sans doute visibles ici car l’animal, tout à son occupation alimentaire a laissé approcher le photographe.
Cap de Nice, Alpes-maritimes.
16/05/2010
Phyllidia flava : pied & branchies
Il faut voir l’animal d’en dessous pour distinguer son pied. Autour de celui-ci, sont bien visibles les branchies lui servant à respirer.
Pointe de la Gavinette, Rade de Villefranche-sur-Mer, Alpes-Maritimes, 21 m
23/08/2006
Phyllidia flava : pied & palpes labiaux
Toujours cachés par le manteau, on peut voir à l’avant du pied, les palpes labiaux qui servent à explorer physiquement son environnement direct.
Pointe de la Gavinette, Rade de Villefranche-sur-Mer, Alpes-Maritimes, 19 m
23/08/2006
Sur les tombants
On rencontre généralement Phyllidia flava sur les tombants ou les éboulis rocheux qui accueillent la principale espèce d'éponge dont l'animal se nourrit. Mais ici, elle a été rencontrée au niveau de l'herbier de posidonie, juste sous les 20 mètres.
Cap Estel, Eze (06), 23 m
30/09/2017
Phyllis en plein repas
Phyllidia flava sur une de ses proies favorites, l’éponge Acanthella acuta. Juste au dessus, on aperçoit un Doris de Villefranche (Hypselodoris villafranca).
Pointe Crau de Nao, Rade de Villefranche-sur-Mer, Alpes-Maritimes, 31 m
11/09/2005
Phyllidia flava : en couple
Assez souvent rencontrés par deux, ils sont là encore au pied de l’éponge-proie. Recevra-t-elle la ponte, fruit de la rencontre ?
Grande Baie, Rade de Villefranche-sur-Mer, Alpes-Maritimes, 38 m
13/08/2006
Presque circulaire, pied caché
On ne distingue immédiatement de Phillidia flava que le rond jaune pointillé de blanc de son manteau. Celui-ci recouvre pied et organes rattachés.
« Grotte à Corail », Rade de Villefranche-sur-Mer, Alpes Maritimes, 22 m
31/07/2005
Forme curieuse.
La position de l'animal donne une drôle de forme au manteau ! La tête est à droite.
Saint-Raphaël (83), 15 m
2006
Réaction de défense
La Phyllidie jaune dérangée sécrète un liquide muqueux blanchâtre pour se défendre.
Saint-Raphaël, 15 m
2006
Réaction de défense
La Phyllidie jaune dérangée sécrète un liquide muqueux blanchâtre pour se défendre.
Sec Saint-Pierre
12/08/1997
Dans les Alpes-Maritimes
A la frontière franco-monégasque...
Cap Estel, Eze-sur-mer (06), 20 m
19/06/2014
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Hart J., Wirtz P., 2013, Phyllidia flava Aradas, 1847 (Mollusca, Opisthobranchia), new record for the Azores, Arquipelago, Life and Marine Sciences, 30.