Phyllis à ponctuations blanches

Phyllidia flava | Aradas, 1847

N° 305

Méditerranée

Clé d'identification

Nudibranche doridien d'environ 2 cm maximum, plutôt arrondi
De couleur jaune d'or
Présente nombre de petits points blancs, en reliefs et rugueux
Pied complètement recouvert par le manteau et donc invisible
Deux petits rhinophores lamellés et rétractiles à l'avant du manteau
Branchies invisibles car se trouvant sous la face inférieure du manteau

Noms

Autres noms communs français

Phyllidie, phyllidie jaune

Noms communs internationaux

Fillidia mediterranea (I)

Synonymes du nom scientifique actuel

Phyllidia pulitzeri Pruvot-Fol, 1963
Phyllidia papillosa Aradas, 1847
Phyllidia rolandiae Pruvot-Fol, 1951
Phyllidia aurata Pruvot-Fol, 1953

Distribution géographique

Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

C'est une espèce réputée endémique de Méditerranée, semblant peu fréquente à rare selon les différentes régions du bassin méditerranéen. A noter néanmoins que deux individus on été signalés des Açores et il serait connu au Cap Vert.

Biotope

On rencontre Phyllidia flava surtout en dessous de 20 mètres sur les tombants ou les éboulis rocheux qui accueillent les quelques espèces d'éponges orange dont l'animal se nourrit. C'est souvent sur ou au pied de ces spongiaires qu'on la découvre.
On a également découvert l'animal dans des grottes sombres, notamment dans des versions « albinos » complètement blanches !

Description

Phyllidia flava est un nudibranche doridien qui montre essentiellement son manteau jaune d'or à orange, recouvert de petits tubercules ronds, jaune pâle, les plus gros étant blancs.
L'animal ne dépasse pas 30 millimètres au maximum pour une largeur de 20 mm et une hauteur, assez plate, de 5 mm environ. Ses tubercules sont de consistance rugueuse sur un corps assez rêche au toucher.
Le pied est en général complètement recouvert par le manteau.
En regardant bien, on peut distinguer (ce qui marque l'avant de l'animal) les deux rhinophores, de même couleur que le manteau. Ils sont constitués d'une dizaine de lamelles. Ces rhinophores sont rétractiles et pas forcément aisés à voir. Les palpes labiaux se trouvent également à l'avant mais sont cachés par la jupe du manteau.
Nous ne verrons pas non plus le panache branchial typique des doridiens. En effet, les branchies des Phyllidides se trouvent sous le manteau, invisibles à l'œil nu, à moins de retourner l'animal.

Espèces ressemblantes

Armina maculata : un peu plus allongée et souvent plus grande que Phyllidia flava, Armina maculata possède, comme beaucoup d'Arminacées, le rebord du manteau qui vient former un voile céphalique derrière les rhinophores et s'arrête là. Ca n'est pas le cas chez Phyllidia flava dont le bord avant du manteau vient normalement recouvrir l'avant du pied.
De plus, chez Armina maculata, les rhinophores correspondent prototypiquement à ceux des Arminacées, c'est-à-dire qu'ils apparaissent striés verticalement, perpendiculaires au corps ; au contraire des rhinophores de la Phyllis qui sont lamellés d'une manière spécifique aux nudibranches doridiens, c'est à dire, en diagonale.
Enfin, l'armine se nourrit de polypes de Cnidaires, non pas de Spongiaires et le lieu de rencontre (plutôt des subtrats sablo-vaseux) sera donc aussi un indice notable.

Doriopsilla fulva (Mac Farland, 1905) : elle a une robe très similaire mais c'est une espèce du Pacifique nord-est et elle ne partage donc pas le territoire de P. flava. En outre, D. fulva possède un panache dorsal bien visible.

Alimentation

Phyllidia flava semble se nourrir exclusivement de spongiaires et notamment des tissus des éponges épineuses orange aux formes tarabiscotées, Axinella cannabina et Acanthella acuta, auprès desquelles on la trouve fréquemment.
Ces tissus font l'objet "d'aspirations" grâce à une configuration particulière du système buccal. En effet, celui-ci et contrairement à nombre de nudibranches, ne présente ni radula ni mâchoire mais un tube oral permettant la succion.

Reproduction - Multiplication

La reproduction a lieu deux à deux, en position tête-bêche comme pour la grande majorité des nudibranches. En effet, l'appareil génital émerge du pied, sur la partie droite de l'animal, un peu derrière sa tête. Les individus étant hermaphrodites, il y a un échange réciproque des gamètes et chaque individu va ensuite pouvoir produire une ponte. Celle-ci représente un disque concentrique, allant jusqu'à une demi-douzaine de centimètres de diamètre, assez plat et de couleur jaune.

Divers biologie

Une particularité des nudibranches est la palette étonnante parmi laquelle chaque espèce choisit ses principaux moyens défensifs.
Celui de Phyllidia flava semble être chimique. En effet, on peut remarquer en cas de stress, la diffusion dans le milieu d'un produit blanchâtre, émis entre le manteau et le pied. A l'instar d'autres espèces doridiennes, ce composé chimique pourrait être de nature acide et tout au moins à effet hautement répulsif puisque effectivement, les Phyllidiidae sont connues pour produire des sesquiterpènes isocyanides qui sont à la fois acides et toxiques.
De plus, un certain nombre de nudibranches mangeurs d'éponges gardent, recyclent ou re-fabriquent des spicules calcaires ou siliceux et les stockent dans le manteau dorsal. C'est souvent ce qui lui donne cet aspect rugueux.
Toujours dans le cadre défensif, on peut noter simplement l'homochromie de Phyllidia flava avec les éponges qui constituent son repas.
De fait, et quoi que nous apprennent les futures recherches sur les moyens de défense mis en place par notre animal, on ne connaît pas vraiment de prédateur spécifique à Phyllida flava.

Informations complémentaires

Phyllidia flava est la seule représentante de la famille Phyllidiidae en Méditerranée. Famille au contraire très représentée en mers chaudes.

Origine des noms

Origine du nom français

Phyllis : nom issu de la mythologie grecque. Phyllis était la fille du Roi de Thrace, Lycurgue. Devenue à son tour reine, elle tomba amoureuse du fils de Thésée et de Phèdre, Démophoon. Après une tendre union, Démophoon dut retourner à Athènes pour régler quelques affaires et promit de revenir. Mais il laissa passer le jour prévu. Phyllis, se pensant abandonnée, céda au désespoir et dans un accès de délire, se jeta à la mer !
On dit que les Dieux, prenant en pitié cette reine, si tendre et si jeune, la changèrent en amandier.
Lorsque, quelques jours plus tard, Démophoon revint d'Athènes, l'amandier fleurit. Comme si Phyllis était sensible au retour de celui qu'elle avait si ardemment aimé.
Comme en une certaine saison les feuilles de cet arbre paraissaient humides, l'on disait alors qu'elles étaient trempées des larmes de Phyllis.
Une autre version dit qu'apèrs la vaine attente de son amant, Phyllis s'est pendue de chagrin.

A ponctuations blanches : correspond simplement à l'aspect extérieur de l'animal.

Origine du nom scientifique

Phyllidia : Des mots grecs [phyllon] = feuille et [eidos] = aspect, ou plutôt une petite altération à partir de [phyllis, idis] cf. supra.

flava : du latin [flavus] = jaune un peu foncé à blond sombre, de couleur miel.
Phyllidia flava ressemble effectivement un peu à une feuille couleur de miel...

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Doridina Doridiens Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes.
Famille Phyllidiidae Phyllidiidés Corps ovale, pas de branchies dorsales (lamelles sous le manteau autour du pied), rhinophores lamellés rétractiles, manteau dur avec des tubercules, motifs et couleurs contrastés.
Genre Phyllidia
Espèce flava

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