Oursin-lance impérial

Phyllacanthus imperialis | (Lamarck, 1816)

N° 2382

Indo-Pacifique tropical Ouest, mer Rouge

Clé d'identification

Oursin brun rouge sombre à test sphérique
Piquants primaires robustes, peu nombreux, en forme de bâton et recouverts d'épibiontes
Piquants secondaires en forme de spatule, plaqués contre les mamelons
Ambulacres sinueux bien visibles

Noms

Autres noms communs français

Oursin-baguette, oursin impérial, oursin-crayon (mais ce nom doit être réservé à l'espèce Heterocentrotus mamillatus), faux oursin-crayon

Noms communs internationaux

Lance urchin, imperial urchin, pencil urchin (GB), Riccio lancia, riccio matita (I), Erizo de lápices (E), Lanzenseeigel (D), Lans zeeëgel (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cidarites imperialis Lamarck, 1816
Cidaris imperialis (Lamarck, 1816)
Leiocidaris imperialis (Lamarck, 1816)
Rhabdocidaris imperialis (Lamarck, 1816)
Cidaris imperialis fustigera (A. Agassiz, 1863)
Phyllacanthus fustigera A. Agassiz, 1863
Phyllacanthus fustigerus A. Agassiz, 1863
Cidaris fustigera (A. Agassiz, 1963)

Distribution géographique

Indo-Pacifique tropical Ouest, mer Rouge

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Cette espèce est présente en mer Rouge, dans tout l'océan Indien tropical et dans l'ouest du Pacifique jusqu'aux îles Tonga et du sud du Japon à l'Australie. Concernant les côtes françaises d'outre-mer, elle est présente à Mayotte, la Réunion et la Nouvelle-Calédonie.

Biotope

L'oursin-lance impérial se rencontre dans les récifs coralliens peu profonds, depuis la surface jusqu'à une quinzaine de mètres le plus souvent, mais il peut être observé jusqu'à 70 m.

Description

Phyllacanthus imperialis est un oursin dont le test* sphérique peut atteindre 8 cm de diamètre. Les piquants (ou radioles*) sont de trois types. Les plus gros sont très robustes et atteignent 8 cm de long sur le dos, mais seulement 1 cm sur la face ventrale. Ils sont peu nombreux, de section circulaire, lisses et légèrement granuleux (cette granulation peut parfois former de légères stries longitudinales) et toujours recouverts d'organismes épibiontes*. Leur couleur brune ou rougeâtre, plus claire que le test, parfois avec des bandes claires dans leur partie distale, est généralement masquée par ces organismes. Ils sont attachés à de gros mamelons sur le test, ce qui leur permet de bouger dans toutes les directions.

Les piquants secondaires sont aplatis, très courts et en forme de spatule. Ils sont de la même couleur que le test : rouge à brun foncé et sont généralement plaqués contre les mamelons portant les gros piquants.

Les ambulacres* sont sinueux et bien visibles sur les tests clairs et plus difficiles à distinguer quand les tests sont très foncés. Enfin, les piquants de troisième type sont de la même forme spatulée que les piquants secondaires mais encore plus petits. Ils sont présents de part et d'autre du sillon ambulacraire et sur la face ventrale, autour de la bouche. Leur couleur est la même que celle du sillon ambulacraire.

Espèces ressemblantes

Phyllacanthus irregularis est une espèce présente sur les côtes sud d'Australie, trop froides pour P. imperialis. Cette espèce ressemble beaucoup à l'oursin-lance impérial mais elle est plus petite (7 cm maximum) et les gros piquants primaires sont plus fins.

L'oursin-crayon (Heterocentrotus mamillatus) présente lui aussi des gros piquants en forme de bâton, mais chez cette espèce, ces gros piquants sont rouge vif ou violets, de section triangulaire et toujours très propres (jamais recouverts d'organismes). Le test est de forme ovale. On le rencontre en mer Rouge et dans l'Indo-Pacifique.

Eucidaris metularia est une espèce plus petite dont le test ne dépasse pas 3 cm de diamètre. Les piquants primaires, eux-aussi en forme de bâton, font environ 3 cm de longueur. Ces gros piquants sont dispersés sur le pourtour du test, et le centre de la face dorsale du test en est dépourvu. Espèce de mer Rouge et de l'Indo-Pacifique.

D'autres espèces dans la famille des Cidaridés comme par exemple dans les genres Chondrocidaris ou Prionocidaris pourraient être confondues avec Phyllacanthus imperialis, mais ces espèces ont des piquants primaires, également en forme de bâton plus ou moins long, couverts d'épines, pas toujours faciles à voir sous les épibiontes. L'oursin impérial s'en distingue par ses ambulacres sinueux.

Alimentation

L'oursin-lance impérial se tient la journée dans des cavités ou anfractuosités du récif. Il sort la nuit pour se nourrir. Son régime est plutôt herbivore* et il se nourrit d'algues calcaires encroûtantes sur le substrat*. Au passage il ne dédaigne pas quelques charognes ou animaux benthiques fixés comme des éponges, des cnidaires, des ascidies et même des mollusques.

Reproduction - Multiplication

Chez Phyllacanthus imperialis, les sexes sont séparés (espèce gonochorique*). Les individus mâles et les individus femelles libèrent leur gamètes* en même temps, directement dans la colonne d'eau où a lieu la fécondation. Les œufs et les larves* ont une vie planctonique* de quelques jours.
Des études sur la grande barrière de corail en Australie ont montré que la métamorphose* et le début de la vie benthique commençaient 4 jours après la fécondation. Pendant cette courte vie pélagique, la larve ne se nourrit pas (et ne développe pas de bouche) contrairement aux larves d'une majorité d'espèces d'oursins, qui ont une vie larvaire plus longue et ont alors besoin de se nourrir. De même, pendant cette étude, la libération des gamètes a été observée en même temps que la reproduction des coraux, quelques jours après la pleine lune de novembre.

Vie associée

Les piquants primaires, ceux ressemblant à des bâtons, sont très vite colonisés par des organismes encroûtants, principalement des algues, mais également des bryozoaires, des éponges, des vers tubicoles. Ceux-ci contribuent au camouflage de l'oursin-lance impérial.

Divers biologie

L'oursin-lance impérial a trois types de piquants, ayant chacun un rôle précis. Les gros piquants, en forme de lance ou de bâton, ont une fonction de protection contre les gros prédateurs. Ils permettent aussi à l'animal de se caler dans une anfractuosité dont il ne pourra être délogé. Les petits piquants aplatis, en forme de spatule, qui recouvrent la face dorsale ont un rôle de protection du corps. Enfin, sur la face ventrale, les petits piquants spatulés servent à l'ancrage dans le récif et à la locomotion.

En quelques semaines, l'oursin-lance impérial est capable de régénérer ses gros piquants s'ils ont été endommagés. Dans ce cas, ils apparaissent propres au milieu des autres piquants couverts d'algues, mais seront à leur tour colonisés rapidement.

Au milieu du péristome*, sur la face orale, s'ouvre la bouche d'où seules dépassent les extrémités des cinq dents puissantes. Les dents, les mâchoires, ainsi que d'autres pièces osseuses forment l'appareil masticateur plus connu sous le nom de "lanterne d'Aristote".

Comme tous les oursins, l'oursin-lance impérial se déplace grâce à ses podia* munis d'une ventouse. Il utilise aussi ses piquants en forme de spatule situés sur sa face orale.

Informations complémentaires

Cette espèce appartient à l'ordre des Cidaroïdes, qui est le plus ancien parmi les oursins actuels.
L'oursin-lance impérial est une espèce très commune dans son aire de répartition mais qui, du fait de sa timidité et de son activité uniquement nocturne, est peu rencontrée par les plongeurs.

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom d'oursin est une autre forme du mot hérisson, d'où l'utilisation quelquefois du nom de hérisson de mer. Oursin-lance fait référence à ses gros piquants en forme de bâton ou de lance. Impérial est la traduction du nom latin de cette espèce.

Origine du nom scientifique

Phyllacanthus : du grec [phullon] = feuille, et par analogie algues et du grec [akantha] = épine. Donc qui a des épines en forme d'algues.

imperialis : du latin [imperialis] = impérial. Avec ses gros piquants dressés, cet oursin a une allure majestueuse, impériale.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Echinodermata Echinodermes Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement.
Sous-embranchement Echinozoa Echinozoaires Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer.
Classe Echinoidea Echinides Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité.
Ordre Cidaroida Cidaroïdes Oursins-lances : piquants séparés, plaques ambulacraires simples.
Famille Cidaridae Cidaridés Tubercules perforés et non crénulés ; tuberculation uniforme et ambulacres simples.
Genre Phyllacanthus
Espèce imperialis

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