Tête large, courte et sans bec
A la surface, courbure du dos caractéristique
Dos et queue sombres
Aileron dorsal triangulaire, à base large
Souffle court et bruyant
Cochon de mer, pourcil, marsouin des rades, marsouin des ports
Common porpoise, harbor porpoise (GB), Focena, marsuino (I), Marsopa común (E), Schweinswal, kleiner Tümmler (D), Bruinvis (PB), Marsvin (DK)
Delphinus phocoena Linnaeus, 1758
Atlantique nord, Pacifique nord, mer Noire, mer Caspienne
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]On rencontre le marsouin commun le long des côtes de l'Atlantique Nord : à l'ouest, des Etats-Unis au Groenland et à l'est, de la Mauritanie à la Scandinavie. Il est également présent dans le Pacifique Nord, de la Californie à l'Alaska et autour des côtes japonaises. Enfin, il vit aussi en mer Noire et mer Caspienne, où il est sédentaire.
Le marsouin commun fréquente les eaux côtières froides (température inférieure à 16°C) mais aussi les estuaires et les ports. Il remonte même dans les grands fleuves. Il peut descendre jusqu'à 200 m de profondeur.
Le marsouin commun est le plus petit des cétacés. Son corps est trapu et compact, d'une longueur moyenne de 1,5 m (maximum de 2 m pour 90 kg) pour un poids moyen de 60 kg. Il est plus effilé vers la queue. Tout le dos, y compris le pédoncule caudal, est gris sombre. La limite avec les flancs clairs est bien délimitée, avec parfois des taches grises à l'avant. Le ventre et la gorge sont blancs. La tête du marsouin est large, arrondie, courte et sans bec. Une ligne sombre, peu visible, relie la bouche aux pectorales.
L'aileron dorsal triangulaire est court, plat et de base allongée. Il se situe pratiquement au centre du dos. Les pectorales sont sombres, petites et arrondies ; elles servent de gouvernail. Le dessin de la caudale présente une encoche centrale et des pointes extérieures.
Le marsouin est très discret à la surface lorsqu'il remonte respirer mais on le repère alors par le rythme très régulier et lent des belles courbures de son dos. Cette nage coulée s'appelle "marsouinage". Le souffle est bas et peu visible, mais bruyant. Sa queue n'est jamais visible lorsqu'il sonde.
La femelle est légèrement plus grande que le mâle (d'une quinzaine de cm) ; le jeune est uniformément sombre.
Il existe trois autres espèces dans la famille des Phocoenidés :
- Phocoena spinipinnis, le marsouin de Burmeister vit dans les zones côtières et les estuaires de l'Amérique du Sud.
- Phocoena dioptrica, le marsouin à lunettes vit dans la zone antarctique. C'est le plus gros des marsouins. Ses yeux sont cerclés de blanc.
- Phocoena sinus, le marsouin de Californie vit dans le golfe de Californie et dans le delta du Colorado. Ses yeux et sa bouche sont cernés de noir.
Phocoenoides dalli, le marsouin de Dall, est noir et blanc. Son aileron est en forme de « virgule ». Il n'est présent que dans le Pacifique Nord.
Lorsque l'on appréhende mal la taille de l'animal, l'aileron du rorqual à museau pointu (Balaenoptera acutorostrata) est très ressemblant.
Le marsouin commun est un odontocète, c'est-à-dire un cétacé à dents : il se nourrit de poissons (harengs et maquereaux en particulier, mais aussi sardines, soles, merlus …), de céphalopodes et de petits crustacés qu'il chasse près du fond. Il est alors agile et glouton.
Chez ce marsouin, la maturité sexuelle est atteinte entre trois et six ans, selon le sexe et l'aire géographique. Les femelles ont un petit tous les ans ou tous les deux ans, selon les secteurs, et donc quatre à huit durant leur vie.
En Europe, les accouplements ont lieu en été. Après une période de gestation de dix à onze mois, les mises bas ont lieu entre mai et août.
Un petit à la naissance mesure environ 75 cm et pèse 5 kg environ. Il nage alors spontanément vers la surface et respire. Le sevrage dure entre quatre et huit mois. Le lait est riche en graisses et protéines. Les petits grossissent rapidement. Leurs dents apparaissent avec les premières captures de poissons. L'indépendance complète est acquise vers un an.
Le marsouin mâle détient le record chez les cétacés du rapport poids total / poids des testicules (équivalent à celui d'un rorqual) afin de permettre des éjaculations répétées à de courts intervalles.
Les marsouins peuvent être parasités par des lamproies ou des vers. Les zones atteintes sont les bronches, les poumons et le système cardio-vasculaire. Ces parasites peuvent aussi rendre l'animal sourd.
Les prédateurs du marsouin sont les grands requins (requin du Groenland et requin blanc) et les orques. Ils subissent aussi des agressions de la part de certains dauphins (grand dauphin et dauphin commun) qui le considèrent non plus comme une nourriture mais comme une concurrence face aux proies.
Etant une espèce côtière, et donc que l'on peut observer assez facilement, le marsouin commun a été la base, avec le grand dauphin, des premières recherches portant sur les cétacés.
Le marsouin dispose d'un large spectre sonore (0 à 160 kHz), pour la communication comme pour l'écholocation*.
Il vit en petit groupe (de 2 à 8) ou en couple (mère/petit) ou encore solitaire. Souvent, les femelles matures forment des groupes isolés.
La longévité de ce marsouin est de 10 à 15 ans, avec un record rapporté de 24 ans.
Trois sous-espèces ont été décrites :
Phocoena phocoena phocoena (Linnaeus, 1758) : le marsouin de l'Atlantique Nord
Phocoena phocoena relicta Abel, 1905 : le marsouin de la mer Noire
Phocoena phocoena vomerina Gill, 1865 : la marsouin du Pacifique Nord.
Des sous-espèces géographiques du marsouin, celle de mer Noire est la plus petite et elle s'est adaptée à une salinité moindre. Dans l'Atlantique, les marsouins de l'ouest sont plus grands que ceux de l'est. Enfin, les marsouins de la Baltique sont les plus sombres. Ces différentes populations ne se mélangent pas.
C'est un animal farouche. Il nage très rarement à l'étrave mais il peut se reposer longtemps à la surface par temps calme. Les sauts sont rares. Il sonde pendant trois minutes en moyenne, pour rester ensuite une minute environ à la surface. Lorsqu'il chasse, son rythme respiratoire est de 4 respirations toutes les quinzaines de secondes. En route, il peut respirer jusqu'à 8 fois avec un intervalle d'une minute.
Contrairement à certains dauphins, le marsouin ne s'adapte pas à la vie en captivité et son espérance de vie maximale est alors de deux à trois ans.
La principale menace qui pèse sur le marsouin est la pollution des océans, la plus toxique étant celle liée aux métaux lourds. Les captures accidentelles dans les filets ne sont pas non plus négligeables.
Depuis quelques années, on revoit des marsouins dans certains fleuves au nord de l'Allemagne. Ils avaient auparavant disparu du fait de la pollution. En revanche, il y a encore un siècle, on pouvait apercevoir des marsouins qui remontaient la Seine jusqu'à Paris. Cela n'est plus arrivé depuis.
Un habitant des côtes belges relate, en mars 2013 (à Niewpoort et à La Panne) :
"Dans une relative « faible » proportion, les filets ciblant les poissons plats, mais surtout les filets dédiés aux poissons ronds seraient responsables des noyades de nombreux marsouins du fait de leur mode de nourrissage à la côte. D'après le comptage des otolithes prélevées dans les estomacs lors des autopsies des individus retrouvés échoués sur les côtes belges, les marsouins y consommeraient en grande quantité en priorité des gobies et des lançons. Les gobies étant benthiques et certains lançons recherchés s'enfouissant dans le sable, les marsouins chasseraient donc en position verticale, la tête vers le bas pour capturer leurs proies, essentiellement par écholocation. Ce faisant, le champ de l'émission directionnelle de leurs ultrasons se focaliserait vers le sable pour repérer et capturer les petits poissons tout en les rendant « aveugles » aux filets alentours dans lesquels ils se coinceraient alors… Ils se feraient emmailloter dans la nappe du filet de fond, à cause de cette posture de détection dirigée uniquement vers le fond, sans autre « vision » efficace, a fortiori en eaux troubles et/ou de nuit. Filets auxquels ils resteraient alors malencontreusement accrochés par leurs nageoires pectorales, leur caudale et/ou leur rostre en se déplaçant ainsi latéralement en prospectant, portés par le courant de la marée. Finissant irrémédiablement par se noyer en luttant pour se démêler, même si la plupart du temps ils s'en détacheraient d'eux-mêmes mais déjà morts, du fait des secousses répétées des vagues et/ou de la houle…"
En 2012, une étude internationale a reconstitué l'histoire des marsouins de la mer Noire grâce à la génétique. Par ce biais, les auteurs montrent une forte croissance de cette population lors de la reconnexion mer Noire - Méditerranée. Beaucoup plus récemment, cette même population a vu ses effectifs réduire de 90% en 50 ans, ce qui coïncide avec la chasse aux petits cétacés autorisée jusqu'en 1983. En même temps que la surexploitation des stocks de poissons, cette chasse aux prédateurs a déclenché des perturbations dans la structure de l'écosystème local (algues toxiques, crash des stocks, ...).
Le marsouin commun est protégé par la Directive « Habitat-Faune-Flore » (annexes II et IV), la Convention de Berne (annexe II), la Convention de Bonn (annexe II), la Convention de Washington (annexe II, CITES annexe C1) et l'Accord sur la conservation des petits cétacés de la mer Baltique et de la mer du Nord du 17 mars 1992. Dans la cotation UICN, il est considéré comme « vulnérable » dans le monde et « en danger » en France. D'ailleurs, la population de marsouins a fortement chuté en France vers 1950. Aujourd'hui, les questions se posent surtout sur la survie des populations locales, en mer Baltique et en mer du Nord.
Marsouin : du scandinave ancien [marsvin] = porc de mer.
Pendant l'Antiquité, les Romains l'appelaient « porcus piscus », soit le « porc poisson ».
Le mot « marsouin » était autrefois utilisé pour désigner, dans le langage courant, toute espèce de dauphin.
Phocoena : du latin [Phocii] = Phocéens, habitants de la Phocide (région grecque).
Numéro d'entrée WoRMS : 137117
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Mammalia | Mammifères | Vertébrés possédant des poils et des glandes mammaires produisant du lait. |
Sous-classe | Theria | Thériens | La paroi latérale du crâne est constituée de deux os particuliers: l'alisphénoïde et le squamosal. |
Ordre | Cetacea | Cétacés | Mammifères aquatiques possédant des nageoires à la place des pattes. Narines situées au sommet du crâne. |
Famille | Phocoenidae | Phocoenidés | |
Genre | Phocoena | ||
Espèce | phocoena |
Vue de face
On remarque l'évent et l'aileron dorsal de l'animal.
Au large de l'Archipel de Saint-Pierre et Miquelon
Été 2007
Détail de l'aileron
L'aileron est très large à sa base.
Saint-Pierre et Miquelon
Eté 2007
Courbure du dos caractéristique
La courbure du dos et le rythme régulier des mouvements du marsouin à la surface sont des éléments qui permettent de le reconnaître.
Saint-Pierre et Miquelon
Eté 2007
Groupe de marsouins
Pendant une demi-heure environ, un groupe de marsouins communs était présent en face d'un parking fréquenté par des plongeurs.
Wemeldinge, Zélande, Pays-Bas
10/05/2009
Au milieu d'une baie
Le marsouin vit en général près des côtes.
Saint-Pierre et Miquelon
Eté 2007
A la surface
Ce groupe est resté longtemps à la surface, ce qui a permis d'apercevoir une queue. Cela est assez rare.
Wemeldinge, Zélande, Pays-Bas
10/05/09
Baie du Mont Saint-Michel
Observation en surface le 11 novembre 2016, entre Cancale et Granville,
pendant une sortie avec l'association AL-Lark. Les deux individus ont
été observés pendant 20 minutes.
L'arrière-plan permet de situer géographiquement l'observation.
En mer, entre Cancale et Granville, baie du Mont Saint-Michel
11/11/2016
Baie du Mont Saint-Michel
Zoom de la photo précédente
En mer, entre Cancale et Granville, baie du Mont Saint-Michel
11/11/2016
Au coucher du soleil
L'estuaire du Saint-Laurent est un secteur particulièrement riche en nourriture, fréquenté en été par des bélugas, des baleines bleues, des baleines à bosse et des rorquals communs.
Les Escoumins, Québec, Canada
12/07/2008
Groupe du Saint-Laurent
L'estuaire du Saint-Laurent est un secteur particulièrement riche en nourriture, fréquenté en été par des bélugas, des baleines bleues, des baleines à bosse et des rorquals communs.
Les Escoumins, Québec, Canada
12/07/2008
Colonne vertébrale
L'examen d'une vertèbre a confirmé qu'il s'agissait d'un marsouin.
pointe de Routhiaville, estuaire de l'Authie, Somme (80)
04/2009
Squelette entier
Avec la participation du Muséum National d’Histoire Naturelle.
exposition « incroyables cétacés » du MNHN
05/2009
Gravure ancienne
Cette gravure provient de l'ouvrage "Allgemeine Naturgeschichte der Fische" (Histoire naturelle des poissons) de Bloch, tomes 1 (1783) et 3 (1785) "Oekonomische Naturgeschichte der Fische Deutschlands" (Poissons d'Allemagne).
Elle provient de la Biodiversity Heritage Library.
Il est amusant de constater que le marsouin est toujours classé, à cette époque, avec les poissons !
N/A
Reproduction de documents anciens
1783-1785
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Vérificateur : Jacques DUMAS
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Fontaine M. C., Snirc A., Frantzis A., Koutrakis E., Öztürk B., Öztürk A.A., 2012, History of expansion and anthropogenic collapse in a top marine predator of the Black Sea estimated from genetic data, Proceedings of the National Academy of Sciences, 109, 38, 15099-15100 et E2569–E2576.
La page de Phocoena phocoena dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.