Ascidie solitaire noire
Dressée ou couchée sur le côté gauche
Ventrue
Tunique cartilagineuse, épaisse
Siphons éloignés l'un de l'autre
phallusie noire
Black sea-squirt (GB), Ascidia verde (I), Ascidia negro (E), Schwarze Seecheide (D), Zwarte zakpijp (NL)
Méditerranée et proche Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Principalement observée en Méditerranée, cette ascidie solitaire noire a sa répartition centrée sur le golfe de Naples, l'Adriatique et la Sicile. Elle est également présente dans l'Atlantique Nord et dans la Manche (?).
On la rencontre en France principalement sur les côtes languedociennes, catalanes (Sète, Banyuls), provençales et en Côte d'Azur où Phallusia fumigata n'est jamais commune et est réellement solitaire.
Cette ascidie aime les fonds durs, coralligènes* (pour la forme "variante" de nos côtes métropolitaines), mais également les zones sableuses ou vaseuses (forme "type") où elle se fixe à des coquillages ou à des pierres. Présente dès les premiers mètres, elle se rencontre jusqu'à de grandes profondeurs. Contrairement à Phallusia mamillata, elle n'est pas présente dans les lagunes littorales.
Il s'agit d'une grande ascidie solitaire noire. Elle se présente sous deux formes légèrement différentes suivant le secteur géographique où elle est observée : la forme "type" correspond à la description originale de l'espèce et est rencontrée principalement dans l'Adriatique, la région de Naples, jusqu'à la Côte d'Azur. Les individus observés sur le littoral méditerranéen français à l'ouest de la Côte d'Azur ne correspondent pas tout à fait à la forme type. Cette variante ou forme fut nommée chloroea par Lacaze-Duthiers (Harant, 1927 ; Harant et Vernières, 1933). Cette appellation n'est pas reprise dans les publications plus récentes, mais les deux formes sont une réalité. Nous utiliserons le terme de "variante" dans les descriptions qui suivent car il ne s'agit pas à ce jour d'une sous-espèce.
Phallusia fumigata atteint 8 cm (variante) à 15 cm (type) de hauteur au maximum suivant les régions. Elle possède une tunique cartilagineuse et épaisse d'une couleur pouvant aller du vert glauque (variante) au noir anthracite opaque (type). Cette ascidie est fixée solidement au substrat à sa base et se présente de manière dressée (type) ou "couchée" sur le côté gauche (variante). Ventrue dans sa partie inférieure, sa tunique non mamelonnée (contrairement à Phallusia mamillata) possède de nombreuses excroissances pour la forme "variante", alors que la forme "type" est le plus souvent lisse. Les deux formes sont nues, sans épibionte. Nettement séparés, les siphons* sont situés au sommet pour le buccal et au niveau du tiers inférieur pour le cloacal*. Le siphon buccal comporte 8 lobes, alors que le cloacal n'en comporte que 6.
Confusion possible avec les exemplaires foncés de Phallusia mamillata, mais cette dernière n'est jamais aussi noire et atteint une taille généralement supérieure à P. fumigata. d'autre part P. fumigata est bien plus douce au toucher que P. mamillata.
La confusion avec une éponge n'est pas à exclure (voir photo), mais la forme et la position caractéristique des siphons aideront à l'identification.
Ascidie conchilega : l'ascidie coquillière, de couleur verdâtre translucide, montre un corps ovale allongé et fermement collé sur les pierres ou les coquillages sur le côté gauche. le siphon buccal est terminal et le siphon cloacal* éloigné des deux tiers de la longueur du corps vers l'arrière.
Comme les autres tuniciers, c'est un animal filtreur*. L'eau chargée des éléments nutritifs pénètre le siphon* buccal. Ce dernier est muni d'une couronne de tentacules sensoriels. Par contraction, ils sont capables de boucher l'entrée aux objets aspirés de trop grande taille. Le liquide qui a pénétré dans l'animal débouche à l'intérieur d'un sac branchial*, puis est amené au niveau de fentes que l'on appelle les trémas. Il passe ensuite dans la cavité péribranchiale, puis ressort par le siphon cloacal*.
Les particules sont retenues au niveau des fentes du filtre et sont enrobées par du mucus, l'ensemble constituant un agrégat nutritif qui est conduit par le battement des cils vers l'estomac via l'œsophage. La digestion y est facilitée par l'action d'une glande digestive qui y est accolée. Après le passage dans l'intestin, les déchets de la digestion sont évacués par un anus débouchant dans le siphon cloacal.
La reproduction est sexuée. Les ovules sont fécondés par les spermatozoïdes. Ils donnent une larve* ressemblant à un têtard muni d'un axe : la chorde*, équivalent d'une colonne vertébrale. La larve va rapidement venir se fixer tête la première au substrat* afin de se métamorphoser progressivement vers la forme adulte. Au cours de cette modification d'aspect, la queue et la chorde vont régresser.
Du vanadium a été décelé dans le sang de cette ascidie, il semble jouer le rôle de catalyseur respiratoire.
Phallusia : de [phallus] = l'organe sexuel masculin, allusion à la forme et au maintien de cette ascidie.
fumigata : du latin [fumigatio] = enfumée en référence à sa couleur noire et donc "ascidie enfumée ".
Numéro d'entrée WoRMS : 103722
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Phlebobranchia | Phlébobranches | Le sac branchial* a des sinus longitudinaux qui portent ou non des papilles internes mais qui ne sont jamais plissés. Ascidies essentiellement solitaires. Gonades* situées sur l’anse du tube digestif ou à proximité. |
Famille | Ascidiidae | Ascidiidés | Espèces solitaires et très répandues. |
Genre | Phallusia | ||
Espèce | fumigata |
Phallusie noire
Partiellement dressé, le siphon buccal terminal est bien visible, alors que le siphon cloacal situé dans le tiers inférieur, est difficile à observer.
Pointe de La Croix, Port Cros, Var, 25 m
03/06/2006
Tunique légèrement ridée
La tunique possède de nombreuses excroissances lisses ce qui lui donne un aspect ridé. Elle est ici ponctuée de blanc autour du siphon buccal terminal.
Marseille (Bouches du Rhône)
2005
Couchée sur le côté gauche
Souvent, mais pas toujours, l'ascidie noire est "couchée" sur le côté gauche. Le siphon buccal est à l'extrémité antérieure (à gauche sur la photo), alors que le siphon cloacal très éloigné (dans le tiers postérieur) se trouve sur une protubérance de la tunique placée du côté dorsal du corps de l'ascidie (à droite sur la photo).
La Vesse, Côte Bleue (Bouches du Rhone), 11 m, de nuit
08/09/2006
Siphon buccal et sac branchial
Détail du siphon buccal en gros plan. On aperçoit les fentes situées à l'intérieur du sac branchial.
La Vesse, Côte Bleue (Bouches du Rhone), 11 m, de nuit
08/09/2006
Dans une faille
L'ascidie noire est souvent, sur nos côtes méditerranéennes françaises, enchâssée dans une faille comblée de sédiment, ne laissant dépasser que la partie haute du corps terminée par le siphon buccal. Dans ces conditions, le siphon cloacal est souvent difficilement observable.
Pointe de La Croix, Port Cros, Var, 25 m
03/06/2006
Confusion avec une éponge
La confusion possible de cette ascidie noire avec une éponge est bien illustrée ici. C’est en observant la forme et la position des siphons, principalement le siphon buccal, que l’identification sera faite.
Cet individu est ici collé au substrat sur son côté gauche, le siphon cloacal est donc caché à notre vue.
Les Farillons, Marseille (Bouches du Rhône), 5 m
30/01/2005
Forme "type" en Côte d'Azur
Près d'une résurgence profonde, cet animal répond à la description de la forme "type" de l'espèce : couleur "noir anthracite", tunique lisse, épaisse. Son habitat est aussi plus envasé que la forme la plus classique sur notre littoral français (forme anciennement nommée chloroea).
Cagnes sur Mer, 37 m
26/06/2007
Deux siphons visibles
Ici, parmi les espèces sciaphiles (bryozoaires arbustifs, coraux solitaires, etc.), ce beau spécimen nous montre ses deux siphons, le cloacal ou exhalant est en bas sur une renflement de la tunique, le siphon inhalant est en haut. Notez à gauche de l'ascidie noire, le joli nudibranche Janolus cristatus (Antiopelle).
Sec des Carrières, Giens (83), 28 m
18/05/2006
Profond
Phallusie noire trouvée sous une pierre sur un fond détritique et au-delà de la limite des posidonies.
Tamaris, Côtes Bleue (13), 28 m
06/09/2008
Manteau partiellement translucide
Souvent, mais pas toujours, l'ascidie noire est "couchée" sur le côté gauche. Le siphon buccal est à l'extrémité antérieure (en haut à gauche sur la photo), alors que le siphon cloacal très éloigné (dans le tiers postérieur) se trouve sur une protubérance de la tunique placée du côté dorsal du corps de l'ascidie (en bas sur la photo).
Cagnes (06), de nuit
23/10/2007
Phallusia fumigata claire & Ascidia conchilega
A l'abri total de la lumière, la tunique de Phallusia fumigata reste de couleur claire, vert glauque (illustrée sur cette photo).
La confusion peut avoir lieu avec Ascidia conchilega qui est néanmoins plus petite et plus translucide.
Ponton, Thau (34)
11/06/2016
Rédacteur principal : Jean-Jacques GOINEAU
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Michel PEAN
La page de Phallusia fumigata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN