Colonie toujours encroûtante, beige clair
Organisation des zoïdes en quinconce régulier
Surface frontale très verruqueuse
Épineuses orales nombreuses (6 en moyenne)
Principalement au pied des posidonies et sur des algues brunes
Eschrine otto-mullérienne
Pentapore d'auto, auto à cinq portes, mule d'Otto, etc. sont des erreurs de retranscription (misspelling) dans la littérature imaginaire.
Eschara otto-mulleriana Moll, 1803
Lepralia pallasiana var. projecta Waters, 1878
Hippodiplosella spinosissina Barroso, 1920
Lepradia Otto Mulleriana Waters, 1923
Hippodiplosia granulosa Canu & Bassler, 1927
Hippodiplosia otto-mulleriana Calvet, 1927
Hippodiplosia ottomulleriana Gautier, 1962
Méditerranée occidentale et Atlantique Nord-Est limitrophe
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Initialement considérée comme endémique* de Méditerranée occidentale (Espagne, France, Italie de l'Ouest, Tunisie, Algérie), Pentapora ottomulleriana a également été observée en Atlantique limitrophe sur les côtes portugaises.
L'herbier de posidonies et le pré-coralligène* constituent les habitats favoris de Pentapora ottomulleriana, son occurrence est maximale entre 0 et 50 mètres de profondeur. Elle s'implante préférentiellement sur des algues brunes, les souches ou les feuilles mortes des posidonies.
C'est aussi une espèce pionnière sur les nouveaux substrats* disponibles comme les récifs artificiels où de grandes colonies ont été observées (mer Ligure).
Pentapora ottomulleriana forme des plaques encroûtantes très calcifiées, rigides, constituées d'une seule couche de zoïdes*. Ce bryozoaire épouse la forme de son support sur lequel il adhère plus ou moins partiellement avec parfois la présence d'extensions périphériques libres. L'étendue des colonies peut être importante dans certaines conditions favorables, elles sont alors constituées de plusieurs unités foliacées* aplaties chacune ne mesurant que quelques centimètres de diamètre. La couleur des colonies est brun clair, plus ou moins orangé.
Les zoïdes sont bien individualisés, courts, arrondis, elliptiques et organisés de façon unilamellaire en quinconce très régulier et caractéristique (0,6 à 0,9 mm de longueur sur 0,4 à 0,6 mm de largeur).
La paroi frontale convexe est marquée de nombreuses verrues calcifiées pouvant parfois prendre la forme d'une épine.
De larges pores sont présents essentiellement sur les zoïdes jeunes rencontrés à la périphérie de la colonie.
L'ouverture très grande, elliptique et plus ou moins enfoncée, porte des cardelles* fortes au niveau du tiers inférieur (1/3 proximal).
De 2 à 9 (habituellement 6) minces épines pouvant être très grandes sont bien visibles, elles sont implantées au-dessus de l'ouverture (cette zone en distal de l'ouverture est nommée "anter").
Un aviculaire* médian, plus ou moins grand (0,4 à 0,5 mm de longueur sur 0,1 à 0,2 mm de largeur) et à la mandibule* spatulée, est présent sous l'ouverture (suborale).
L'ovicelle* (0,3 à 0,4 mm de longueur sur 0,4 à 0,5 mm de largeur) hyperstomiale (au-dessus de l'ouverture) est enfoncée, très calcifiée et close par l'opercule* de l'ouverture.
Cryptosula pallasiana forme des plaques encroûtantes parfois partiellement dressées et de couleur blanc brillant ou doré, elle a été confondue avec Pentapora ottomulleriana pendant un temps. Contrairement à Pentapora ottomulleriana, Cryptosula pallasiana ne porte ni épines orales, ni aviculaires, ni ovicelles externes.
Pentapora fascialis variante foliacea et sous sa forme encroûtante montre une affinité réelle avec P. ottomulleriana, mais sans les verrucosités ni les épines de la paroi frontale. P. fascialis est pour sa forme classique quasiment toujours érigée et bilamellaire (deux couches de zoïdes dos à dos) à l'opposé de P. ottomulleriana toujours encroûtante et unilamellaire.
Comme chez tous les bryozoaires, la nutrition est assurée par la capture de particules alimentaires (phytoplancton*, en particulier) par les tentacules* du lophophore*, dont la sortie est assurée par une augmentation de la pression du liquide interne, phénomène obtenu grâce à la compression musculaire.
Une fois la gaine du lophophore* dévaginée, un mouvement pendulaire et circulaire des tentacules ciliés* composant le panache de ce lophophore va permettre le brassage de l’eau environnante et favoriser ainsi la capture des micro-organismes composant le régime alimentaire de la colonie.
Ces animaux sont dits filtreurs* actifs c’est-à-dire, des filtreurs suspensivores* microphages*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et les bactéries sont la base de l'alimentation de ce type de bryozoaire.
La croissance de la colonie se fait par bourgeonnement* périphérique de nouvelles zoécies* (= zoïdes*). La reproduction est sexuée et la colonie est hermaphrodite*. Les œufs fécondés produits par un zoïde femelle sont incubés dans les ovicelles* suborales peu visibles car enfoncées.
Après maturation, il va y avoir émission de larves* ciliées, qui vont être dispersées par les courants. Après une courte vie dans la colonne d’eau, la larve va se fixer sur un substrat* adéquat et se métamorphoser* en un zoïde primaire ou ancestrule*. Celui-ci bourgeonnera deux à trois zoïdes, qui bourgeonneront eux-mêmes.
Les ovicelles* sont observées quasiment toute l'année en Méditerranée.
Pentapore d'Otto est une proposition du site DORIS et une francisation du nom scientifique.
Pentapora : du grec [penta] = cinq, et du latin [por-] = pore, trou, orifice. En rapport avec l'organisation des zoïdes en quinconce régulier.
ottomulleriana : en l'honneur de Otto Frederik (ou Friderich) Müller, (1730-1784) un zoologiste danois.
Numéro d'entrée WoRMS : 887010
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Bitectiporidae | Bitectiporidés | |
Genre | Pentapora | ||
Espèce | ottomulleriana |
Plaque beige clair, verruqueuse et bien calcifiée
C'est sur les rhizomes* et les feuilles mortes de l'herbier de posidonies que Pentapora ottomulleriana sera le plus facilement observée en plongée et où elle forme de petites plaques rugueuses beige clair orangé.
La Gabinière Ouest, Port Cros (83), 20 m
31/05/2009
Vue d'ensemble de plusieurs colonies
La communauté des bryozoaires est particulièrement bien représentée au pied des posidonies, à côté des plaques foliacées et encroûtantes de Pentapora ottomulleriana, 3 ou 4 autres espèces du même embranchement sont visibles (Tubuliporidés, Scrupocellaria spp., Parasmittina rouvillei, etc.).
La Gabinière Ouest, Port Cros (83), 20 m
31/05/2009
Colonie encroûtante au pied de la posidonie
La tradelière, Cannes (06), 16 m
15/08/2013
L'agencement des zoïdes en quinconce est caractéristique du genre Pentapora
Noter les épines bien visibles malgré la présente des lophophores* déployés.
Les épines visibles sur cette photo sont issues des verrues calcifiées de la paroi frontale. Il ne s'agit pas des épines orales qui sont bien plus fines et discrètes in-situ.
La Gabinière Ouest, Port Cros (83), 20 m
31/05/2009
Toujours encroûtant
Contrairement à l'espèce affine Pentapora fascialis, P. ottomuleriana est toujours encroûtante, comme ici sur une souche de posidonie.
Pointe de la Croix, Port Cros, 15 m
28/08/2010
Surface verruqueuse et parsemée d'épines
Le duvet de lophophores* est discret, il laisse apercevoir les grosses ouvertures elliptiques et les nombreuses verrues saillantes à l'aspect d'épines.
Pointe de la Croix, Port Cros, 15 m
28/08/2010
Détails anatomiques en microscopie
La paroi frontale est marquée de nombreuses verrues calcifiées pouvant parfois prendre la forme d'épines.
De 2 à 9 (habituellement 6) minces épines orales sont implantées au dessus de l'ouverture.
De larges pores sont présents.
L'ouverture (A) très grande, elliptique et plus ou moins enfoncée, porte des cardelles* (flèches blanches) fortes au niveau du tiers inférieur (1/3 proximal).
Un aviculaire* (cercle autour du seul bien visible) médian, suboral, plus ou moins grand et à la mandibule* spatulée, est sporadiquement présent.
Canal de Sicile (Italie), 43 m (prélèvement)
N/A
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Lombardi C., Taylor P.D., Cocito S., 2010, Systematics of the Miocene–Recent bryozoan genus Pentapora (Cheilostomata), The Linnean Society of London, Zoological Journal of the Linnean Society, 160, 17–39.