Cigale de mer sculptée

Parribacus antarcticus | (Lund, 1793)

N° 1221

Circumtropical

Clé d'identification

Corps trapu, aplati, ovale masquant les pattes
Coloration beige à marron chiné
Antennes aplaties en forme de palettes
Nombreuses épines poilues tout autour du corps
Epines quadricolores : foncées puis claires puis à nouveau foncées et extrémité beige
7 épines sur le 4e segment (le plus large) de l'antenne-palette

Noms

Autres noms communs français

Cigale savate, maman homard, marie-caragne, tiane
Popinée, nom donné en Nouvelle-Calédonie, est également utilisé pour P. caledonicus.

Noms communs internationaux

Sculptured slipper lobster, sculptured mitten lobster, bulldozer lobster (GB), Cigarra chinesa (E), Rauher Bärenkrebs (D), Zuidelijke beerkreeft (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Scyllarus antarcticus Lund, 1793
Cancer ursus major Herbst, 1793
Scyllarus
carinatus Guilding, 1825
Ibacus ciliatus Guilding, 1825
Ibacus parrae H. Milne Edwards, 1837
Ibacus antarcticus H. Milne Edwards, 1837
Parribacus parrae Dana, 1852
Scyllarus parrae Herklots, 1861
Parribacus antarcticus carinatus Pfeffer, 1881
Parribacus papyraceus Rathbun, 1906
Parribacus ursus major De Man, 1916
Cancer barffi Curtiss, 1938

Distribution géographique

Circumtropical

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes

Dans le genre Parribacus, Parribacus antarcticus est l'espèce qui a la plus vaste répartition géographique. Elle se rencontre dans l'Atlantique tropical Ouest, de la Floride au Brésil et dans l'Indo-Pacifique, du sud-est de l'océan Indien à Hawaï. Dans les zones DORIS, cette espèce peut être observée à la Guadeloupe, La Martinique, Mayotte, La Réunion, La Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française.

Biotope

C'est une espèce nocturne, que l'on observe le jour cachée dans les cavités, les crevasses, les anfractuosités ou sous les coraux, dans les récifs coralliens peu profonds entre 0 et 20 m.

Description

La cigale de mer sculptée est un crustacé aplati dorso-ventralement pouvant atteindre 20 cm de longueur mais le plus souvent 12 à 15 cm.

Le céphalothorax* est large et prolongé en avant par 2 palettes qui correspondent aux antennes* modifiées. L'ensemble donne une forme ovale au corps vu de dessus. La couleur est très variable, jaunâtre, beige, brune, marron mais toujours chinée. La surface du céphalothorax porte de nombreux tubercules et nodosités. Les yeux, non pédonculés*, sont très écartés et entourés d'un bourrelet souvent rose à violet. Les pattes (ou péréiopodes*) sont courtes, jaunes et brunes, terminées par une griffe et ne dépassent pas du corps vu de dessus. Entre les 2 palettes (ou antennes) on trouve une paire d'antennules*, fines et terminées en V.

De fortes épines sont disposées sur tout le pourtour de l'ensemble céphalothorax + palettes. Ces épines sont quadricolores : la pointe est toujours beige clair, puis il y a une partie sombre (noire, brune, rouge...) étroite, puis une zone claire (violette, grise...) et enfin la base des épines est de la même couleur sombre que précédemment. Cette alternance de couleurs est caractéristique de cette espèce. Enfin, ces épines sont couvertes de poils sensoriels.
Dans le genre Parribacus, il y a 8 épines de chaque côté du céphalothorax et 6 sur le bord externe du 6e segment de l'antenne-palette (le segment terminal). Le nombre d'épines sur le 4e segment de l'antenne-palette, le plus large, permet de différencier certaines espèces du genre Parribacus. Chez P. antarcticus il y a 7 épines (6 + l'épine apicale) sur le bord externe de ce segment.

L'abdomen est constitué de 6 segments terminés par une forte épine à chaque extrémité. La largeur des segments se réduit en allant vers la queue. Les segments 2 à 4 portent ventralement une paire de pattes nageuses (ou pléopodes*) en forme de feuille.

L'éventail caudal est formé de 5 appendices : le telson* central + 4 uropodes* latéraux. Au repos, la partie postérieure de l'abdomen est repliée sous le corps et donc non visible. L'animal a alors une forme ovale.

Espèces ressemblantes

Il n'existe que 6 espèces dans le genre Parribacus ; ce dernier se distingue des autres cigales de mer par la présence de nombreuses petites épines tout autour de leur corps.

Parribacus caledonicus est très proche de P. antarcticus par sa couleur et celle de ses épines. Elle s'en distingue par 8 épines (y compris l'épine apicale) sur le bord externe du quatrième article de l'antenne-palette (au lieu de 7) et sur le céphalothorax par 2 épines de taille différente en avant du sillon cervical (au lieu de 2 épines de même taille). L'extrémité des épines est souvent rosée ou rouge. C'est une espèce que l'on ne rencontre que dans la mer de Corail (Australie, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, Vanuatu, Samoa et Fidji).

Parribacus japonicus est également une espèce très proche, qui à la même forme et la même couleur que P. antarcticus. Elle s'en distingue par la présence de 6 épines (au lieu de 7) sur la partie externe de l'article le plus large de l'antenne-palette. De plus cette espèce n'est présente qu'au Japon et à Taïwan où l'on ne trouve pas P. antarcticus.

Parribacus scarlatinus est plus rosé, a des palettes plus pointues, et les pointes sur le pourtour du corps sont uniquement de deux couleurs, rosées avec une pointe beige. Cette espèce se rencontre uniquement dans le Pacifique, sur l'axe Micronésie, îles Marshall, îles Gilbert, îles Phoenix et les îles Marquises (Polynésie française).

Parribacus holthuisi est plus rouge, avec des épines plus larges, au nombre de 6 sur le bord externe du quatrième article de l'antenne-palette au lieu de 7 chez P. antarcticus. Ces épines ont une base foncée et une pointe beige. C'est une espèce endémique* de Polynésie française.

Parribacus perlatus a des épines bicolores à base sombre et pointe rosé. Elle est endémique de l'île de Pâques.

Parmi les autres cigales a épines marginales, on peut citer celles du genre Ibacus mais elles sont généralement de couleur uniforme orange à rouge, les antennes-palettes sont moins dévelopées et les épines marginales sont plus grosses et larges et il y a un fort sillon qui s'enfonce dans le céphalothorax après la première épine (sillon cervical).

Alimentation

La cigale de mer sculptée se nourrit la nuit d'invertébrés à carapace* ou coquille dure, comme des mollusques, des crustacés et des oursins.

Reproduction - Multiplication

C'est une espèce gonochorique*, c'est à dire que les sexes sont séparés. Les femelles sont un peu plus grosses que les mâles. La fécondation est externe. Le mâle dépose 2 spermatophores* (sorte de gelée sombre contenant le sperme) sous le premier segment de l'abdomen de la femelle. Celle-ci pondra plus de 100 000 œufs qui seront fécondés au contact des spermatophores. Un même spermatophore peut servir pour plusieurs pontes. Les œufs sont incubés environ 2 semaines sous l'abdomen de la femelle. Ils sont de couleur orange et deviennent bruns avant l'éclosion.



Les larves*, appelées phyllosomes* chez les langoustes et les cigales, ont un vie planctonique* pendant 9 à 11 mois. Elles sont très aplaties, en forme de feuille ce qui leur permet de mieux flotter et une meilleure dissémination des individus. Elles peuvent atteindre jusqu'à 8 cm de longueur. Après plusieurs mues*, la post-larve appelée nisto se pose sur le récif. Cette transformation serait induite par des facteurs physiques comme le ressac ou le déferlement des vagues, signes de la proximité de fonds peu profonds. Les nistos ressemblent déjà beaucoup aux adultes mais la carapace n'est pas encore calcifiée.

Divers biologie

Comme tous les crustacés, la croissance se fait lors des mues. En effet, la carapace étant rigide, le corps ne peut pas grandir, même si la croissance tissulaire est continue. Au bout d'un certain temps, le corps se trouve comprimé et à l'étroit dans sa carapace et le phénomène de mue intervient. Lorsque l'animal abandonne son ancienne carapace, le corps se détend et augmente de taille avant que la nouvelle carapace ne se solidifie. Le rythme des mues, et donc de la croissance, diminue avec l'âge.



Cette espèce se déplace lentement la nuit mais en cas de danger, elle est capable de s'enfuir rapidement à reculons par bonds successifs en repliant et dépliant brusquement sa queue sous son abdomen.

Informations complémentaires

La cigale de mer sculptée peut parfois former de petits groupes. Elle peut vivre une dizaine d'années.



Bien que comestible et apparemment meilleure que la plupart des langoustes et cigales consommées, cette espèce est peu exploitée par l'Homme car trop petite.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Parribacus antarcticus est classée dans la liste rouge 2011 de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) sous le statut LC (Least Concern), c'est à dire "préoccupation mineure".

Cette espèce est réglementée au niveau international dans l'annexe III de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne) et l'annexe III du Protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée (Convention de Barcelone), ainsi qu'au niveau de la Communauté Européenne dans l'annexe V de la Directive 92/43/CEE (Directive européenne dite Directive Habitats-Faune-Flore) et au niveau national dans l'article 1 de la Liste des animaux de la faune marine protégés sur l'ensemble du territoire français métropolitain.

A cause de leur longue vie larvaire*, pendant plusieurs mois, elles vont dériver dans le plancton* et les juvéniles s'installeront souvent très loin de leurs parents. Il est donc probable que les mesures de protection des adultes dans un lieu donné porteront leurs fruits dans un autre pays ! La gestion de cette espèce, comme celle des autres cigales et langoustes, doit être globale pour être efficace.

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom vernaculaire de cigale provient du bruit qu'émettent ces animaux en frottant leurs lobes lorsqu'on les sort de l'eau. Ils génèrent un son semblable aux stridulations des cigales terrestres.

Origine du nom scientifique

Parribacus : [Parr-] (et non pas du latin [para]) en hommage à Don Antonio Parra (1739 - ?) qui en 1787 décrivit et dessina P. antarcticus d'après un individu récolté à Cuba et [ibacus] = autre genre chez les cigales de mer mais dont l'origine est inconnue.

antarcticus : du latin [Antarcticus] = antarctique et par analogie austral (Scyllarus australis étant déjà utilisé) pour désigner une espèce trouvée à l'origine dans l'océan Indien austral.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Classe Malacostraca Malacostracés 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen.
Sous-classe Eumalacostraca Eumalacostracés Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax.
Super ordre Eucarida Eucarides Présence d'un rostre.
Ordre Decapoda Décapodes La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces.  Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises).
Sous-ordre Achelata Achélates Les achélates (anciennement palinoures) sont caractérisés par une première paire d'appendices dépourvue de pinces : ce sont les langoustes et les cigales de mer.
Famille Scyllaridae Scyllaridés
Genre Parribacus
Espèce antarcticus

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