Ver rubané atteignant 20 cm de longueur pour 1 cm de large
Face supérieure largement bombée, de couleur orange sans motif
Face ventrale plate de couleur claire
Tête sans motif séparée du corps par un sillon transversal
Cérébratule épais, ver rubané flamboyant mais ce nom est également donné à Nipponnemertes pulcher et résulte probablement d'une confusion entre les 2 espèces.
Cerebratulus crassus Quatrefages, 1846
Cerebratulus assimilis Renouf, 1931
Drepanophorus crassus (Quatrefages, 1846)
Nemertes crassa (Quatrefages, 1846)
Atlantique Nord-Est, Méditerranée, Caraïbes
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● CaraïbesLe ver rubané épais est présent en Méditerranée et dans l'Atlantique Nord-Est, de la Grande-Bretagne et la mer Baltique au Portugal, Madère, les Açores et les Canaries. Il est également présent dans l'Atlantique tropical Ouest aux Antilles et dans le golfe du Mexique.
Paradrepanophorus crassus se rencontre sur les fonds rocheux, sous les pierres ou sur le sable. Il s'observe juste sous le niveau de la marée basse jusqu'à plus de 500 m de profondeur.
Paradrepanophorus crassus est un ver rubané aplati dorso-ventralement, pouvant atteindre 20 cm de longueur pour 1 cm de large.
La face supérieure est largement bombée, de couleur orange, sans motif, alors que la face ventrale est plate, de couleur claire, voire blanche. Les extrémités du corps sont pointues.
La tête, également orange sans motif, se démarque du reste du corps par un sillon transversal peu marqué. A la base de la tête, juste en avant de ce sillon transversal et de chaque côté, se trouve une fossette, peu visible car de la même couleur que le corps. Ces fossettes sont constituées de plis rappelant vaguement les fentes branchiales des requins. Ce némerte possède plus d'une cinquantaine d'yeux répartis en 4 rangées sur la tête.
Chez certains individus le proboscis* et les diverticules intestinaux peuvent être vus par transparence.
Dans la même aire géographique il existe plusieurs vers rubanés d'allure semblable :
Nipponnemertes pulcher est souvent confondu avec P. crassus car il est d'aspect similaire avec la même coloration orange et n'en diffère physiquement que par la présence de deux taches blanches à la base de la tête.
Leucocephalonemertes aurantiaca est orange à lie de vin mais a une large zone blanche sur la tête.
Cerebratulus marginatus est beaucoup plus grand et peut atteindre 1 m de longueur. Il est de couleur jaune.
D'autres vers rubanés sont de couleur orange mais avec des lignes longitudinales sur le dos : Punnettia splendida, Gibonnemertes spectabilis, Drepanogigas albolineatus, Baseodiscus delineatus.
Cestoplana rubrocincta a un corps jaunâtre avec 3 lignes rouges sur le dos. Bien que de forme allongée comme un ver rubané, il ne s'agit pas d'un némerte mais d'un plathelminthe (ver plat).
Le ver rubané épais est carnivore et déploie son proboscis*, sorte de trompe munie de nombreux stylets venimeux, pour se nourrir. Lorsque le némerte détecte une proie, il dévagine son proboscis qui ramène ensuite la proie vers l’orifice buccal où elle est avalée tout entière. Il se nourrit de petits invertébrés.
C'est une espèce gonochorique*, les sexes sont séparés et la reproduction sexuée a lieu en été. Les gamètes* sont libérés dans l'eau et la fécondation* est externe. Les œufs donnent des larves* lécitotrophes* de courte durée et qui se métamorphosent* en juvéniles.
Les némertes ont un fort pouvoir de régénération et peuvent se reproduire de façon asexuée par scissiparité*. L’animal irrité ou attaqué peut se fragmenter en plusieurs morceaux, chacun régénérant un individu complet (clone*).
Sheppard (1935) note qu'en Angleterre, ce némerte se rencontre sous les pierres dans un tube membraneux et qu'il est presque invariablement accompagné d'un polychète rouge, Dorvillea rubrovittata (Grube, 1855). Trowbridge (2013) décrit également cette association avec D. rubrovittata en Irlande. Cependant elle constate que cette association n'est pas stricte et que parfois il n'y a que le némerte sous les pierres, ou les deux, ou seulement le polychète. Cette association n'a pas été rapportée ailleurs qu'en Grande-Bretagne.
Le corps, et plus particulièrement la face ventrale de ce némerte, est couvert de petits cils et leur mouvement va permettre à l'animal de se déplacer en glissant. Les némertes sont plutôt photophobes* et chassent de préférence la nuit.
Ce ver est capable de sécréter un tube membraneux protecteur fixé sous les pierres. Ces tubes ont été retrouvés avec le ver lors d'une étude en Irlande (Trowbridge, 2013), en Angleterre (Sheppard, 1935) ou en Galice en Espagne (Vernet, 1991). Les observations faites en dehors de ces 3 pays n'attestent pas de la présence de ces tubes. Il en est de même des photographies effectuées en Méditerranée et présentées dans cette fiche. Ces tubes pourraient être une réponse à des conditions défavorables de développement.
Le proboscis* de ce ver contient plusieurs stylets qui sont reliés à des glandes venimeuses (sécrétions neurotoxiques* et cytolytiques). Ces stylets vont piquer les proies lorsque le ver dévagine sa trompe (proboscis).
Le sang de cette espèce est d’un rouge vineux.
Le nom de ver rubané épais est la traduction du nom latin de l'espèce (crassus) et une proposition du site DORIS. De Quatrefages dans sa description originale parle de cérébratule épais mais il l'avait rangé dans le genre Cerebratulus.
Paradrepanophorus : du grec [para] = à côté de, car proche du genre Drepanophorus du grec [drepanon] = serpe, faux et du grec [phoros] = porter. Cela fait référence à la forme de la base du proboscis* qui est en forme de faucille.
crassus : du latin [crassus] = épais.
Numéro d'entrée WoRMS : 122863
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Nemertea | Némertes | Vers marins benthiques (quelques espèces pélagiques, terrestres et dulçaquicoles) rubanés, non segmentés, longs, aplatis dorsoventralement, et recouverts de cils. Ces vers sont d'actifs prédateurs, qui capturent leurs proies à l'aide d'une trompe exsertile. |
Classe | Hoplonemertea | Hoplonémertes | |
Ordre | Polystilifera | Polystilifères | |
Sous-ordre | Reptantia | Rampants | |
Famille | Paradrepanophoridae | Paradrepanophoridés | |
Genre | Paradrepanophorus | ||
Espèce | crassus |
Tout orange
Ce némerte est de couleur orange uniforme.
Saména, Marseille (13), 7 m de nuit
28/06/2019
Tête
La tête, en forme de flèche, est séparée du corps par un sillon transversal peu marqué. Elle est également orange uniforme.
Saména, Marseille (13), 10 m
28/06/2020
De profil
Sur cette photo de profil, on voit bien que le dessus de ce ver est très bombé, ce qui lui a valu son nom commun de ver rubané épais.
Callelongue, Marseille (13), 10 m
15/04/2015
Ventre
Cet individu équilibriste nous montre son ventre plat et pâle.
Le Trayas, St Raphaël (83), 4 m
16/01/2007
Contracté
Sur cet individu légèrement contracté, le tube digestif apparaît par transparence. La tête est bien visible à gauche.
Cagnes sur mer (06), 5 m
06/08/2007
Etiré
Les deux extrémités de ce ver rubané sont pointues.
Antibes (06), 10 m, de nuit
09/08/2007
Couple
Deux individus trouvés sous une pierre. Serait-ce un couple ?
Saména, Marseille (13), 5 m de nuit
20/10/2017
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Coe W.R., 1951, The Nemertean faunas of the gulf of mexico and of southern florida, Bulletin of of marine science of the gulf and caribbean, 1(3), 149-186.
Herrera-Bachiller A., Fernández-Álvarez F.Á., Junoy J., 2015, A Taxonomic Catalogue of the Nemerteans (Phylum Nemertea) of Spain and Portugal, Zoological Science, 32(6), 507–522.
Norenburg J.L., 2009, Nemertean of the Gulf of Mexico, In: Tunnell JW, Felder DL, Earle SA (Eds) Gulf of Mexico origin, water and biota, Texas A and M University Press, 1, 553–560.
Quatrefages A. de, 1846, Étude sur les types inférieurs de l'embranchement des annelés. Mémoire sur le famille des Némertiens (Némertes), Annales des Sciences Naturelles, Zoologie, 3(6), 173-303.
Sheppard E.M., 1935, On Paradrepanophorus crassus (Quatr.), a nemertean worm new to the British fauna, Annals and Magazine of Natural
History,15, 232–236.
Trowbridge C.D., Little C., Stirling P., Pilling G., Dlouhy-Massengale B., 2013, Lusitanian nemertean species in Lough Hyne Marine Reserve: Paradrepanophorus crassus and Punnettia splendida, Marine Biodiversity Records, 6, 1-6.
Vernet G., Anadón N., 1991, Continental shelf and littoral nemerteans from the North and North-West Spanish Atlantic coasts, Cahiers de Biologie Marine, 32(1), 45-56.