Langouste-porcelaine

Panulirus ornatus | (Fabricius, 1798)

N° 5114

Indo-Pacifique

Clé d'identification

Céphalothorax arrondi (de 9 à 12 cm de longueur, longueur totale jusqu'à 60 cm ), de coloration bleue à verdâtre
Couvert de nombreuses petites épines à pointe jaune
Large plaque antennulaire avec au milieu une paire antérieure d’épines et une seconde paire postérieure plus petite
Segments abdominaux lisses sans sillons transversaux bleus à verdâtres
Segments abdominaux avec bande transverse noire et tache latérale jaune
Pattes locomotrices avec des taches caractéristiques blanches à jaunâtres
Fouets antennaires rose-brique

Noms

Autres noms communs français

Grosse langouste porcelaine, langouste ornée, langouste du Kenya

Noms communs internationaux

Ornate spiny lobster, tropical rock lobster, ornate rock lobster, ornate tropical rock lobster, painted crayfish, painted cray, ornate crayfish, coral crayfish (GB), Langosta ornamentada (E), Schmuck Languste, Ornatlanguste (D), Lagosta ornamentada (P), Homard canal (Île Maurice), Konka (Madagascar).

Synonymes du nom scientifique actuel

Palinurus ornatus Fabricius, 1798
Palinurus sulcatus H. Milne Edwards, 1837
Panulirus sulcatus White, 1847
Palinurus (Senex) sulcatus Pfeffer, 1881
Senex ornatus - Lanchester, 1900

Distribution géographique

Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Panulirus ornatus est connue dans l’Indo-Pacifique Ouest, de la mer Rouge et de l'Afrique de l'Est (au sud du Natal) au sud du Japon, à Mayotte, à La Réunion, aux îles Salomon, à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, au sud-ouest, à l'ouest, au nord, au nord-est et à l'est de l'Australie, à la Nouvelle-Calédonie et aux îles Fidji.
En 1988, un spécimen a été trouvé sur la côte d'Israël en Méditerranée orientale.

Biotope

Panulirus ornatus est présente dans une grande variété d’habitats. Elle sera majoritairement observée dans les zones peu profondes (1 à 10 m) dans des cavités, sous des rochers et récifs. Si elle est présente dans les lagons* et récifs elle peut également être trouvée à l’embouchure de rivière ou dans les fonds de baie envasés. Elle préfère les eaux peu profondes mais P. ornatus, a malgré tout, été observée jusqu’à 50 m de profondeur (et même jusqu’à 180 m).
De jeunes individus ont été observés dans des prairies de cymodocées.

Description

Panulirus ornatus a un céphalothorax* arrondi (de 9 à 12 cm de longueur), de coloration bleue à verdâtre, il est couvert de nombreuses petites épines à pointe jaune. En avant des yeux, une large plaque antennulaire porte, au milieu, une paire antérieure d’épines et une seconde paire postérieure plus petite. Les segments abdominaux sont lisses et sans sillons transversaux.
Les pattes locomotrices présentent des taches caractéristiques blanches à jaunâtres.
Chaque segment de l’abdomen*, ce dernier de coloration bleue à verdâtre, porte une large bande transverse noire coupée par deux points blancs près des articulations et une tache latérale oblongue jaune. Les fouets antennaires sont rose-brique.
Cette espèce peut mesurer jusqu’à 60 cm de longueur (avec la langouste peinte Panulirus versicolor, maximum 70 cm et 3 kg, c’est la plus grande langouste de l’Indo-Pacifique). En Nouvelle-Calédonie, on trouve fréquemment des individus de 7 à 12 kg.

Espèces ressemblantes

Plusieurs espèces de langoustes sont présentes dans l'Indo-Pacifique. Voici celles qui sont présentes dans le domaine de DORIS :

  • Panulirus homarus (Linnaeus, 1758), langouste festonnée (ou langouste de Bourail (en Nouvelle-Calédonie). Elle est présente de la côte est-africaine au Japon, Australie, Indonésie, en Polynésie aux îles Marquises seulement. Le céphalothorax*, de 7 à 9 cm de longueur (la longueur totale est de 16 à 25 cm), est arrondi avec de nombreuses petites épines et deux rangées de fortes épines en arrière des épines rostrales*. La plaque antennulaire est armée de 2 paires d’épines principales avec, entre elles, quelques petites épines. Les segments abdominaux portent un sillon médian transverse n’atteignant pas le bord ventral, et présentant un dessin festonné très caractéristique. L’abdomen* est brun vert avec de petits points blancs et des taches blanches plus grosses près des articulations. Les pattes sont vertes avec des taches blanches ou crème irrégulières. Cette langouste est nocturne et grégaire.
  • Panulirus femoristriga (von Martens, 1872), langouste rouge à antennes* blanches. Cette espèce est présente dans le Pacifique Ouest. Le céphalothorax mesure 7 à 8 cm de longueur et la langouste peut mesurer 18 à 25 cm de longueur totale. La couleur de son corps est dans les tons rouge brun avec de nombreux points blancs. La plaque antennulaire porte 2 épines principales. Les segments abdominaux bruns avec des points blancs présentent un sillon médian transverse, rectiligne sur son bord antérieur. Les pattes portent des bandes longitudinales blanches et les pédoncules* antennaires sont roses. Cette espèce est présente sur des fonds de 2 à 15 m de profondeur et est souvent en groupes de 3 à 4 individus dans les zones de passes.
  • Panulirus longipes (A. Milne-Edwards, 1868), langouste diablotin, langouste rouge, langouste à pattes rayées. Cette langouste est présente dans l’Indo-Pacifique. Son céphalothorax est arrondi avec de nombreuses épines. Il mesure de 7 à 8 cm de longueur et l’animal a une longueur totale de 18 à 25 cm. La plaque antennulaire ne porte qu’une seule paire d’épines et quelques petites épines. Sur chaque segment abdominal brun avec des points blancs, on observe un sillon médian transversal qui rejoint le bord ventral. La coloration est rougeâtre, les pattes portent des bandes longitudinales plus claires et les antennules* sont annelées. Les pédoncules antennaires sont bruns.
  • Panulirus penicillatus (Olivier, 1791), langouste "Grosse tête" ou langouste fourchette. Cette espèce existe dans tout l'Indo-Pacifique Ouest inter-tropical, entre 30'N et 30°S, en mer Rouge et, vers l'est, sa répartition s'arrête aux Galápagos et à Clipperton. Le céphalothorax, de 9 à 10 cm de longueur (longueur totale : 35 cm), arrondi. Elle est couverte de nombreuses épines de différentes tailles. La plaque antennulaire est large avec deux paires de petites épines jointives à leur base. Chaque segment abdominal porte un sillon médian transverse n’atteignant pas le bord ventral. Sa coloration est de noir à vert foncé avec des bandes longitudinales plus claires sur les pattes.
  • Panulirus versicolor (Latreille, 1804), langouste bariolée. Cette langouste est présente en mer Rouge, dans l’Indo-Pacifique tropical, de l'Indonésie à la Polynésie française et jusqu'au Mexique, et du sud du Japon à l'Australie, la Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu. Son céphalothorax mesure de 8 à 9 cm pour une longueur totale de 30 à 40 cm. Elle porte de nombreuses épines. La plaque antennulaire porte deux paires d’épines bien séparées. Les segments abdominaux n’ont pas de sillon transverse et les segments 4 à 6 sont totalement lisses. Les antennes blanches à base rose et les antennules sont très longues. La coloration est bleu-vert, parfois avec un dessin rose orangé sur le céphalothorax et la base des antennes. Les pattes portent des bandes longitudinales blanches. Cette espèce a un comportement solitaire et est présente de 1 à 20 m de profondeur.

Alimentation

Adultes, les langoustes ont une réputation de charognard. En fait, elles sont omnivores et opportunistes, et sélectionneraient soigneusement leur nourriture. Elles consomment des crustacés, des mollusques (principalement des gastéropodes), des oursins et des algues (ingérées lors de la consommation d’invertébrés). Sur les fonds vaseux, elles consomment également des annélides polychètes.
Les larves*, pendant leur vie planctonique*, se nourrissent de zooplancton*.

En captivité, les adultes sont nourris avec du poisson frais (entier ou haché), des moules. Ils reçoivent un complément de caroténoïdes* (astaxanthine) afin d'assurer un bon développement et une belle couleur.

Reproduction - Multiplication

Panulirus ornatus est gonochorique*, les sexes sont séparés et présentent un dimorphisme* sexuel.
Les femelles sont reconnaissables par leurs orifices génitaux (gonopores*) situés à la base des troisièmes pattes thoraciques, par la présence d'une fausse pince sur les cinquièmes pattes thoraciques et par leurs larges pléopodes* biramés (les pattes abdominales).
Les mâles ont des orifices génitaux situés à la base des cinquièmes pattes thoraciques et des pléopodes uniramés et les 2ème et 3ème paires de pattes plus longues que les autres, ceci étant sans doute en relation avec l'accouplement.
La plupart des adultes reproducteurs ont trois ans. Les mâles reproducteurs ont tendance à être plus grands que les femelles, avec une longueur de carapace allant de 10 à 15 cm, et celles des femelles allant de 9 à 12 cm.
Plusieurs jours avant l’accouplement, on peut observer une parade nuptiale précopulatoire (par le biais de signaux olfactifs et tactiles). Cette parade consiste pour le mâle à toucher continuellement la femelle avec les dactyles* des trois premières paires de ses pattes, tout en se soutenant lui-même et en suivant la femelle sur ses pattes arrières pendant une période de quinze minutes. Finalement, le mâle s'approche de face et soulève la femelle pour la mettre en contact avec ses orifices génitaux. La copulation s'effectue ventre à ventre, le sperme étant déposé sous forme de spermatophores*.
Il semblerait que l'accouplement n'ait lieu que lorsque les femelles sont à certains stades de développement ovarien chez cette espèce.
Les ovules*, sortant de l'oviducte* par les orifices génitaux, sont fécondés et attachés sur les pléopodes* sur les soies* ovigères, sous l'abdomen* de la femelle. Chez Panulirus, on observe un spermatophore* collé sur le sternum de la femelle. Au moment de la ponte, la femelle gratte cette substance, à l'aide des dactyles* de la dernière paire de pattes, pour féconder les œufs, car les spermatozoïdes* sont immobiles chez les crustacés.
La fécondité est en relation avec la taille de l'animal. Chaque femelle produit de 500 000 à 2 000 000 d'œufs par ponte. L'incubation des œufs dure de 24 à 50 jours. Quelques jours (3 à 12) après l'éclosion des larves, la femelle est de nouveau apte à pondre jusqu’à 3 fois. L'éclosion a lieu la nuit.
Les langoustes éclosent sous la forme de larves* appelées phyllosomes*. Ce sont des larves planctoniques* aplaties dorso-ventralement (< 2 mm de longueur de carapace) et transparentes, bien adaptées à la vie planctonique (grande surface avec des appendices à plusieurs épines bien développés pour ralentir la descente et peu visibles pour les prédateurs). Ces phyllosomes subissent 11 stades larvaires distincts impliquant autant de mues* successives, jusqu'à ce qu'ils atteignent le stade final, dont la longueur de la carapace est supérieure à 25 mm. La période larvaire dure de 3 à 9 mois (dans la région du détroit de Torrès, au nord de l'Australie). Les larves peuvent ainsi parcourir des distances considérables, estimées à plusieurs milliers de kilomètres.
Le stade phyllosome final se métamorphose* en puerulus* (stade de transition entre le phyllosome et la langouste juvénile qui dure 2 à 3 semaines) qui mesure quelques centimètres. Ce puerulus nage librement et est transparent (au début). Il ne se nourrit pas et vit des réserves d'énergie accumulées. Une fois qu'il a trouvé un habitat approprié, le puerulus, qui est alors pigmenté, s'installe sur le fond sous les blocs, dans des herbiers ou des algues, et mue en un premier stade juvénile. Il adopte alors un comportement benthique*.

Cette langouste atteint sa maturité sexuelle au cours de sa deuxième année post-puerulus, lorsque la taille du céphalothorax est supérieure à 9 cm de longueur.

A l’état sauvage, P. ornatus, atteint la masse de 1 kg en 18 mois. Des individus de 7 à 12 kg sont pêchés en Nouvelle-Calédonie.

Vie associée

Panulirus ornatus vit le plus souvent en solitaire mais des couples peuvent être vus. Des regroupements importants peuvent s'observer lors des migrations.

Plusieurs épibiontes* et parasites* peuvent être remarqués sur cette espèce de langouste comme :
  • La balane Octolasmis sp. qui est le plus souvent attachée sur la carapace de la langouste, mais elle peut se fixer dans la chambre branchiale ;
  • Des nématodes de la famille des Anisakidae peuvent être sur les branchies* ;
  • Des protozoaires* ciliés* des genres Tokophrya (ordre des Suctorida) et Cryptocaryon (ordre des Prorodontida).

Enfin, P. ornatus peut également être infectée par des virus tel que le « white spot syndrome virus » qui peut être mortel pour les individus infectés.

Au rang des prédateurs, on compte notamment les mérous, dorades, balistes, vivaneaux, crapauds de mer, labres, anguilles, requins et raies.

Divers biologie

Panulirus ornatus serait plutôt nocturne. C'est l'une des plus grandes de toutes les langoustes de l’Indo-Pacifique.

Elle est connue aussi pour ses longues migrations effectuées pour se reproduire jusqu'au bord du plateau continental (500 km dans le golfe de Papouasie et dans le détroit de Torrès) pour libérer les larves* dans des eaux favorables. Dans cette région, les groupes formés sont très compacts et composés de quelques centaines à quelques dizaines de milliers d'individus. La taille du céphalothorax est de 9 à 12 cm chez les femelles et 10 à 13 cm pour les mâles. La route suivie au cours de la migration, très constante d'une année à l'autre, est sensiblement parallèle à la côte mais n'est pas en relation directe avec la profondeur, ni avec le substrat, mais dépend plutôt des courants.

Les yeux composés des langoustes sont adaptés aux très faibles intensités lumineuses. Les langoustes sont gênées par un très fort éclairement.

Les langoustes sont sensibles aux molécules dissoutes dans l’eau grâce à des chimiorécepteurs surtout situés sous la surface de la cuticule* des antennes*, antennules* et autour de la bouche ainsi que sur les dactyles* des pattes.

Comme de nombreux arthropodes, le corps est couvert de soies* qui jouent un rôle dans la mécanoréception* (vibrations, pression).

Informations complémentaires

Cette espèce, à la croissance rapide, fait l’objet de nombreuses pêcheries commerciales en Australie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Indonésie.

Dans certaines régions, des pêcheurs plongent dans des habitats artificiels créés spécifiquement pour la colonisation des puérules* et les retirent manuellement de temps en temps. Ces spécimens sont ensuite déplacés vers des secteurs de grossissement où ils atteignent leur maturité pour les besoins de l'industrie.

De nombreuses techniques et équipements ont été mis au point afin de permettre l’élevage complet en aquaculture de cette espèce de langouste.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de conservation de la langouste porcelaine est classé comme préoccupation mineure par l’UICN*. Cependant, la pêche à la langouste est réglementée dans de nombreux territoires.
A Mayotte, sa pêche est interdite si l’individu porte des œufs ainsi qu’entre le 1er novembre et le 31 mars.

La langouste ornée a été classée comme espèce de deuxième classe sur la liste nationale des principaux animaux sauvages protégés de Chine : une étape importante en matière de conservation, qui fait de P. ornatus le premier crustacé à être reconnu et inclus dans cette liste de protection cruciale (Ren & al, 2021).

Origine des noms

Origine du nom français

Langouste ornée : simple traduction du nom scientifique.

Langouste porcelaine : probablement du fait de l’aspect de sa carapace. Le terme "porcelaine" pourrait vraisemblablement faire référence à l'aspect lisse, brillant, et aux couleurs éclatantes de sa carapace, qui rappellent les teintes et la finesse de la porcelaine.

La langouste tire son nom du provençal "langosta", dérivé du latin populaire "lacusta", dérivé du latin [locusta] qui désignait à la fois la sauterelle et la langouste elle-même.

Origine du nom scientifique

Panulirus : ce nom de genre créé, en 1847, par le zoologiste britannique John Edward Gray (1800-1875) est un des anagrammes de Palinurus. Palinurus : du grec [palin] = arrière, à l’envers, à rebours et du grec [oura ou ura] = la queue ; donc qui se tient la queue, en partie, repliée sous l’abdomen*. Il existe aussi les genres Linuparus et Nupalirus.

ornatus : du latin [ornatus] = orné, paré, élégant. Certainement du fait de l’aspect brillant et des couleurs vives de cette espèce. Ce nom d’espèce a été donné, en 1798, par le naturaliste danois Johan Christian Fabricius (1745-1808) sans explication.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 107706

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Super classe Multicrustacea
Classe Malacostraca Malacostracés 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen.
Sous-classe Eumalacostraca Eumalacostracés Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax.
Super ordre Eucarida Eucarides Présence d'un rostre.
Ordre Decapoda Décapodes La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces.  Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises).
Sous-ordre Pleocyemata Pléocyémates

Incubation des œufs sous l'abdomen.

Famille Palinuridae Palinuridés
Genre Panulirus
Espèce ornatus

Nos partenaires