Deux larges cornes incurvées vers l'avant au-dessus des yeux pédonculés
Une bande rougeâtre en travers de l'éventail caudal
De grosses taches jaune crème cernées de noir sur les segments 2 et 6 de l'abdomen
Langouste royale, langouste blanche, langouste d'Amérique ; Homa blanc (Martinique)
Caribbean spiny lobster, rock lobster, Florida spiny lobster, West Indian spiny lobster, crawfish, crayfish, bug (GB), Langosta comun del caribe (E), Karibische Langouste (D), Caribische langoest (NE), Kref (PAP)
Palinurus ricordi Guérin-Méneville, 1836
Palinurus americanus Milne-Edwards, 1837
Atlantique ouest tropical, signalée en Afrique de l'Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesEspèce commune, vivant dans des zones où la température de l'eau dépasse 20 °C, idéalement de 26 à 28 °C. On la rencontre du Brésil aux côtes de Caroline du Nord, dans la mer des Caraïbes, les Bahamas et le golfe du Mexique ; elle a occasionnellement été signalée en Afrique de l'Ouest (Côte d'Ivoire).
La langouste vit de la surface jusqu'à 90 mètres de profondeur, voire plus. Cette profondeur varie en fonction de la température de l'eau, du stade de développement de la langouste et de la période de reproduction.
Au stade adulte, elle vit sous les rochers ou dans des anfractuosités et des crevasses du récif, dans des zones d'herbiers entourant le récif, zones abritées où elle peut se cacher la journée. Elle partage souvent son trou avec d'autres individus de la même espèce.
Le jour, elle se tient à l'entrée de sa cachette, les antennes en avant et ne se sauve pas lorsque le plongeur approche. Protégée par sa carapace épineuse, elle peut être sûre de son bon droit devant un plongeur respectueux. Ce n'est que si elle est surprise en dehors de sa cache qu'elle peut rapidement battre en retraite « en marche arrière » grâce à des coups de queue violents.
Au stade juvénile, elle vit dans les racines de la mangrove ou dans les herbiers peu profonds des criques calmes.
Cette langouste a une taille de 20 cm en moyenne (jusqu'à 60 cm), et son poids peut atteindre 14 kg.
Son céphalothorax* (la partie antérieure) est bombé et cylindrique, couvert d'épines régulièrement disposées. Il porte deux larges "cornes" bigarrées de noir, ocre et blanc, incurvées vers l'avant au-dessus des yeux pédonculés.
Les antennes* les plus grandes (la seconde paire en partant de l'avant) sont épaisses à la base ; elles sont plus longues que le corps et couvertes d'épines pointant vers l'avant. La première paire d'antennes (antennules*) est mince, biramée*, noire ou marron foncé, couverte d'un rang de soies longues et serrées et mesure environ les 2/3 du corps. Ces antennes sont sensorielles ; les plus grandes servent aussi à la défense de la langouste.
La couleur du céphalothorax est très variable selon les individus : vert olive, marron acajou, rouge pourpre, noir ou bleu foncé ; ses parties latérales sont couleur blanc crème d'où son nom de langouste blanche. Des taches jaunes et des points noirs sont éparpillés sur la carapace.
Chaque segment de l'abdomen est rayé de bandes de couleur ocre interrompues au milieu et les segments 2 et 6 de l'abdomen portent de grosses taches jaune crème cernées de noir. De petits ocelles* clairs plus ou moins abondants parsèment les anneaux 3, 4 et 5.
Les pattes marcheuses (péréiopodes*) sont ornées de bandes longitudinales bleues et jaunes et se terminent par des griffes aigües.
Les pattes nageuses (pléopodes*) sont orangées ou vertes et noires.
L'éventail de la queue (palette natatoire) est composé de 5 appendices aplatis (le telson* central + 4 uropodes* latéraux). Il est orné d'une bande transversale de couleur rougeâtre, le long de sa marge postérieure.
Il existe un dimorphisme sexuel : chez le mâle le thorax est plus large que celui de la femelle, il n'a pas de striations, la deuxième paire de pattes est plus longue que les autres et elle porte des griffes incurvées. Enfin, les orifices génitaux du mâle se trouvent sous le thorax, à la base de la 5ème paire de pattes, alors que chez la femelle, ils sont à la base de la 3ème paire de pattes marcheuses.
Chez les juvéniles, les antennes et les pattes marcheuses sont annelées de blanc, et une large bande blanche parcourt le dos en son milieu.
Deux autres espèces de langoustes se rencontrent également dans l'Atlantique ouest intertropical :
La langouste indienne, Panulirus laevicauda (Latreille 1817) : elle n'a pas de rayure dorsale sur l'abdomen, et tous les segments de l'abdomen portent des taches blanc crème situées latéralement. Le reste de l'abdomen n'a pas de taches. Les rostres au-dessus des yeux sont pointus. Les antennules sont plus courtes.
La langouste tachetée, Panulirus guttatus (Latreille, 1804) : cette langouste porte de très nombreux points blancs sur sa carapace de couleur brune à mauve foncé, ses pattes et son abdomen.
La langouste sort la nuit pour se nourrir de préférence d'animaux morts, de gastéropodes (lambis), bivalves, oursins, vers et autres crustacés, mais aussi de végétaux.
Elle utilise pour localiser ses proies des chémorécepteurs* situés sur les soies des antennules et des pattes marcheuses. Les proies coriaces (coquillages et crustacés...) sont portées à la bouche par les pattes, et les pièces buccales puissantes écrasent les coquilles et carapaces pour en extraire la chair.
La langouste atteint la maturité sexuelle lorsqu'elle mesure 7 à 8 cm, elle a alors près de 3 ans.
La période de reproduction se situe de mars à juin. Une petite parade sexuelle précède l'accouplement qui a lieu ventre à ventre. Le mâle libère un spermatophore* qui adhère au sternum de la femelle et reste en place jusqu'au moment du frai. Le sperme est viable environ un mois.
Au moment du frai, les femelles migrent vers des eaux plus profondes.
Lors de la ponte, la femelle fléchit l'abdomen jusqu'à le ramener sous le céphalothorax, ce qui expulse les œufs. Ensuite, elle les garde sous l'abdomen et les fertilise en grattant le spermatophore pour libérer le sperme. La fécondité est élevée : une femelle de 10 cm pond environ 700 000 œufs, alors qu'une femelle de 38 cm peut pondre 2,6 millions d'œufs !
Les œufs fraîchement pondus sont orangés et brillants et mesurent environ 0,2 mm de diamètre. Ils vont rester sous l'abdomen de la femelle près de 3 semaines et devenir durs et de couleur marron noirâtre.
Après éclosion les larves* sont portées par les courants marins pendant 6 à 12 mois, subissent plusieurs mues, puis arrivées au stade post-larve (puerulus*) elles deviennent benthiques*, vivant près de la surface, dans des herbiers ou dans les racines de la mangrove.
Les juvéniles sont solitaires puis progressivement, partagent plus volontiers leur cachette lorsque leur taille augmente. Les mues des juvéniles se produisent en moyenne 2 à 3 fois par an, puis une fois par an chez les adultes.
Ses prédateurs habituels, à part les casiers des pêcheurs, sont les requins-nourrices, les raies pastenagues, les pieuvres et certains poissons comme les mérous, mais ils ont fort à faire avec cette carapace recouverte d'épines pointues.
C'est une espèce grégaire et territoriale, partageant volontiers son abri sous roche avec d'autres langoustes, mais elle peut aussi se déplacer : en période cyclonique, les langoustes ont tendance à rechercher les zones plus profondes où elles seront à l'abri de la houle.
Certains ont eu la chance d'observer pendant la journée, une procession de plusieurs dizaines de langoustes marchant en file indienne. Chaque animal maintient sa position dans la file en posant le bout de ses antennes sur l'abdomen de l'individu qui la précède. La cause de cette migration est inconnue, mais le principal stimulus est un refroidissement et une augmentation de l'agitation de l'eau. Cette migration peut durer plusieurs jours.
La langouste est une espèce marcheuse, mais lorsqu'elle se sent menacée, elle s'échappe en donnant de vigoureux coups de queue, ce qui la propulse en arrière.
On peut en prêtant l'oreille entendre des sons (stridulation) que la langouste émet en frottant la base de ses antennes avec la tête, lorsqu'elle est dérangée et s'apprête à fuir.
Longtemps négligée par les pêcheurs antillais d'autrefois, qui les écrasaient dans les nasses comme appâts, cette langouste est très recherchée depuis l'essor touristique des Antilles. Comme langouste la plus commercialisée en Amérique, elle est devenue un enjeu économique pour ces régions côtières puisque 35 000 tonnes sont pêchées annuellement.
Convention de Carthagène annexe 2
La Convention de Carthagène concerne la protection du milieu marin de la zone Caraïbe, signée en 1983 ; elle est entrée en vigueur en 1986, elle concerne les organismes marins suivants : coraux, gorgones, lambis, langouste royale, tortues de mer.
Réglementation nationale :
Martinique : Interdiction de pêche et de vente par arrêté préfectoral du 27 septembre 1984 n°84-1870, la taille de capture autorisée est de 22 cm minimum.
Guadeloupe : selon l'arrêté préfectoral n° 2002-1249/PREF/SGAR.MAP : la taille de capture autorisée est de 21 cm minimum. La capture de femelles avec œufs est interdite en tous temps.
Le nom langouste dérive du latin locusta, la sauterelle, (au XVIème siècle, on les appelait "sauterelle de mer").
Des Caraïbes : correspond à la zone centrale de distribution.
Panulirus : anagramme de Palinurus (autre genre de langouste) du grec [palin-] = arrière, à l'envers, à rebours ; et [oura] = la queue, donc qui se tient avec la queue repliée sous l'abdomen.
argus : du nom d'un personnage de la mythologie grecque. Argos était un géant aux cent yeux, préposé par Junon à la garde d'Io (fille d'Inachus changée en vache ou génisse par Jupiter). Les taches pigmentaires rappellent les cent yeux d'Argus.
Numéro d'entrée WoRMS : 382891
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Achelata | Achélates | Les achélates (anciennement palinoures) sont caractérisés par une première paire d'appendices dépourvue de pinces : ce sont les langoustes et les cigales de mer. |
Famille | Palinuridae | Palinuridés | |
Genre | Panulirus | ||
Espèce | argus |
Profil
Ce bel individu laisse admirer ses deux paires d'antennes : antennes épineuses et antennes bifides, ses palettes natatoires vivement colorées, les taches claires des deuxième et sixième segments, les "cornes" au-dessus des yeux et l'éventail caudal bien étalé.
Punta Meliza, Cayo Largo (Cuba), 30 m
24/04/2009
Devant sa cachette
Ce beau spécimen semble poser de trois quarts, sur le fond vivement coloré de sa grotte.
Port-Louis, Guadeloupe (971), 20 m
25/05/2008
La queue à rebours
Attitude familière de la langouste, l'abdomen replié vers l'avant, les antennes dirigées vers l'observateur. Remarquer l'extrémité très poilue, en pinceau, des pattes qui explorent le sol.
Punta Meliza, Cayo Largo (Cuba), 30 m
24/04/2009
Entre les deux yeux
Relativement peu farouche, la langouste caraïbe peut se laisser approcher et photographier de très près !
Bonaire, 12 m
20/04/2006
Les cornes
Vues d'encore plus près, les excroissances formant un rostre au-dessus des yeux.
La Rubia, Cayo Largo (Cuba), 7 m, de nuit
26/04/2009
L'éventail caudal
En gros plan : l'éventail de la queue avec la barre transversale rougeâtre.
Terre de Haut, (photo prise sur un marché local)
27/08/2008
De nuit
La nuit, la langouste s'aventure plus loin de sa cachette. Variante de coloration rouge violacé (peut-être lié au jeune âge du spécimen), avec les ocelles bien marqués sur les segments abdominaux.
Front Porch, Bonaire, de nuit
20/04/1999
Dans leur environnement
Une vrai HLM. Les antennes dressées des locataires font écho aux épines des oursins diadème à l'étage supérieur.
Caye d'Olbian, Martinique (972), 15 m
19/05/2009
La crise du logement
Les langoustes sont grégaires et partagent volontiers leur abri !
Sources Chaudes, La Martinique, 17 m
28/11/2012
Juvénile
Jeune langouste à l'entrée de son abri. La bande blanche dorsale n'est déjà plus visible.
Petite Anse, Guadeloupe (971), 12 m
01/04/2006
Rédacteur principal : Annie BOUXIN
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Anne PROUZET
La page de Panulirus argus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN