Coquille ovoïde
Dos gris rosâtre avec 3 bandes marron plus foncées
Taille moyenne entre 15 et 25 mm
Manteau de couleur variable, noir à orange
Papilles et petites marques blanches sur le manteau
Clandestine cowrie (GB)
Cypraea clandestina Linnaeus, 1767
Cypraea (Luponia) clandestina Linnaeus, 1767
Cypraea (Palmadusta) clandestina Linnaeus, 1767
Cypraea clandestina var. passerina Melvill, 1888
Palmadusta clandestina extrema Iredale, 1939
Palmadusta clandestina whitleyi Iredale, 1939
Mer Rouge, océan Indien et océan Pacifique Ouest et centre
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette espèce est connue en mer Rouge et de l'océan Indien à l'océan Pacifique Ouest et centre.
Dans l'océan Indien, elle a été signalée sur les côtes est-africaines (en Somalie, au Kenya, en Tanzanie) ainsi que plus au large, dans les Comores, à Madagascar, dans les Mascareignes*, aux îles Aldabra et l'archipel des Chagos, dans les Seychelles...
Dans le Pacifique, on peut noter sa présence dans les Philippines, une partie de l'Australie, en Nouvelle-Calédonie...
Palmadusta clandestina se rencontre entre 0 et 15 m de profondeur.
Elle évolue dans les habitats coralliens détritiques* parsemés de blocs et de rochers, de préférence en zones calmes et protégées. Elle se cache sous les blocs de coraux morts ainsi que dans les anfractuosités coralliennes du récif, notamment lors des marées basses. On peut la trouver également dans les herbiers où elle se nourrit.
Palmadusta clandestina est une petite porcelaine à la coquille ovoïde (en forme d’œuf). Sa taille va de 7 à 28 mm maximum, sa longueur moyenne est de 25 mm.
La coquille brillante, au dos lisse et bombé, est de couleur claire, blanche, beige, grise ou rosé sur le dorsum*. Celui-ci est souvent orné de motifs, selon les individus et les régions :
- trois larges bandes beige-marron plus foncé, plus ou moins complètes et traversantes, séparées ou anastomosées* et/ou
- de nombreuses petites stries fines transversales marron orangé, allant d’un bord à l’autre de la coquille et/ou
- de petites taches blanches. Parfois un seul de ces motifs, parfois deux, trois, parfois aucun ou peu visibles.
La marge, tout autour du dorsum, est généralement blanche à crème.
La base (le dessous de la coquille) est claire (généralement entièrement blanche). L'ouverture ventrale est étroite. Les dents le long de l'ouverture sont peu marquées, courtes et régulières.
Le manteau*, qui recouvre la coquille quand il n'est pas rétracté, peut varier en couleur selon les individus : il est très généralement noir mais des spécimens au manteau orangé ont été observés. Ce manteau est généralement parsemé de papilles* blanches ou de petites taches de la même couleur (sauf dans le cas de mélanisme* où il est entièrement noir).
Le corps de l'animal est :
Soit noir, irrégulièrement parsemé de petites taches blanches. Le siphon* est noir, les tentacules* portant les yeux à leur base sont également noirs.
Soit, beaucoup plus rarement, brun orangé à orange vif avec parfois de petites taches blanches dispersées. Le siphon est orange. Sa tête est un peu plus sombre et porte des tentacules fins, translucides ou orangés, avec de petits yeux noirs à leur base. La sole* pédieuse est orange clair, parfois nuancé de jaune ou brun clair.
On peut citer quelques porcelaines de petite taille susceptibles d'être confondues avec Palmadusta clandestina. Citons par exemple :
Palmadusta clandestina, comme les autres porcelaines, se nourrit à l’aide de sa radula*, organe râpeux des mollusques brouteurs. Cet organe leur permet de racler efficacement le film algal recouvrant les rochers, les coraux morts et autres substrats durs, les diatomées* voire les éponges ou des petits invertébrés.
La porcelaine clandestine sort généralement la nuit pour s'alimenter.
Palmadusta clandestina est une espèce gonochorique* (il y a des sexes séparées, des mâles et des femelles ; pas d'hermaphrodisme* connu chez cette espèce). Un dimorphisme* sexuel modeste peut apparaître (femelles éventuellement un peu plus grandes ou plus massives) mais il est très subtil et souvent très difficile à observer sans études anatomiques (inspection des gonades*). Ça n'est pas un critère fiable pour estimer le sexe chez cette espèce.
Si on se fie aux éléments connus chez les Cypréidés, la fécondation a lieu la nuit, où les mâles cherchent activement les femelles. Le contact est physique (il peut durer plusieurs minutes voire des heures) et le mâle introduit son pénis dans la cavité palléale* de la femelle. La fécondation* est interne. Le sperme* peut être stocké dans une spermathèque avant la ponte.
Des capsules ovigères* sont déposées grâce à des cordons gélatineux sur le substrat (roches, coraux morts, algues), si possible cachés pour les protéger des prédateurs. Les capsules contiennent un nombre très variable d’œufs. On a compté jusqu’à 500 œufs par capsule et une ponte totale peut aller jusqu’à ½ million d’œufs.
Les œufs éclosent et les individus passeront par un stade planctonique* sous forme très brève de larve* trochophore* puis rapidement de larve véligère*, avant de commencer leur métamorphose* benthique* et de devenir des adultes à part entière.
La radula de la porcelaine clandestine (comme celle des membres de la famille des Cypréidés) est de type taenioglosse*. Elle possède 7 dents par rangée : une dent centrale, une dent latérale de chaque côté (soit 2) et deux dents marginales de chaque côté (soit 4). La formule radulaire* peut donc s'inscrire 2.1.1.1.2.
Palmadusta clandestina sécrète de l’acide sulfurique quand elle est perturbée et se sent en danger.
Au sein de l'espèce, il existe à ce jour (selon WoRMS au 09/2025) trois sous-espèces acceptées :
Il s'agit généralement de variations morphologiques, de couleurs ou de texture de coquille.
Ce genre serait présent depuis la fin du Pliocène (-3 à 2 millions d’années).
Concernant la Liste Rouge mondiale des espèces en danger de l'UICN*, Palmadusta clandestina n'est pas évaluée (NE).
Ce statut NE concerne des espèces qui n’ont pas encore été confrontées aux critères d'évaluation de l'UICN et comme les autres espèces portant ce statut "Non Évalué", son statut de menace reste inconnu. A ce titre, Palmadusta clandestina n'est pas présente dans la Liste Rouge.
Porcelaine clandestine : en français, les coquilles marines de la famille des Cypréidés (dont Palmadusta clandestina) sont souvent appelées "porcelaines". Ce nom vient de l'italien porcellana, issu du latin [porcella] = jeune truie ! Explication : l'ouverture basale de ces coquillages ressemblerait à une vulve de truie. Au moyen âge, on appelait "porcelaine" la nacre que l'on tirait de la coquille des gastéropodes pour faire des vases et divers ustensiles.
C'est donc le nom de la vaisselle brillante qui est issu du nom du gastéropode et non l'inverse.
Le qualificatif "clandestine" est une francisation du nom scientifique spécifique, clandestina, donné par Linné en 1767.
Palmadusta : ce nom est composé de deux parties dérivant du latin, où
- [palma] fait référence à la paume de la main, probablement en raison de la forme arrondie et lisse des coquilles pouvant faire penser à la paume d'une main et
- [dusta], dérivé du latin [dustus], signifie sombre, poudré ou marqué, ceci faisant référence aux motifs ou à la coloration de la coquille que montrent les espèces de ce genre.
Le genre a été introduit en 1930 par le malacologue (et ornithologue) britannique Tom Iredale (1880-1972) dans "Queensland molluscan notes, n° 2, Memoirs of the Queensland Museum, 10(1), 73-88".
Iredale y propose (p.82) Palmadusta clandestina comme type* du genre.
clandestina : ce terme est dérivé du mot latin [clandestinus], qui signifie secret, dissimulé ou caché.
Comme toujours, Carl von Linné n'a pas justifié son choix en 1767 (dans la 12e édition de son "Systema Naturae"). Mais sachant que le naturaliste suédois s'appuyait volontiers sur des caractéristiques visuelles ou comportementales, il est très probable qu'il ait pensé
- soit à la nature discrète ou cachée de cette espèce, celle-ci se dissimulant dans des environnements peu accessibles ou peu visibles, pour la nommer. D'autant que l'espèce sort principalement la nuit et était donc peu visible ;
- soit au fait que les motifs diffus de sa coquille sont parfois très effacés et qu'elle était donc malaisée à déterminer.
Numéro d'entrée WoRMS : 216883
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Super-famille | Cypraeoidea | ||
Famille | Cypraeidae | Cypréidés | Coquille ventrue ou piriforme, conique, ovoïde, globuleuse, fusiforme ou presque cylindrique, coloration variable, souvent avec des bandes transversales.Callosité au niveau de l'apex. Ouverture étroite avec des dents. couche d'émail épaisse, brillante. D'après Lindner 2011:81 |
Sous-famille | Erroneinae | Erronéinés | |
Tribu | Bistolidini | ||
Genre | Palmadusta | ||
Espèce | clandestina |
Coquille claire - manteau sombre
Voilà comment se présente la porcelaine clandestine lorsqu'on a la chance de la rencontrer dans la journée. Ici, son manteau noir est en train de se rétracter dans la coquille pour se protéger. Il a en effet beaucoup de valeur pour une porcelaine.
Platier Ricaudy, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique
09/05/2024
Le manteau
Le manteau est noir, avec des petites papilles et points blancs. Il est ici complètement refermé sur la coquille. Il joue un rôle très important pour l'animal.
Il protège la coquille en empêchant l’adhésion d'algues et de parasites et il y dépose du calcaire et de la conchyoline, la réparant, l'entretenant et lui permettant de grandir tout en lui conservant sa brillance et ses couleurs.
C'est le manteau qui secrète les pigments de couleur et qui génère les motifs sur la coquille. L'artiste, c'est lui (et la génétique).
Ce manteau contient aussi des terminaisons sensibles à la lumière, au toucher et à la chimie de l'eau (ce qui permet par exemple de détecter les prédateurs éventuels). C'est donc un organe multifonction essentiel à la survie de l'animal, qui le protège en le rétractant à l'abri de la coquille si nécessaire.
Ouémo, Nouméa, Nouvelle-Calédonie, océan Pacifique, 10 m
16/09/2020
Coquille
La coquille est généralement très claire, blanche à crème..., avec souvent des motifs plus sombres :
Chez cet individu, le dorsum est couvert des 3 larges bandes brunes, un peu diffuses et ayant tendance à s'anastomoser ici ou là. On distingue également les fines lignes brunâtres traversant de part en part la coquille.
Le manteau noir est rétracté.
Platier Ricaudy, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, ex situ
05/06/2022
Biotope
Le biotope habituel de l'espèce est généralement corallien ou détritique et peu profond. On voit ici un individu dans une zone corallienne parsemée de blocs et de rochers, se dissimulant près d'une anfractuosité rocheuse.
Sur cette photo, deux autres espèces de Cypréidés sont visibles : la grosse à droite est la porcelaine-lynx (Lincina lynx) et celle de gauche, plus petite que la première, à moitié masquée est la porcelaine erronée (Erronea errones).
La porcelaine clandestine au centre est la plus petite des trois !
Platier Ricaudy, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 0,20 m
07/06/2020
Sur l'estran
Milieu d'après-midi. Dans la zone intertidale (ou zone de balancement des marées), très momentanément hors d'eau, la porcelaine clandestine à l'entrée d'un abri s’apprête pour sa virée nocturne à venir.
Platier Ricaudy, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 0,20 m
07/06/2020
Distribution : en Nouvelle-Calédonie
Sur cet individu néo-calédonien, on peut remarquer à l'avant les deux tentacules noirs et le siphon de même couleur.
Platier Ricaudy, Nouméa, Nouvelle-Calédonie (988), océan Pacifique, 0,20 m
05/09/2024
Rédacteur principal : Carole BERNARD
Rédacteur : Beatrice SERVENTI
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Jousseaume F., 1876, Notes sur quelques Cypraea et description d'une espèce nouvelle, Bulletin de la Société Zoologique de France, 1(2-3), 77-82.
Verdcourt B., 1954, The Cowries of the East African Coasts (Kenya,
Tanganyika, Zanzibar and Pemba), Journal of
the East African Natural History Society, 22(96), 129–144.
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La page de Palmadusta clandestina dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN (non disponible actuellement)
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