Taille petite à moyenne (2 à 6 cm)
Transparente avec multiples ponctuations (blanches, jaunes ou sombres)
Bande et lignes transversales brun rouge sur chaque segment de l’abdomen
Stries transversales et obliques brun rouge sur la carapace
Articulations des pattes colorées en bleu et jaune
Rostre assez rectiligne arrivant au niveau de l’écaille antennaire
Sur fond rocheux ou végétaux près de la surface
Parfois en eau légèrement dessalée
Bouc, crevette bouquet, bouquet de flaque, bouquet salicoque, chevrette, calembo (Provence), tête d’âne (Languedoc), ronde (Arcachon), cheor-goumon (Bretagne), gambeta (Catalogne)
Rockpool prawn, white prawn (GB), Gamberetto squilla, gambero di scogliera, gambero di fascina (I), Camaron de roca, quisquilla (E), Kleine Felsengarnele, Sägegarnele (D), Gewone steurgarnaal, gewone steurkrab (NL), Creveta-de-iarba (RO), Stripestrandreke (N), Elegant tångräka (S), Krewetka elegancka (PL)
Leander squilla elegans (Rathke, 1837)
Leander squilla var. brevidigitata Czerniavsky, 1884
Leander squilla var. intermedia De Man, 1915b
Leander squilla var. prototypa Czerniavsky, 1884
Palaemon minans Norman, 1861
Palaemonella gracilis Paul’son, 1875
Méditerranée, Atlantique Nord-Est et Sud-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La petite crevette rose est présente dans toute la Méditerranée, en mer Noire, mer Caspienne et mer d’Aral.
On la trouve sur les côtes du nord-est Atlantique depuis le sud de la Norvège et la Baltique jusqu’en Afrique en passant par la mer du Nord et la Manche, ainsi que sur les côtes des îles atlantiques (Açores, Canaries, Madère, Cap-Vert). Plus au sud, elle est signalée dans le sud-est Atlantique jusqu’en Namibie.
Depuis 2010 elle est considérée comme espèce invasive sur la côte nord-ouest de l’Atlantique en Nouvelle Angleterre (Salem Sound).
Palaemon elegans se rencontre en bord de mer, dans les ports ou les lagunes, sur des rochers souvent couverts d’algues ou dans des cuvettes rocheuses et généralement à très faible profondeur. Sur les côtes de l’Atlantique on la trouve dans des mares résiduelles de l’estran*. Cette espèce est bien adaptée aux conditions difficiles de cet habitat : elle affectionne les eaux agitées et très ensoleillées, elle tolère de fortes variations de températures (1 à 30 °C) et de salinité (1 à 40 g de sel/l). On la voit aussi sur ou dans les algues et parfois dans des herbiers (zostères).
Elle peut se trouver sous quelques cm d’eau et jusqu’à 2 m de fond en Méditerranée. Par temps froid elle se déplace vers le fond. Dans le nord de l’Europe, elle peut descendre vers 10 m (Baltique, Pologne) ou migrer vers le large (nord des îles Britanniques).
La petite crevette rose est de taille petite à moyenne (2 à 6 cm). Sa forme est plutôt cylindrique et elle a de longues antennes (environ 1,5 fois la longueur du corps).
Elle est transparente, avec de nombreux points blancs, jaunes ou sombres et des dessins variables comprenant en général des lignes et stries brun foncé légèrement rougeâtre. Sur l’abdomen des bandes transversales bordent chaque segment et des lignes plus fines s’intercalent entre ces bandes sur la moitié dorsale. La carapace* sur le céphalothorax* est marquée surtout par des lignes et stries obliques.
Ses yeux pédonculés sont souvent vert grisâtre. Une partie des pattes est colorée de bleu avec des anneaux d’un jaune vif au niveau des articulations.
Les deux premières paires de pattes sont munies de pinces, la deuxième étant plus grande que la première.
A l’avant de sa carapace le rostre* droit ou légèrement recourbé vers le haut ne dépasse pas l’écaille antennaire*. Ce rostre est denticulé* avec sur le bord dorsal 7 à 9 dents dont 3 situées en arrière de l’orbite et sur le bord ventral 3 dents. Il se termine par une ou deux pointes.
D’autres caractères spécifiques sont surtout observables en laboratoire (loupe ou microscope) : deux épines sont présentes sur le bord antérieur de la carapace ; Les palpes mandibulaires sont constitués de 2 segments ; le doigt de la deuxième paire de pattes est légèrement plus long que la moitié de la paume ; la partie libre de la branche la plus courte du fouet antennulaire est plus longue que la moitié de la partie fusionnée.
Palaemon elegans peut être confondue avec d’autres espèces du même genre et plus particulièrement avec les 3 espèces suivantes :
Palaemon serratus est une espèce plus grande (5 à 11 cm) mais ses juvéniles peuvent être confondus avec les jeunes et les adultes de la petite crevette rose. Cette espèce fréquente les endroits ombragés depuis la surface jusqu’à 40 m de profondeur, sur des fonds rocheux, sablo-vaseux ou dans les herbiers. La différence se fait par l'observation du rostre (voir photo) : chez Palaemon serratus le rostre est plus long, et l'espace entre la première et la deuxième épine du rostre est plus long que l'espace situé entre le deuxième et la troisième épine. Cette différence est moins évidente chez les jeunes.
Palaemon adspersus : de taille petite à moyenne (jusqu’à 7 cm), présente une coloration homogène avec éventuellement des motifs orange à bruns. Le rostre est assez court comme celui de la petite crevette rose mais avec des chromatophores* sombres sur sa moitié ventrale et une ligne bleue sur son bord inférieur. Elle est commune sur fond vaseux et sur végétaux dans les estuaires et dans des lagunes littorales de très faible profondeur.
Palaemon xiphias : crevette moyenne à grande (jusqu’à 7 cm), est transparente mais sans bande colorée, couleur gris-vert de jour, bout de la queue rouge de nuit, rostre long dépassant l’écaille antennaire. Elle habite principalement les posidonies mais elle est aussi présente dans d’autres herbiers et parmi des algues photophiles*. Uniquement en Méditerranée.
Palaemonetes varians est également assez voisine. Rostre avec 2 dents seulement sur le bord inférieur. Cette espèce très peu colorée (transparente) se rencontre dans les anciens marais salants, les parcs à huîtres, les lagunes littorales et les estuaires au niveau des zones de transition entre eau douce et eau salée.
La petite crevette rose est un omnivore opportuniste. Elle se nourrit d’algues, de petits invertébrés (petits crustacés en particulier). Elle est également détritivore* et nécrophage* car elle consomme débris organiques et animaux morts.
Les sexes sont séparés, la distinction entre sexes est difficile en dehors des périodes de reproduction : les mâles sont légèrement plus petits et leur rostre* est un peu plus court que celui des femelles.
L'accouplement a lieu à la nuit tombée, le mâle se positionne "en croix" en passant ventre contre ventre sous la femelle molle qui vient de muer. Cet accouplement ne dure au plus que quelques secondes. La fécondation est externe et se produit pendant la ponte en utilisant le sperme déposé au préalable par un mâle près des orifices génitaux de la femelle, c'est-à-dire entre la base des pattes arrières. Les œufs sont ensuite fixés sur les pléopodes* (appendices abdominaux). Les femelles portant leurs œufs, sous l’abdomen, sont dites ovigères* ou « grainées ». On peut trouver des femelles ovigères de mars à octobre en Méditerranée et pendant une période plus courte en Atlantique surtout aux latitudes les plus élevées.
La fécondité est très variable : de moins de 100 à plus de 1 700 œufs par ponte selon la taille de la femelle. Les femelles les plus âgées pondent plusieurs fois, les éclosions ont lieu au printemps et en été en Méditerranée mais pendant toute l’année en mer Noire. La durée d’incubations des œufs est voisine de 10 jours en conditions favorables (température entre 19 et 27 °C).
A l’éclosion, les larves* nageuses (au stade zoé*) sont libérées dans l’eau. Le développement larvaire planctonique* dure 3 semaines lorsque la température de l’eau est de 26 à 27 °C, mais plus de 6 semaines en conditions défavorables. Après plusieurs mues (9 stades) les juvéniles, ressemblant aux adultes mais en moins colorés, deviennent benthiques* sur des fonds rocheux couverts d’algues où ils poursuivent leur croissance.
La longévité est de l’ordre de deux ans.
Quelques parasites peuvent modifier l’aspect de la petite crevette rose : l’isopode épicaride Bopyrus squillarum qui se fixe dans les cavités branchiales de Palaemon elegans et de Palaemon serratus provoque un gonflement latéral du thorax.
La microsporidie (protozoaires sporozoaires) Inodosporus octospora envahit le corps de la crevette et lui donne une couleur blanche, laiteuse. Cette parasitose concerne en particulier Palaemon elegans et Palaemon serratus.
La larve du nématomorphe Nectonema agile parasite de nombreuses espèces de décapodes, dont Palaemon elegans.
Palaemon elegans est aussi une crevette nettoyeuse de poissons, comme le révèle une étude suédoise récente, indiquant qu’elle enlève et consomme des ectoparasites de la plie Pleuronectes platessa (vers plats Gyrodactylus sp et copépode Lepeophtheirus pectoralis). Les résultats de cette étude, menée en laboratoire, méritent d’être confirmés en milieu naturel.
Cette petite crevette se déplace surtout en marchant et parfois en nageant (grâce à ses appendices abdominaux). Pour fuir, elle peut reculer rapidement en repliant brusquement son abdomen. Elle est active le jour.
Sa transparence partielle associée à une pigmentation qui s’adapte à son environnement lui assure un très bon camouflage lorsqu’elle est immobile (homochromie*). Ces changements de couleur sont régulés par des hormones. Parmi ses prédateurs on trouve des céphalopodes (sépioles...) et des poissons.
La petite crevette rose est comestible et appréciée mais souvent confondue avec d’autres espèces du même genre.
Elle est l’objet d’une pêche artisanale et vendue surtout sur des marchés locaux. Elle fait partie des espèces de la pêche à pied sur l’estran.
Les pêcheurs l’utilisent aussi, vivante ou morte, comme appât pour attraper en particulier des loups et des sparidés.
En aquariophilie elle est considérée comme robuste et appréciée pour son régime alimentaire qui permet d’éliminer organismes morts et restes alimentaires.
La pêche des crevettes roses ou bouquets est réglementée. Il existe une taille minimum et des dates d'ouverture. La législation étant adaptée aux régions, il convient de se renseigner auprès des Affaires Maritimes.
Petite crevette rose : « petite crevette » en référence à sa taille comparée à celle de la crevette rose (Palaemon serratus), « rose » vient de la couleur que prend l'animal après cuisson.
Palaemon : du grec [Palaimôn] fils d'Athamas et de Ino (Leucothoe), changé en dieu marin, protecteur des ports.
elegans : du latin [elegans] = élégant, beau, gracieux.
Numéro d'entrée WoRMS : 107614
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Super classe | Multicrustacea | ||
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Caridea | Caridés | Les Caridés sont caractérisés par des pléopodes natatoires. C'est à ce groupe qu'appartiennent une grande partie des espèces de crevettes. |
Famille | Palaemonidae | Palaémonidés | Pinces de la seconde paire de pattes beaucoup plus fortes que la première ; carpopodite de la seconde paire de pattes non divisé en articles ; rostre généralement moyennement long avec dents sur le bord dorsal et ventral. Espèces marines littorales ou d'eaux saumâtres. |
Genre | Palaemon | ||
Espèce | elegans |
Aspect général
Taille petite à moyenne (2 à 6 cm)
Transparente avec multiples ponctuations (blanches, jaunes ou sombres)
Bande et lignes transversales brun rouge sur chaque segment de l’abdomen
Stries transversales et obliques brun rouge sur la carapace
Articulations des pattes colorées en bleu et jaune
Rostre assez rectiligne arrivant au niveau de l’écaille antennaire
Bassin de Thau (34), Mèze, 0,2 m
09/09/2012
Femelle ovigère
Femelle ovigère*, dite « grainée », sur fond rocheux tout près de la surface. Les œufs fixés sur les appendices abdominaux (pléopodes*) à l’abri derrière les lobes latéraux sont visibles par transparence.
Bassin de Thau (34), Mèze, 0,2 m
26/07/2012
Tête vue de dessus
Une différence notable pour distinguer Palaemon elegans de Palaemon serratus : chez la première espèce, le rostre ne dépasse pas les autres pièces de la tête.
Landrellec (22)
16/09/2008
Rostre court
A l’avant de sa carapace le rostre denticulé droit ou légèrement recourbé vers le haut ne dépasse pas l’écaille antennaire*. Il y a 3 dents sur la carapace en arrière des yeux (cf. flèches rouges).
St-Jacut de la mer (22)
11/11/2008
Focus sur les yeux
Les yeux sont bien développés et bien pigmentés. La cornée est globuleuse et plus large que le pédoncule oculaire. Un ocelle est présent.
Digue de Bijou-Plage, Cannes (06), 50 cm de profondeur
05/06/2022
Articulations des pattes jaunes et bleues
Une partie des pattes est colorée de bleu avec des anneaux d’un jaune vif au niveau des articulations. Les deux premières paires de pattes sont munies de pinces, la deuxième étant plus grande que la première.
Bassin de Thau (34), Mèze, 0,2 m
09/09/2012
Sur algues
Sur des algues rouges décolorées couvrant un fond rocheux, cette petite crevette passe facilement inaperçue en adaptant ses couleurs à son support (homochromie*).
Bassin de Thau (34), Mèze, 0,2 m
26/07/2012
Camouflage par homochromie
Trois crevettes sont présentes dans cette flaque avec des variations de teintes adaptées au substrat*. En bas à droite individu gris brun et orange, en haut à droite individu gris brun. En haut à gauche une petite crevette nageant a une couleur verdâtre, sa présence est trahie par son ombre sur le fond.
Pornic (44), estran, 0,1 m
27/08/2010
Sur rochers près de la surface
Sur des rochers souvent couverts d’algues à très faible profondeur. Elle supporte les eaux agitées et très ensoleillées (bulles d’air visibles liées probablement à la photosynthèse). Cette espèce est bien adaptée aux conditions difficiles de cet habitat qu’elle partage ici avec une blennie dalmate mâle sortant la tête de son trou.
Bassin de Thau (34), Mèze, 0,3 m
28/07/2012
Sur blocs rocheux d’un port
Habitat partagé ici avec un syngnathe aiguille mesurant moins de 10 cm. On aperçoit par transparence la coquille de moule sous la petite crevette rose à droite. Les bandes et lignes de cette crevette sont de couleur brun noir alors que sur l’individu situé à gauche parmi des algues rouges ces marques sont rougeâtres.
Bassin de Thau (34), Mèze, 0,2 m
09/09/2012
Pas très farouche
Elle vient rapidement explorer l’intrus, ici le bottillon d’un plongeur ou les pieds d’un baigneur immobile sur lesquels elle grignote les peaux mortes. La couleur du bottillon est bien visible par transparence sur une partie de l’abdomen de cette femelle ovigère*.
Bassin de Thau (34), Mèze, 0,2 m
26/07/2012
Grégaire
Les petites crevettes roses peuvent être rencontrées en groupe de plusieurs individus.
Bassin de Thau (34), Mèze, 0,2 m
26/07/2012
Sur fond clair
Presque invisible sur cette roche de l'estran breton.
St Malo (35), estran
01/11/2011
Sur l'estran en Bretagne
Dans une mare résiduelle : couleur claire et yeux gris vert.
Trégastel (22), estran
03/2008
Femelle parasitée
Grosse femelle de Palaemon elegans parasitée par Inodosporus octosporus (Microporidie), qui lui donne cet aspect blanc laiteux. Cette crevette a été ramassée dans 30 cm d’eau sur l’estran à Kervoyal (56).
Kervoyal (56), estran (montage de 2 photos)
11/07/2011
Une crevette pas farouche
Cette crevette pas farouche a accepté de rester sur les doigts de Désirée, tandis que Victor prenait cette très belle photo ! Il n'est pas rare que ces petites crevettes viennent sur vos doigts pour grapiller à manger si vous ne bougez pas.
Malte, 0,5 m
08/2016
Rédacteur principal : Claude WACQUANT
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Véronique LAMARE
Baçınar N.S., Düzgünes E., Baçınar N., Salam H., 2002, A Preliminary Study on Reproductive Biology of Palaemon elegans Rathke, 1837 Along the South-eastern Black Sea Coast, Turkish Journal of Fisheries and Aquatic Sciences, 2, 109-116.
Bilgin S., 2009, Sexual seasonal growth variation and reproduction biology of the rock pool prawn, Palaemon elegans (Decapoda: Palaemonidae) in the southern Black Sea, Scientia Marina, 73(2), 239-247.
Chassard-Bouchaud C., 1965, L'adaptation chromatique chez les Natantia (Crustacés-Décapodes), Cahiers de Biologie Marine, 6(5), 469-576.
Darobin D., 1998, Vertébrés et macroinvertébrés des lagunes de la région de Palavas : Biologie et Pêche (Cabanes de Pérols), Université de Montpellier II Sciences et Techniques, 14p.
Östlund-Nilsson S., Becker J.H.A., Nilsson G.E., 2005, Shrimps remove ectoparasites from fishes in temperate waters, Biology Letters, 1, 454-456.
La page de Palaemon elegans dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN