Bouquet balte

Clé d'identification

Noms

Distribution géographique

Océan Atlantique Nord, Méditerranée

Le bouquet balte est présent en Atlantique Nord-Est de la Norvège et la mer Baltique au Maroc, ainsi qu'en Méditerranée et en mer Noire.
Il a été introduit en mer Caspienne dans les années 30 et à nouveau dans les années 80, en mer d'Aral dans les années 50 et depuis 2011 au Canada : golfe du Saint-Laurent (Québec) et Terre-Neuve.

Biotope

Palaemon adspersus se rencontre dans les estuaires, les baies protégées abritant des herbiers de Cymodocea nodosa, Zostera marina, et Zostera noltei, et dans des lagunes littorales, dont toutes les lagunes méditerranéennes françaises, à des profondeurs dépassant rarement 10 m, même si en mer Noire elle a été trouvée au moins jusqu'à 30 m.

Description

Palaemon adspersus est une crevette dont la taille généralement observée est de 4 à 5 cm mais qui peut atteindre 8 voire 10,5 cm. Elle est transparente, de coloration homogène pouvant être grise à vert jaune, parfois très sombre, avec de nombreux petits points brun foncé et d'autres, plus gros, de couleur blanche.

Le céphalothorax* porte deux yeux pédonculés* vert grisâtre, 2 longues antennes* (environ 1,5 fois la longueur du corps) et 2 antennules* plus courtes, de couleur rouge à marron alternant de blanc. Le rostre* est court et droit. Il débute entre les deux yeux et ne dépasse pas les écailles antennaires. Ce rostre est denticulé* avec sur le bord dorsal 5 à 8 dents dont 1 seule située en arrière de l’orbite et sur le bord ventral 3 à 5 dents. Il se termine par deux pointes. La partie inférieure du rostre est garnie de chromatophores* bruns.

Les pattes locomotrices (péréiopodes*) sont transparentes avec une zone jaune au niveau des articulations. Les deux premières paires de pattes sont munies de pinces, la deuxième étant plus grande que la première. Les 3 autres paires de péréiopodes se terminent par une griffe.

Le telson* présente une épine marginale de chaque côté ; l'éventail caudal est souvent tacheté de blanc chez les gros individus.

Espèces ressemblantes

Distinguer les différentes espèces européennes du genre Palaemon est affaire de spécialistes !! Une approche par habitat permet cependant un début de distinction.

Palaemon elegans est une espèce plus petite (6 cm maximum), commune dans les cuvettes de l'estran* rocheux. Elle présente des bandes et lignes transversales.

Palaemon serratus adulte a un rostre* qui dépasse largement les écailles antennaires* et un corps avec des bandes et lignes transversales. De grande taille, elle peut atteindre 11 cm et vit plus profondément, jusqu'à 40 m.

Palaemon varians est assez petite et très transparente ; elle ne se rencontre que dans les eaux sans mouvement ou presque, et à salinité variable, par exemple dans des fossés entourant les marais salants, les zones herbeuses et broussailleuses des estuaires des très petites rivières, les lagunes de très petite taille.

Palaemon longirostris est très transparente. Elle est assez spécifique des grands estuaires sablo-vaseux (Seine, Loire, Gironde) et des ports associés.

Palaemon xiphias atteint fréquemment 7 cm de longueur. Elle est transparente, de couleur gris-vert de jour, avec le bout de la queue rouge de nuit. Le rostre long dépasse les écailles antennaires. Elle habite principalement les posidonies mais elle est aussi présente dans d’autres herbiers et parmi des algues photophiles*. Elle est endémique* de Méditerranée.

Palaemon macrodactylus mesure jusqu'à 5 cm de long. Son rostre est rectiligne et muni de 9 à 15 dents au niveau du bord supérieur dont 3 sont situées derrière l’orbite. Le bord inférieur du rostre porte habituellement 4 dents. C'est une espèce originaire du Pacifique asiatique introduite dans différents pays (Australie, Argentine, USA...). En Europe elle devient de plus en plus fréquente dans les grands estuaires. Elle est assez transparente et bien caractérisée par une ligne blanche médio-dorsale surtout visible sur l'abdomen. Comme P. adspersus et P. longirostris, elle se rencontre assez typiquement en eau saumâtre et supporte bien la pollution.

Alimentation

Palaemon adspersus est une crevette omnivore qui se nourrit d'algues, de petits crustacés (ostracodes, copépodes et larves* nauplius* ou autres), de vers annélides polychètes, de bryozoaires, de mollusques et de détritus.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés et les femelles sont un peu plus grandes que les mâles. La reproduction se déroule en été quand l'eau se réchauffe. L'accouplement intervient après la mue de la femelle, tant que son corps est encore mou. La fécondation est externe et se produit pendant la ponte en utilisant le sperme déposé au préalable par un mâle près des orifices génitaux de la femelle, c'est-à-dire entre la base des pattes arrières. Les œufs sont ensuite fixés sur les pléopodes* sous l'abdomen. On trouve des femelles ovigères* pendant 4 mois dans les hautes latitudes et jusqu'à 8 mois dans les plus basses latitudes.
A l’éclosion, les larves* nageuses (au stade zoé*) sont libérées dans l’eau. Le développement larvaire planctonique* dure quelques semaines, en fonction de la température de l’eau. Après plusieurs mues, les larves* se métamorphosent en juvéniles qui entament leur vie benthique*.

Vie associée

Le bouquet balte est la proie de très nombreux poissons et céphalopodes comme les seiches.
Il peut être parasité par l’isopode épicaride Bopyrus squillarum qui se fixe dans ses cavités branchiales et provoque un gonflement latéral du thorax.

Divers biologie

La durée de vie de Palaemon adspersus est d'environ 30 mois. En mer Noire, il a été observé que les individus vivant vers 30 m étaient significativement plus grands que ceux vivant dans les 5 premiers mètres.

Vivant en mer à faible profondeur, dans les estuaires ou les lagunes, cette espèce supporte des salinités allant de 1 à 35 ‰ et des températures de 2 à 25 °C. Elle est active en permanence mais son activité est plus intense la nuit et d'avril à novembre quand la température de l'eau est plus élevée. L'hiver, elle migre plus en profondeur et a une activité plus réduite.

Informations complémentaires

Le bouquet balte a une certaine importance commerciale. En plus de la pêche, il existe des fermes aquacoles pour cette espèce.

De nombreux insecticides de synthèse utilisés par l'agriculture se retrouvent dans l'eau des rivières puis des lagunes et enfin en mer. Berghiche et al, 2015, ont montré que l'utilisation d'insecticides de la classe des benzoylphenylurées (BPUs) perturbe les processus de mue et la qualité de la chitine de la cuticule* chez Palaemon adspersus pouvant entraîner une baisse de la population de cette crevette. Par extension, les crustacés en général, pourraient être plus ou moins menacés par les insecticides dérivés de la benzoylurée.

Origine des noms

Origine du nom français

Bouquet est un nom couramment donné aux crevettes. Ce nom vient de l'ancien français bouquet (XII^e siècle) qui signifiait petit bouc. Ce nom aurait été donné soit à cause des bonds de l'animal quand il s'enfuit (cf. cabri, ou chèvre qui a donné un autre nom vernaculaire des crevettes à savoir "chevrettes"), soit à cause de ses "barbes" (ou les moustaches) qui sont en fait les antennes de la crevette, particulièrement développées chez cette espèce.
Balte car les premiers individus décrits proviennent de la mer Baltique.

Origine du nom scientifique

Palaemon : Melicertes est le fils d'Athamas et de Ino. Poursuivi par son mari jaloux, Ino s'enfuit en se jetant à la mer avec son fils où ils se transformèrent en divinités marines. Ino devient Leucothoe alors que Melicertes devient Palaemon. Un dauphin transporta Palaemon jusqu'à la côte. Depuis il est le dieu des naufrages, des rivages et des ports.

adspersus : du latin [adspersus] = mouillé, arrosé.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 107613