Bernard-l’ermite de taille moyenne (6 cm maximum)
Couleur générale entre le marron et le rose
Nuances violacées et orange sur les pattes
Contour des appendices locomoteurs de couleur claire
Toujours associé à l’anémone Adamsia palliata d’allure caractéristique
Pagure de Prideaux
Hermit crab (GB)
Eupagurus prideauxi (Leach, 1815)
Pagurus prideauxi Leach, 1815
Pagurus solitarius Risso, 1827
Atlantique, Manche, mer du Nord, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Pagurus prideaux se rencontre dans les mers froides et tempérées d’Europe, de la Méditerranée jusque dans les fjords de Norvège où il peut être abondant.
L’association anémone manteau / gonfaron apprécie les fonds de sable et de gravier mêlés à des morceaux de coquilles. En Méditerranée on rencontre souvent le gonfaron sur les zones de sable au pied des tombants. La profondeur est très variable : depuis moins d’une dizaine de mètres à plus de quarante mètres.
Partie visible de l’animal : bernard-l’ermite de taille moyenne, environ 5 cm avec les pattes étendues pour un spécimen adulte. La couleur générale est rosée avec des nuances orangées, marron et mauves sur les pattes. Le contour des quatre pattes visibles est bordé de blanc. Les yeux sont assez gros et de couleur foncée. Les pinces sont velues.
Deux antennes courtes terminées en peigne et deux antennes longues.
Pagurus prideaux possède une pince droite plus grosse que la gauche, deux paires de pattes visibles hors de la coquille (ou du pied de l’anémone manteau) lui servant à se déplacer et quatre pattes plus petites lui servant à se maintenir dans son logement. Certains appendices abdominaux sont transformés et servent au maintien de l’habitation.
Pagurus prideaux peut être confondu avec d’autres bernard-l’ermite, mais l’anémone manteau (Adamsia palliata) qu’il porte presque toujours avec lui permet de les différencier sans erreur des autres associations bernard-l’ermite / anémone de mer.
En Méditerranée :
- Pagurus prideaux
Taille : moyen
Couleurs caractéristiques : ton général rosé, violacé et taches orange sur les appendices. Pinces poilues.
Espèce associée : exclusivement l’anémone manteau Adamsia palliata reconnaissable à ses pois mauves ovales et à sa couronne de tentacules orientée vers le bas.
Coquilles utilisées : le plus souvent l’Adamsia palliata occulte la totalité de la coquille du pagure.
- Dardanus arrosor et Dardanus calidus ont la pince gauche plus grosse que la droite.
Tailles : gros
Couleurs caractéristiques : rouge vif ou rouge brique caractéristique.
Espèces associées : parfois la coquille est nue mais le plus souvent ils transportent plusieurs individus de l’espèce Calliactis parasitica.
Coquilles utilisées : coquilles de grande taille.
- Pagurus anachoretus : Pagure anachorète
Taille : petit
Couleurs caractéristiques : tons marron, des poils clairsemés sur les appendices.
Espèce associée : pas d’anémone de mer associée à ce pagure.
Coquilles utilisées : utilise généralement des coquilles de bigorneaux ou de cérites.
De nombreux autres bernard-l’ermite sont présents sur les côtes françaises comme Pagurus bernhardus.
Animal détritivore* à tendance carnivore. Les tentacules de l’anémone manteau se situent derrière la bouche du gonfaron, ce qui lui permet de profiter d’une partie du repas du crustacé.
Reproduction sexuée, espèce gonochorique*. Comme la plupart des crustacés décapodes, les œufs incubés sur l'abdomen de la femelle donnent naissance à des larves planctoniques. Dans le cas des pagures, ces larves sont appelées glaucothoés. Après plusieurs mues larvaires dans le plancton, ces larves subissent une métamorphose à la suite de laquelle les animaux deviennent benthiques. C’est à ce moment que le jeune pagure recherche une coquille de gastéropode et une anémone de mer du genre Adamsia pour former une association durable.
Le pagure Pagurus prideaux, appelé «gonfaron» vit avec «l’anémone manteau» Adamsia palliata. Les deux animaux grandissent ensemble et lorsque la coquille devient trop étroite pour le bernard-l’ermite, l’anémone manteau étale son disque adhésif pour recouvrir et prolonger la coquille du pagure. Dans ce cas, le disque adhésif sécrète une matière cornée destinée à assurer la prolongation de la coquille. Le crustacé ne change pas ou peu de coquille au cours de sa croissance. Il arrive de rencontrer des couples gonfaron / Adamsia pour lesquels la coquille représente 20 ou 30% du logis et l’Adamsia les 80 ou 70% restant. Il est également mentionné dans la littérature que l’Adamsia peut dissoudre la coquille et former à elle seule le refuge du crustacé.
Les anémones du genre Adamsia ne se rencontrent presque pas fixées aux rochers. Il semble que le couple gonfaron / Adamsia forme une association plus étroite et plus réciproque qu’un simple commensalisme*.
Le nématomorphe Nectonema agile parasite de nombreuses espèces de décapodes, dont Pagurus prideaux, avec une spécificité parasitaire très faible.
Lorsque Adamsia palliata est inquiétée, elle émet des filaments de défense appelés aconties*. Ces filaments sont de couleur blanche ou mauve suivant les individus. Lorsque cette espèce est rencontrée en plongée, il est souhaitable de ne pas la manipuler pour éviter de déclencher l’émission des aconties.
L’émission des aconties* est certainement le moyen de défense le plus efficace du couple anémone manteau / gonfaron. Lors de la manipulation de ces animaux théoriquement inséparables deux cas de figure peuvent se présenter :
1) Le pagure défend son habitat et pince de toutes ses forces le plongeur (expérience personnelle).
2) Le pagure abandonne son anémone. Cette option semble avoir été observée à plusieurs reprises par des plongeurs : stress dû à un coup de palme, manipulation des organismes. Le bernard-l’ermite se retrouve alors sans aucune défense.
L’émission des aconties* est inévitable et on pourrait se demander s’il y a communication du stress entre les deux partenaires. Dans le cas d’une manipulation ou d’un stress engendré par le plongeur, le système de défense de l’anémone risque de ne plus être efficace, pendant un certain temps, face à un prédateur comme un poulpe ou un poisson.
Les pagures sont appelés bernard-l’ermite parce qu’ils ont été comparés, lorsqu’ils sont dans leur coquille, à un ermite dans sa cellule.
Pagurus : du grec [pagos] = objet fiché, durci, et [oura] = queue. Les pagures ont une partie postérieure molle, l’abdomen, qui est fichée dans la coquille qui l'héberge.
prideaux : Charles Prideaux (1782 - 1868/69) était un conchyliologue anglais, ami de Leach.
Numéro d'entrée WoRMS : 107239
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Anomura | Anomoures | Les anomoures sont caractérisés par une cinquième paire de pattes atrophiée. Ils sont essentiellement représentés par les galathées et les bernard-l'ermite. |
Famille | Paguridae | Paguridés | Dissymétrie générale, la pince droite plus grosse que la gauche. L'abdomen est mou et protégé par une cuticule fine. |
Genre | Pagurus | ||
Espèce | prideaux |
Un gonfaron sur un substrat inhabituel
L’anémone manteau ne recouvre que l’entrée de la coquille. Elle a émis des filaments de défense appelés aconties*, suite à la manipulation de l’ensemble pagure / coquille / anémone par le plongeur photographe. La couleur du pagure est bien visible ainsi que la pilosité des pinces. Il est intéressant de noter que le gonfaron se trouvait au fond d’une petite faille dans une formation coralligène*, et non sur un substrat de sable ou de gravier comme il les affectionne.
Marseille (13), environ 30 m
Eté 2003
Gonfaron sur fond sableux
Le Gonfaron se déplace sur un substrat sableux plus habituel pour lui. Les aconties de son anémone, dont on distingue parfaitement les pois mauves, sont ici de la même couleur. La pince droite est plus grosse que la pince gauche.
Cerbère (66), 10 m
07/1995
En Manche
Dérangée, l'anémone expulse des filaments urticants de couleur blanche ou mauve (les aconties) qui protègent le pagure.
Lézardrieux, Trieux (22), 7 m
05/2009
Protection de l’abdomen du Gonfaron par l'anémone
L’anémone est ici en partie recouverte de sable mais ses pois mauves caractéristiques restent visibles. Elle masque la totalité de la coquille occupée par le bernard-l’ermite. La petite couronne de tentacules blancs se situe derrière les pattes du pagure associé, du côté droit.
Petit Nid, Sausset-les-Pins (13), 10 m, de nuit
24/08/2004
Gonfaron vu de face
Il est possible de deviner les tentacules de l’anémone manteau derrière les pattes à droite du crustacé.
Petit Nid, Sausset-les-Pins (13), 10 m, de nuit
28/08/2004
Ponte
Cette femelle de Gonfaron porte sa ponte sous l'abdomen.
Antibes, 17 m
03/07/2008
Ponte
Pagure de Prideaux femelle laissant apparaître sa ponte
Saména, Marseille (13), nuit
23/07/2013
Gonfaron vu de côté
Il est possible de deviner les tentacules de l’anémone manteau derrière les pattes à droite du crustacé. Les pattes sont moins poilues sur leur moitié terminale.
Petit Nid, Sausset-les-Pins (13), 10 m, de nuit
28/08/2004
Pagurus prideauxi hors de son habitat
Ce gonfaron « nu » a quitté son anémone manteau à la suite d’un stress. L’abdomen mou et les appendices spécialisés dans le maintien de la coquille sont bien visibles sur cette photo.
Port-Vendres (66), 7 m
2003
Couleur caractéristique de l'anémone associée Adamsia palliata
Un gonfaron vu de face. Cette photo montre la couleur caractéristique de l’anémone de mer presque toujours associée à ce crustacé (voir la fiche de Adamsia palliata). Les pinces très poilues sont également une caractéristique de ce bernard-l’ermite.
La Vesse (13), 13 m, de nuit
02/09/2005
Tout nu !!
Voila notre gonfaron tout nu, sans coquille ni anémone protectrice. Pour une fois, son abdomen est bien visible.
Agon Coutainville,(50), estran
11/04/2018
Rédacteur principal : Hervé THEDY
Vérificateur : Emmanuel BERNIER
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Michel PEAN
La page de Pagurus prideaux dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN