Couleur grise
Surface lisse
Forme massive et lobée
Oscules ronds rassemblés et alignés uniformément sur le sommet des lobes
Elephant's hide sponge (GB), Elefantenhautschwamm (D), Elefanthudsvamp (N), Esponja de piel de elefante (E), Esponja pele de elefante (P), Olifantshuidspons (NL)
Halichondria johnstonia Bowerbank in Johnston, 1842
Caminus osculosus Grübe, 1872
Manche, Atlantique Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Manche, Atlantique Nord, des îles Britanniques à l'Espagne, Méditerranée.
On trouve cette éponge fixée sur les roches à partir de quelques mètres jusqu'à 300 m de profondeur, là où les eaux se renouvellent efficacement. Pachymatisma johnstonia est commune en façade Manche-Atlantique.
La fesse d'éléphant est une éponge massive et lobée de couleur gris clair à gris violet, d'où son nom. La couleur varie selon le lieu où s'est fixée cette éponge : dans une grotte sombre, elle sera gris clair, voire blanche, alors qu'exposée à la lumière elle sera plutôt gris foncé.
Seule la couche superficielle de l'ectoderme* est grise, la médulla* (tissu interne) étant blanc jaunâtre. Sa surface est lisse, sa consistance ferme et son aspect caoutchouteux.
Pachymatisma johnstonia peut mesurer 40 cm de diamètre pour une hauteur de 10 cm. Les oscules* (pores exhalants) parfaitement ronds sont rassemblés et alignés uniformément sur le sommet des lobes, par ailleurs disposés de façon irrégulière.
Pas de confusion possible grâce à sa couleur grise et sa forme massive et lobée, position des oscules caractéristique mais il convient d'être vigilant :
Stryphnus ponderosus : est assez comparable mais est toujours recouverte de nombreux organismes (hydraires, bryozoaires ou mêmes d'autres éponges).
La fesse d'éléphant est filtreuse, comme la majorité des Porifères.
La reproduction des éponges de l'ordre Astrophorida est toujours de type ovipare*.
La fesse d'éléphant est peu souvent recouverte d'épibiontes*. Par contre, elle est étudiée pour une présumée et étroite association avec des bactéries qui produiraient une bio-glycoprotéine, appelée Pachymatismine, inhibitrice potentielle de cellules cancéreuses. D'après les biochimistes, on a extrait de P. johnstonia un glycolipide (Pachymoside A), inhibiteur de la sécrétion bactérienne, actuellement en cours d'étude.
Spicules de la Pachymatisma johnstonia :
- mégasclères* : strongyles et orthotriènes,
- microsclères* : microstrongyles centrotylotes, oxyasters et sterrasters.
Pachymatisma johnstonia est une des plus grandes éponges que l'on peut rencontrer sur nos côtes avec Cliona celata.
Le nom français "fesse d'éléphant" (criblée de chevrotines) ne pose pas de problème, en raison de l'aspect visuel de cette éponge qui peut évoquer la partie charnue du mammifère terrestre...
Pachymatisma : du grec [pachy] = épais et [matisma] = sottise , pourquoi Bowerbank en 1842 a-t-il donné ce nom de genre ?
johnstonia = dédié à Georges Johnston (1797- 1855), chirurgien écossais qui a travaillé sur les hydraires et les spongiaires.
Numéro d'entrée WoRMS : 134057
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Astrophorida | Astrophorides | « Eponges porteuses d’asters ». Squelette radiaire, avec des grands spicules tétractines (à 4 branches) et des microsclères de type asters. |
Famille | Geodiidae | Géodiidés | |
Genre | Pachymatisma | ||
Espèce | johnstonia |
Individu caractéristique
Toutes les clés d'identification sont observables sur cette photo : couleur grise, surface lisse, forme massive et lobée, oscules ronds rassemblés et alignés uniformément sur le sommet des lobes.
Triagoz, Trebeurden (22), 18m
25/07/2009
De profil
Les pores exhalants (oscules) de cette éponge massive se situent sur le sommet des lobes. Elle peut mesurer jusqu'à 10 cm de hauteur, voire un peu plus, comme ici.
Basse Priol, Audierne (29), 18 m
13/09/2009
Lobé en gros plan
La forme massive et lobée de l'éponge, ainsi que sa couleur gris violacé sont des caractéristiques de cette espèce.
Cormorandière, rade de Brest (29), 17 m
07/09/2008
Colonisation du substrat
La lutte pour l'espace est une priorité pour les espèces fixes demandant à s'étaler sur le substrat*. La fesse d'éléphant n'est pas recouverte d'épibiontes*.
Four Nord, Trebeurden (22), 22 m
08/2006
Individu de grande taille!
Cette éponge est l'une des plus grandes que l'on puisse rencontrer en Manche - Atlantique avec la clione jaune Cliona celata.
La Catis, Saint-Cast (22), 20 m
28/05/2008
Petit individu
Ici, un petit spécimen gris clair.
Molène, Trebeurden (22), 18 m
08/2006
Algues ou bactéries ?
La rougeur de cette fesse reste indéterminée. Mais il s'agit probablement d'algues ou de bactéries.
Triagoz, Trebeurden (22), 15 m
04/07/2009
Alignement de trous
Sur ce grand individu, l'alignement des trous est bien visible.
Grottes du cap Frehel, Saint-Cast (22), 9 m
05/06/2005
Oscules ronds
Les oscules sont parfaitement ronds pour cette espèce.
Bluiniers, Concarneau (29)
09/1996
Individu gris clair
Cet individu était fixé sur une paroi dans une diaclase, dans l'obscurité totale. La plupart des individus rencontrés étaient gris clair. L'individu plus foncé, en haut à gauche, semble être plus performant, puisqu'il commence à recouvrir l'individu gris clair.
Grottes du Cap Frehel, St-Cast (22), 6 m
20/04/2010
Ostioles
Sur l'individu gris clair, on peut observer les pores exhalant l'eau (oscules), gros et alignés, ainsi que les pores inhalant l'eau (ostioles), petits et généralement non visibles, répartis sur toute la structure de l'éponge.
Grottes du Cap Frehel, St-Cast (22), 6 m
20/04/2010
Medulla blanche
Seule la couche superficielle de l'ectoderme est grise, la médulla* (tissu interne) étant blanc jaunâtre. Ici, un prédateur inconnu semble avoir grignoté la surface de la fesse d'éléphant.
Bizeux, Saint-Malo (35), 12 m
01/05/2007
Lutte pour l'espace
Ce bryozoaire encroûtant orange (Schizomavella auriculata ?), envahit la fesse d'éléphant.
Ce type de bryozoaire a une croissance assez rapide, puisqu'il peut recouvrir 10 cm² en quelques mois.
Qui sortira vainqueur de cette lutte pour la colonisation de l'espace ?
Buharat, Saint-Malo, 20 m
15/09/2007
Spicules sous microscope
Baguettes de type triaene (2) axe principal jusqu'à 500 µm, axes secondaires maxi 250 µm.
Vue principale : axe le plus long avec deux axes secondaires (le troisième, perpendiculaire au plan de la photo).
Vignette : vue des trois axes secondaires de même longueur.
Microscope
09/2008
Spicules
Spicules microsclères de l'endosome :
- Oxyaster (forme d'étoile) : diamètre d'environ 50 µm
- Microstrongyle (petites baguettes) : longueur 10 à 20 µm
Les rayures verticales/horizontales sont espacées de 50 µm.
Microscope optique, sur cellule de Malassez
09/2008
Spicules
Spicules de l'ectosome (couche externe dure de l'éponge).
Petits disques sterraster de forme ovale (longueur 90 µm, largeur 60 µm : variable)
Ces spicules sont extrêmement abondants.
Plus rares (et légèrement plus petits), certains sterraster sont couverts de piquants (vignette). Les rayures verticales/horizontales sont espacées de 50 µm.
Microscope optique, sur cellule de Malassez
09/2008
Spicules
Différents spicules de l'endosome (partie interne de l'éponge).
Nombreuses baguettes strongyloxea (1) longueur entre 500 µm et 1 mm.
Baguettes de type triaene (2) axe principal jusqu'à 500 µm, axes secondaires maxi 250 µm.
On aperçoit également des spicules microsclères de type sterraster (3), des mirostrongyles et des oxyasters.
Les rayures verticales/horizontales sont espacées de 50 µm.
Microscope optique, sur cellule de Malassez
09/2008
Rédacteur principal : Sandra SOHIER
Vérificateur : Patrice PETIT DE VOIZE
Responsable historique : Sandra SOHIER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Document de référence sur la découverte de la pachymatismine, en anglais :
Zidane M., Pondaven P., Roussakis C., More M.T., 1996, EFFECTS IN VITRO OF PACHYMATISMIN, A GLYCOPROTEIN FROM THE MARINE SPONGE PACHYMATISMA JOHNSTONIA, ON A NON-SMALL-CELL BRONCHOPULMONARY CARCINOMA LINE (NSCLC-N6), Anticancer research, ed. International Institute of Anticancer Research, 16(5A), 2805-2812.