Coquille allongée, pointue à tours nombreux, jusqu'à 12 cm de longueur
1ers tours avec fines stries axiales
Fine strie spirale sous la suture isolant une série de tubercules émoussés
Canal siphonal court et droit
Coquille blanc crème avec 2 rangées spirale de points brun foncés
Dernier tour avec 3 rangées de points
Fines lignes axiales brunes entre les tubercules
Opercule corné ovale
Vis crénelée, auger crénelé
Crenulated auger, crenulate auger (GB), Gekerbte Schraube (D)
Buccinum crenulatum Linnaeus, 1758
Acus crenulatus (Linnaeus, 1758)
Subula crenulata (Linnaeus, 1758)
Terebra crenulata (Linnaeus, 1758)
Buccinum varicosum Gmelin, 1791
Terebra maculata Perry, 1811
Buccinum luteolum Chenu, 1845
Terebra fimbriata Deshayes, 1857
Terebra interlineata Deshayes, 1859
Terebra crenulata var. booleyi Melvill & Sykes, 1898
Oxymeris ngai Thach, 2016
Indo-Pacifique, mer Rouge
Zones DORIS : ○ [Mer Rouge], ● Indo-PacifiqueDe la mer Rouge à la
Polynésie et Hawaï en passant par l'Indo-Pacifique tropical.
Oxymeris crenulata vit dans du sable corallien, généralement grossier et dans du gravier, à faible profondeur en zone plutôt abritée. Cette espèce est enfouie le jour et se déplace la nuit.
La térèbre crénelée peut mesurer une douzaine de centimètres de longueur. La coquille est allongée, effilée, subulée (comme une alène), pointue à tours nombreux (28). Les premiers tours présentent une sculpture de fines stries axiales de croissance et une fine strie spirale sous la suture* qui disparaît vers la base. Cette fine strie isole entre elle et la suture une série de tubercules émoussés (12 sur l’avant dernier tour). Le canal siphonal* est court et droit.
La coquille est blanc crème, voire rosée, avec des taches plus foncées et 2 rangées spirales de points brun foncé équidistants et éloignés les uns des autres. Le dernier tour porte 3 alignements spiraux de points. L’ouverture et la columelle* (avec une crête blanche sur les bords) sont de couleur crème.
Entre les tubercules blancs, de fines lignes axiales brunes sont présentes. Les variations des tubercules sont à l’origine de nombreuses formes décrites de cette espèce.
Le pied de l’animal est peu développé ; il est fendu et tronqué à l'avant, rétréci et arrondi à l’arrière. Sa teinte est claire. Le siphon est de couleur blanc crème à chair pâle. Les yeux, petits et noirs, sont situés au sommet de courts pédoncules* oculaires (5 mm de longueur) de couleur crème. Le mufle porte un proboscis*, sorte de trompe que l’animal peut dévaginer.
Le pied porte un petit opercule* corné ovale avec un nucléus apical*.
Il existe au moins 407 espèces décrites de térèbres. Elles sont exclusivement réparties dans les mers chaudes.
Voici quelques espèces susceptibles d'être facilement rencontrées.
Oxymeris maculata (Linnaeus, 1758) : c’est probablement l’espèce la plus commune et la plus largement répandue (de la mer Rouge au Pacifique occidental). La coquille est longue (jusqu’à 25 cm de longueur) et plus large que les autres espèces. Seuls les premiers tours présentent de fines stries axiales (de croissance). Une strie spirale médiane est présente sur les premiers tours puis disparaît. La coquille a une coloration crème avec deux rangées de taches brun foncé sous la suture*. Les taches de la rangée supérieure sont en forme de rectangle vertical. Le dernier tour porte 3 bandes spirales brun très clair séparées par 2 bandes blanches. Un profond sillon est présent sous la suture à mi-hauteur des tours.
Oxymeris areolata (Link, 1807) : la coquille, longue et fine, lisse et brillante, peut mesurer jusqu’à 13 cm de longueur. Seuls les premiers tours de spire portent de fines stries axiales (de croissance) et une strie spirale qui disparaît. Coquille de couleur crème avec, sur le dernier tour, 4 rangées de taches dont les 2 rangées inférieures sont presque carrées. Cette espèce est présente de la mer Rouge et l’océan Indien jusqu’au Pacifique (Hawaï).
Terebra consobrina Deshayes, 1857 : cette espèce, étroite et allongée (jusqu’à 13 cm de longueur), est très proche de T. subulata par son dessin et sa couleur mais elle ne possède pas de stries spirales. La coquille est de couleur crème avec 2 rangées spirales de taches noires et une troisième sur le dernier tour. Cette espèce est présente en mer Rouge et dans l’océan Indien occidental (Madagascar, Maurice).
Par la forme générale de la coquille avec une petite ouverture, les turritelles (comme Turritellinella tricarinata) peuvent ressembler aux térèbres, mais l’ouverture des turritelles est dépourvue de canal siphonal*, la sculpture est uniquement spirale, l’opercule* est arrondi avec un nucléus central.
Les térèbres sont carnivores et de nombreuses espèces possèdent une radula* et des glandes sécrétrices de venin.
Toutefois Oxymeris crenulata appartient à un groupe d’espèces dépourvues de ces organes. La térèbre crénelée possède quand même un proboscis* avec lequel elle saisit sa proie en entier et l’ingère.
Elle se nourrit exclusivement d’un Entéropneuste (un organisme vermiforme libre de l’embranchement des Hémichordés, proche du balanoglosse) : Ptychodera flava Eschscholtz, 1825 vivant dans ce milieu.
Ptychodera flava est un limivore* non sélectif qui s'enfouit juste sous la surface du sable, ingérant de grandes quantités de sable afin d’en extraire la matière organique.
Chez les térèbres, les sexes sont séparés. La coquille de la femelle est généralement plus grande que celle du mâle qui est plus aiguë avec une ouverture moins ronde et plus terne. Ces différences sont certainement dues au fait que la croissance des mâles est plus lente et que leur durée de vie est plus courte.
En arrière du tentacule* droit se situe, pour les mâles, un très long pénis, parfois égal au tiers de la coquille, généralement caché car il est rejeté en arrière sous le manteau* de l’animal.
Les observations sur le terrain montrent que les pistes dans le sable de deux individus commencent à être parallèles puis se fondent en une seule. L’accouplement commence quand le mâle est situé à droite de la femelle (dans la même direction). Son pénis gonfle et sort de la cavité du manteau pour passer vers l’avant. Il s’incurve pour passer dans la cavité palléale* de la femelle devant l’ouverture vaginale sans s’y insérer. La durée de la copulation doit durer plusieurs heures. Ensuite le pénis se rétracte (voir schéma).
Comme les mâles et les femelles semblent attirés l’un vers l’autre, un phénomène d’attraction réciproque doit être nécessaire, mais on ignore encore lequel. Probablement une attraction chimique est libérée par la femelle dans l’eau et dans sa piste de mucus dans le sable.
Après une vingtaine de jours, les femelles pondent des centaines de capsules ovales contenant chacune quelques œufs. Chaque capsule est attachée par un fil de 2-3 mm de longueur à des grains de sable ou des débris de corail.
Dans chaque capsule, les œufs donneront des larves* trochophores* puis des véligères* qui, selon les espèces, sont libérées dans le plancton* ou poursuivent leur développement dans la capsule pour donner des juvéniles rampants.
Aux îles Mariannes, plusieurs espèces de gastéropodes, dont des térèbres, vivant dans des sables peu profonds peuvent porter une à deux anémones (voire plus) de l’espèce Neoaiptasia morbilla Fautin & Goodwill, 2009. Sur les coquilles de térèbres, ces anémones sont situées antéro-dorsalement afin de ne pas être sous le sédiment quand la térèbre s’enfouit.
Oxymeris crenulata est enfouie le jour, seul le siphon émerge, et se déplace la nuit sur le sable. Son passage laisse à la surface du sédiment un sillon (de 2 à 3 cm de largeur) peu profond (1 à 2 cm) . L’une des extrémités du sillon est en général plus ou moins effacée alors que l’autre est fraîche et comporte un petit talus de sable cachant l’animal. Si un obstacle se présente, l’animal rampe dessus. Il est enfoui quand il ne rampe pas activement.
Les térèbres avancent par petites saccades avec leur pied musculeux qui s’étire en avant et qui, se repliant, ramène la coquille vers l’avant (voir schéma).
L’enfouissement prend 2 à 3 minutes.
Quelques coquilles vides, surtout de petite taille, peuvent présenter un labre découpé, sur au moins 1 à 2 tours, par les pinces de crabes (xanthidés) qui veulent se nourrir.du corps du mollusque.
Des coquilles vides peuvent montrer un trou foré par une natice.
Des raies aigles peuvent également se nourrir de térèbres.
Les térèbres sont apparues au crétacé supérieur, il y a 70 à 80 millions d’années.
Certaines espèces de térèbres ont souvent été utilisées comme poinçon dans les cultures du Pacifique.
Térèbre crénelée : simple traduction du nom d’espèce scientifique.
Térèbre : du latin [terebra] = tarière, foret.
Oxymeris : du grec [oxy] = aigu et du grec [meris] = partie, nom de genre donné par le malacologue des Etats-Unis d’Amérique William Healey Dall (1845-1927).
crenulata : du latin [crenul] = petite entaille et du suffixe latin [ata] = muni de, donc finement crénelé.
Numéro d'entrée WoRMS : 564243
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Terebridae | Térèbres | Coquille en forme de vrille avec un grand nombre de tours de spire et un profil aplati. Ouverture assez petite. Canal siphonal court, sinus anal non prononcé. Opercule corné. (d'après Bouchet 2011) |
Genre | Oxymeris | ||
Espèce | crenulata |
Oxymeris crenutata
Un specimen sur un fond de débris coralliens.
L'extrémité pointue de la coquille est cassée.
La fine strie spirale et la suture ne sont pas visibles sur cette photographie.
Cependant les tubercules émoussés blancs séparés par les fines stries axiales brunes sont bien visibles.
Saint Johns, dangerous Reef, Marsa Alam, Egypte, de nuit
23/05/2022
Séquence des mouvements lors du déplacement
1. ondulation du pied vers l'avant
2. ancrage du pied dans le sable par le propodium
3. contraction des muscles rétracteurs du pied entraînant un mouvement vers l'avant de la coquille
Oxymeris gouldi est anatomiquement très proche d'Oxymeris crenulata.
Dessins extraits de Miller B.A. 1970, fig 4 p.67
Reproduction de documents anciens
1970
Posture caractéristique de l'accouplement chez Oxymeris gouldi
Le mâle est situé au-dessus et à droite de la femelle.
Oxymeris gouldi est anatomiquement très proche d'Oxymeris crenulata.
Dessain extrait de Miller B.A., 1970 fig 10 p.91
Reproduction de documents anciens
1970
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Cernohorsky W.O., Jennings A., 1966, The terebridae of Fiji (Mollusca : gastropoda), The Veliger, 9(1), 37-67.
Dall W. H.,1908, Subdivision of the Terebridae, The Nautilus 21, 124–125.
Eschscholtz J. F., von,1825, Bericht über die zoologische Ausbeute während der Reise von Kronstadt bis St. Peter und Paul. Isis von Oken, 1825(6): 733-747, plate V.
Goodwill R.H., Fautin D.G., Furey J., Daly M., 2009, A sea anemone symbiotic with gastropods of eight species in the Mariana Islands, Micronesica, 41(1), 117-130.
Miller B.A., 1966, Studies on the biology and ecology of some Indo-Pacific Terebra from Eniwetok atoll, University of Hawaï, 100p.
Miller BA: 1966 Studies on the biology of Indo-Pacific Terebra. 1970, Durham: University of New Hampshire
Miller BA, 1970, Feeding mechanisms of the family Terebridae, Annual Reports of the American Malacological Union, 72-74.
Miller B.A., 1975, The biology of Terebra gouldi Deshayes, 1859, and a discussion of life history similarities among other Terebrids of similar proboscis type, Pacific Science, 29(3), 227-241.
Spengel J.W., 1893, Die Enteropneusten des Golfes von Neapel. in: Fauna und Flora des Golfes von Neapel und der angrenzenden Meeres-Abschnitte. Herausgegeben von der Zoologischen Station zu Neapel, Berlin.756p.
Venkitesan R., Mukherjee A. K., 2012, Contribution to the knowledge on Indian marine molluscs: Family Terebridae, Records of the Zoological Survey of India, 111, 3, 49–77.
La page de Oxymeris crenulata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel ::INPN
La page d’Oxymeris crenulata sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase