Oscarelle jaune-verdâtre

Oscarella tuberculata | (Schmidt, 1868)

N° 1440

Méditerranée

Clé d'identification

Spongiaire de 5 à 20 cm
Couleur jaune ou verdâtre
Consistance cartilagineuse, ferme au toucher
Surface granuleuse à ridée
Excroissances tubuleuses, arrondies et creuses, de 0,5 cm de diamètre
Oscules à répartition irrégulière

Noms

Autres noms communs français

Eponge bleue (attention, ce nom commun est également donné à l'oscarelle bleu-violet Oscarella lobularis)

Noms communs internationaux

Flesh sponge, blue sponge (GB), Spugna viola, spugna blu (I), Espoja azul (E), (Blauer) Fleischschwamm (D), Gelobde spons, blauwe vleespons (NL) (attention, ces noms communs sont également donnés à l'oscarelle bleu-violet Oscarella lobularis)

Synonymes du nom scientifique actuel

Chondrosia tuberculata Schmidt, 1868

Distribution géographique

Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cette espèce commune est endémique* de la Méditerranée, en particulier dans sa partie ouest. Un spécimen a toutefois été rapporté en Bretagne, indiquant une possible migration.

Biotope

Cette espèce se rencontre à l'ombre d'un tombant (coloration plutôt verdâtre) ou à l'entrée d'une grotte (coloration plutôt jaune). Elle est visible de 5 à 35 m.

Description

Oscarella tuberculata est une éponge encroûtante* épaisse formant des colonies de 5 à 20 cm. Elle forme des circonvolutions et de petites excroissances tubuleuses, arrondies et creuses, de 0,5 cm de diamètre. Certains lobes sont semi-circulaires, tandis que d'autres lobes s'ouvrent irrégulièrement sur un oscule*. Cette éponge présente une coloration assez constante et uniforme, passant du jaune au verdâtre (avec quelques fois des reflets bleutés). Parfois, on rencontre des transitions d'une couleur à l'autre dans la même colonie.

Bien qu'un squelette interne soit absent (absence de spicules* et absence de spongine*), cette éponge présente une consistance cartilagineuse et elle est ferme au toucher. Sa surface est granuleuse à ridée.

Espèces ressemblantes

Les espèces du genre Oscarella ont longtemps été confondues les unes avec les autres, notamment à cause d'une absence de spicules et de fibres de spongines dans leurs tissus. En particulier, Oscarella lobularis et Oscarella tuberculata ont longtemps été regroupées à tort sous le nom d'Oscarella lobularis. Cependant, des études génétiques récentes (années 2000) ont permis de faire la distinction entre les différentes espèces. Fort heureusement pour nous, ces espèces génétiquement différentes présentent des caractéristiques microscopiques très distinctives, mais également des critères morphologiques précis (couleur, localisation, biotope*) :

Oscarella imperialis
Muricy et al., 1996 : l'oscarelle jaune-orange. De surface rugueuse à ridée et de consistance molle, cette éponge présente une couleur orangée en surface et jaune dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules* cytoplasmiques très denses et souvent une seule vacuole. Elle est visible en Méditerranée, vers 15 m de fond, le long des tombants verticaux.

Oscarella lobularis
(Schmidt, 1862) : l'oscarelle bleu-violet. De surface lisse et de consistance molle et légèrement gélatineuse, cette éponge est de couleur bleu-violet (voire rose) en surface et violette à crème dans les dépressions. Elle présente des lobes de 1 cm de diamètre et des oscules à répartition régulière. Ses cellules présentent de nombreuses et vastes vacuoles périnucléaires. Elle est visible dans la mer Méditerranée, Atlantique est, Manche, mer du Nord, mer Adriatique et Atlantique ouest tropical, de 15 à 35 m, sur des tombants mais jamais à l'entrée d'une grotte.

Oscarella microlobata
Muricy et al., 1996 : l'oscarelle marron. De surface rugueuse et de consistance molle et fragile, cette éponge est de couleur marron foncé en surface et marron clair dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules cytoplasmiques et inclusions intranucléaires paracristallines. Souvent solitaire et faiblement attachée au substrat, elle est présente vers 15 m de fond dans des cavernes semi-obscures. Elle n'est actuellement rapportée que dans une grotte à proximité de l'île Riou, au large de Marseille (13).

Aplysilla rubra
(Hanitsch, 1890) : l'oscarelle rouge. De surface bosselée par de nombreux petits lobes, et de forme "chou-fleur", cette éponge est de couleur rouge à beige. Elle est visible dans la mer Méditerranée, Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord, de 5 à 300 m, sur des roches.

Oscarella viridis
Muricy et al., 1996 : l'oscarelle vert-pâle. De surface rugueuse et de consistance très molle et fragile, cette éponge est de couleur verte (généralement plus claire dans les dépressions). Ses cellules présentent de nombreuses sphérules cytoplasmiques peu denses. Elle est faiblement attachée à son substrat et est visible en Méditerranée, dans des cavernes semi-obscures, vers 15 m de fond.

Oscarella
tenuis Hentschel, 1909 : éponge de couleur rouge à grise, irrégulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.

Oscarella
membranacea Hentschel, 1909 : doré sombre en surface et crème dans les dépressions, régulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.

Oscarella
nigraviolacea : violet très foncé, voire noire, à surface convolée, présente en Tanzanie.

Oscarella stillans
: éponge jaune-miel à reflets verdâtres, de texture collagéneuse, présente vers 12 m de fond dans les Philippines.

Alimentation

Comme tous les spongiaires, Oscarella tuberculata est un animal filtreur : les cils des choanocytes* créent des mouvements d'eau dans la cavité gastrique. L'eau entre par les nombreux petits trous (pores inhalants) et sort par les grands trous ou oscules* (pores exhalants). Puis les cellules ciliées captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l'organisme.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être réalisée selon 3 processus distincts :

  • Sexuée : par production de gamètes males (spermatozoïdes) et femelles (ovules). Les éponges sont hermaphrodites, cependant les gamètes mâles et femelles d'une même éponge ne sont pas expulsés au même moment. La fécondation a lieu de fin juillet à fin août. Elle est indirecte : le spermatozoïde pénètre une cellule annexe à l'ovule (généralement un choanocyte*) puis est injecté dans l'ovule. Après fusion des deux gamètes au sein de la mésoglée*, les cellules de l'œuf ainsi obtenu se divisent activement pour former une larve nageuse entièrement ciliée et de forme ovoïde (200 µm de large, 400 µm de long). La larve d'Oscarella tuberculata est caractéristique : région antérieure blanche, région postérieure violette à rose foncé, avec absence de cellules maternelles et présence d'un seul type d'endobactéries symbiotiques. Oscarella tuberculata est ovovivipare* et n'expulse ses larves que lorsqu'elles ont atteint leur stade de développement final. Lorsque les larves quittent l'éponge parentale (durée de vie pélagique : 2 jours), elles vont se fixer sur un substrat et donner une nouvelle éponge.
  • Asexuée par bourgeonnement : se déroulant sur une durée de 1 à 4 jours, les bourgeons se forment dans des zones marginales proches de la base de l'éponge selon 3 étapes bien définies. La première étape est caractérisée par la présence de petites protubérances d'ectoderme d'origine parentale. La seconde étape est caractérisée par le regroupement des petites protubérances en structures tubulaires régulières, allongées et mamelonnées. La troisième étape correspond à la formation d'un bouton sphérique comportant une large cavité centrale. Ceci se traduit par le développement d'excroissances en forme de gouttes (ou coulures) ou de filaments non fixés. Ensuite, ce bourgeon (taille : 0,6-1 mm) se détache de l'éponge parentale et peut flotter entre deux eaux (vie pélagique) pendant plusieurs jours consécutifs. Après fixation sur un substrat, ce petit bourgeon va se développer en une petite éponge sous 4 à 10 jours.
  • Asexuée par bouturage : des fragments se détachant de l'éponge mère peuvent aller se fixer un peu plus loin.

Les éponges se reproduisent surtout asexuellement et ont une énorme capacité de régénération.

Vie associée

Cette éponge contient un seul type d'endobactéries symbiotiques.

Divers biologie

Comme tous les spongiaires, cette espèce est un animal très simple ne présentant pas de tube digestif et peu ou pas de cellules nerveuses. Elle ne se rétracte donc pas quand on la touche. Elle présente une couche de cellules externes (l'ectoderme) et une couche de cellules interne (l'endoderme), séparées par une sorte de gélatine (la mésoglée). La cavité gastrique ou cavité interne (atrium*) est tapissée de cellules ciliées (les choanocytes*, caractéristiques des spongiaires) dont les flagelles créent un courant d'eau.

Les espèces du genre Oscarella ne présentent pas de squelette interne : elles n'ont pas de spicules* et pas de fibres de spongine*. L'aspect microscopique de cette espèce en particulier est très caractéristique et une étude en laboratoire permet de faire la distinction entre Oscarella tuberculata et les autres éponges du même genre. Ainsi, Oscarella tuberculata comporte une mésoglée (mésohyle*) constituée d'un réseau très dense de fibrilles collagènes entourant complètement un seul type d'endobactéries symbiotiques à paroi très fine. La mésoglée contient également des cellules vacuolaires turgescentes (= gonflée) uniquement de type I (cellules échancrées à noyau périphérique et contenant entre 1 et 4 très grandes vacuoles occupant la quasi-totalité du cytoplasme cellulaire). Les choanocytes sont régulièrement espacés.

La respiration se fait par filtration de l'oxygène dissous dans l'eau.

Informations complémentaires

Sur le plan biochimique, Oscarella tuberculata se distingue des autres espèces du même genre par la présence de trois métabolites particuliers dans ses tissus (deux aldéhydes alkylpyrroles et un stérol endoperoxide), tandis que ces métabolites sont absents chez Oscarella lobularis.

Origine des noms

Origine du nom français

Oscarelle : francisation du nom de genre,

jaune-verdâtre : tout simplement du fait de sa couleur. Cette précision de couleur est une proposition du site DORIS permettant de distinguer Oscarella tuberculata des autres éponges du genre Oscarella (dont par exemple : O. lobularis, O. imperialis, O. viridis).

Origine du nom scientifique

Oscarella : genre dédié au zoologiste, botaniste et mycologue allemand Oscar Schmidt [1823-1886], en l'honneur de son travail sur la détermination des espèces. Il est en particulier l'auteur de l'ouvrage Eponges de la mer Adriatique.

tuberculata : du latin [tuberis] = excroissance, bosse ; ceci se rapportant à son anatomie.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Homoscleromorpha Homoscléromorphes

Eponges exclusivement marines (une centaine d'espèces). Spicules siliceux (quand ils sont présents) non subdivisés en mégasclères et microsclères. Vivipares, larve typique : cinctoblastula.

Ordre Homosclerophorida Homosclérophorides Structure différenciée de type leucon. Certaines espèces de cet ordre n'ont pas de squelette et possèdent un derme fin. Les larves sont des amphiblastula.
Famille Oscarellidae Oscarellidés

Absence de spicules et de fibres de spongine.

Genre Oscarella
Espèce tuberculata

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