Truite arc-en-ciel

Oncorhynchus mykiss | (Walbaum, 1792)

N° 2308

Cosmopolite d'eau douce

Clé d'identification

Corps fusiforme, comprimé latéralement
Petite tête et bouche peu fendue
Nageoire adipeuse
Corps et nageoires dorsale et caudale ponctués de noir
Bande longitudinale irisée à dominante rose

Noms

Autres noms communs français

Truite américaine, truite mouchetée, truite saumonée, truite rose, fausse fario, truite d'élevage, T.A.C. (abréviation très fréquemment utilisée par les chercheurs et les producteurs aquacoles)

Noms communs internationaux

Rainbow trout, summer salmon, steelhead trout (GB), Coast range trout, hardhead, kamloops, redband (EU), Trota iridea (I), Trucha arco iris (E), Regenbogenforelle, Stahlkopfforelle (D), Nijimasu (J), Aure, orret, regnbueaure (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Onchorynchus mykiss (Walbaum, 1792) : faute d'orthographe
Parasalmo mykiss Walbaum, 1792
Salmo mykiss Walbaum, 1792
Salmo gairdneri Richardson, 1836
Salmo irideus Gibbons, 1855
Oncorhynchus kamloops Jordan, 1892

Distribution géographique

Cosmopolite d'eau douce

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-Ouest

La truite arc-en-ciel est originaire du nord-ouest de l'Amérique, de l'Alaska au Mexique. O. mykiss a été très largement introduite dans presque tous les pays du Monde : en 1874, sur la côte atlantique des Etats-Unis, en 1879 en France puis en Europe, en 1883 en Nouvelle-Zélande, en 1894 en Australie et en Afrique du Sud, etc...

Biotope

La truite arc-en-ciel vit principalement dans les eaux fraîches et oxygénées des rivières et des lacs de montagne.
Les principaux facteurs limitant la répartition de la truite sont l'oxygène, la température et les barrières physiques. Le taux d'oxygène doit être compris entre 4 mg/l et jusqu'à 7-8 mg/l. La température tolérée est comprise entre 0 et 26°C, l'optimum se situe entre 10 et 16°C. Ces taux correspondent à ceux observés en montagne et sur l'amont des rivières.
O. mykiss s'abrite des courants trop forts derrière des roches, de la végétation ou des souches d'arbre qui créent des zones plus calmes. Elle adopte une nage stationnaire derrière ces habitats privilégiés.
Sa durée de vie est plus longue lorsqu'elle vit dans les lacs de montagne plutôt qu'en rivière.
Cette espèce a la capacité de s'adapter à l'eau salée grâce à des mécanismes d'osmorégulation au niveau des branchies.

Description

Selon les régions et le mode de vie, la taille maximale de cette truite atteint 70 cm à 1 m de longueur. Plus communément, les individus mesurent de 20 à 35 cm.
La truite arc-en-ciel possède un corps fusiforme, comprimé latéralement et élancé. Elle a une petite tête et une bouche peu fendue. Son corps est arqué au niveau de la nageoire dorsale. On notera également la présence d'une nageoire adipeuse commune à tous les Salmonidés. Ses écailles sont petites et fines.
Généralement, l'ensemble du corps est ponctué de petits points noirs, nombreux sur le dos et les flancs, ainsi que sur les nageoires dorsale et caudale. Le dos est vert olive et les flancs sont argentés. La couleur du ventre varie du blanc au jaunâtre. Néanmoins, la coloration générale du corps est très variable selon l'âge, l'habitat et le stade physiologique du poisson. La particularité de la truite arc-en-ciel réside dans la présence, sur tout le long du corps, d'une bande longitudinale irisée, à dominante rose.
En période de reproduction, la femelle est globalement plus ronde à cause du volume ovarien alors que les mâles semblent plus allongés. Ils deviennent plus sombres et leurs couleurs plus vives. Il apparaît sur leur mâchoire inférieure un "bourgeon" appelé bec (le mâle est parfois appelé "bécard").

Espèces ressemblantes

Salmo trutta fario, la truite fario, possède une tête plus trapue et des points noirs et rouges, entourés de blanc, qui couvrent ses flancs.
Salvelinus fontinalis, l'omble de fontaine, possède des taches jaunes très rapprochées sur le dos ainsi qu'une bande blanche sur les nageoires pectorales et pelviennes.
Salvelinus alpinus, l'omble chevalier, a un dos gris-vert à gris-bleu. Les taches sur son dos et ses flancs sont moins nombreuses et blanches. Son ventre est blanc-jaune à rouge vif.

Alimentation

La truite arc-en-ciel se nourrit principalement pendant la journée. Son régime alimentaire est à base de petits invertébrés (larves de chironomes, daphnies et gammares) mais elle consomme également de petits poissons, des œufs, des amphibiens et des mollusques. Les plus jeunes individus préfèrent le zoobenthos* et le zooplancton*.

Reproduction - Multiplication

Dans son aire de répartition originelle, la truite arc-en-ciel se reproduit naturellement de fin mars à début juillet. En Europe, les souches présentes se reproduisent plutôt en octobre-novembre.
C'est une espèce gonochorique* à déterminisme sexuel génétique. La maturité sexuelle est atteinte au bout de 1 à 2 ans chez les mâles et 2 à 3 ans chez les femelles. En préparation de la reproduction, les individus vivent une période pendant laquelle la quasi-totalité de l'énergie disponible (alimentation et réserves) est allouée à la fabrication des gamètes. Dans les ovocytes, la femelle stocke une quantité importante de réserves (le vitellus) qui permettra à l'alevin de se nourrir.
Les mâles, attirés par les phéromones, rejoindront les femelles autour des frayères. Celles-ci sont généralement proches du bord, dans des zones où le courant est assez fort pour assurer une bonne oxygénation des œufs. Ces zones de ponte sont comparables à celles des truites fario : ce sont des trous creusés dans le gravier, de diamètre et de profondeur variables.
Pour la reproduction, l'optimum thermique se situe entre 10 et 12°C. Le sex ratio est d'une femelle pour plusieurs mâles. Il y a, dans la plupart des cas, un mâle dominant et des mâles plus petits qui cherchent opportunément à se reproduire avec des femelles plus grandes (mâles secondaires).
Les ovocytes sont expulsés par la femelle (environ 2 000 ovocytes par kg) et déposés, avant la fécondation, sur le fond des frayères. Le mâle dispose de moins d'une minute pour féconder les ovocytes. La femelle recouvre alors les œufs de gravier à l'aide de sa queue. Le diamètre des œufs est compris entre 3,5 et 6 mm. Cette taille varie selon l'âge de la femelle.
Le développement larvaire est relativement long et l'éclosion survient après 290 à 340 degrés-jours*. La larve et le jeune alevin s'alimentent sur le sac vitellin jusqu'à sa résorption. En même temps se font la différenciation des branchies et l'ouverture de la bouche. L'alevin se mettra alors en quête de nourriture.
Une forte compétition peut être observée entre les juvéniles, traduite par des mordillages de nageoires ou des agressions bouche contre bouche.

Vie associée

Comme d’autres salmonidés, la truite arc-en-ciel a de nombreux prédateurs tels que la loutre, le vison, le brochet, l'anguille, certains martins-pêcheurs et l'homme.
La truite fario manifeste un comportement agressif envers la truite arc-en-ciel. De ce fait, O. mykiss occupe les habitats et les espaces délaissés par la fario.

Divers biologie

Les populations pérennes de truites arc-en-ciel sont assez rares en France et elles ne se reproduisent qu'exceptionnellement dans certains lacs de montagne. En revanche, en pisciculture, il est possible d'obtenir des pontes quasiment toute l'année grâce à des souches sélectionnées ou décalées par ajustement de la photopériode* (durée de lumière du jour dans un cycle jour/nuit). Les lâchers pour la pêche, ainsi que les échappements de pisciculture permettent de retrouver ce poisson dans beaucoup de rivières et lacs.

De nombreuses souches génétiques existent chez O. mykiss en fonction des différents lieux de vie et parce qu'elle se reproduit là où elle est née. C'est un comportement dit de "homing", qui entretient et favorise le développement de cette variabilité génétique au sein de l'espèce.

Il a été démontré qu'il existe une hiérarchie sociale avec des individus dominants et des individus dominés. Les dominants sont plus robustes et ont un accès plus facile à la nourriture. Une fois adultes, ils chercheront à se reproduire avec des femelles ayant les mêmes caractéristiques. En revanche, les dominés montrent des lésions sur les nageoires et se nourrissent après les dominants.

L'hybridation est possible entre O. mykiss et O. kisutch.

La truite arc-en-ciel est très majoritairement dulcicole mais elle peut aussi migrer en mer et revenir frayer en rivières. La variété anadrome*, qui migre en mer à un stade juvénile et revient se reproduire en rivière, est localement appelée steelhead (tête d'acier). On ne sait pas si ce comportement migratoire est la résultante de caractéristiques génétiques particulières de certains individus, d'interactions sociales, ou d'une réaction opportuniste face aux conditions de l'environnement. En effet, les individus anadromes présentent une croissance nettement plus forte que leurs congénères sédentaires.

Les truites arc-en-ciel sont capables d'adaptations mimétiques par rapport à leur environnement. Ainsi les individus de rivière sont généralement plus sombres et de teintes plus soutenues alors que les individus de lacs sont plus clairs et argentés.

Informations complémentaires

Le poids maximum de cette truite atteint 7 à 10 kg. Généralement, le poids moyen commercial oscille entre 300 et 500 g.

Elle est appréciée par les pêcheurs et les gastronomes, respectivement pour sa combativité et sa saveur. Depuis les années 1950, l'élevage de la truite arc-en-ciel est très largement répandu dans le Monde, d'où son introduction sur tout le globe (production mondiale de 600 000 t en 2007). C'est un des poissons dont on maîtrise le mieux le cycle de vie ainsi que les techniques d'élevage en milieu dulcicole ou marin. En France, la filière piscicole de truite arc-en-ciel est pourtant en très fort déclin (50 000 t en 1997 ; 32 000 en 2007).
Les principaux producteurs mondiaux sont le Chili, la Norvège et la République Islamique d'Iran.
En pisciculture, la durée d'élevage entre un œuf et une « taille portion » (200-300 g) est de l'ordre de 12 à 18 mois, selon les régions et les techniques.

Grâce à sa robustesse, sa capacité d'adaptation et sa disponibilité, la truite arc-en-ciel est un des poissons les plus étudiés et constitue une espèce "modèle" en laboratoire de recherche. Son génome est d'ailleurs sur le point d'être séquencé.

Statuts de conservation et réglementations diverses

En France, la prise de cette espèce est réglementée selon les périodes d'ouverture de la pêche en eau douce (mars à octobre). La taille de capture doit être supérieure à 20 cm (variable selon les années et les régions).

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom de truite arc-en-ciel vient incontestablement de la bande rosée qui marque chaque flanc et qui reflète les couleurs de l'arc-en-ciel.

Origine du nom scientifique

Le nom scientifique de la truite arc-en-ciel a plusieurs fois changé. Aujourd'hui, elle porte le nom de Oncorhynchus mykiss.
Oncorhynchus : du grec [onco] = grosseur, volume, masse, tumeur et [rhynchus] = mâchoire, bouche, gueule, bec, groin, museau, ... Cela rappelle le dimorphisme sexuel des mâles en période de reproduction.
mykiss est le nom vernaculaire donné à cette espèce dans le Kamchatka, en Russie.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 127185

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Salmoniformes Salmoniformes
Famille Salmonidae Salmonidés
Genre Oncorhynchus
Espèce mykiss

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